naturalisme
Français
Étymologie
Nom commun
| Singulier | Pluriel |
|---|---|
| naturalisme | naturalismes |
| \na.ty.ʁa.lism\ | |
naturalisme \na.ty.ʁa.lism\ masculin
- (Littérature) Mouvement littéraire de la fin du XIXe siècle visant à représenter la réalité de façon rigoureuse et quasi-scientifique, en insistant sur les déterminismes sociaux, héréditaires et psychologiques influençant l’individu.
Et surtout, beaucoup d’indulgence, car le spectacle te semblera parfois d’un naturalisme plutôt cru.
— (Isabelle Eberhardt, Yasmina, 1902)À distance, il est difficile de comprendre pourquoi cette « littérature de pontons » — suivant l’expression d’Huysmans — qu’était le naturalisme passionnait alors les esprits. Sans doute y avait-il là une réaction contre les fadeurs de Feuillet, de Feydeau, de Cherbuliez.
— (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux, Grasset, 1914, réédition Le Livre de Poche, page 55)Dans le milieu proprement littéraire, groupes et écoles foisonnent : au milieu des années 1880, le naturalisme est en plein succès quand s’affirment le symbolisme et le décadentisme ou même l’École romane, tandis que les romantiques sont toujours présents, de même que les tenants du classicisme.
— (Alain Viala, « Chapitre V. La Belle Époque ». De la Révolution à la Belle Époque. Une histoire brève de la littérature française Une histoire brève de la littérature française, Presses Universitaires de France, 2017. pages 321-366. CAIRN.INFO, → lire en ligne)
- (Philosophie) Doctrine selon laquelle tout phénomène s’explique par les lois de la nature, sans recours au surnaturel, considérant la réalité comme constituée uniquement de phénomènes matériels ou naturels.
Spinoza développe un naturalisme qui, a bien des égards, rappelle celui du Theophrastus redivivus.(...) La volonté de Dieu est un « asile de l’ignorance », écrit Spinoza, expression qui se trouve déjà dans le Theophrastus où, à propos des régularités de la nature dont nous ne pouvons pas rendre raison, l’Anonyme dit qu’alors « nous nous réfugions vers un dieu comme vers un asile ».
— (Nicole Gengoux. « Dans quelle mesure l’athéisme est-il inacceptable pour l’auteur du Theophrastus redivivus et pour Spinoza ? ». Littératures classiques, 2017/2 N° 93, 2017. p.117-152. CAIRN.INFO, → lire en ligne)
- (Art) Tendance artistique visant à représenter fidèlement la nature ou la réalité visible, sans idéalisation, en recherchant un réalisme rigoureux des formes et des détails.
En d’autres termes, alors que le naturalisme classique utilise l’artifice de la perspective pour produire l’effet d’une profondeur visuelle au prix d’une déformation optique de la morphologie des figures, l’art celtique opte au contraire pour une solution qui ne modifie pas la forme intrinsèque des figures, en les « dépliant » et en les projetant sur un plan de type géométrique à deux dimensions.
— (Olivier, Laurent. « 12. Comment les Celtes voyaient le monde », Le pays des Celtes. Mémoires de la Gaule, sous la direction de Olivier Laurent. Le Seuil, 2018, pp. 261-280.)
- (Religion, Théologie) Doctrine niant toute intervention divine ou surnaturelle dans le monde, considérant que la nature suffit à expliquer tous les phénomènes.
Dans des lettres (1752) et surtout dans des lettres qu’il s’écrit à lui-même (1754), Warburton, évêque de Gloucester, éditeur des œuvres de Pope et critique intransigeant de Mandeville, accuse de « naturalisme », c’est-à-dire d’athéisme déguisé, l’auteur des Lettres sur l’histoire, et l’auteur de l’Histoire de la Grande-Bretagne.
— (Paulette Carrive. « Introduction ». La Pensée politique anglaise Passions, pouvoirs et libertés de Hooker à Hume, Presses Universitaires de France, 1994. p.V-XV. CAIRN.INFO, → lire en ligne)Or contre cette voie-là, il faut apprendre les arguments offerts par la tendance contraire : « La théologie doit accueillir la critique que le naturalisme oppose au supranaturalisme. » Tillich reprend-il pour autant la position de Spinoza ? On pourrait le penser dans la mesure où le naturalisme appelle Dieu la puissance et le sens de la réalité, sans l’identifier pour autant avec la totalité des choses matérielles.
