Ukraine c. Fédération de Russie (2017)
| Ukraine c. Fédération de Russie | |
| Titre | Application de la convention internationale pour la répression du financement du terrorisme et de la convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (Ukraine c. Fédération de Russie) |
|---|---|
| Code | rôle général no 166 |
| Organisation | ONU |
| Tribunal | (fr)(en) Cour internationale de justice |
| Date | 31 janvier 2024 |
| Personnalités | |
| Composition de la cour | Abdulqawi Yusuf (Président) Xue Hanqin (Vice-présidente) Ronny Abraham Mohamed Bennouna Antônio Augusto Cançado Trindade Joan Donoghue Giorgio Gaja Julia Sebutinde Dalveer Bhandari Patrick Lipton Robinson James Crawford Nawaf Salam Yūji Iwasawa Peter Tomka (juges) Fausto Pocar Leonid Skotnikov (juges ad hoc) |
| Autre personne | Philippe Gautier (greffier) |
| Détails juridiques | |
| Branche | Droit international public |
| Importance | haute |
| Chronologie |
|
| Opinion dissidente | Julia Sebutinde Bakhtiyar Tuzmukhamedov (en partie concurrente et en partie dissidente) Joan Donoghue (opinion individuelle) Dalveer Bhandari (opinion individuelle) Yūji Iwasawa (opinion individuelle) Hilary Charlesworth (opinion individuelle) Fausto Pocar (opinion individuelle) Peter Tomka, Ronny Abraham, Mohamed Bennouna, Leonardo Nemer Caldeira Brant, Abdulqawi Yusuf (déclarations) |
| Voir aussi | |
| Mot clef et texte | juridiction, discrimination |
| Lire en ligne | CIJ, 31 janvier 2024, Application de la convention internationale pour la répression du financement du terrorisme et de la convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (Ukraine c. Fédération de Russie) |
L'affaire de l'Application de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme et de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (Ukraine c. Fédération de Russie) est une affaire devant la Cour internationale de justice (CIJ), le principal organe judiciaire des Nations unies. Le 16 janvier 2017, l'Ukraine a saisi la Cour internationale de justice contre la Fédération de Russie de violation par cette dernière de la Convention sur le financement du terrorisme et de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, en Ukraine orientale et en Crimée, dans le cadre de la Guerre russo-ukrainienne, depuis 2014[1].
Procédure
Le 6 mars 2017, les audiences sur la demande en indication de mesures conservatoires de la part de l'Ukraine ont commencé et ont duré jusqu'au 9 mars[2]. Les mesures conservatoires permette à la Cour d'ordonner la détérioration de la situation et de protéger la population civile pendant la durée nécessaire à l’examen de l’affaire. L’examen du bien-fondé de la demande se poursuit quelle que soit la décision de la Cour sur la demande de mesures conservatoires.
Le 19 avril 2017, la Cour internationale de justice a ordonné au titre de mesures conservatoires que la Russie s'abstienne d'imposer des restrictions au Mejlis du peuple tatar de Crimée et lui permettre de reprendre ses activités[3],[4]. La CIJ a refusé à l’Ukraine l'indication de mesures contre la Russie concernant l’interdiction du financement du terrorisme[5].
Le 8 novembre 2019, la Cour a jugé qu'elle était compétent pour entendre l'affaire sur la base des deux conventions, rejetant les exceptions préliminaires soulevées par la Russie[6],[7].
Verdict
La Cour rend son arrêt sur le fond le 31 janvier 2024. La lecture est faite par Joan Donoghue, qui préside la CIJ sur cette période, au Palais de la Paix, le siège de la Cour à La Haye, aux Pays-Bas[8].
Financement du terrorisme
En ce qui concerne les violations de la Convention sur le financement du terrorisme, la Cour a jugé que le terme « financement » au sens de la ladite Convention se limite à un soutien financier et non matériel[9],[10].
Par conséquent, la fourniture d'armes et de munitions, ou l'organisation de camps d'entrainements, est entièrement exclue du champ de la Convention, et partant de la compétence de la Cour en l'affaire. La Cour a estimé que l'Ukraine n'avait pas rapporté suffisamment de preuves permettant d'établir que la Russie avait connaissance que ses fonds seraient utilisés dans l'intention de commettre des actes terroristes. La Russie n'était donc pas obligée de satisfaire aux demandes d'extradition de l'Ukraine concernant des personnes accusées de financer des terroristes sur le territoire ukrainien, ni d'aider l'Ukraine à enquêter sur le soutien allégué au terrorisme[11].
