Uaxaclajuun Ubʼaah Kʼawiil

Uaxaclajuun Ubʼaah Kʼawiil

Portrait d'Uaxaclajuun Ubʼaah Kʼawiil sur la stèle H de Copán
Titre
Roi ajaw de Copán

(42 ans, 10 mois et 1 jour)
Prédécesseur Chan Imix Kʼawiil
Successeur Kʼakʼ Joplaj Chan Kʼawiil
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Copán
Date de décès
Lieu de décès Quiriguá
Religion religion maya

Uaxaclajuun Ubʼaah Kʼawiil, également connu sous le nom de « Dix-huit Lapin » ou « Waxaklajuun Ub'aah K'awiil »[1], est le treizième ajaw, ou souverain maya, de la cité de Copán, dans l'actuel Honduras[2]. Il régna du 2 juillet 695 au 3 mai 738, date à laquelle il fut mis à mort par Kʼakʼ Tiliw Chan Yopaat, dirigeant de Quiriguá.

Étymologie du nom

Son nom se traduit par « Dix-huit sont les Visages (ou Images) de K'awiil » et fait référence aux multiples formes que pouvait prendre le dieu maya K'awiil, divinité du pouvoir, de la création et de la foudre[3].

Histoire du règne

Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil monta sur le trône de Copán à la mort du douzième souverain Chan Imix Kʼawiil, appelé aussi Fumée de Jaguar, en 695. Il commença son règne par la construction de la Structure Esmeralda afin d'enterrer les restes de son prédécesseur direct. Cette construction mit fin rituellement à l'ancien temple adjacent de Papagayo, construit 250 ans plus tôt par le Kʼinich Popol Hol, fils de Kʼinich Yax Kʼukʼ Moʼ[4]. Il bâtit l'escalier hiéroglyphique original sur le côté est de la Structure Esmeralda. Un passage sur l'escalier commémore sa construction, quinze ans après la mort de Fumée de Jaguar[5].

Accomplissements architecturaux

L'Escalier hiéroglyphique

De par le nombre de structures et de monuments construits sous son règne, Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil est considéré comme le plus grand mécène des arts de l'histoire de Copán. Cette période se caractérisait par un relief profond et fleuri, symbole de l'apogée de la tradition sculpturale de Copán.

La montagne vivante

Sous le règne d'Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil, plusieurs structures furent construites, dont certaines furent détruites par l'érosion du fleuve Copán. La plus impressionnante d'entre elles est la structure 10L-22, qui représente une montagne sacrée artificielle. La chambre intérieure de 10L-22 jouait probablement un rôle central dans la pratique des rituels d'auto-sacrifice saignant. Les angles de la structure sont ornés de masques de pierre, appelés textuellement « montagne de pierre »[5]. L'entrée était sculptée à l'image d'un monstre céleste arqué[6], représentant l'entrée d'une grotte et une entrée symbolique dans la terre[5].

Terrain de jeu de balle

La dernière réalisation architecturale d'Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil fut le terrain de jeu de balle A-III. C'est l'un des terrains de jeu de balle mésoaméricains les plus imposants de la région, surpassé seulement par celui de Chichen Itza. Il est remarquable par ses bancs inclinés utilisés par les joueurs et par ses six aras, dont la fonction n'est pas encore complètement élucidée. Nombre des aras de pierre associés au terrain de jeu portent le signe des ténèbres, akbal, sur leur queue. L'ara étant typiquement le symbole du soleil, ces aras akbal pourraient symboliser le soleil des Enfers. Cela pourrait faire des joueurs des combattants symboliques dans la lutte entre la lumière et l'obscurité.[6] Les bancs inclinés du terrain de jeu de balle sont gravés de textes hiéroglyphiques, dont la date de commémoration. Il fut inauguré en 738, seulement 113 jours avant la mort d'Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil. La version définitive du jeux de balle fut inaugurée par Uaxaclajuun Ubʼaah Kʼawiil en 738 apr. J.-C.[7]

Entre 711 et 736, Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil commanda la construction de sept monuments. Les stèles C, F, 4, H, A, B et D (érigées dans cet ordre) représentent l'une des plus grandes réalisations de la sculpture maya classique[8]. Chaque stèle représente Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil dans une pose rituelle, une barre de mille-pattes à deux têtes serrée contre sa poitrine. Le texte de la stèle A proclame que Copán était, avec trois autres royaumes, Calakmul, Palenque et Tikal, les quatre grandes entités politiques du monde maya.

