Bertrand II de Provence
| Comte de Provence | |
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Stephanie Douce (d) |
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Mathilde (d) |
| Enfant |
Bertrand II de Provence, mort entre le et le , est comte indivis de Provence et d'Arles.
Biographie
Origines
La date de naissance de Bertrand ou Bertran[1] n'est pas connue à ce jour. Il est le fils de Geoffroi Ier, comte de Provence, et de Stéphanie Douce (Stefania Dolça)[2] ou Étiennette-Douce[3]. Son origine reste inconnue, toutefois le généalogiste hongrois Szabolcs de Vajay (en) la rattache à la famille vicomtale de Marseille[4],[5],[6].
Il a vraisemblablement[5] une sœur, Gerberge/Gerberga († ), qui hérite de son son titre et qui épouse, Girbert Ier de Millau, comte de Gévaudan[2].
Il apparaît pour la première fois en 1055[7]. Il est mentionné en 1057 dans une donation que font ses parents (Gausfredus marchyo sive comes Provincie et uxor mea Stefania et filius meus Bertrannus) en faveur de l'abbaye Saint-Victor de Marseille[6].
Un comte affaibli
Il semble succéder à son père en 1055[2],[8]. Mineur, il est placé sous la tutelle de sa mère[9]. Manteyer (1908) précisait qu'il lui « succéda dans Arles, mais sans hériter du titre de marquis que se partagèrent seuls ses cousins Guillaume V Bertrand/Guilhem Bertran et Geoffroi II »[10], morts pour le premier entre 1063 et 1067 et pour le second vers 1065.
Il épouse vers 1063[1] (Manteyer indiquait vers février 1061/62[11]), Mahaud[11]/Matilda[1],[2], dont l'origine n'est pas connue. Manteyer (1908) indiquait qu'un « acte de Saint-Victor le qualifie « comte de toute la Provence », ce qui suppose encore l'indivision », ajoutant que le testament du comte d'Urgel, en 1090, le qualifiait de « comte d'Arles »[11].
Le nouveau comte de Provence semble toutefois affaibli : il transfère la résidence comtale d'Arles à Tarascon en 1063 et, incapable d'assurer la paix, demande en 1065 aux puissantes familles arlésiennes d'assurer la protection des biens de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. De même, il semble avoir de la difficulté à exercer la justice comtale. Un scribe de l'abbaye de Montmajour écrit en 1067 :
- Il n'y a plus de duc ni marquis qui rende droite justice[12].
À la fin des années 1070, dans le cadre de la Querelle des Investitures, Bertrand s’oppose à l’archevêque d’Arles Aicard. Mais en l’espèce, ce conflit d'ordre religieux se double d’un triple problème politique entre le comte et l'archevêque qui à cette époque est aussi un seigneur féodal. Le comte s’oppose à Aicard d'abord à propos de la nomination controversée de Bermond comme abbé de Montmajour[n 1], ensuite probablement comme le souligne l'historien arlésien Anibert, parce qu'Aicard s'est rapproché dès 1076 du comte de Saint-Gilles, excommunié par le pape et rival du comte de Provence, enfin et surtout parce qu'il redoute la puissance de la famille de l'archevêque, celle des vicomtes de Marseille.
En 1078, le comte de Provence recherche donc l'appui du pape en accusant l'archevêque de simonie, puis en 1081, en se plaçant sous la suzeraineté papale[n 2], renie ses liens de vassalité avec l'empereur du Saint-Empire romain germanique, Henri IV. Le comte de Provence s’aliène alors la ville d’Arles et son archevêque soutenu par le peuple, le clergé, les familles des Baux et des Porcelet et le comte de Saint-Gilles, Raymond IV. L'archevêque d'Arles bénéficie aussi du soutien de sa famille[n 3], les vicomtes de Marseille qui à partir de 1079 désertent l'entourage du comte Bertran[n 4].
