Prix Jean-Reynaud

Le prix Jean-Reynaud, créé par legs de la veuve du philosophe Jean Reynaud, Léonie Félicité Quenouille, est un prix annuel de l'Institut de France dont la particularité est d'être décerné à tour de rôle par chacune des cinq Académies. À l'origine doté d'une rente annuelle de 10 000 francs, selon les termes de sa fondation, le prix doit être décerné « au travail le plus méritant qui se sera produit pendant une période de cinq ans[1] ». Il doit revenir « à une œuvre originale, élevée, et ayant un caractère d’invention et de nouveauté », et est également le seul prix de l’Institut à ne pas exclure les membres des cinq Académies des lauréats éventuels.

Le prix Jean-Reynaud est considéré à l’époque de sa création comme « le plus important » de tous les prix de l’Institut « par sa valeur, par son importance », selon le secrétaire perpétuel de l’Académie française Camille Doucet[2], ou encore, quelques années plus tard, comme « le plus considérable de tous », d’après Gaston Boissier[3], et « une des fondations les plus considérables dont dispose l’Institut » pour Edmond Pottier[4].

Il n'est plus attribué par l'Académie française après 1979, avant d'être abandonné par les autres académies, à l'exception de l'Académie des inscriptions et belles-lettres qui continue à le décerner de façon quinquennale et sous le nom de médaille Jean Reynaud depuis 2020.

