grimaud
 : Grimaud
Français
Étymologie
- Du vieux-francique grimwald.
Adjectif
| Singulier | Pluriel | |
|---|---|---|
| Masculin | grimaud \ɡʁi.mo\ | grimauds \ɡʁi.mo\ | 
| Féminin | grimaude \ɡʁi.mod\ | grimaudes \ɡʁi.mod\ | 
grimaud \ɡʁi.mo\
- Gauche, emprunté, surtout avec les femmes.
- Trop timide pour inviter une danseuse, et craignant d’ailleurs de brouiller les figures, je devins naturellement très grimaud et ne sachant que faire de ma personne. — (Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836)
- Lui, si doux et si caressant, il était grimaud ; il criait à propos de tout, il voulait jouer et brisait ses joujoux. — (Honoré de Balzac, Mémoires de Deux Jeunes Mariées, 1842, chapitre XL)
 
Nom commun 1
| Singulier | Pluriel | 
|---|---|
| grimaud | grimauds | 
| \ɡʁi.mo\ | |
grimaud \ɡʁi.mo\ masculin (pour une femme, on dit : grimaude)
- Écolier des petites classes, élève ignorant. Grimaud d’école.
- Dès qu’elle avait débrouillé ces grimauds, Mme Eventelle les dirigeait ailleurs, refusant la gloire d’en faire entrer certains au Conservatoire. — (Daniel Boulanger, Le jardin d'Armide, 1969, réédition Le Livre de Poche, 1980, page 124)
- Il se montrait aussi attique et aussi cicéronien, peu s'en faut, qu’on peut l’être dans une troupe de petits grimauds régie par d’honnêtes barbacoles. — (Anatole France, Le Livre de mon ami, Œuvres, tome I, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1984, page 511)
 
- Pédant mal dégrossi, fier de faire état d’un savoir mal assimilé ; cuistre.
- Votre majesté voit que je ne suis pas un grimaud, que j’ai étudié excellemment, et que j’ai beaucoup d’éloquence naturelle. — (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1831)
- Le bourgeois est un grimaud — (Victor Hugo, Chanson de Gavroche, 1861)
 Qui prend sa pendule au mot
 Chaque fois qu’elle retarde.
 Il contresigne en bâtarde
 Coups d’états, décrets, traités,
 Et toutes les lâchetés.
- […] il peut même, un jour, rendre tout honteux le souverain du monde en lui apprenant que cette femme qu’il a choisie le trompe, lui Napoléon, avec un grimaud de comédie moins bien choisi. — (Stefan Zweig, Joseph Fouché, Grasset, 1969, page 156)
- On s’étonnera de rencontrer ces rêves de risque-tout chez un grimaud promis à la cléricature. — (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 100)
 
- (Vieilli) Mauvais écrivain, imitateur servile, voire plagiaire sans vergogne ; barbouilleur de papier.
- - De même que ma police secrète, j’ai ma littérature ordinaire, des grimauds affreux, sales comme des guenilles et affamés comme des belettes. — (Alexandre Dumas, Joseph Balsamo, 1853)
 - Vous les nourrissez donc bien mal ?
 - Je ne les nourris pas du tout. S’ils engraissaient, ils deviendraient bêtes comme M. de Soubise ; la graisse absorbe le fiel ; c’est connu, cela.
- Il n’y a pas grand mal à faire bâtonner un histrion ou un grimaud de lettres dont on n’est pas content, dit le marquis d’un air de parfaite insouciance. — (Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863)
- Puisqu'il suffisait « d’avoir l'air » (avec le minimum de débours), le mieux était de recourir à une demi-douzaine de grimauds, qui ne comprissent rien à rien, qui parlassent de n'importe quoi (par exemple du docteur Gustave Le Bon) et qui fissent reproduire n'importe quelles « bonnes feuilles ». — (« Revue de la quinzaine », dans le Mercure de France, volume 202, 1928, page 676)
- […]: prononcer , par exemple, avec les monarchistes français, que l'idéal démocratique est lié nécessairement à une mauvaise littérature, c'est, dans un pays de dévotion littéraire comme la France, porter un coup réel à cet idéal, du moins auprès de ceux qui acceptent de prendre Victor Hugo et Michelet pour des grimauds. — (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, édition revue & augmentée, Grasset, 1946, page 154)
 
Traductions
Nom commun 2
| Singulier | Pluriel | 
|---|---|
| grimaud | grimauds | 
| \ɡʁi.mo\ | |
grimaud \ɡʁi.mo\ masculin
- (Ornithologie) (Familier) (Désuet) Chouette ; hulotte.
- La grande chouette que Belon appelle grimaud, mâchette ou la grande chevêche, […], a, du sommet de la tête au bout de la queue, treize pouces. Sa grosseur est à peu près la même que celle du chat-huant. — (Dictionnaire raisonné universel de l'histoire naturelle, par Jacques-Christophe Valmont de Bomare, tome 3, Lyon : chez Bruyset frères, 1791, p. 505)
 
Traductions
Nom commun 3
| Singulier | Pluriel | 
|---|---|
| grimaud | grimauds | 
| \ɡʁi.mo\ | |
grimaud \ɡʁi.mo\ masculin (pour une femme, on dit : grimelle)
- (Haïti) Afrodescendant xanthoderme aux cheveux plus ou moins ulotriches et aux traits négroïdes.
- Le grimaud, lui, apparaît quand un Blanc fait un enfant avec un Noir. Il ne porte pas exactement la couleur de sa mère, ni celle de son père. — (Natacha Giafferi-Dombre, Une ethnologue à Port-au-Prince : question de couleur et luttes pour le classement socio-racial dans la capitale haïtienne, Éditions Harmattan, 2007, p. 117)
- Le poète Mark Estienne, un grimaud aux yeux bleus et à la peau translucide quoiqu'au faciès négroïde, y tenait des rencontres littéraires, dans une salle plus exigüe, attenante à l'arrière-cour de l'établissement. — (Raphaël Confiant, Les ténèbres extérieures, Éditions Écriture, 2008)
- Il y a des grimauds (des grimelles) qui sont des gens à la peau claire et aux cheveux crépus. — (Lucie Hubert, Un opéra en Haïti - Maryaj Lenglensou, Éditions Monde global, 2009, p. 40)
 
Traductions
- Créole haïtien : grimo (*)
Prononciation
- La prononciation \ɡʁi.mo\ rime avec les mots qui finissent en \mo\.
- \ɡʁi.mo\
- France (Vosges) : écouter « grimaud [Prononciation ?] »
Anagrammes
→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
- grimaud sur l’encyclopédie Wikipédia
Références
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (grimaud), mais l’article a pu être modifié depuis.
- « grimaud », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- "100 mots à sauver", Bernard Pivot, chez Albin Michel
- Micheline Labelle, Idéologie de couleur et classes sociales en Haïti, Les Éditions du CIDIHCA (Centre International de Documentation et d'Information Haïtienne Caraïbéenne et Afro-Canadienne), Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1987, 393 pp., p.117