Néanmoins, la Cour rappelle que la Russie est toujours tenue de mener sa propre enquête sur les crimes liés au financement du terrorisme commis par des personnes se trouvant sur son territoire. Tel n'a pas été le cas, malgré les demandes répétées de l'Ukraine, violant ainsi la Convention[12].
Discrimination raciale
En ce qui concerne les violations de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, la Cour a jugé que des preuves suffisantes avaient été rapportées montrant que le déclin significatif et systématique de l'enseignement en langue ukrainienne en Crimée avait été artificiellement imposé par la Fédération de Russie dans l'intention de nuire à l'ethnie ukrainienne dans la région. Elle rejette les accusations de la Russie selon lesquelles le prétendu manque d'intérêt était la raison du déclin, confirmant l'existence d'un modèle de discrimination ethnique et déclarant ainsi la Russie avait violer de la Convention[13].
Dans le même temps, la Cour a estimé que l'Ukraine n'avait pas rapporté suffisamment de preuves que l'interdiction du Mejlis, la persécution de ses membres et d'autres militants tatars et ukrainiens de Crimée et l'interdiction répétée de tenir un rassemblement pacifique étaient motivées par des raisons ethniques. Toutefois, la Cour reconnait que l'Ukraine ne pouvait pas fournir de preuves supplémentaires parce qu'elle n'a pas accès à la Crimée, occupée illicitement par le Russie, et se réfère donc aux rapports des organisations internationales. Sur la base de ces éléments, la Cour estime que les persécutions étaient motivées davantage par leurs activité politique et leurs opinions que leur appartenance ethnique, et que ces persécutions ne violent donc pas la Convention[14].
La Cour a reconnu que les mesures conservatoires qu'elle avaient ordonnées en 2017, n’avait pas été appliquées par la Russie[15].
La Cour ordonne à la Russie de se conformer aux deux conventions, mais ne prononce pas de réparations[16] ni sur le cas de la destruction de l'avion assurant le vol MH17[17].
Voir également
Articles connexes
Liens externes
Références
- ↑ (en-US) « EJIL: Talk! – Ukraine Takes Russia to the International Court of Justice: Will It Work? » [archive du ], EJIL: Talk!, (consulté le )
- ↑ (en-GB) Roland Oliphant, « Ukraine sues Russia in International Court of Justice for 'financing terrorism' », The Telegraph, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (en) Stephanie van den Berg, « Russia rebuffs Ukraine's case over rebel support at U.N. court », Reuters, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ Request for the indication of provisional measures « https://web.archive.org/web/20180516194642/http://www.icj-cij.org/files/case-related/166/19410.pdf »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Résumé juridique
- ↑ (en) « ICJ Says It Won't Impose Measures Against Russia In Case Brought By Kyiv », Radio Free Europe/Radio Liberty, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (en) « U.N. top court rejects Moscow's call to block Ukraine vs Russia case », Reuters, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (en) « UN International Court of Justice recognizes Ukraine's suit against Russia as one under its jurisdiction » [archive du ], Interfax-Ukraine (consulté le )
- ↑ (en) Veronika Melkozerova, « ‘Sign of the times’: Ukraine laments UN court’s ‘toothless’ ruling against Russia », sur POLITICO, (consulté le )
- ↑ (en) « UN top court rejects most of Ukraine’s ‘terror financing’ case against Russia », sur France 24, (consulté le )
- ↑ (en) Mike Corder, « Top UN court rejects most of Ukraine's terror financing and discrimination case against Russia », sur AP News, (consulté le )
- ↑ « Guerre en Ukraine : l'Ukraine déboutée par la CIJ », sur euronews, (consulté le )
- ↑ Stéphanie Maupas, « Victoire très partielle de l’Ukraine devant la Cour internationale de justice », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Convention sur le financement du terrorisme : La CIJ rejette les accusations de la partie ukrainienne à l’encontre de la Russie », sur www.ukrinform.fr, (consulté le )
- ↑ (en) Ido Vock, « Russia Ukraine war: ICJ finds Moscow violated terrorism and anti-discrimination treaties », www.bbc.com, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) « Application of the International Convention for the Suppression of the Financing of Terrorism and of the International Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination (Ukraine v. Russian Federation) », International Court of Justice, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Stephanie van den Berg, « World Court dismisses much of Ukraine's case against Russia », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) « World Court finds Russia violated anti-terror treaty, won’t rule that Moscow is behind MH17 downing », The Straits Times, (ISSN 0585-3923, lire en ligne, consulté le )
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