Gerberge de Provence

Gerberge de Provence, née vers 1060 ou 1078/84 et † entre  et 1118, est une comtesse indivis de Provence, issue de la lignée comtale provençale fondée par le comte Boson II d'Arles.

Biographie

Origines incertaines

La date de naissance de Gerberge[1] ou Gerberga[2] n'est pas connue, toutefois elle est placée vers 1060 (Stasser, 2019)[3] ou vers 1078/84 (Medieval Lands)[4].

Sa filiation n'est pas connue à ce jour. La première mention la concernant remonte à , où elle est déjà l'épouse du comte Girbert Ier /Gerbert de Millau[5].

La tradition considère qu'elle est vraisemblablement[6] la fille de Geoffroi Ier, comte de Provence, et de Stéphanie Douce (Stefania Dolça)[2] ou Étiennette-Douce[7], que le généalogiste hongrois Szabolcs de Vajay (en) rattache à la famille vicomtale de Marseille[8],[9],[10]. Cette filiation est reprise, rappelle le chercheur Stasser (2019), des travaux d'Honoré Bouche, dans son ouvrage Chorographie ou description de la Provence et Histoire chronologique du même pays (1664)[5].

Poly (1976) la plaçait, dans son tableau généalogique, comme étant la fille de Bertrand II[11].

Le chercheur Stasser (2019) considère que cette tradition est « Chronologiquement […] peu vraisemblable », rappelant les différents actes mentionnant Geoffroi et son épouse, « actif entre 1040 et 1060 »[6]. Il suppose ainsi que Gerberge devait être « née plus de vingt ans après leur mariage » et qu'elle est restée « célibataire jusqu’à 30 ans passés, ce qui est assez étonnant pour une fille de comte »[6].

Selon l'hypothèse traditionnelle, elle est la sœur, de Bertrand II († entre /1094)[2],[12].

Héritage du comté de Provence et mariage

Son frère Bertrand II, comte de Provence, meurt entre 1090 et 1094 1093, laissant une fille, Cécile, qui avait été dotée lors de son mariage avec Bernard Aton, vicomte de Béziers et de Carcassonne. Selon la tradition, Gerberge « aurait succédé à son frère parce que encore célibataire et non dotée »[12]. Cette hypothèse apparaît comme « peu vraisemblable », pour Stasser (2019)[13]. Il lui semble que la comtesse veuve Stéphanie, dite Douce, ait été une sorte de régente et qu'elle serait à l'origine du mariage avec Girbert Ier /Gerbert (1060 - 1111), comte de Gévaudan, le second fils de Bérenger de Millau, vicomte de Millau et de Rodez, et d'Adèle, vicomtesse de Carlat[3].

Gerberge hérite ainsi des 3/8 de ce que l'on nomme la marche ou marquisat de Provence[14]. Il faut attendre cependant le mois de pour qu'elle soit mentionnée pour la première fois[5]. Elle se trouve aux côtés de son époux Girbert Ier, comte de Gévaudan qui rend justice à Avignon[5]. Ce dernier est mentionné comme présent dans la ville entre 1107 et 1110[15]. Le couple a deux filles, Douce et Étiennette[15].

Le règne de son époux est assez court puisqu'il est assassiné, vers et par des « scélérats »[16], appartenant à la vieille aristocratie provençale[15],[12],[17].

Succession du comté de Provence

En effet, à la fin du XIe siècle et au début du siècle suivant, le comté de Provence se trouve en situation de fragilité[15], car il se trouve entre les mains de sept femmes et leurs enfants, issues des différentes branches de la dynastie comtale[18],[15].

Le comté de Provence étant en indivision est partagé vers 1105, entre la maison de Toulouse, la comtesse Adélaïde de Forcalquier et la comtesse Gerberge[19].

Afin de trouver le soutien d'une « dynastie forte », Gerberge marie en sa fille aînée, Douce/Dolça, à Raimond-Bérenger III, Comte de Barcelone et de Gérone[20],[17],[15]. Sa seconde fille, Stéphanie, est mariée, vers 1110/15, à Raymond Ier, seigneur des Baux[12].

L'union permet à la maison catalane de Barcelone, ennemie de lignée des Saint-Gilles, comtes de Toulouse, et héritière de la branche aînée des comtes de Provence, de s'implanter en Provence[17],[15]. Gerberge remet ainsi à Douce le une « partie de Provence qui restait indivise et qu’elle avait hérité de son frère Bertrand, ainsi que les biens de son mari », puis cette dernière, deux jours après, est unie à Raimond-Bérenger III de Barcelone[21], qui « de fait, [devient] marquis de Provence »[15].

