Renard gris d'Argentine
Lycalopex griseus · Renard de Patagonie, Chilla
| Règne | Animalia |
|---|---|
| Embranchement | Chordata |
| Sous-embr. | Vertebrata |
| Classe | Mammalia |
| Cohorte | Placentalia |
| Ordre | Carnivora |
| Sous-ordre | Caniformia |
| Famille | Canidae |
| Genre | Lycalopex |
Répartition géographique
Statut CITES
Le Renard gris d'Argentine (Lycalopex griseus) également connu sous les nom de Renard de Patagonie ou sous celui de Chilla, est une espèce de mammifère carnivore de la famille des canidés. Bien qu’il soit désigné sous le nom de « renard » de part son apparence particulière, dû à un processus de convergence évolutive de part une écologie comparable, in ne fait ni apparentés aux « vrais renards » (Vulpini), ni aux renards gris d’Amérique du Nord (Urocyon). Il fait partie d’un genre bien plus proche de celui des loups et des chacals (Canini) : Lycalopex, qu’il partage avec d’autres espèces de canidés d’Amérique du Sud[1].
Dénominations
- Nom scientifique valide : Lycalopex griseus (Molina, 1837)[2] ;
- Noms typiques en Français : Renard gris d’Argentine (JOCE)[3], Renard de Chiloé (CITES)[4] ;
- Autres noms vulgaires et vernaculaires : Renard de Patagonie[5], Chilla[5].
Taxonomie
Les relations de parenté que le Chilla entretien avec les autres espèces canidés sauvages Sud-américains au sein du genre Lycalopex ne sont pas encore entièrement élucidées. Autrefois, le Renard de Darwin (Lycalopex fulvipes) était considéré comme une sous-espèce ou une population insulaire du Chilla[6]. Certaines études génétiques laissent supposer que l’espèce serait identique au Renard des pampas (Lycalopex gymnocercus)[7].
Évolution
Une analyse des séquences des régions HV1 et HV2 de l’ADN mitochondrial des lycalopex a révélé que le Chilla est étroitement apparenté au culpeo, dont il s’est séparé il y a environ 350 000 à 600 000 ans, durant le Pléistocène moyen – Pléistocène supérieur, faisant de ces deux espèces les plus récentes parmi les lycalopex. L’analyse a également montré que de nombreux individus du renard des pampas portent des haplotypes attribuables au Chilla dans des zones où ce dernier n’est pas présent. Cela indiquerait que l’aire de répartition du Chilla est plus vaste que prévu ou que les deux espèces se sont hybridées[8].
Cet arbre phylogénétique est basé sur une phylogénie proposée en 2005 à partir du génome mitochondrial des espèces actuelles[9], mais modifiée pour intégrer des découvertes ultérieures[10],[8].
| Cerdocyonina |
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Description
Le Chilla pèse de 2,5 à 5,45 kg et mesure de 0, 65 à 1,1 m de long, queue comprise, celle-ci mesurant entre 20 et 43 cm. La tête est brun rougeâtre mouchetée de blanc. Les oreilles sont grandes et une tache noire bien visible se trouve sur le menton. Le pelage est bringé, avec des poils de jarre agoutis et un sous-poil court, dense et pâle. Les parties inférieures sont gris pâle. Les membres sont fauves et les cuisses traversées par une bande sombre. La longue queue touffue présente une raie dorsale sombre et une extrémité noire, avec un dessous plus clair et moucheté[11].
Répartition
Le Chilla est présent de part et d’autre de la cordillère des Andes au Chili et en Argentine ; les signalements de sa présence au Pérou sont considérés comme incertains. Au nord, il atteint environ 17° de latitude sud. Les conditions climatiques dans son aire de répartition sont très diverses, que ce soit dans le désert d’Atacama au Chili, avec moins de 2 mm de pluie par an et une température annuelle moyenne de 22°C, ou dans les forêts pluviales méridionales humides avec 2 000 mm de précipitations annuelles (température moyenne de 12 °C)[6]. On le trouve aussi dans les paysages ouverts et secs tels que les steppes, les pampas et le matorral (maquis chilien non trop aride), mais également dans les forêts ainsi qu’en Terre de Feu, où la température annuelle moyenne est d’environ 7 °C. On l’observe souvent à des altitudes plus basses que le Culpeau (Lycalopex culpaeus). Toutefois, des individus ont déjà été signalés jusqu’à 4 000 mètres d’altitude[12].
