Renard à petites oreilles
Atelocynus microtis · Chien des buissons aux oreilles courtes
aux oreilles courtes
ou renard à petites oreilles en Amazonie péruvienne (Taricaya eco reserve)
| Règne | Animalia |
|---|---|
| Embranchement | Chordata |
| Sous-embr. | Vertebrata |
| Classe | Mammalia |
| Cohorte | Placentalia |
| Ordre | Carnivora |
| Sous-ordre | Caniformia |
| Famille | Canidae |
NT : Quasi menacé
Répartition géographique
- Canis microtis P. L. Sclater, 1883 (Protonyme)
- Canis sclateri J. A. Allen, 1905
- Canis thous sclateri von Ihering, 1911
- Dusicyon microtis Corbert & J. Edwards Hill, 1980
- Atelocynus microtis Wozencraft, 2005
- Atelocynus microtis microtis Wozencraft, 2005
- Atelocynus microtis sclateri Wozencraft, 2005
Le Renard à petites oreilles (Atelocynus microtis) également connu sous le nom de Chien des buissons aux oreilles courtes, est une espèce de mammifère carnivore de la famille des canidés. Bien qu’il soit désigné sous le nom de « renard », ce canidé originaire d’Amérique du Sud fait partie d’un genre bien plus proche de celui des loups et des chacals (canini), mais distinct de celui du chien des buissons : Atelocynus, dont il est le seul représentant actuel.
On ne connaît pratiquement rien de ce renard actif la nuit qui vit dans les immenses forêts tropicales de bassin de l'Amazone, au Brésil, au Pérou, en Équateur et en Colombie.
Dénominations
- Nom scientifique valide : Atelocynus microtis (Sclater, 1883)[1] ;
- Nom normalisé anglais : Short-eared dog ;
- Nom typique en français : Renard à petites oreilles (UICN)[2](RLRQ) [3] ;
- Noms vulgaires : Chien des buissons aux oreilles courtes[4],[5], Chien sauvage aux oreilles courtes[6].
Taxonomie
Systématique
Le renard à petites oreilles fut décrit pour la première fois sous le nom provisoire Canis microtis par le zoologiste Philip Lutley Sclater en 1883 dans son recueil sur les espèces recueillies en Amérique du Sud pour la Zoological Society of London. La description y est très succincte, mais accompagnée d’une illustration[7]. L’espèce sera considérée comme une sous-espèce du renard crabier (Cerdocyon thous)[8], mais fut trop peu étudiée en raison de sa rareté. Il aurait été désigné par de nombreux genre différent au cours du XXe siècle, prenant le genre Lycalopex, Dusiciyon ou Cerdocyon, avant de prendre son genre Atelocynus pour la première fois en 1940. D’autres auteurs continueront à l’attribuer dans les autres genres[1], et le nom Atelocynus sera même associé à un sous-genre du genre Canis[9]. Ce n’est qu’à l’issue d’une analyse phylogénétique menée en 1987[10], que l’espèce sera définitivement considérée comme étant d’un genre distinct. Il sera associé avec les autres canidés Sud-américains à la sous-tribu Cerdocyonina en 2009[11]. Son nombre de chromosomes est de 37 à 39 paires pour un total de 74 et 76[12].
Sous-espèces
En 2005, l’espèce se verra divisée en deux sous-espèces dans la troisième édition de Mammal species of the World[13].
- Atelocynus microtis microtis
- Atelocynus microtis sclateri
Cependant, cette taxonomie ne fait pas l’unanimité et l’on considère généralement l’espèce comme étant monotypique [12].
Évolution
En 2022, une étude a séquencé les génomes des membres actuels de la sous-tribu des Cerdocyonina, indiquant qu'ils ont commencé à se diversifier à partir d'un ancêtre commun entre 3,9 et 3,5 millions d'années. Cette découverte coïncide avec l'arrivée des espèces ancestrales en Amérique du Sud depuis l'Amérique centrale par l'isthme de Panama, avant de pénétrer dans l'Est de l'Amérique du Sud. La sous-tribu s'est ensuite étendue pour occuper l'ensemble du continent[14].
Après la formation de l'isthme de Panama à la fin du Tertiaire (il y a environ 2,5 millions d'années, au Pliocène), les canidés ont migré d'Amérique du Nord vers le continent Sud-américain dans le cadre du Grand échange interaméricain. Les ancêtres du renard à petites oreilles se sont adaptés à la vie dans les forêts tropicales humides, développant les caractéristiques morphologiques et anatomiques appropriées. Bien qu'il présente une ressemblance superficielle avec le chien des buissons, le parent vivant le plus proche du renard à petites oreilles est le renard crabier[15].