Si dans un premier temps, l'entente entre les deux beaux-frères semble cordiale, se soutenant mutuellement, Raymond Ier, seigneur des Baux, en revendiquant les droits de son épouse sur le comté de Provence, enclenchera un conflit, appelé « guerres baussenques », qui durera une vingtaine d'années[17],[22].

Il n'existe pas d'acte où elle figure après ses événements. La date de sa mort n'est donc pas connue. Le site Internent Medieval Lands place donc sa mort entre et [4].

Famille

Gerberge de Provence épouse Girbert Ier /Gerbert de Millau († v. /1112), comte de Gévaudan. Ils ont au moins trois filles :

Notes et références

Notes

Références

  1. Stasser 2019, p. 293.
  2. Florian Mazel, « Pouvoir comtal et territoire : réflexion sur les partages de l'ancien comté de Provence au XIIe siècle », Mélanges de l'École française de Rome : Moyen Âge, vol. 123, no 2 (« Les pouvoirs territoriaux en Italie »),‎ , p. 467-486 (lire en ligne).
  3. Stasser 2019, p. 298.
  4. (en) Charles Cawley, « Geberge de Provence », sur Medieval Lands, Foundation for Medieval Genealogy, 2006-2025.
  5. Stasser 2019, p. 295.
  6. Stasser 2019, p. 295-298.
  7. Manteyer 1908, p. 298, 300.
  8. Szabolcs de Vajay (en), « Étiennette dite Douce, comtesse de Provence (XIe siècle) », Provence historique, vol. 12,‎ , p. 189-213.
  9. Thierry Stasser, « De Stéphanie-Douce à Douce de Foix. Nouvelles hypothèses sur la généalogie des comtes de Provence et de Foix », Annales du Midi, nos 131-307-308,‎ , p. 293-306 (lire en ligne)
  10. (en) Charles Cawley, « Geoffroi I Marquis de Provence », sur Medieval Lands, Foundation for Medieval Genealogy, 2006-2025.
  11. Poly 1976, p. 34.
  12. Stasser 2019, p. 294.
  13. Stasser 2019, p. 297.
  14. Manteyer 1908, p. 317.
  15. Mariacristina Varano (thèse soutenue à l'université d'Aix-Marseille I), Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge (IXe-XIIIe siècles). L'exemple de Forcalquier et de sa région, , 1007 + 132 (lire en ligne [PDF]), p. 439-440.
  16. Poly 1976, p. 325.
  17. Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Noël Coulet, La Provence au Moyen Âge, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, (ISBN 978-2-85399-617-4, lire en ligne), « 2. Le temps du prince 1112-1196 », p. 53-94.
  18. Manteyer 1908, p. 311.
  19. Eliana Magnani (Vita Regularis. Ordnungen und Deutungen religiosen Leben im Mittelalter), Monastères et aristocratie en Provence - milieu Xe - début XIIe siècle, Lit Verlag, (lire en ligne), chap. 10, p. 458.
  20. Manteyer 1908, p. 312.
  21. Manteyer 1908, p. 312-313.
  22. Mariacristina Varano (thèse soutenue à l'université d'Aix-Marseille I), Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge (IXe-XIIIe siècles). L'exemple de Forcalquier et de sa région, , 1007 + 132 (lire en ligne [PDF]), p. 439-440.

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages récents

  • Édouard Baratier, Histoire de la Provence, Toulouse, Editions Privat, , 604 p. (ISBN 2-7089-1649-1) (réédition).
  • Florian Mazel, La noblesse et l'Église en Provence fin Xe - début XIVe siècle, Paris, CTHS, , 803 p. (ISBN 978-2-7355-0503-6, LCCN 2005397122).
  • Thierry Stasser, « De Stéphanie-Douce à Douce de Foix. Nouvelles hypothèses sur la généalogie des comtes de Provence et de Foix », Annales du Midi, nos 131-307-308,‎ , p. 293-306 (lire en ligne).

Ouvrages anciens

  • Jean-Pierre Poly, La Provence et la société féodale : 879-1166, contribution à l'étude des structures dites féodales dans le Midi, Paris, Bordas, , 431 p. (lire en ligne).
  • Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle : études d'histoire et de géographie politique. Tome 1, Picard, , 988 p. (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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