En 1083, il négocie avec la vicomtesse Ermengarde l'union de sa fille avec le fils de celle-ci, Bernard Aton IV Trencavel, héritier de six vicomtés (Albi, Nîmes par son père, Carcassonne, Béziers, d'Agde et de Razès)[11],[13]. Dotée, il l' exclue cependant de tous droits à la succession paternelle[11]. Selon la coutume provençale, « cette dot l’écartait de la succession »[14]
Le dernier acte par lequel il est connu date du [15],[6]. Il est ainsi mentionné comme comte d'Arles (Bertrán, conde de Arlés) dans le testament d'Armengol IV /Ermengaud, comte d'Urgell[15],[6], comte catalan et époux d'Adélaïde de Provence († v. /1150), comtesse de Forcalquier[16]. Armengol IV /Ermengaud le choisit comme l'un des tuteurs de ses enfants, Guillaume/Guilhem et Sancha[16].
Mort et succession
La fin de sa vie est moins connue. La date de sa mort n'est pas précisément connue. Manteyer (1908) indiquait qu'il est mort avant le [15] alors que Poly (1976) avançait la date du « 8 juillet 1090 »[17].
Les auteurs de l'ouvrage La Provence au Moyen Âge (2005)[8] et Mazell (2011) placent la fin de son règne en 1090[2]. Le site fmg.ac/Projects/MedLands indique pour sa part une plage entre 29 avril 1090 et 28 juillet 1094[6]. Le chercheur Thierry Stasser (2019) retient quant à lui la plage entre le « 8 juillet 1090 et le 28 juillet 1094 »[5], s'appuyant notamment sur le généalogiste hongrois, Szabolcs de Vajay (en) (1962)[18].
Manteyer (1908) concluait qu'il « ne [laissait], en dehors de sa fille dotée et devenue étrangère à la Provence, qu'une sœur comme héritière. »[15] Sa part du comté de Provence semble passer à sa sœur Gerberge et son époux Girbert Ier /Gerbert de Millau († v. /1112), comte de Gévaudan[2]. Ce dernier est mentionné à plusieurs reprises à Avignon, entre 1107 et 1110[19]. L'autre partie du comté est détenue par Raymond IV de Saint-Gilles, comte de Toulouse, issu de la branche aînée des comtes de Provence[19].
Famille
Bertrand épouse, vers 1063[1], Mahaud[11]/Matilda[1],[2].
Ils ont une fille[11],[20],[5] :
- Cécile ou Cécilia (morte en 1150)[n 5], mariée en 1083[n 6] à Bernard Aton, vicomte de Béziers et de Carcassonne[22].
Notes et références
Notes
- ↑ Les comtes de Provence considèrent à cette époque cette abbaye comme leur nécropole familiale.
- ↑ Le 25 août 1081, le comte de Provence Bertrand prend ses distances à l'égard de l'autorité impériale en prêtant serment de fidélité au pape Grégoire VII après lui avoir abandonné son domaine et les églises de son patronage, reniant ainsi son lien de vassalité avec l'empereur.
- ↑ À l'exception de son oncle, abbé de Montmajour.
- ↑ Il faudra attendre 1116 pour voir à nouveau un vicomte de Marseille, en l'espèce Pons de Peynier, figurer aux côtés d'un comte de Provence.
- ↑ La date est donnée par la Foundation for Medieval Genealogy qui ne la justifie pas, mais cite une charte du 20 octobre 1146 où elle est encore vivante. Elle n'apparait plus dans les chartes par la suite, notamment dans celle de sa fille Metelline qui renonce en 1152 à l'héritage paternel en faveur de son frère. Si leur mère était encore vivant elle aurait probablement été citée.
- ↑ Selon l'acte no 61, du recueil concernant la famille Porcelet d'Arles (Aurell, 2001), il est précisé qu'en 1083[21] :
- Guilhem Porcelet devient garant du comte Bertran II qui, à l'occasion du mariage de sa fille, s'engage à envoyer dix otages à Bernard Atton IV, vicomte de Nîmes, en garantie d'une dot de cinq mille sous.
Références
- Martin Aurell, Actes de la famille Porcelet d'Arles (972-1320), Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, , LXV-732 p. (lire en ligne), chap. série in-8°, vol. 27, p. 30.