Liste des lauréats

  • 1879 (Académie française) : Henri de Bornier pour La Fille de Roland, tragédie.
  • 1880 (Académie des inscriptions et belles-lettres) : Jules Quicherat pour Histoire du costume en France (1875) et Rodrigue de Villandrando (1879).
  • 1881 (Académie des sciences, attribué en 1882) : Henri Sainte-Claire Deville, à titre posthume, pour son principe de la dissociation.
  • 1882 (Académie des Beaux-Arts) : Honoré Daumet, architecte, pour la reconstruction du château de Chantilly (1875-1882).
  • 1883 (Académie des sciences morales et politiques) : François-Tommy Perrens pour Histoire de Florence depuis ses origines jusqu’à la domination des Médicis (6 vol., Paris, Hachette, 1877-1883).
  • 1884 (Académie française) : Charles Leconte de Lisle pour Poèmes tragiques.
  • 1885 (Académie des inscriptions et belles-lettres) : Étienne Aymonier, « pour sa découverte des inscriptions sanscrites du Cambodge et la traduction de la partie kmer de ces inscriptions[5] ».
  • 1894 (Académie française) : Paul Déroulède pour Chants du soldat (1872) et Chants du paysan (1894).
  • 1895 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Émile Chatelain pour Paléographie des classiques latins (2 vol. en 14 fasc., Paris, Hachette, 1884-1900) et l’ensemble de ses publications.
  • 1896 (Académie des sciences) : Henri Poincaré, pour l'ensemble de ses travaux.
  • 1897 (Académie des Beaux-Arts) : Jean-Joseph Bellel, artiste peintre.
  • 1898 (Académie des sciences morales et politiques) : Paul Janet pour Principes de métaphysique et de psychologie (1897).
  • 1899 (Académie française) : Ernest Legouvé
  • 1900 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter (à titre posthume) et Antoine Thomas pour Dictionnaire général de la langue française du commencement du XVIIe siècle jusqu’à nos jours (Paris, Delagrave, 1890-1900).
  • 1901 (Académie des sciences) : Gabriel Lippmann.
  • 1902 (Académie des Beaux-Arts) : Émile Bénard, architecte, pour son projet d’université de Berkeley à San Francisco (premier prix du concours en 1900).
  • 1903 (Académie des sciences morales et politiques) : Paul Tannery et Charles Adam pour l'édition des Œuvres complètes de Descartes (6 vol. parus sur 12, Paris, L. Cerf, 1897-1913).
  • 1904 (Académie française) : Gaston Paris, à titre posthume.
  • 1905 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Émile Legrand.
  • 1906 (Académie des sciences) : Pierre Curie, à titre posthume, pour ses travaux sur la piézoélectricité et les propriétés des corps radioactifs[6].
  • 1907 (Académie des Beaux-Arts) :
  • 1908 (Académie des sciences morales et politiques) : Achille Luchaire pour Innocent III (6 vol., Paris, Hachette, 1904-1908).
  • 1909 (Académie française) : Ferdinand Brunetière, à titre posthume, pour ses derniers travaux.
  • 1910 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Jean-Baptiste Chabot pour sa Patrologie orientale et l’ensemble de ses travaux.
  • 1911 (Académie des sciences) : Émile Picard, pour l’ensemble de ses travaux.
  • 1912 (Académie des Beaux-Arts) : Jean-Paul Laurens, sculpteur et peintre, pour l’ensemble de son œuvre.
  • 1913 (Académie des sciences morales et politiques) : Paul Leroy-Beaulieu pour La Question de la population (Paris, Alcan, 1913).
  • 1914 (Académie française) : Joseph Bédier pour Les Légendes épiques. Recherches sur la formation des chansons de geste.
  • 1915 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Jules Gilliéron et Edmond Edmont pour Atlas linguistique de la France (1902-1912).
  • 1916 (Académie des sciences) : Émile Hilaire Amagat, à titre posthume, pour l’ensemble de son œuvre.
  • 1917 (Académie des Beaux-Arts) :
  • 1918 (Académie des sciences morales et politiques) : Paul Vidal de la Blache, à titre posthume, pour La France de l’Est (Paris, Armand Colin, 1917).
  • 1919 (Académie française) : Henri Pirenne pour Bibliographie de l’Histoire de la Belgique.
  • 1920 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Émile Bertaux, à titre posthume, pour l’ensemble de son œuvre.
  • 1921 (Académie des sciences) : Yves Delage, à titre posthume, pour l’ensemble de son œuvre scientifique.
  • 1922 (Académie des Beaux-Arts) : Théodore Dubois.
  • 1923 (Académie des sciences morales et politiques) : Jacques Flach, à titre posthume, pour Les Origines de l’ancienne France (vol. 4, Paris, Tenin, 1918).
  • 1924 (Académie française) : Pierre Villey pour Les Grands Écrivains du XVIe siècle.
  • 1925 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Henri Cordier, à titre posthume, pour l’ensemble de son œuvre.
  • 1926 (Académie des sciences) : Alfred Giard, à titre posthume.
  • 1927 (Académie des Beaux-Arts) : François-Léon Sicard, sculpteur, pour le monument À la convention nationale, au Panthéon.
  • 1928 (Académie des sciences morales et politiques) : Frédéric Paulhan, pour Analystes et esprits synthétiques, et pour l’ensemble de son œuvre.
  • 1929 (Académie française) : Stéphane Gsell pour Histoire ancienne de l’Afrique du nord (8 vol., Paris, Hachette, 1913-1928).
  • 1930 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Henri Hauvette pour L’Arioste et la poésie chevaleresque à Ferrare au XVIe siècle (Paris, Champion, 1927) et La Provence et la France dans l’œuvre de Dante (Paris, Boivin, 1929), et pour l’ensemble de ses travaux.
  • 1931 (Académie des sciences) : Paul Appell, à titre posthume, pour l’ensemble de son œuvre.
  • 1932 (Académie des Beaux-Arts) : Jean Dampt pour l’ensemble de son œuvre
  • 1933 (Académie des sciences morales et politiques) : Édouard Le Roy pour La Pensée intuitive (2 vol., Paris, Boivin, 1929-1930).
  • 1934 (Académie française) : Pierre-Paul Plan, pour l’édition de la Correspondance générale de Jean-Jacques Rousseau, en collaboration avec Théophile Dufour.
  • 1935 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Edmond Pottier, à titre posthume, pour sa contribution au Corpus vasorum antiquorum.
  • 1936 (Académie des sciences) :
  • 1937 (Académie des Beaux-Arts) : Albert Decaris, graveur, et Jean Dupas, peintre.
  • 1938 (Académie des sciences morales et politiques) : Marcel Marion pour Histoire du Berry et du Bourbonnais (Paris, Boivin, 1933) et Le Brigandage pendant la révolution (Paris, Plon, 1934).
  • 1939 (Académie française) : Marius-Ary Leblond pour l'ensemble de son œuvre.