Décès et conséquences

Capture et décapitation

Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil fut capturé et décapité par Kʼakʼ Tiliw Chan Yopaat, dirigeant de la petite cité de Quiriguá, le 3 mai 738. Quiriguá.était un vassal de Copán, fondé par un subordonné de Kʼinich Yax Kʼukʼ Moʼ en 426[4]. Bien que ne représentant qu'un dixième de la taille de Copán, c'était un lieu important contrôlant la route commerciale du fleuve Motagua. Environ 35 ans après le début de son règne, Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil présida à l'accession au trône de Kʼak Tiliw Chan Yopaat, qui devait être soumis à l'autorité de Copán. En 734, sur l'autel M de Quiriguá., Kʼak Tiliw Chan Yopaat s'attribua le titre de kʼuhul ajaw, proclamant ainsi l'indépendance de Quirigua vis-à-vis de Copán. En 738, date particulièrement mise en évidence dans les monuments de Quirigua, Kʼakʼ Tiliw Chan Yopaat captura et décapita Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil. Cet événement est mentionné sur les monuments de Quirigua comme un « événement à la hache », faisant référence à la décapitation d'Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil. La seule référence à Copán se trouve sur l'escalier hiéroglyphique, où est mentionnée la mort d'Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil « à coups de silex et de bouclier »[4]. Il n'existe aucune preuve d'une bataille de grande ampleur à Copán ou dans ses environs dans les années 730, ce qui suggère qu'Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil fut capturé à l'étranger[9].

Il est peu probable qu'une entité politique dix fois plus petite que Copán puisse, à elle seule, renverser des siècles d'hégémonie régionale. La stèle I de Quirigua indique qu'en 736, deux ans avant la défaite d'Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil et deux ans après l'inscription déclarant l'indépendance de Quirigua, Kʼakʼ Tiliw Chan Yopaat accueillit une délégation de la cité de Calakmul, dont son dirigeant Wamaw Kʼawiil[4]. Cela suggère que Calakmul joua un rôle dans la défaite de Copán, fournissant peut-être même les forces armées nécessaires pour vaincre une cité de la taille de Copán. Les motivations possibles de Calakmul incluent le contrôle d'importantes routes commerciales, mais surtout la volonté de porter un coup à sa ville rivale, Tikal, le plus grand allié de Copán.

Conséquences

Les conséquences de la mort d'Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil furent profondes. Après une période de réalisations architecturales et sculpturales sans précédent, aucune nouvelle structure ni aucun monument ne furent érigés pendant les 18 ans qui suivirent la défaite de Copán. Kʼakʼ Joplaj Chan Kʼawiil succéda à Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil comme souverain de Copán, mais son règne était probablement sous la juridiction de Kʼak Tiliw Chan Yopaat. Des inscriptions à Quirigua désignent Kʼak Tiliw Chan Yopaat comme le 14e souverain de la lignée du fondateur, une possible référence à sa succession au profit d'Uaxaclajuun Ubʼaah Kawiil. À tout le moins, la perte des routes commerciales de Quiriguá aurait entraîné un revers économique et politique considérable[4].

Notes et références

Bibliographie

  • Coe, Michael D. (1999). The Maya. Ancient peoples and places series. 6e édition, Londres, New York: Thames & Hudson. ISBN 0-500-28066-5. OCLC 59432778.
  • Fash, William L. (2001). Scribes, Warriors, and Kings (édition révisée). Londres, Thames and Hudson. ISBN 0-500-28282-X.
  • Martin, Simon; Nikolai Grube (2000). Chronicle of the Maya Kings and Queens: Deciphering the Dynasties of the Ancient Maya. Londres, New York: Thames & Hudson. ISBN 0-500-05103-8. OCLC 47358325.
  • Martin, Simon; Nikolai Grube (2008). Chronicle of the Maya Kings and Queens. 2e édition, New York, NY: Thames and Hudson. ISBN 9780500287262.
  • Sharer, Robert J.; Loa P. Traxler (2006). The Ancient Maya. 6e édition, Stanford, CA: Stanford University Press. ISBN 0-8047-4817-9. OCLC 57577446.
  • Schele, Linda; David Freidel (1990). A Forest of Kings. New York, NY: William Morrow and Company, Inc. ISBN 0-688-07456-1.
  • Stuart, David (1996). "Hieroglyphs and History at Copán". Peabody Museum of Archaeology and Ethnology. Archivé le 16 décembre 2008.

Notes

  1. « NOVA | Transcripts | Lost King of the Maya | PBS », sur www.pbs.org (consulté le )
  2. Le nom maya classique de la cité de Copán était probablement Oxwitik.
  3. (en-US) James L. Fitzsimmons, « Centuries ago, the Maya storm god Huracán taught that when we damage nature, we damage ourselves », sur The Conversation, (consulté le )
  4. Sharer 2006.
  5. Fash 2001.
  6. Shele 1990.
  7. Martin & Grube 2000.
  8. Martin 2008.
  9. (en) « The First Maya Civilization : Ritual and Power Before the Classic Period », Taylor & Francis,‎ (DOI 10.4324/9780203839133/first-maya-civilization-francisco-estrada-belli, lire en ligne [archive du ], consulté le )
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