bader
Français
Étymologie
- (Verbe 1) (Siècle à préciser) De l’occitan badar (« regarder bouche bée »)[1] ou de l’ancien français bader (« ouvrir, être ouvert (pour qualifier une brèche dans un mur), se borner à attendre, attendre en vain, aspirer, regarder avidement la bouche ouverte, convoiter, avoir de mauvaises intentions ou de fortes envies, rêver ») , attesté au XIIe siècle dans des versions de la Chanson de Roland. Ce sont deux verbes polysémiques provenant du verbe latin commun intransitif badare signifiant d’abord d’un point de vue physiologique (« bâiller, avoir la bouche grande ouverte et aspirer/inspirer par réflexe ou conditionnement du bâillement ») mais aussi au sens figuré (« attendre (trop longtemps ou en vain), ouvrir une muraille ou un mur ») par emploi parallèle au latin vulgaire batare. L’évolution occitane plus conservatrice a laissé en français moderne badaud (badau en provençal) et le verbe badauder. L’évolution en langue d’oil subsiste avec les variantes baer, baier, beer attestées en ancien français, elle nous a laissé le vieux verbe bayer (avec l'expression bayer aux corneilles, le verbe béer et son participe présent béant, et son participe passé beée aujourd'hui altéré en bée, et les adjectifs parfois substantivés ébahi, bégueule (= bée gueule). L’interprétation des mots badin, badiner, badinage parfois reliés à cette famille pourrait s’expliquer par l’ancien français baldiner (« égayer, enhardir »), en postulant une évolution transitoire méridionale, en domaine occitan.
Verbe 1
bader \ba.de\ 1er groupe (voir la conjugaison)
- (Occitanie) Regarder bouche bée, c’est-à-dire la bouche ouverte, parfois avec étonnement ou admiration ; contempler avec admiration ou envie[2][3]. — Note : À l’origine il s’agit d’un verbe intransitif, l’attitude passive et prolongée étant une marque de niaiserie ou de sottise. Les formes transitives récentes manifestent également une péjoration indéniable ; et cela même s'il s'agit là plutôt de poser un regard énamouré sur une personne que l'on admire ou qui attendrit jusqu'à en devenir gaga (2.2) ou gâteux (2), justement, ce qui relève alors plus de la folie douce de l'amour que de la sottise[1].
Parfois, emploi transitif indirect : « bader devant » (quelqu’un ou quelque chose. Voir ci-dessous)[1].Et chaque fois que j’allais chez le coiffeur, je badais, sourit-elle.
— (journal 20 minutes, édition Paris-IDF, 24 novembre 2023, page 8)Je n’ai point besoin de fier-sot à bader la goule devant chez moi !
— (Georges Coulonges, Les sabots de Paris, Presses de la Cité, 2003 ; édition utilisée : collection Pocket, 2005, page 106)Et pendant que tu bades ton foot si tard dans la nuit, c’est qui qui régale ta femme ?
— (Thierry Pillon, Le Corps à l’ouvrage, Stock, 2012, page 95)L’époux empoté, fortement épris de sa femme, ne savait que la bader.
— (Rodolphe Meidinger et Kim Hyeong-jun, La Porte des secrets. Et autres contes libertins de Corée, Atelier des cahiers, 2015, page 141)Enfin, il se décida et l’on réclama le grand silence. Aicard avait quitté sa fourchette, croisé ses bras sur son estomac et restait béat, « badait » par anticipation.
— (Jean Aicard : du poème au roman, collectif, Université de Toulon et du Var, Edisud, 2000, page 125)Assis dans le pré ou debout sur la place, les spectateurs, mâchant un chewing-gum ou suçant un bonbon, badaient la tête en l’air, attendaient avec curiosité le sifflement de départ de la prochaine fusée.
— (Claude Brahic, Emma… fille des Cévennes, Tampere (Finlande), Atramenta, 2019, page 192)Dans sa vitrine [du boulanger], il y avait un peu de tout. Et les petits enfants venaient toujours « bader » devant, comme ils faisaient du temps de Jean.
— (Raymonde-Anna Rey, La Passerelle, chez Le Paysan du Midi (1976), page 112)Il m’agaçait. Je le trouvais […] prétentieux. Voir mes compagnons bader devant lui me donnait le courage de le contredire […].