- Florian Mazel, « Pouvoir comtal et territoire : réflexion sur les partages de l'ancien comté de Provence au XIIe siècle », Mélanges de l'École française de Rome : Moyen Âge, vol. 123, no 2 « Les pouvoirs territoriaux en Italie », , p. 1re part. (« Les pouvoirs territoriaux en Italie centrale et dans le sud de la France. Hiérarchies, institutions et langages (XIIe – XIVe siècle) : études comparées »), p. 467-486 (DOI 10.4000/mefrm.634, lire en ligne).
- ↑ Manteyer 1908, p. 298, 300.
- ↑ Szabolcs de Vajay (en), « Étiennette dite Douce, comtesse de Provence (XIe siècle) », Provence historique, vol. 12, , p. 189-213.
- Thierry Stasser, « De Stéphanie-Douce à Douce de Foix. Nouvelles hypothèses sur la généalogie des comtes de Provence et de Foix », Annales du Midi, nos 131-307-308, , p. 293-306 (DOI 10.3406/anami.2019.8997, lire en ligne).
- (en) Charles Cawley, « Geoffroi I Marquis de Provence », sur Medieval Lands, Foundation for Medieval Genealogy, 2006-2025.
- ↑ Manteyer 1908, p. 300-301.
- Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Noël Coulet, La Provence au Moyen Âge, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, (ISBN 978-2-85399-617-4, DOI 10.4000/books.pup.6304, lire en ligne), chap. 1 (« Le temps des sires 972-1112 »), p. 9-52.
- ↑ Manteyer 1908, p. 272.
- ↑ Manteyer 1908, p. 300.
- Manteyer 1908, p. 301.
- ↑ Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Noël Coulet, La Provence au Moyen Âge, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, (ISBN 978-2-85399-617-4, lire en ligne), « 1. Le temps des sires 972-1112 », p. 22.
- ↑ Claudie Duhamel-Amado, Genèse des lignages méridionaux. L'aristocratie languedocienne du Ve – XIIe siècle, vol. 1, Toulouse, CNRS-Université de Toulouse-Le Miraeil, , 536 p. (lire en ligne), p. 168-169, 190 et note, 193, 207.
- ↑ Varano 2011, p. 439. Varano s'appuie notamment sur Manteyer 1908, p. 301, 303 et 312 et Poly 1976, p. 318.
- Manteyer 1908, p. 303.
- Varano 2011, p. 441-443.
- ↑ Poly 1976, p. 208.
- ↑ Szabolcs de Vajay (en), « Étiennette dite Douce, comtesse de Provence (XIe siècle) », Provence historique, vol. 12, , p. 205-206.
- Varano 2011, p. 439.
- ↑ Poly 1976, p. 318.
- ↑ Martin Aurell, Actes de la famille Porcelet d'Arles (972-1320), Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, , LXV-732 p. (lire en ligne), chap. Série 8, Volume 27, p. 32.
- ↑ Hélène Débax, La féodalité languedocienne : XIe – XIIe siècles : serments, hommages et fiefs dans le Languedoc des Trencavel, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, coll. « Tempus », , 407 p. (ISBN 978-2-85816-651-0, lire en ligne), p. 77.
Voir aussi
Bibliographie
Ouvrages récents
- Édouard Baratier, Histoire de la Provence, Toulouse, Editions Privat, , 604 p. (ISBN 2-7089-1649-1) (réédition).
- Florian Mazel, La noblesse et l'Église en Provence fin Xe - début XIVe siècle, Paris, CTHS, , 803 p. (ISBN 978-2-7355-0503-6, LCCN 2005397122).
- Mariacristina Varano (thèse soutenue à l'université d'Aix-Marseille I), Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge (IXe-XIIIe siècles). L'exemple de Forcalquier et de sa région, , 1007 + 132 (lire en ligne [PDF]).
Ouvrages anciens
- Jean-Pierre Poly, La Provence et la société féodale : 879-1166, contribution à l'étude des structures dites féodales dans le Midi, Paris, Bordas, , 431 p. (lire en ligne).
- Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle : études d'histoire et de géographie politique. Tome 1, Picard, , 988 p. (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes
- (en) Charles Cawley, « Chapter 3. Comtes de Provence 961-1093 », sur Medieval Lands, Foundation for Medieval Genealogy, 2006-2025.
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