Le Chilla a été introduit volontairement dans certaines régions d’Amérique du Sud. Ainsi, en 1951, il fut relâché en Terre de Feu pour lutter contre la prolifération des lapins[12]. Cette introduction a cependant eu un impact négatif sur les populations de la Ouette à tête rousse, la plus rare parmi les Ouettes et appartenant au genre Chloephaga. Son déclin est en partie imputé à l’expansion du Chilla[13].
Reproduction
On suppose que les deux sexes atteignent leur maturité sexuelle vers l’âge d’un an[6]. Le mâle et la femelle forment généralement des couples monogames, qui se rencontrent rarement en dehors de la saison de reproduction. Parfois, une autre femelle aide à l’élevage des jeunes et il arrive rarement qu’un mâle s’accouple avec deux femelles. En général, les couples occupent des territoires de 0,2 à 2,9 km², qu’ils défendent contre leurs congénères[7].
L’accouplement a généralement lieu en août et septembre. Après une gestation de 53 à 58 jours, quatre à six petits naissent en octobre. La mise bas a lieu dans un abri qui n’est pas creusé par l’animal, mais correspond à une cavité naturelle ou à un aménagement humain, comme un passage sous un chemin. Durant les trois à quatre premiers jours après la naissance, la femelle reste dans le terrier et reçoit de la nourriture du mâle. Ensuite, les petits sont pris en charge de manière à peu près équitable par les deux parents. Après environ un mois, les jeunes effectuent de courtes sorties et, au bout de cinq à six mois, ils quittent leurs parents. La maturité sexuelle survient probablement après un an, mais cette donnée n’est pas assurée[7].
Le chilla n’a pratiquement pas de prédateurs naturels ; dans de rares cas, des individus ont été tués par des pumas et des culpeaux (Lycalopex culpaeus)[7].
L’espérance de vie moyenne dans la nature est inconnue ; au Parc zoologique national du Chili à Santiago, certains individus ont vécu environ cinq ans[7].
Relations avec l’Homme
Comme ce canidé sauvage est considéré par les éleveurs comme un prédateur de petits animaux domestiques, il est abattu ou capturé dans des pièges. Jusqu’aux années 1980, l’espèce a fait l’objet d’une chasse intensive pour sa fourrure. D’anciens rapports évoquent entre 700 000 et 1 200 000 peaux vendues entre 1976 et 1979, à environ 39 dollars américains l’unité. Toutefois, il n’est pas certain que ces chiffres ne soient pas exagérés, ou qu’ils incluent aussi d’autres canidés sud-américains. Jusqu’en 1986, les exportations ont chuté à environ 100 000–300 000 peaux par an, principalement à destination de l’Allemagne. Vers 1990, les exportations s’élevaient encore à environ 33 000 peaux. Elles ont ensuite légèrement augmenté en raison d’une demande accrue en provenance de Russie. Là encore, il est probable qu’une partie de ces chiffres concerne d’autres espèces du genre Lycalopex[7].
L’UICN considère la population totale de l’espèce comme stable et classe le chilla, en raison également de sa vaste aire de répartition, parmi les espèces « non menacées » (Least Concern)[12]. En Argentine, il est toutefois protégé par la loi dans les provinces de Mendoza, Entre Ríos, Catamarca et San Luis, et au Chili, à l’exception de la Terre de Feu[6].
Notes et références
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Argentinischer Kampfuchs » (voir la liste des auteurs).
- ↑ (en) Wilson & Reeder, Mammal Species of the World, Baltimore, Johns Hopkins University Press, (ISBN 0-8018-8221-4, lire en ligne), « Lycalopex »
- ↑ GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 15 août 2025.
