Renard chenu

Lycalopex vetulus

Lycalopex vetulus
Un renard chenu (Lycalopex vetulus) au Bacury Lodge, Anhembi - État de São Paulo, Brésil.
Classification MSW
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Cohorte Placentalia
Ordre Carnivora
Sous-ordre Caniformia
Famille Canidae
Genre Lycalopex

Espèce

Lycalopex vetulus
(Lund, 1842)

Statut de conservation UICN


NT  : Quasi menacé

Répartition géographique

Synonymes

  • Canis azarae P. W. Lund, 1837
  • Canis vetulus P. W. Lund, 1842 (Protonyme)
  • Canis fulvicaudus Lund, 1843
  • Vulpes azarae Lesson, 1842
  • Pseudalopex azara J. E. Gray, 1869
  • Lycalopex fulvicaudus var. chiloensis J. E. Gray, 1869
  • Lycalopex fulvicaudus J. E. Gray, 1869
  • Lycalopex vetulus J. E. Gray, 1869
  • Canis parvidens Mivart, 1890
  • Canis urostictus Mivart, 1890
  • Canis sladeni O. Thomas, 1904
  • Eunothocyon sladeni J. A. Allen, 1905
  • Eunothocyon parvidens J. A. Allen, 1905
  • Eunothocyon urostictus J. A. Allen, 1905
  • Canis vitulus Huber, 1925
  • Dusicyon vetulus Corbet & J. Edwards Hill, 1980
  • Pseudalopex vetulus Wozencraft, 1993
  • chilensis Wozencraft, 2005
  • Lycalopex vetula MDD, 2024

Le renard chenu ou renard du Brésil (Lycalopex vetulus), est une espèce de mammifère carnivore de la famille des canidés. Bien qu’il soit désigné sous le nom de « renard » de part son apparence particulière, dû à un processus de convergence évolutive de part une écologie comparable, il fait partie d’un genre bien plus proche de celui des loups et des chacals (Canini) : Lycalopex, qu’il partage avec d’autres espèces de canidés d’Amérique du Sud.

Dénominations

L’espèce possède également la dénomination locale de jaguapitango, avec différentes variations comme jaguapitanga ou encore jaguamitinga.

Évolution et taxonomie

Une analyse des séquences HV1 et HV2 de l’ADN mitochondrial des espèces de canidés du genre lycalopex a montré que le renard chenu est l’espèce la plus basale du genre, s’étant séparée il y a environ un million d’années au cours du Pléistocène. Cette divergence aurait été provoquée par une inondation issue du bassin de l’Amazone qui divisa le Brésil en deux. Les ancêtres du renard chenu auraient été confinés au Brésil oriental, tandis que les autres licalopecies se seraient diversifiées dans la partie occidentale du pays[3].

Un arbre phylogénétique basé sur les données du génome mitochondrial (2005)[4], puis modifié pour intégrer des découvertes ultérieures[5],[3], place Lycalopex vetulus comme le plus basal du genre.

Cerdocyonina


Speothos




Chrysocyon



Dusicyon







Lycalopex

Lycalopex vetulus




Lycalopex sechurae





Lycalopex fulvipes



Lycalopex gymnocercus





Lycalopex culpaeus



Lycalopex griseus







Cerdocyon thous





Atelocynus microtis




Description

Dimensions

Le renard chenu est une petite espèce de canidé ; la longueur tête-corps est d’environ de 58 à 72 cm, avec une queue de 25 à 36 cm[6]. En terme de poids, il ne pèse qu’un moyenne de 3 à 4 kg[7], pour un poids moyen de 3,3 kg. Les mâles présentent une variation plus large de taille et de poids. Le dimorphisme sexuel est surtout marqué par la longueur de la queue, mesurant en moyenne 28 cm chez les femelles contre 34 cm chez les mâles[8],[9]. Ces dimensions, couplés à des membres fins ainsi qu’une silhouette élancée, en font un animal agile et rapide. Son museau et notoirement court et sa dentition est considérée comme relativement faible, adapté à un régime insectivore[7]. Il a également de longues oreilles, mais surtout une bulle tympanique est plus grande que chez tous les autres canidés américains, un caractère probablement lié à son besoin de percevoir les mouvements des insectes dont il se nourrit[10].