— (Henri Laux, « Chapitre 2. Spinoza dans la théologie contemporaine ». Spinoza et le christianisme, Presses Universitaires de France, 2022. p.79-158. CAIRN.INFO, → lire en ligne)
- (Sciences humaines, Épistémologie) Approche des sciences humaines qui part du principe que tout phénomène peut être décrit objectivement, et est donc stable et prédictible.
Sous sa forme la plus stricte, le naturalisme estime qu'il existe une réalité objective et authentique répondant à un certain nombre de règles. Cette réalité est tenue pour indépendante du chercheur et de l'expérience personnelle qu'en a ce dernier.
— (Argument, vol. xxi, no 1, automne-hiver 2018-2019, page 144)
- (Anthropologie) Ontologie définie par Philippe Descola, caractérisée par l’idée que tous les êtres partagent la même physicalité mais diffèrent quant à leur intériorité, établissant une distinction marquée entre nature (objet) et culture (sujet).
Ce « naturalisme » a permis un développement considérable des sciences, et suscité le grand partage entre les sciences de la nature et les sciences de l’homme.
— (Vinciane Despret, et al. « Les animaux : deux ou trois choses que nous savons d’eux ». Les animaux : deux ou trois choses que nous savons d'eux, Hermann, 2014. pages 7-14. CAIRN.INFO, → lire en ligne)Aussi, commentant ma distinction demeurée incomplète entre le naturalisme et l’animisme, Viveiros de Castro a-t-il eu raison de souligner que l’opposition fondamentale entre ces deux modes d’identification reposait pour l’essentiel sur une inversion symétrique : l’animisme est « multinaturaliste », selon lui, puisque fondé sur l’hétérogénéité corporelle de classes d’existants pourtant dotés d’un esprit et d’une culture identiques, tandis que le naturalisme est « multiculturaliste » en ce qu’il adosse au postulat de l’unicité de la nature la reconnaissance de la diversité des manifestations individuelles et collectives de la subjectivité.
— (Philippe Descola, « Chapitre VIII. Les certitudes du naturalisme ». Par-delà nature et culture, Gallimard, 2015. p.302-350. CAIRN.INFO, → lire en ligne)Notamment en distinguant, dans Par-delà nature et culture (Gallimard, 2005), quatre grands « modes d’identification » qu’il nomme « ontologies » ou « dispositifs de filtrage », lesquels définissent plusieurs façons d’habiter et de percevoir le monde : l’animisme, le totémisme, l’analogisme et le naturalisme, chacune reflétant un type de relation entre l’humain et le « non-humain ». Le naturalisme constitue le régime de la rationalité moderne occidentale, qui distingue radicalement le sujet humain et la nature, réduite à l’état de chose extérieure à exploiter sans frein.
— (Nicolas Weill, « Les mondes possibles de Philippe Descola », Le Monde, 24 novembre 2024, → lire en ligne)
Synonymes
- Sens 5
Antonymes
- antinaturalisme
- Sens 5
Hyperonymes
Vocabulaire apparenté par le sens
Traductions
- Allemand : Naturalismus (de) masculin
- Anglais : naturalism (en)
- Coréen : 자연주의 (ko) (自然主義) jayeonjuui
- Espéranto : naturalismo (eo)
- Italien : naturalismo (it) masculin
- Japonais : 自然主義 (ja) shizenshugi
- Persan : ناتورالیسم (fa)
- Polonais : naturalizm (pl) masculin
- Suédois : naturalism (sv)
Prononciation
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Anagrammes
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Voir aussi
- naturalisme sur l’encyclopédie Wikipédia
Références
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (naturalisme), mais l’article a pu être modifié depuis.
Étymologie
Nom commun
| Singulier | Pluriel |
|---|---|
| naturalisme \na.ty.ɾa.ˈlis.me\ |
naturalismes \na.ty.ɾa.ˈlis.mes\ |
naturalisme \na.ty.ɾa.ˈlis.me\ masculin (graphie normalisée)
Prononciation
- Béarn (France) : écouter « naturalisme [Prononciation ?] » (bon niveau)
Références
- (oc) Joan de Cantalausa, Diccionari General Occitan a partir dels parlars lengadocians, 2002, ISBN 2-912293-04-9, C.A.O.C. → consulter cet ouvrage
- Christian Laux, Dictionnaire occitan-français (Laux), Institut d’Estudis Occitans, 2001 → consulter en ligne
- Josiane Ubaud, Diccionari ortografic, gramatical e morfologic de l’occitan segon los parlars lengadocians, Trabucaire, 2011, ISBN 978-2-84974-125-2