Svetlana Mojsov

Svetlana Mojsov est une chimiste d'origine yougoslave qui est professeure associée de recherche à l'université Rockefeller.

Ses recherches portent sur la synthèse de peptides. Elle découvre le glucagon-like peptide-1 et révèle son rôle dans le métabolisme du glucose et la sécrétion d'insuline. Ses découvertes sont utilisées par Novo Nordisk et Eli Lilly pour le développement d'agents thérapeutiques contre le diabète et l'obésité tels que le sémaglutide et le tirzépatide.

L'importance de ses découvertes est longtemps sous-estimée, voire attribuée à d'autres scientifiques, et ce n'est qu'à partir de 2023 qu'elle reçoit des hautes distinctions scientifiques.

Biographie

Jeunesse et éducation

Mojsov est née en Yougoslavie et obtient son diplôme de premier cycle en chimie physique à Belgrade[1]. Elle rejoint le programme d'études supérieures de l'université Rockefeller en 1972, où elle travaille aux côtés de Robert Bruce Merrifield (prix Nobel de chimie 1984) sur la synthèse de peptides[1]. Mojsov s'intéresse plus précisément la synthèse du glucagon, libéré par le pancréas. À l'époque, il avait été proposé que le glucagon puisse aider à traiter le diabète de type 2. Elle reçoit son Ph.D. en 1978 et continue à travailler dans le laboratoire de Merrifield pendant 5 ans[2]. Elle se marie alors avec Michel C. Nussenzweig (en), un camarade de son laboratoire.

Recherche et carrière

En 1983, Svetlana Mojsov et son mari déménagent à Boston. Elle rejoint le Massachusetts General Hospital, où elle est nommée directrice d'un centre de synthèse de peptides[1]. Elle arrive au MGH peu de temps après que Joel Habener ait cloné le proglucagon en étudiant des baudroie trouvée dans le port de Boston. Mojsov travaille sur l'identification du glucagon-like peptide-1 (GLP-1), une hormone générée par l'intestin qui déclenche la libération d'insuline. Pour tenter de déterminer si un fragment spécifique du GLP-1 est une incrétine, Mojsov crée un anticorps incrétine et développe des moyens pour suivre sa présence. Elle identifie qu'une partie de 31 acides aminés du GLP-1 est une incrétine[3],[4]. En collaboration avec Gordon Weir et Habener, Mojsov montre que de petites quantités de GLP-1 synthétisées en laboratoire pouvaient déclencher l'insuline[5],[6].

Dans les années 1990, Mojsov retourne à New York, où elle retrouve l'université Rockefeller et le laboratoire de Ralph Steinman (prix Nobel de physiologie ou médecine 2011). En 1992, le groupe du Massachusetts General Hospital teste le GLP-1 chez l’homme[7]. Par la suite, des médicaments qui imitent l'action du GLP-1 sont développés par Novo Nordisk pour servir de traitements contre l'obésité et le diabète[1],[8]. Finalement, les dérivés du GLP-1 synthétisés par Mojsov sont brevetés en tant que peptides capables de provoquer la libération d'insuline, mais avec Habener comme seul créateur. Mojsov s'est battue pour que son nom soit inclus dans les brevets. MGH accepte finalement de modifier quatre brevets pour inclure son nom et elle reçoit un tiers des redevances pharmaceutiques pendant un an[1]. Ses collaborateurs ayant reçu diverses récompenses pour de nouvelles versions du GLP-1 devenues populaires, elle demande que son travail soit reconnu, ce qui est effectivement le cas à partir de 2023[1],[9].

Distinctions et prix scientifiques

Publications

Références

  1. (en) Her work paved the way for blockbuster obesity drugs. Now, she's fighting for recognition (rapport), (DOI 10.1126/science.adk7627, lire en ligne)
  2. « Pearl Meister Greengard Prize Ceremony »
  3. Mojsov, « Structural requirements for biological activity of glucagon-like peptide-I », International Journal of Peptide and Protein Research, vol. 40, nos 3–4,‎ , p. 333–343 (ISSN 0367-8377, PMID 1478791, DOI 10.1111/j.1399-3011.1992.tb00309.x, lire en ligne)
  4. Mojsov, Heinrich, Wilson et Ravazzola, « Preproglucagon gene expression in pancreas and intestine diversifies at the level of post-translational processing. », Journal of Biological Chemistry, vol. 261, no 25,‎ , p. 11880–11889 (ISSN 0021-9258, PMID 3528148, DOI 10.1016/s0021-9258(18)67324-7, lire en ligne)
  5. (en) Mojsov, Weir et Habener, « Insulinotropin: glucagon-like peptide I (7-37) co-encoded in the glucagon gene is a potent stimulator of insulin release in the perfused rat pancreas. », Journal of Clinical Investigation, vol. 79, no 2,‎ , p. 616–619 (ISSN 0021-9738, PMID 3543057, PMCID 424143, DOI 10.1172/JCI112855, lire en ligne)
  6. O’Rahilly, « The islet's bridesmaid becomes the bride: Proglucagon-derived peptides deliver transformative therapies », Cell, vol. 184, no 8,‎ , p. 1945–1948 (ISSN 0092-8674, PMID 33831374, DOI 10.1016/j.cell.2021.03.019, S2CID 233131461, lire en ligne)
  7. « Insulinotropic Action of Glucagonlike Peptide-I-(7–37) in Diabetic and Nondiabetic Subjects », Diabetes Care, vol. 15, no 2,‎ -, p. 270-276 (DOI 10.2337/diacare.15.2.270, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) « Svetlana Mojsov », Our Scientists (consulté le )
  9. (en-US) Molteni et Chen, « The Ozempic revolution is rooted in the work of Svetlana Mojsov, yet she’s been edged out of the story », STAT, (consulté le )
  10. (en) « Ten people (and one non-human) who helped shape science in 2023 », sur nature.com,
  11. « VinFuture Prize Laureates »
  12. « Joel Habener, Svetlana Mojsov, and Dan Drucker », sur Time
  13. « Biopharmaceutical Science », sur Tang Prize
  14. « 2024 Lasker~DeBakey Clinical Medical Research Award », sur Lasker Foundation
  15. « Breakthrough Prize Announces 2025 Laureates in Life Sciences, Fundamental Physics, and Mathematics », sur Breakthrough Prize

Liens externes

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