Description
Dimensions
| Formule dentaire | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| mâchoire supérieure | |||||||
| 2 | 4 | 1 | 3 | 3 | 1 | 4 | 2 |
| 3 | 4 | 1 | 3 | 3 | 1 | 4 | 3 |
| mâchoire inférieure | |||||||
| Total : 42 | |||||||
| Dentition du renard à petites oreilles. | |||||||
Le renard à petites oreilles est un canidé de taille moyenne, un corps trapu d’une hauteur de hauteur de 25 à 36 cm au garrot. Ses membres courts et fins, terminées par des pattes partiellement palmées, suggérant une adaptation partiellement aquatique[16]. La longueur tête-corps est estimée d’une soixantaine de centimètres à un mètre, pour une queue de 25 à 35 cm. Les femelles peuvent être plus grandes que les mâles[12]. Ils pèsent de 6,5 à 10 kg[9][12].
Si la tête est compacte et le frond légèrement convexe, il présente une face affinée, d’aspect vulpin, avec un museau allongé, d’une longueur d’environ 14,7 cm et d’une largeur de 8,9 cm. Il se différencie du renard crabier par ses oreilles petites et arrondies d’une taille d’environ 3,4 à 5, cm de long. Les os du museau sont courts, le sinus frontal petit, le présphénoïde très étroit avec des ailes latérales et une grande bulle[9]. L’incisive inférieure 3 est courte et non caniniforme, les molaires supérieures sont étroites pour leur longueur, mais les canines supérieures sont relativement longues, si bien que des pointes de 5 cm dépassant de la gueule fermée[9][12].
Pelage
Le pelage est court et d’une teinte unie, allant du noir au brun en passant par un gris roussâtre[9]. Il présente une ligne de poils dorsaux, allant de la tête à la queue d’une teinte plus foncée, pouvant être érectiles[12]. La queue est touffue en comparaison[9][12]. Certains individus ont un petit collier de poils noirs. La partie ventrale est de la même teinte foncée que le reste du corps, sauf dans la région de l’aine où le poil est plus clair. Les oreilles sont d’une teinte roussâtre des deux côtés[9][12].
La couleur du pelage varie selon les individus, et il n’est pas clair si cette variation dépend de l’âge, de l’habitat ou de la mue[9][12]. À la station biologique de Cocha Cashu, Madre de Dios, Pérou, des individus roux et noirs ont été observés. Une mue complète durant trois semaines a été constatée en juillet 1960 lorsqu’un animal captif fut transporté de Colombie vers un zoo aux États-Unis, avec l’apparition de grandes pellicules d’exsudats huileux orange-brun et chute des poils ; une mue ultérieure a été observée en mars[9].
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Vue de profil
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Vue de face
Écologie
Répartition
Le renard à petites oreilles se rencontre dans la région de la forêt amazonienne en Amérique du Sud ; en Colombie, en Bolivie, au Brésil, au Pérou, et en Équateur. Sa présence au Venezuela a été suggérée par le zoologiste américain Philip Hershkovitz en 1961 mais n’a jamais été confirmée[17]. Un unique rapport fait état de « trois animaux élancés, semblables à des chiens » de cette espèce observés dans la région du Darién au Panama en 1984, par le biologiste allemand Sigi Weisel et un autochtone panaméen du peuple Embera. La présence de cette espèce rare au Panama est possible en raison de « la continuité de la masse forestière qui couvre cette région »[18].
Habitat
L’espèce occupe divers milieux de la forêt tropicale, préférant les zones peu perturbées par l'activité humaine et a été enregistrée dans une grande variété d’habitats de basse altitude jusqu’à 1 200 m[12], y compris les forêts de terra firme, les forêts marécageuses, les taillis de bambou et les successions primaires le long des rivières[19], ainsi que dans les forêts marécageuses d’eau douce, les bambouserais et les forêts de nuages[20].
Activités et comportement social
C'est un animal qui préfère rester sous le couvert forestier, évitant aussi bien le contact avec l’Homme qu’avec les autres animaux[21]. Des observations ont montré que l’espèce avait des mœurs aussi bien diurnes que nocturnes[19], bien que leur activités exacte soit en réalité mal connue[12]. Ses mœurs sont solitaire, mais des couples ont régulièrement été observés se déplaçant ensemble. Ils peuvent également utiliser des latrines qu(ils partagent avec d’autres espèces comme la loutre à longue queue[16].
