Bataille de Guémené-sur-Scorff

Bataille de Guémené-sur-Scorff
Guéménée, dessin de Thomas Drake et lithographie d'Henri Daniaud, 1860.
Informations générales
Date
Lieu Guémené-sur-Scorff
Issue Victoire des chouans
Belligérants
 République française  Chouans
Commandants
Jean Jan
Pierre Mercier
• Pierre du Chélas
Forces en présence
150 à 300 hommes[1],[2] 600 à 1 500 hommes[3],[4]
Pertes
8 morts au moins[5]
30 prisonniers (relâchés)[4]
2 à 6 canons capturés[2],[6]
30 morts[4]
50 blessés[4]
(selon les républicains)

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 48° 04′ 02″ nord, 3° 12′ 28″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
Géolocalisation sur la carte : Morbihan

La bataille de Guémené-sur-Scorff se déroule le , lors de la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des chouans qui s'emparent de la petite ville de Guémené-sur-Scorff.

Déroulement

Le 9 pluviôse an III ()[7],[8],[9],[2], peu avant l'aube, la petite ville de Guémené-sur-Scorff est attaquée par 600[3] à 1 500[4],[7] chouans, dont 150 déserteurs[10], menés par Jean Jan, Pierre Mercier, dit La Vendée et Pierre du Chélas[11],[8],[2]. La ville n'est alors défendue que par 150[12],[1],[3] à 300[2],[4] gardes nationaux[1] et grenadiers[2],[11] du 2e bataillon de la 17e demi-brigade[9].

À 4 heures du matin, les chouans pénètrent à l'intérieur de la ville[4]. Les défenseurs opposent « une assez vigoureuse résistance » selon les mémoires du chef chouan Alexis Le Louer[12], mais la ville tombe aux mains des chouans vers 11 heures du matin[3]. Les républicains se dispersent dans les campagnes[2] ou s'enfuient sur Pontivy[3],[12],[8]. Certains se réfugient derrière les murs du château féodal, où ils sont assiégés pendant tout le reste de la journée[11],[3]. À la nuit tombante, le château est finalement pris par les chouans après un combat meurtrier[3].

À six heures[4], après avoir coupé l'arbre de la liberté[2],[11],[3], les chouans se retirent de la ville en emportant deux[2],[11] à six[6] canons, ainsi que les munitions de la garnison[2],[11].

Pertes

Selon un rapport anonyme rédigé par un officier « chargé de pénétrer, s'il était possible, jusqu'à Guémené »[Note 1], les pertes républicaines sont de trois hommes tués et sept à huit blessés[7], contre 30 morts et environ 50 blessés du côté des chouans[7],[4].

Selon un courrier de Robineau, commandant de la garnison de Saint-Brieuc, adressé le 30 janvier au Comité de salut public, un « grand nombre » de républicains a péri lors du combat[9]. Le 15 février, le chef d'état-major de Rennes, Magallon, écrit brièvement au Comité de salut public : « Le cantonnement de Guéméné a été surpris le 29 janvier, huit grenadiers ont été tués »[5].

Les chouans emportent également 30 prisonniers qui sont relâchés après avoir crié « Vive le roi ! »[4].

Selon les mémoires du chef chouan Alexis Le Louer[Note 2], au cours du combat Jean Jan reçoit deux blessures au pied et à la jambe et Mercier manque de peu d'être tué[11],[3].

Notes et références

Notes

  1. « Guémené est cerné, le 9 pluviôse, par les brigands, dès 4 heures du matin, sans que l'on s'en aperçoive... La garde eut à peine quitté le poste (vers 6 heures) que beaucoup de brigands se postèrent vers la caserne ; d'autres entrèrent par les autres issues de la place, en poussant de très grands cris... Notre perte est de trois hommes tués et sept à huit blessés. On évalue celle de l'ennemi à trente morts et environ cinquante blessés. On évalue le nombre des assaillants à 1 500[7]. »

    — Rapport d'un officier « chargé de pénétrer, s'il était possible, jusqu'à Guémené »

  2. « Il [Mercier] tourna ses armes du côté de Guéméné et fit marcher sa colonne du même côté ; chemin faisant, elle fut renforcée par les jeunes gens du canton de Monsieur Duchelas, et, avec ce renfort réuni à celui de Monsieur Jean Jan, ils attaquèrent Guémené, la prirent après une assez vigoureuse résistance, parce qu'il y avait cent cinquante grenadiers de bonnets à poil en garnison dans la place ; ils furent en partie, tués, blessés, faits prisonniers, et le restant s'évada, comme il put, à Pontivy. Monsieur Le Mercier faillit y perdre la vie par les mains d'un des grenadiers qui lui tenait la douille de son canon de fusil à bout touchant ; mais un de ses braves donna une si rude incartade au grenadier qu'il fut déçu de son espoir et culbuté lui-même. Monsieur Jean Jan ne fut pas si heureux, car il fut blessé de deux coups de feu, un à la jambe et l'autre au pied, dont il resta quelques mois malade avant d'être guéri, et obligé de se tenir très caché[12]. »

    — Mémoires d'Alexis Le Louer

Références

  1. Lebranchu 1989, p. 91.
  2. Huchet 1998, p. 189-190.
  3. Lécuyer 185, p. 129-131.
  4. Gallet 1987, p. 122.
  5. Savary, t. IV, 1825, p. 371.
  6. Chassin, t. II, 1899, p. 56.
  7. Corgne 1938, p. 486.
  8. Dupuy 2004, p. 166.
  9. Savary, t. IV, 1825, p. 329-330.
  10. Gallet 1987, p. 114.
  11. Cadic, t. I, 2003, p. 522-523.
  12. Le Louer 1999, p. 65.

Bibliographie

  • François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. I, Terre de brume et Presses universitaires de Rennes, coll. « Les Œuvres de François Cadic », , 588 p. (ISBN 978-2843622069). 
  • Charles-Louis Chassin, Les pacifications de l'Ouest 1794-1801 : La dictature de Hoche, t. II, Paris, Paul Dupont, , 636 p. (lire en ligne). 
  • Eugène Corgne, Pontivy et son district pendant la Révolution : 1789-germinal an V, Plihon, libraire-éditeur, , 727 p. 
  • Roger Dupuy, La Bretagne sous la Révolution et l’Empire, 1789-1815, éditions Ouest-France université, Rennes, , 350 p. (ISBN 978-2-737-33502-0). 
  • Jean Gallet, Les paysans en guerre, Éditions Ouest-France, , 143 p. (ISBN 978-2402090315, lire en ligne). 
  • Patrick Huchet, Georges Cadoudal et les chouans, Éditions Ouest-France, , 367 p. (ISBN 978-2-7373-2283-9). 
  • Jean Lebranchu, Les chouanneries dans le pays de Loudéac : un district breton durant la révolution, Yves Salmon, , 214 p. 
  • Pierre Lécuyer, Jean Jan : lieutenant de Cadoudal, Yves Salmon, , 316 p. (ISBN 978-2307092742). 
  • Alexis Le Louer, Mémoires inédits, La Découvrance, coll. « Les Inédits de l'Histoire », , 206 p. (ISBN 978-2842650957, lire en ligne sur Gallica). 
  • Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. IV, Paris, Baudoin Frères, Libraires-éditeurs, , 508 p. (lire en ligne). 
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