Pelage

La fourrure, très courte, contient un grand nombre de variations de teintes : la partie supérieure du corps est d’un grise perle, tandis que la face ventrale, notamment la partie interne des pattes, est d’une teinte allant d’un brun crême, presque d’un jaune blanchâtre, fonçant jusqu’à une teinte roussâtre voire fauve.

La queue se termine par une extrémité noire et porte une bande sombre bien marquée sur la partie dorsale, laquelle peut, chez les mâles, remonter jusqu’à la nuque. Les oreilles et la face externe des pattes sont roussâtre ou fauves, et la mâchoire inférieure est noire[11]. Des cas d’individus mélaniques ont également été rapportés[12],[7],[9].

Répartition géographique

Le renard chenu est une espèce endémique du Brésil, dont la distribution est liée aux limites de l’écosystème du Cerrado, entre 90 et 1 100 m d’altitude[7]. On le trouve aussi dans des zones de transition, notamment dans les milieux ouverts du Pantanal. Sa présence dans certaines zones de la forêt atlantique est liée à un paysage dominé par les pâturages anthropiques, entrecoupés de fragments de forêts semi-décidues et de petites taches de Cerrado.[13]

Son aire actuelle s’étend du Nord-Est et de l’Ouest de l’État de São Paulo jusqu’au Nord du Piauí, incluant les États du Ceará, du Mato Grosso do Sul, du Mato Grosso, du Goiás, du District fédéral, du Minas Gerais, du Tocantins, de la Bahia et probablement certaines zones ouvertes du Sud du Rondônia[14].

Écologie

Activité

Le renard chenu est un animal aux mœurs nocturne,[15] généralement solitaire en dehors de la période de reproduction.

Le renard chenu est principalement un animal nocturne. Il chasse généralement seul, mais peut se regrouper en petits groupes lorsque les termites abondent et sont faciles à capturer[9].

La taille du territoire varie considérablement selon l’environnement : 385 hectares pour une femelle adulte observée dans le sud de la Bahia, 456 hectares pour un couple reproducteur avec cinq jeunes dans une pâture du Minas Gerais, et seulement 48 hectares pour deux couples reproducteurs suivis parmi trois groupes dans des pâtures de l’est du Mato Grosso[7].

Alimentation

Comme toutes les autres espèces de canidés Sud-Américains, il s’agit d’un animal à forte tendance omnivore, mais d’après l’analyse des fèces et de sa morphologie dentaire, son alimentation serait en fait, composée principalement d’insectes, des termites, des bousiers et des sauterelles[16]. Les termites (notamment Syntermes), composeraient près de 90 % des fèces analysées[17],[11],[6], supposant qu’il s’agirait se sa source principale de nourriture. Plus occasionnellement, son régime peut inclure des petits rongeurs, des oiseaux ou des serpents[8].

Reproduction

L’espèce est monogame, formant des couples stables qui occupent un territoire habituel de 4 à 5 km2[8],[9] marqué de jets d’urine. Les couples se forment pour la reproduction et restent ensemble le temps de l’élevage des jeunes[14]. La gestation dure environ 50 jours et donne naissance à une portée de 1 à 5 petits, pour une moyenne de 4 à 5 en milieu naturel et 3 à 4 en captivité, généralement vers la fin de l’été en juillet ou août. Les femelles utilisent souvent d’anciennes terrières de tatous pour mettre bas[6],[11]. Malgré son tempérament craintif, la femelle défend farouchement ses petits[6].