— (Georges-Jean Arnaud, Les Oranges de la mer, Calmann-Lévy, 1990, ISBN : 978-2702119396, page 51)Figurez-vous qu’elle était sortie première de l’École normale d'instituteurs d'Aix, la petite Lilette de Trinquetaille. Oui, bien sûr, elle manquait encore de bagage pédagogique, mais elle avait le don, cette petite. Et au bout de cinq minutes, son trac avait complètement disparu. Elle voyait devant elle des petits garçons et des petites filles aux yeux brillants qui l'écoutaient la bouche ouverte, qui la « badaient » comme nous disons en Provence. Et elle était heureuse, la petite Lilette. Elle ne s'était pas trompée sur sa vocation : éveiller l'esprit et le cœur des petits, c'est tout de même le plus beau métier du monde.
— (Yvan Audouard, « Un cas désespéré », in Bons baisers de Fontvieille, repris dans le recueil Tous les contes de ma Provence, Éditions Plon (1968), puis Robert Laffont (collection « Bouquins », 2006), puis France Loisirs (février 2008), ISBN : 98-2-298-00964-4, page 206)
- (Midi de la France) Se promener sans but, flâner sans rien faire ou rêvasser en cas d’immobilité (verbe intransitif)[4][3].
- (Limousin) Garder la bouche ouverte pour vider une partie du contenu de son estomac et attendre de recommencer, vomir.
Il doit avoir une gastro, il a badé toute la nuit.
Synonymes
- admirer
- boire les paroles, boire des yeux[1]
- couver du regard
Dérivés
Apparentés étymologiques
Traductions
Verbe 2
bader \ba.de\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)
- (Touraine) Bavarder, dire des banalités, parler pour ne rien dire.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
Synonymes
Dérivés
- badoire
Traductions
Verbe 3
bader \ba.de\ 1er groupe (voir la conjugaison) intransitif
- (Familier)[4] Être triste, être mélancolique, en mauvaise forme[4].
- (Familier)[4] Éprouver de l’inquiétude, de l’angoisse.
Traductions
Prononciation
- \ba.de\
- France (Lyon) : écouter « bader [Prononciation ?] »
Anagrammes
→ Modifier la liste d’anagrammes
Références
- 1 2 3 4 (français) sous la dir. de Pierre Rézeau, orig. chez De Boeck/Duculot en 2001, CNRS seul détenteur des droits des données numérisées, Dictionnaire des régionalismes de France, entrée “Bader” sur drf.4h-conseil.fr. Consulté le 25/02/2025.
- ↑ « bader », dans BHVF, Base Historique du Vocabulaire Français, ATILF (Analyse et traitement informatique de la langue française), 2025 → consulter cet ouvrage
- 1 2 « bader », Larousse.fr, Éditions Larousse
- 1 2 3 4 « bader », dans Le Robert : dico en ligne, Éditions Le Robert → consulter cet ouvrage
Ancien français
Verbe
bader *\Prononciation ?\
- Variante de beer.
Références
- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage
Forme de verbe
| Mutation | Forme |
|---|---|
| Non muté | pader |
| Adoucissante | bader |
| Mixte | pader |
bader \ˈbɑː.dɛr\
- Forme mutée de pader par adoucissement (p > b).
Anagrammes
→ Modifier la liste d’anagrammes
Néerlandais
Étymologie
Nom commun
| Nombre | Singulier | Pluriel |
|---|---|---|
| Nom | bader | baders |
| Diminutif | badertje | badertjes |
bader \Prononciation ?\ masculin (pour une femme, on dit : baadster)
Synonymes
- zwemmer
Taux de reconnaissance
- En 2013, ce mot était reconnu par[1] :
- 73,2 % des Flamands,
- 64,0 % des Néerlandais.
Prononciation
- Pays-Bas : écouter « bader [Prononciation ?] »
Références
- ↑ Marc Brysbaert, Emmanuel Keuleers, Paweł Mandera et Michael Stevens, Woordenkennis van Nederlanders en Vlamingen anno 2013: Resultaten van het Groot Nationaal Onderzoek Taal [≈ Reconnaissance du vocabulaire des Néerlandais et des Flamands 2013 : résultats de la grande enquête nationale sur les langues], Université de Gand, 15 décembre 2013, 1266 pages. → [archive du fichier pdf en ligne]
Étymologie
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Verbe
bader \Prononciation ?\ 1er groupe (voir la conjugaison)
- (Sens inconnu) ….
Références
- Auguste Brachet, Vocabulaire tourangeau, Romania, 1872, page 88 → [voir en ligne]