Vesica piscis
La vesica piscis est la forme géométrique déterminée par l'intersection de deux disques de même diamètre ayant chacun son centre sur la circonférence de l'autre. C'est donc un cas particulier de lentille géométrique symétrique.
Le nom signifie littéralement en latin poche d'air, celle que les poissons ont dans leur abdomen pour pouvoir flotter, connue comme la vessie du poisson, mais qui n'a rien à voir avec la vessie contenant de l'urine[1]. Cette figure est aussi appelée mandorle (de l'italien mandorla, « amande »).
Détermination de l'aire
La vesica piscis est la réunion de deux segments circulaires ayant chacun pour angle au centre radians.
Son aire vaut donc, pour des cercles de rayon
Vesica piscis et nombre d'or
La figure ci-contre, présentant une vesica piscis entourée deux cercles de rayon double, permet une construction du nombre d'or.
Plus précisément, les deux cercles de rayon de centres et de la vesica piscis sont entourés de deux autres cercles de rayon double et de mêmes centres et . Soient le milieu du segment , et les points d'intersection des deux petits cercles et l'un des points d'intersection des deux grands cercles, de sorte que , et sont alignés.
Alors : le point divise le segment dans le rapport du nombre d'or [2],[3].
- Démonstration
Sans perte de généralité, on choisit . On a alors et .
D'après le théorème de Pythagore , donc .
De même donc .
Alors ce qui montre le résultat.
Utilisation de la forme
Dans l'art chrétien, certaines auréoles ont la forme d'une vesica piscis verticale, et le sceau des organisations ecclésiastiques est parfois inséré dans une vesica piscis verticale plutôt que dans un cercle.
Une figure de l'art celtique est la triquetra, formée de trois vesica piscis entrelacées, formant donc un nœud de trèfle.
Selon la tradition, vers 360 avant J.-C., le mathématicien Euclide créé et utilise un compas pour la fabrication de la vesica et démontre la construction de figures géométriques à partir de celle-ci[4].
De façon profane, la vesica piscis peut servir de base pour le dessin d'un œil ou d'un poisson (voir aussi à Ichthus)[5].
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Couvercle du Chalice Well (en).
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Triquetra entrelacée.
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Utilisation pour le dessin d'un œil.
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Utilisation pour le dessin d'un poisson.
Signification mystique et religieuse
La vesica piscis a été le thème de plusieurs spéculations mystiques.
Les premières furent probablement celles des Pythagoriciens, qui la considéraient comme une figure sacrée. Pour eux, le rapport entre la largeur (longueur entre les extrémités du poisson sans la queue) et la hauteur était de 265:153 (approximation de à près). À noter que le nombre 153 apparaît dans l'Évangile selon Jean (21:11) comme étant le nombre de poissons que Jésus attrape lors de la pêche miraculeuse[6],[7],[8],[9],[10].
Jésus enseigne que l'être humain est le médiateur entre le monde physique représenté par un cercle et le monde spirituel représenté par l'autre cercle. La vesica piscis est cette partie médiane appartenant aux deux cercles. Jésus lui-même est considéré par les chrétiens comme le médiateur entre Dieu et l'humanité[11].
Le poisson est un symbole de croyance et de foi qui permet aux chrétiens de s'identifier et d'afficher leur religion au cours des premiers siècles du christianisme[12]. Ainsi la forme du poisson est devenue l'emblème de cette nouvelle religion avant que la croix ne la complète puis la remplace partiellement[13].
L'obélisque de Washington trône au centre d'un vesica piscis[14].
Des auteurs New Age ont interprété la vesica piscis comme étant un yoni, c'est-à-dire une représentation des organes génitaux féminins[15],[16],[17],[18],[19].
Références
- ↑ Marc Léopold, Guide des poissons de mer de Guyanne, Plouzané, Ifremer, , 214 p. (ISBN 978-2-8443-3135-9), p. 119
- ↑ Claudi Alsina, Roger B. Nelsen: Perlen der Mathematik: 20 geometrische Figuren als Ausgangspunkte für mathematische Erkundungsreisen. Springer, 2015, ISBN 978-3-662-45461-9, pp. 136 et 137
- ↑ Kurt Hofstetter: A Simple Construction from: the Golden Section Forum Geometricorum, Volume 2 (2002), pages 65–66 (PDF)
- ↑ L. Mascheroni, Géométrie Du Compas, Creative Media Partners, LLC, , 228 p. (ISBN 978-0-3537-6845-1)
- ↑ Solenn Rogeon, Le petit Guide de la géomètrie sacrée : Découverte, Symboles, Utilisations, mercileslivres, , 218 p. (ISBN 978-2-3835-5583-4)
- ↑ Archimède : De la mesure du cercle.
- ↑ (en) Rachel Fletcher, « Musings on the Vesica Piscis », Nexus Network Journal (ISSN 1590-5896), vol. 6, n° 2, 2004 [1].
- ↑ (en) John Michell (en), City of Revelation, Abacus, 1972 (ISBN 0-349-12320-9).
- ↑ (en) John Michell, The Dimensions of Paradise: The Proportions and Symbolic Numbers of Ancient Cosmology, Adventures Unlimited Press, Kempton, Illinois, 2001.
- ↑ (en) David Fideler, Jesus Christ, Sun of God: Ancient Cosmology and Early Christian Symbolism, Quest Books, Wheaton, Illinois, 1993.
- ↑ Jonathan Black, L'Histoire sacrée du monde Comment les anges, les mystiques et les intelligences supérieures ont créé notre monde, Roubaix, Pygmalion, , 589 p. (ISBN 978-2-7564-2006-6)
- ↑ Prosper Guéranger, Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles, Paris, Librairie Jeanne Blonde / Firmin Didiot, , 590 p., p. 291
- ↑ Henryk Sienkiewicz, B. Kozakiewicz, J.L. de Janasz, Pierre-Marie Valat, Quo vadis ?, Culture commune, , 416 p. (ISBN 978-2-3630-7351-8), p. 14
- ↑ Robert Solé, Le Grand Voyage de l'Obélisque, Editions du Seuil, , 288 p. (ISBN 978-2-0212-9537-5)
- ↑ (en) Barbara Walker, The Woman's Encyclopedia of Myths and Secrets, Harper, San Francisco, 1983.
- ↑ (en) Kevin L. Gest, The Secrets of Solomon's Temple (ISBN 0-85318-256-6)
- ↑ (en) Kathy Jones, The Goddess in Glastonbury, 1990.
- ↑ (en) Margaret Starbird, Magdalene's Lost Legacy, Symbolic Numbers & Sacred Union.
- ↑ (en) Constance S. Rodriguez, PhD, LCSW - Sacred Portals, Pathways to the Self (ISBN 978-1-4033-7592-6).
Voir aussi
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