Régime alimentaire
Il se nourrit d'insectes, de petits mammifères, de poissons, de grenouilles, de serpents et de fruits sauvages[12]. Une étude menée à la station biologique de Cocha Cashu (Pérou)[22] a montré les proportions de chaque type de nourriture dans l'alimentation de ce canidé : les poisson constituent la plus grande partie de son alimentation avec un taux estimé à 28 % des prises, suivi par des insectes, principalement des coléoptères, à hauteur de 17 %. Les petits mammifères à 13 % que sont les marsupiaux, mais surtout les rongeurs, grand et petits, particulièrement les Agoutis du genre Dasyprocta, les pacas (Cuniculus dont Cuniculus paca) et les acouchis (Myoprocta). Les oiseaux et les crabes représentent un pourcentage équivalant de 10,3 %. Les reptiles représentent 3,4 % des prises, les batraciens, en particuliers les grenouilles de l’espèce Osteocephalus taurinus. Les fruits, notamment ceux des essences de Borismenia japurensis, Strychnos asperula, Unonopsis floribunda, Pouteria procera, Sciadotenia toxifera, Socratea exorrhiza, Astrocaryum murumuru, Euterpe precatoria, ceux du genre Trattinnickia ainsi que diverses Cucurbitacés et Moracés représentent un total de 10 %, alors que les fibres végétales ne représentent que 3,4%[19].
Reproduction et cycle de vie
Cette espèce dispose de certains traits de comportements uniques par rapport aux autres canidés. Le mâle, en période d'excitation sexuelle notamment , produisent des sécrétions à l'aide d'une glande située à la base de la queue[12][23].
La période de gestation sont inconnues mais les scientifiques pensent que la maturité sexuelle est atteinte à l'âge d'un an[24]. Les naissances auraient lieux entre mai ou juin. Pour élever leur petits, ils utilisent le terrier creusés par d’autres animaux comme les pacas[16]. Si la longévité dans la nature reste inconnue, celle en captivité ne dépasse pas les un ans, à l’exception de deux individus ayant vécus les 9 à 11 ans[16].
Notes et références
- ASM Mammal Diversity Database, consulté le 26 août 2025.
- ↑ UICN, consulté le 2025-08-26.
- ↑ « Liste des mammifères pour l’application du Règlement sur les animaux en captivité ou du Règlement sur les permis de garde d’animaux en captivité », sur Gouvernement du Québec, Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, (consulté le )
- ↑ Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
- ↑ (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0-444-51877-0), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
- ↑ David Alderton, Les chiens, Paris, Bordas, , 10 p. (ISBN 2040199861)
- ↑ (en) Sclater, Philip Lutley, Reports on the additions to the Society's menagerie in June, July, August, September, and October, vol. 1882, Zoological Society of London, , 631 p. (lire en ligne)
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- ↑ Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 26 août 2025.
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- ↑ (en) « Comparative genomics uncovers the evolutionary history, demography, and molecular adaptations of South American canids », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 119, no 34, , e2205986119 (PMID 35969758, PMCID 9407222, DOI 10.1073/pnas.2205986119, Bibcode 2022PNAS..11905986C)
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- ↑ « Atelocynus microtis (Short-eared Dog, Short-eared Fox, Small-eared Dog, Small-eared Zorro) », sur redlist.org (consulté le )
- ↑ (en) Cara Giaimo, « The ghost dogs of the Amazon get a bit less mysterious », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Lioncrusher's Domain -- Small Eared Zorro (Dusicyon microtis) facts and pictures », sur lioncrusher.com via Wikiwix (consulté le ).
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- ↑ « Ebcc », sur duke.edu via Wikiwix (consulté le ).
Bibliographie
- (en) Claudio Sillero-Zubiri, Michael Hoffmann, David W. Macdonald, Canids: Foxes, Wolves, Jackals and Dogs. Status Survey and Conservation Action Plan, Gland, Suisse & Cambridge, Royaume-Uni, IUCN/SSC Canid Specialist Group, , 443 p. (ISBN 2-8317-0786-2, lire en ligne), p. 26-31
- José. R. Castelló (trad. Anne Saint Girons, préf. Claudio Sillero), Canidés du monde : : Loups, chiens sauvages, renards, chacals, coyotes et apparentés [« Canids of the World: Wolves, Wild Dogs, Foxes, Jackals, Coyotes, and Their Relatives »] [« Canidés du monde : Loups, chiens sauvages, renards, chacals, coyotes et apparentés »], Delachaux et Niestlé, , 332 p. (ISBN 978-2-603-02695-3), p. 34 et 35
Liens externes
- (fr + en) ITIS : Atelocynus Cabrera, 1940
- (fr + en) ITIS : Atelocynus microtis (Sclater, 1883)
- (en) Animal Diversity Web : Atelocynus
- (en) Animal Diversity Web : Atelocynus microtis
- (en) NCBI : Atelocynus (taxons inclus)
- (en) NCBI : Atelocynus microtis (taxons inclus)
- (en) Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Atelocynus microtis
- (en) Catalogue of Life : Atelocynus microtis (Sclater, 1883) (consulté le )
- (en) UICN : espèce Atelocynus microtis (consulté le )
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