- ↑ Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000. Lire en ligne.
- ↑ CITES, consulté le 15 août 2025.
- « Renard gris d'Argentine », sur Manimalworld.net (consulté le )
- (de) Mauro Lucherini, Wilde Hunde, Udo Gansloßer, Claudio Sillero-Zubiri, , 155 et suiv. (ISBN 3-930831-63-5), « Grauer Andenfuchs oder Chilla »
- (en) Claudio Sillero-Zubiri, Michael Hoffmann, David Whyte Macdonald, « Canids: Foxes, Wolves, Jackals and Dogs » [PDF], IUCN, (consulté le ), p. 56-63
- (en) L. Tchaicka et al. 2016. "Molecular assessment of the phylogeny and biogeography of a recently diversified endemic group of South American canids (Mammalia: Carnivora: Canidae). Genetics and Molecular Biology, 39 (3) : 442-451
- ↑ (en) Kerstin Lindblad-Toh, Claire M. Wade, Tarjei S. Mikkelsen, Elinor K. Karlsson, David B. Jaffe, Michael Kamal, Michele Clamp, Jean L. Chang, Edward J. Kulbokas, Michael C. Zody, Evan Mauceli, Xiaohui Xie, Matthew Breen, Robert K. Wayne, Elaine A. Ostrander, Chris P. Ponting, Francis Galibert, Douglas R. Smith, Pieter J. Dejong, Ewen Kirkness, Pablo Alvarez, Tara Biagi, William Brockman, Jonathan Butler, Chee-Wye Chin, April Cook, James Cuff, Mark J. Daly, David Decaprio et Sante Gnerre, « Genome sequence, comparative analysis and haplotype structure of the domestic dog », Nature, vol. 438, no 7069, , p. 803-819 (PMID 16341006, DOI 10.1038/nature04338)
- ↑ (en) G. J. Slater, O. Thalmann, J. A. Leonard, R. M. Schweizer, K.-P. Koepfli, J. P. Pollinger, N. J. Rawlence, J. J. Austin, A. Cooper et R. K. Wayne, « Evolutionary history of the Falklands wolf », Current Biology, vol. 19, no 20, , R937-R938 (ISSN 0960-9822, PMID 19889366, DOI 10.1016/j.cub.2009.09.018).
- ↑ (en) « Lycalopex griseus (mammal) » [archive du ], sur Global Invasive Species Database, Invasive Species Specialist Group, (consulté le )
- UICN (2025-08-16)
- ↑ (en) Janet Kear (dir.), Ducks, Geese and Swans, Oxford University Press, (ISBN 0-19-854645-9), p. 419
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- (es) Eduardo Andrès Silva Rodriguez Valdivia, EVALUACIÓN DE CONFLICTOS ENTRE ZORROS CHILLA (Pseudalopex griseus) Y AGRICULTURA DE SUBSISTENCIA EN UNA LOCALIDAD RURAL DEL SUR DE CHILE: ¿MITO O REALIDAD?. Thèse de l'Universidad austral de Chile, Facultad de ciencias veterinarias – Chili - 2006. Lire le document PDF
Liens externes
- (en) Mammal Diversity Database (MDD) : Lycalopex grisea (consulté le )
- (en) Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Lycalopex griseus Gray, 1837
- (en) Catalogue of Life : Lycalopex griseus (Gray, 1837)
- (en) CITES : Lycalopex griseus (Gray, 1837) (+ répartition sur Species+) (consulté le )
- (en) GISD : espèce Lycalopex griseus
- (fr + en) ITIS : Lycalopex griseus (Gray, 1837)
- (en) Animal Diversity Web : Lycalopex griseus
- (en) NCBI : Lycalopex griseus (taxons inclus)
- (en) UICN : espèce Pseudalopex griseus (Gray, 1837) (consulté le )
- (fr) CITES : taxon Lycalopex griseus (sur le site du ministère français de l'Écologie) (consulté le )
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