Marguerite Arosa

Marguerite Arosa
Cyprien-Marie Tessié du Motay et Charles-Raphaël Maréchal, collotype, Portrait d'une femme, 1866. Paris, Société française de photographie. Identifié en 2017 comme portrait de Marguerite Arosa par Andrea van Houtven.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Activité
Père
Gustave Arosa (en)
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Genres artistiques
Distinction

Marguerite Arosa, née en 1854 à Paris et morte à Paris 17e le [1], est une peintre française.

Biographie

Famille Arosa et Paul Gauguin

Anne Louise Marguerite Arosa nait à Paris en 1854[2] de Zoé Françoise Revolle et Jean Dominique « Gustave » Arosa (en). Ce dernier, d'une famille d'origine espagnole très aisée[n 1], est agent de change mais aussi grand amateur d'art, collectionneur de tableaux de peintres contemporains et de ceux de l'école de Barbizon, et aussi de porcelaines[4]. Proche de Gauguin[n 2], il sera son tuteur au décès de la mère de ce dernier[5],[6]. Arosa est aussi, avec Tessié du Motay et Maréchal, l'inventeur d’un nouveau procédé de collotype, et il crée la Société de phototypie Arosa et Cie. Il est également proche de Nadar[7],[8].

Gauguin, après avoir quitté la marine, fait connaissance avec l'art contemporain chez Arosa. En 1872, il rencontre sa future épouse chez eux. Il aurait réalisé ses premiers tableaux avec Marguerite Arosa, qui avait déjà une formation artistique, et avec qui il peint à l'huile dans les environs de Paris[6].

Carrière artistique

"Margot" voulait être peintre depuis sa dixième année[5] ; Marguerite Arosa étudie auprès de Mayer, Barrias (qui réalise son portrait vers 1870[7]) et Amand Gautier. Selon ses biographes espagnols, elle aurait également fréquenté l'école des beaux-arts de San Fernando[3].

Malgré les influences artistiques familiales, Marguerite Arosa ne participera pas aux mouvements impressionnistes ou post-impressionnistes. