Bataille du tumulus Saint-Michel
| Date | |
|---|---|
| Lieu | Carnac |
| Issue | Victoire des chouans |
| République française | Chouans |
| • Balthazar Romand | • Vincent de Tinténiac • Jean Rohu |
| 200 à 400 hommes[1],[2] | 700 hommes[1] |
| 12 à 15 morts[3] 12 à 15 prisonniers[3] |
Inconnues |
Batailles
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- Lemboh
- Maigrit
- Pluvigner
- 1re Locminé
| Coordonnées | 47° 35′ 16″ nord, 3° 04′ 24″ ouest | |
|---|---|---|
La bataille du tumulus Saint-Michel se déroule le , au cours de l'expédition de Quiberon, pendant la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des chouans qui s'emparent du tumulus Saint-Michel, à Carnac.
Prélude
Le , la flotte britannique transportant les troupes émigrées de Joseph de Puisaye arrive dans la baie de Carnac[4],[5]. Puisaye souhaite un débarquement immédiat, mais son second, Louis d'Hervilly, s'y oppose et exige des reconnaissance préalables[4],[5]. L'amiral britannique John Warren acquiesce[4].
Deux officiers royalistes, Vincent de Tinténiac et Paul du Bois-Berthelot, sont cependant débarqués dès le 23 ou le 24 juin par la frégate HMS Galatea (en) et rejoignent des milliers de paysans insurgés menés par Georges Cadoudal, Pierre Mercier et Jean Jan[6],[2],[5],[7]. Le 26, Tinténiac regagne le HMS Pomone, le vaisseau amiral de la flotte[8],[5],[9]. « En grand uniforme de chouan, sale et déguenillé à faire horreur », selon les souvenirs du major général Érasme de Contades : « Son arrivée leva toutes les difficultés. Il nous dit qu'on nous attendait, que huit cents hommes protégeraient notre descente, et qu'en huit jours nous serions joints par vingt mille hommes. La descente fut décidée pour le lendemain 27 juin, et il repartit dans son canot pour rassembler ses chouans »,[5],[9].
Ces derniers engagent alors plusieurs petits combats contre des postes républicains[10]. Selon les mémoires de Joseph de Puisaye, le 27 juin, à six heures du matin, une troupe menée par d'Allègre de Saint-Tronc surprend notamment les garnisons de Landévant et d'Auray au moment de leur jonction et les met en fuite après leur avoir tué quelques hommes et fait 20 prisonniers[10].
Pendant ce temps, le débarquement des troupes émigrées débute à la pointe du jour[4],[11]. Selon Puisaye, la garnison de Carnac, forte de 200 hommes se déploie sur le rivage, mais elle recule à l'approche de six chaloupes canonnières anglaises[10]. Le régiment Loyal-Émigrant met pied à terre le premier, au village de Le Genès, en face de Carnac[11], suivi par le Royal-Louis, le Marine et le Du Dresnay[5].
Déroulement
Pendant le débarquement, Vincent de Tinténiac et Jean Rohu, à la tête de 700 chouans[1],[12], se portent sur Carnac[8],[13],[14]. Selon Rohu, Tinténiac divise sa troupe en deux : l'une se marche sur le bourg de Carnac et l'autre se porte avec lui sur le tumulus Saint-Michel, qui domine la plage[8],[13]. Celui-ci est alors défendu par 200[1] à 400[2] hommes, commandés par le chef de brigade Romand[2]. Rohu écrit dans ses mémoires, que ses marins « sans hésitation aucune » montent alors « la butte sous le feu de l'ennemi », seulement « devancés que par le général qui y courait de toutes ses forces »[8],[13]. Lorsque les chouans arrivent au sommet, les républicains battent en retraite sur le versant opposé, en direction du bourg de Carnac[8],[13]. Le drapeau tricolore est baissé, tandis que Tinténiac défait ses habits, « tire sa chemise, l'attache à la drisse du pavillon, et improvise ainsi le drapeau blanc »[8],[13],[15],[16],[Note 1].
Les républicains abandonnent alors Carnac et se replient sur Plouharnel selon Rohu[8],[13] et Landévant selon Puisaye[10]. Le chef de brigade Romand se replie sur Auray, où il arrive à midi, puis il gagne Hennebont avec ses tirailleurs et sa compagnie mobile[18].
Pertes
Selon Louis Georges de Cadoudal, neveu de Georges Cadoudal, les républicains perdent 200 hommes, tués ou blessés, sur un effectif de 900[19],[20]. Dans ses mémoires Joseph de Puisaye donne cependant un bilan plus mesuré en faisant état de 12 ou 15 tués du côté des « troupes conventionnelles » et d'un même nombre de prisonniers[3]. Dans ses mémoires, Jean Rohu fait mention de 12 soldats républicains faits prisonniers dans le village de Pau[13]. Érasme de Contades évoque quant à lui quelques hommes tués et une demi-douzaine de prisonniers[5],[17]. Selon Puisaye, les prisonniers républicains sont incorporés au régiment Royal-Louis[21].
Notes et références
Notes
- ↑
« Le Chevalier de Tinteniac, à la tête des divisions de Georges et de Mercier, s'étoit emparé de tous les passages entre Vannes et la côte; il avoit placé des corps d'observation partout où il étoit nécessaire; et nous les vîmes débusquer l'ennemi du seul poste qu'il occupoit encore, sur un monticule qui domine la Plage, à environ une lieue de la mer. Ce monticule est appelé le Mont St. Michel; à défaut de pavillon blanc, Tinteniac substitua sa chemise au pavillon républicain[3]. »
— Mémoires de Joseph de Puisaye
« Le 27 juin 1795, la flotte anglaise portant les troupes de débarquement, ayant enfin paru dans la baie, nous nous portâmes vers la côte ayant M. de Tinténiac à notre tête. Le bourg de Carnac et la butte de Saint-Michel étaient occupés par les troupes du général républicain Roman. Le général Tinténiac dirigea une colonne sur le bourg et nous marchâmes avec lui vers Saint-Michel où flottait le drapeau tricolore. Mes marins, sans hésitation aucune, montèrent la butte sous le feu de l'ennemi, et nous n'étions devancés que par le général qui y courait de toutes ses forces. A notre arrivée au sommet, les Bleus descendaient rapidement du côté opposé se dirigeant vers le bourg. Aussitôt on fait descendre les insignes de la Révolution, Tinténiac défait ses habits, tire sa chemise, l'attache à la drisse du pavillon, et improvise ainsi le drapeau blanc. Le général m'ordonne de poursuivre les troupes républicaines qui fuient dans la direction de Plouharnel, lui marche vers la côte pour se mettre en communication avec l'escadre. Dans leur fuite, douze soldats de Roman s'étaient dirigés vers le village de Pau et se trouvèrent, d'un côté, coupés par la mer, de l'autre par les miens qui les avaient devancés sur la route de Plouharnel, et ils furent obligés de se rendre : ces militaires étaient armés de carabines que l'on chargeait à coups de marteau, et après leur désarmementje les fis conduire au général ; je continuai la poursuite jusqu'au village du Pontneuf, en Plouharnel, où, tout haletants et trempés de sueur, nous nous arrêtâmes pour nous rafraîchir, et là, je reçus l'ordre de prendre poste au village de Saint-Barbe, en face du fort Penthièvre[13],[8]. »
— Mémoires de Jean Rohu
« A une demi-portée de canon de la terre, Loyal-Emigrant déploya ses drapeaux, et se mit à crier vive le Roi! Royal-Louis y répondit, et tout le monde encourageait les rameurs. Les deux cents hommes qui étaient à découvert sur le rivage se replièrent jusque derrière un ravin. Alors je crus réellement qu'ils avaient envie d'opposer quelque résistance, mais à peine touchions-nous à terre qu'ils prirent la fuite, donnèrent dans une embuscade de chouans à Carnac, y perdirent quelques hommes et eurent une demi-douzaine de prisonniers qu'on nous amena. L'on descendit et l'enthousiasme était à son comble. M. d'Hervilly, loin de le partager, avait l'air sévère et soucieux; il fit mettre son régiment en bataille et l'aligna avec le plus grand soin, sans prendre part à la joie générale.