Les mâles jouent un rôle actif dans le soin aux jeunes : ils apportent de la nourriture, les surveillent et défendent le groupe, tandis que la femelle se consacre à l’allaitement et à l’alimentation nocturne.[18] Les jeunes se dispersent vers 9 à 10 mois, au moment où ils établissent leur propre territoire.[17]

Concurrents et prédateur

Il cohabite parfois en sympatrie avec d’autres canidés brésiliens comme le renard crabier et le loup à crinière[14],[7].

Références

  1. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 23 août 2025.
  2. UICN, consulté le 2025-08-23.
  3. (en) L. Tchaicka et al., Molecular assessment of the phylogeny and biogeography of a recently diversified endemic group of South American canids (Mammalia: Carnivora: Canidae), Genetics and Molecular Biology, 39 (3): 442-451, 2016.
  4. (en) K. Lindblad-Toh et al., Genome sequence, comparative analysis and haplotype structure of the domestic dog, Nature, 438(7069): 803–819, 2005, doi:10.1038/nature04338.
  5. (en) G. J. Slater et al., Evolutionary history of the Falklands wolf, Current Biology, 19(20): R937–R938, 2009, doi:10.1016/j.cub.2009.09.018.
  6. (en) Olson, Erik, « Lycalopex vetulus », sur Animal Diversity Web, Museum of Zoology, University of Michigan (consulté le )
  7. (en) Dalponte, Julio C., « Lycalopex vetulus (Carnivora: Canidae) », Mammalian Species, vol. 847,‎ , p. 1–7 (DOI 10.1644/847.1, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) K. M. Juarez & J. Marinho-Filho, Diet, habitat use, and home ranges of sympatric canids in central Brazil, Journal of Mammalogy, n°83, p. 925–933, 2002.
  9. (pt) Dalponte, Julio C., « Diet of the hoary fox, Pseudalopex vetulus (Lund) (Carnivora – Canidae), in Mato Grosso State, Brazil », Revista Brasileira de Zoologia, vol. 21, no 1,‎ , p. 77–83 (DOI 10.1590/S0101-81752004000100014)
  10. Dalponte, J. C. 2009. Lycalopex vetulus. Mammalian Species 847: 1–7.
  11. (pt) « Raposinha-do-campo », sur Instituto Pró-Carnívoros (consulté le )
  12. « Lycalopex vetulus », Animal Diversity Web (consulté le )
  13. Dalponte, J. C., Oliveira, J. S. et Lacerda, A. C. R., « Occurrence of Lycalopex vetulus (Carnivora, Canidae) in the Cerrado-Amazon forest ecotone and Pantanal », Acta Zoológica Platense, vol. 18,‎ , p. 1–10 (lire en ligne, consulté le )
  14. (pt) Instituto Chico Mendes de Conservação da Biodiversidade (ICMBio), Plano de Ação Nacional para a Conservação dos Canídeos Silvestres do Brasil, Brasília, ICMBio, (ISBN 978-85-61876-54-0[à vérifier : ISBN invalide], lire en ligne)
  15. Courtenay, O., « First observations on South America's largely insectivorous canid: the hoary fox (Pseudalopex vetulus) », Journal of Zoology, vol. 268, no 1,‎ , p. 45–54 (DOI 10.1111/j.1469-7998.2005.00021.x)
  16. « Lycalopex vetulus (Hoary fox) », sur Animal Diversity Web
  17. (en) Lemos, F. G., Azevedo, F. C., Paula, R. C. et Dalponte, J. C., « Lycalopex vetulus », sur The IUCN Red List of Threatened Species, IUCN, (DOI 10.2305/IUCN.UK.2020-2.RLTS.T6926A87695615.en, consulté le )
  18. (pt) Gaio, Fábio, « UFG alerta sobre risco de extinção da raposa-do-campo », sur UFG, (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie annexe

  • de Almeida Curi, N. H., Brait, C. H. H., Antoniosi Filho, N. R., & Talamoni, S. A. (2012). Heavy metals in hair of wild canids from the Brazilian Cerrado. Biological trace element research, 147(1-3), 97-102|résumé
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