  • 1940 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Jean-Vincent Scheil, à titre posthume, pour son œuvre d’assyriologie.
  • 1941 (Académie des sciences) :
  • 1942 (Académie des Beaux Arts) :
  • 1943 (Académie des sciences morales et politiques) : Maurice Blondel pour sa Trilogie philosophique : La Pensée (2 vol., Paris, Alcan, 1934) ; L'Être et les êtres (Paris, Alcan, 1935) ; L'Action (2 vol., Paris, Alcan, 1936-1937).
  • 1944 (Académie française) : Jacques Audiberti.
  • 1945 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Adrien Blanchet, pour l’ensemble de ses travaux.
  • 1946 (Académie des sciences) : Jean Perrin, à titre posthume.
  • 1947 (Académie des Beaux-Arts) :
  • 1948 (Académie des sciences morales et politiques) : Firmin Roz.
  • 1949 (Académie française) : Adrien Dansette pour Histoire religieuse de la France contemporaine de la Révolution à la IIIe République.
  • 1950 (Académie des inscriptions et belles-lettres) : Henri Maspero, à titre posthume, pour l’ensemble de son œuvre.
  • 1951 (Académie des sciences) :
  • 1952 (Académie des Beaux-Arts) :
  • 1953 (Académie des sciences morales et politiques) : Jean Gibelin, pour l'ensemble de son œuvre.
  • 1954 (Académie française) : Jacques Vivent pour Olivier, ou le refus passionné.
  • 1955 (Académie des inscriptions et belles-lettres) : Augustin Renaudet pour Érasme et l’Italie (Genève, Droz, 1954).
  • 1956 (Académie des sciences) : Jehan Vellard, pour ses études sur le venin de l’araignée sud-américaine Loxosceles laeta.
  • 1957 (Académie des Beaux-Arts) : Gabriel Rouchès pour La Peinture espagnole, des origines au XXe siècle (t. 2, Paris, Albin Michel, 1958).
  • 1958 (Académie des sciences morales et politiques) : Henri Terrasse pour Islam d’Espagne. Une rencontre de l’Orient et de l’Occident (Paris, Plon, 1957).
  • 1959 : non attribué par l'Académie française.
  • 1960 (Académie des inscriptions et belles lettres) : André Basset pour ses études de linguistique berbère.
  • 1961 (Académie des sciences) : Charles Maurain.
  • 1962 (Académie des Beaux-Arts) :
  • 1963 (Académie des sciences morales et politiques) :
  • 1964 : non attribué par l'Académie française
  • 1965 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Mohammed Mokri, pour l'ensemble de son œuvre.
  • 1966 (Académie des sciences) : Madeleine Sebald, pour l’ensemble de ses travaux sur l’ADN des anaérobies[7].
  • 1967 (Académie des Beaux-Arts) :
  • 1968 (Académie des sciences morales et politiques) :
  • 1969 : non attribué par l'Académie française.
  • 1970 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Jean Longnon, pour l’ensemble de son œuvre.
  • 1971 (Académie des sciences) : Christian Imbert, pour ses travaux sur la réflexion totale de lumière polarisée circulairement[8].
  • 1972 (Académie des Beaux-Arts) :
  • 1973 (Académie des sciences morales et politiques) :
  • 1974 (Académie française) : André Corbeau et Nando de Toni pour l'édition du manuscrit A de Léonard de Vinci.
  • 1975 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Emmanuèle Baumgartner pour Le Tristan en prose. Essai d’interprétation d’un roman médiéval (Genève, Droz, 1975).
  • 1976 (Académie des sciences) :
  • 1977 (Académie des Beaux-Arts) :
  • 1978 (Académie des sciences morales et politiques) :
  • 1979 (Académie française) : Daniel Roche pour Le Siècle des Lumières en province (Académies et Académiciens provinciaux, 1680-1789).
Note : Dernière remise du prix Jean Reynaud par l'Académie française.
  • 1980 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Françoise Bader pour Suffixes grecs en -m-, recherches comparatives sur l’hétéroclisie nominale (Genève, Droz, 1974).
  • 1981 (Académie des sciences) : Bernard Teissier, pour ses travaux sur les singularités des variétés algébriques et analytiques[9].
  • 1983 (Académie des sciences morales et politiques) : Jean Starobinski pour Montaigne en mouvement (Paris, Gallimard, 1982).
  • 1985 (Académie des inscriptions et belles lettres, attribué en 1984) : Itsuji Yoshikawa pour l’ensemble de son œuvre et ses travaux sur l’église de Saint-Savin-sur-Gartempe[10].
  • 1986 (Académie des sciences) : Claude Benezra, « pour ses travaux de chimie appliquée à la dermatologie[11] ».
  • 1988 (Académie des sciences morales et politiques) : Nicole Commerçon pour La Dynamique du changement en ville moyenne. Châlon, Mâcon, Bourg (Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1988).
  • 1990 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Laurent Dubois, pour Inscriptions grecques dialectales de Sicile (Rome, École française de Rome, 1989).
  • 1991 : Laurent Clozel, « pour ses travaux sur les groupes réductifs et les formes automorphes[12] ».
  • 1993 (Académie des sciences morales et politiques) :
  • 1995 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Marianne Cornevin, Archéologie africaine, à la lumière des découvertes récentes (Paris, Maisonneuve et Larose, 1993).
  • 1996 : Gérard Jaouen, « pour ses travaux fondamentaux et prometteurs d’application dans le nouveau domaine de la bioorganométallique[13] ».
Note : Dernière remise du prix Jean Reynaud par l’Académie des sciences.
  • 1998 (Académie des sciences morales et politiques) : Pascal Jan pour La Saisine du Conseil constitutionnel[14].
  • 2000 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Mirko Grmek et Danielle Gourevitch pour Les Maladies dans l’art antique (Paris, Fayard, 1998).
  • 2003 (Académie des sciences morales et politiques) : Bernard Pacteau pour Le Conseil d’État et la fondation de la justice administrative française au XIXe siècle (Paris, Puf, 2003).
  • 2005 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Sophie Petit-Renaud pour Faire Loy au royaume de France de Philippe VI à Charles V (1328-1380) (Paris, De Boccard, 2003).
  • 2008 (Académie des sciences morales et politiques) : Béatrice Delaurenti pour La Puissance des mots. Virtus verborum. Débats doctrinaux sur le pouvoir des incantations au Moyen Âge (Paris, Cerf, 2007).
Note : Dernière remise du prix Jean Reynaud par l’Académie des sciences morales et politiques.
  • 2010 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Claire-Akiko Brisse pour À la croisée du texte et de l’image. Paysages cryptiques et poèmes cachés (ashide) dans le Japon classique et médiéval (Paris, Collège de France-IHÉJ, 2009).
  • 2015 (Académie des inscriptions et belles lettres) : Irina Tunkina, pour l’ensemble de son œuvre.