Nous n'avions aucune nouvelle de ce qui s'était passé à Carnac, et nous ne savions à qui attribuer l'avantage. Le Mont-Saint-Michel, poste important, distant de nous d'une demi-lieue, était couvert de monde, mais personne ne pouvait assurer si c'étaient des républicains ou des chouans. Tinténiac y était; il avait attaché sa chemise au bout d'une grande perche, espérant que nous reconnaîtrions l'ancien signal de ralliement français; mais, pour plusieurs raisons, il était facile de s'y méprendre. Au bout d'une heure quelques chouans arrivèrent qui nous dirent qu'ils étaient maîtres du pays et que très incessamment nous verrions déboucher leurs colonnes[5],[17],[16]. »
— Souvenirs d'Érasme de Contades
Références
- Sibenaler 2007, p. 32.
- Champagnac 1989, p. 9-10.
- Puisaye, t. VI, 1808, p. 142-143.
- Dupuy 2004, p. 174-175.
- Huchet 1995, p. 61-63.
- ↑ Huchet 1998, p. 213.
- ↑ Cadic, t. I, 2003, p. 567.
- Huchet 1998, p. 214.
- Contades 1885, p. 129.
- Puisaye, t. VI, 1808, p. 141.
- Gabory 2009, p. 1190.
- ↑ Blanc, t. III, 1869, p. 270.
- Rohu 1999, p. 31-32.
- ↑ Gabory 2009, p. 1186.
- ↑ Guillemot 1859, p. 66.
- Chassin, t. I, 1896, p. 451-452.
- Contades 1885, p. 132-134.
- ↑ Closmadeuc 1899, p. 4.
- ↑ Huchet 1995, p. 64-65.
- ↑ Cadic, t. I, 2003, p. 568-569.
- ↑ Puisaye, t. VI, 1808, p. 152-153.
Bibliographie
- Louis Blanc, Histoire de la Révolution française, t. III, Paris, Librairie internationale, , 353 p. (lire en ligne).
- François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. I, Terre de brume et Presses universitaires de Rennes, coll. « Les Œuvres de François Cadic », , 588 p. (ISBN 978-2843622069).
- Jacques-Philippe Champagnac, Quiberon : la répression et la vengeance, Perrin, , 364 p. (ISBN 978-2876237612).
- Charles-Louis Chassin, Les pacifications de l'Ouest : 1794-1801, t. I, Paris, Paul Dupont, , 607 p. (lire en ligne).
- Gustave de Closmadeuc, Quiberon, 1795 : émigrés et chouans, commissions militaires, interrogatoires et jugements, Paris, Société d'éditions littéraires, , 604 p. (lire en ligne).
- Érasme Gaspard de Contades, Souvenirs du comte de Contades, E. Dentu, , 298 p. (lire en ligne).
- Roger Dupuy, La Bretagne sous la Révolution et l’Empire, 1789-1815, éditions Ouest-France université, Rennes, , 350 p. (ISBN 978-2-737-33502-0).
- Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1504 p. (ISBN 978-2221113097).
- Julien Guillemot, Lettres à mes neveux sur la Chouannerie, Imprimerie Félix Masseaux, , 299 p. (lire en ligne).
- Patrick Huchet, Quiberon ou le destin de la France, Éditions Ouest-France, , 258 p. (ISBN 978-2737317453).
- Patrick Huchet, Georges Cadoudal et les chouans, Éditions Ouest-France, , 367 p. (ISBN 978-2-7373-2283-9).
- Joseph de Puisaye, Mémoires du comte Joseph de Puisaye, qui pourront servir à l'histoire du parti royaliste français durant la dernière révolution, t. VI, Londres, Imprimerie Harper et Co., 1807 et 1808, 684 p. (lire en ligne).
- Jean Rohu, Mémoires autographes, La Découvrance, coll. « Les Inédits de l'Histoire », , 80 p. (ISBN 978-2842650964).
- Jean Sibenaler, Quiberon : pour le Roi et l'Autel, Cheminements Éditions, , 258 p. (ISBN 978-2844785442).
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