No Tech for Apartheid

No Tech for Apartheid (NoTA), littéralement en français : Pas de technologie pour l'apartheid, est une campagne internationale qui vise à mettre fin au projet Nimbus, un contrat entre Google, Amazon et Israël. Tout commence par une lettre anonyme, d', rédigée par des employés de Google et d'Amazon condamnant cet accord[1]. Cette lettre donne finalement lieu à une campagne[2] visant à faire pression sur les deux géants de la technologie pour qu'ils annulent le projet. Les employés affirment que le manque relatif de contrôle sur ce projet signifie qu'il sera probablement utilisé à des fins violentes[3]. Selon les termes de l'accord, il semble que les entreprises concernées ne soient pas autorisées à refuser leurs services à des entités gouvernementales[4], ce qui signifie que même si certaines utilisations peuvent aller à l'encontre de leurs conditions d'utilisation, Google et Amazon ne sont pas nécessairement en mesure d'empêcher que les services fournis dans le cadre de Nimbus soient utilisés à des fins violentes[5]. Les employés des deux sociétés dénoncent l'apartheid israélien, les atteintes aux droits de l'homme et sont rejoints par de nombreuses autres entreprises[6],[7].

Lancement

En , le ministère israélien des Finances annonce que Google et Amazon ont remporté l'appel d'offres pour « mettre en place et exploiter le projet Nimbus en Israël », décrit comme « un appel d'offres public massif qui permettra à Israël de construire ses propres centres de stockage cloud locaux pour un investissement d'environ 4 milliards de shekels »[8]. En 2022, le magazine en ligne The Intercept « obtient » une mine de documents et de vidéos montrant exactement les types de produits que Google fournirait au gouvernement israélien, notamment « la gamme complète d'outils d'apprentissage automatique et d'intelligence artificielle disponibles via Google Cloud Platform », sans donner de détails sur la manière dont ils seraient utilisés[9]. Cette ambiguïté a conduit les employés des deux entreprises à commencer à débattre en interne contre l'accord, et lorsque cela ne donne aucun résultat ni même ne suscite de réaction[10], les employés lancent une campagne externe pour faire pression sur leurs employeurs, suivant le modèle de la campagne « No Tech for ICE » (Pas de technologie pour l'ICE) de Mijente (en)[note 1],[12],[13].

Manifestations

Depuis sa création, NoTA a organisé de multiples manifestations, souvent à l'extérieur de conférences[14] et de sièges sociaux d'entreprises[15] dans plusieurs États américains et pays[16],[17]. En , la campagne annonce un engagement[18] dans lequel « plus de 1 100 étudiants et jeunes travailleurs issus de plus de 120 universités et s'identifiant comme étant dans le domaine des STIM ont signé un engagement à ne pas accepter d'emploi ou de stage chez Google ou Amazon tant que ces entreprises ne mettront pas fin à leur participation au projet Nimbus[18]. ».

Réponse de Google et Amazon

Google déclare à plusieurs reprises que son travail dans le cadre du contrat projet Nimbus « ne vise pas à des fins militaires » et qu'il n'est « pas lié aux armes ou aux services de renseignement ». Amazon n'évoque pas publiquement ce projet[19]. En , cependant, le directeur de la Direction nationale israélienne de la cybersécurité aurait déclaré : « Des choses phénoménales se produisent au combat grâce au cloud public Nimbus, des choses qui ont un impact sur la victoire. Et je ne donnerai pas plus de détails. »[19].

En , un ingénieur logiciel de Google Cloud est licencié après qu'une vidéo dans laquelle il criait « Je refuse de développer une technologie qui favorise le génocide », en référence au projet Nimbus, lors d'un événement organisé par l'entreprise, soit devenue virale[20]. Le , des dizaines d'employés participent à des sit-in au siège de Google à New York et à Sunnyvale pour protester contre la fourniture par Google de logiciels de cloud computing au gouvernement israélien. Les employés occupent le bureau du directeur général de Google Cloud, Thomas Kurian, tout en diffusant en direct cette manifestation pacifique. Neuf employés sont accusés d'intrusion et 28 sont licenciés, le nombre de licenciements atteignant plus de 50 personnes dans les jours qui ont suivi les manifestations[21],[22].