Médaille Jean-Reynaud (depuis 2020)

Médaille quinquennale remise par l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

  • 2020 : Christiane Tortel, pour son ouvrage intitulé : Sacralisé, diabolisé. Le paon dans les religions, de l’Asie à la Méditerranée (Paris, Geuthner, 2019)[15].

Notes et références

  1. « Legs Jean Reynaud et décret présidentiel du 25 mars 1879 », sur Google Books (consulté le )
  2. « Rapport sur les concours de l'année 1879 », sur Académie française (consulté le )
  3. « Les concours littéraires de 1904, rapport de Gaston Boissier », sur Google Books (consulté le )
  4. « Séance publique annuelle de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres », sur Persée (consulté le )
  5. « Discours d'ouverture, 13 novembre 1885 », sur Persée (consulté le )
  6. « Académie des sciences, séance du 12 novembre 1906 », sur Google Books (consulté le )
  7. « Revue de l'enseignement supérieur », sur Google Books (consulté le )
  8. « Annales de physique », sur Google Books (consulté le )
  9. « Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences », sur Google Books (consulté le )
  10. « Comptes rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles lettres », sur Persée (consulté le )
  11. « La Vie des sciences, année 1986, p. 551 », sur Gallica (consulté le )
  12. « Comptes rendus de l'Académie des sciences », sur Google Books (consulté le )
  13. « SFC info, août-septembre 1996 », sur Société chimique de France (consulté le )
  14. Thèse de doctorat soutenue en 1997. « La saisine du conseil constitutionnel », sur Theses.fr (consulté le )
  15. « Palmarès 2020 », sur AIBL (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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