NoTA a critiqué Google en qualifiant cette mesure de « représailles flagrantes » à l'encontre des employés, y compris ceux qui n'étaient pas directement impliqués dans le sit-in[23]. Google a nié avoir licencié des employés qui n'étaient pas directement impliqués et a affirmé que le projet Nimbus concernait des tâches non militaires conformes aux conditions d'utilisation de Google :

« Nous avons clairement indiqué que le contrat Nimbus concerne les charges de travail exécutées sur notre cloud commercial par les ministères du gouvernement israélien, qui acceptent de se conformer à nos conditions d'utilisation et à notre politique d'utilisation acceptable. Ce travail ne concerne pas les charges de travail hautement sensibles, classifiées ou militaires liées aux armes ou aux services de renseignement[22]. »

Notes et références

Notes

  1. ICE pour Immigration and Customs Enforcement, en français : Service de l'immigration et des douanes[11].

Références

  1. (en) « We are Google and Amazon workers. We condemn Project Nimbus », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) « Behind Google Worker Protests of an Israeli Government Cloud Deal », Wired [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Billy Perrigo, « Exclusive: Google Workers Revolt Over $1.2 Billion Contract With Israel », Time [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Shoshanna Solomon, « Israel signs deal for cloud services with Google, Amazon », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Dan Swinhoe, « Israel Government says AWS and Google can't boycott Nimbus Project », DCD,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) « Over 40 US organizations join 500+ tech workers in demanding Amazon and Google end all ties with Israeli apartheid », Wafa,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Brett Wilkins, « 'No Tech for Apartheid': 40+ Groups Demand Amazon and Google Ditch Israeli Military », Common Dreams [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) Amitai Ziv, « Israel Picks Google, Amazon for Massive Official Cloud; 'Data Will Remain Here' », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Sam Biddle, « Documents Reveal Advanced AI Tools Google Is Selling to Israel », The Intercept,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Azad Essa, « 'Google chooses apartheid over justice': Workers protest against Project Nimbus », Middle East Eye [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) « Who's behind ICE - The tech and data companies fueling deportations », sur le site mijente.net (consulté le ).
  12. (en) « If we want to free our future, we must TAKE BACK TECH Criminalization is big business. Tech companies are building the tools used to surveil, incarcerate, and deport our communities », sur le site notechforice.co (consulté le ).
  13. (en) Edward Ongweso Jr, « ‘No Tech for Israeli Apartheid:’ Protesters Disrupt AWS Conference Over Military Contract », VICE,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) « No Tech for Apartheid: Protesters Call Out Google for Cloud Contract with Israel », Democracy Now!,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) « Google’s Internal Rebellion Over Israel Goes Global », Novara Media [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Richard Nieva, « Google And Amazon Workers Protest Their Companies' $1.2 Billion AI Contract With Israel », Forbes [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) « oogle, Amazon Workers Protest Billion-Dollar Contract with Israel (VIDEO) », The Palestine Chronicle,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) « STEM Students Refuse to Work at Google and Amazon Over Project Nimbus », Wired [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) Caroline Haskins, « The Hidden Ties Between Google and Amazon’s Project Nimbus and Israel's Military », Wired [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) « War on Gaza: Google fires employee after pro-Palestine protest at Israeli tech conference », Middle East Eye [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) Grant Nico, « Google Fires 28 Employees Involved in Protest of Israeli Cloud Contract », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. (en) Michael Sainato, « Workers accuse Google of ‘tantrum’ after 50 fired over Israel contract protest », The Guardian [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) David Zimmermann, « Google Fires Employees over Anti-Israel Office Sit-Ins », National Review,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes

Liens externes

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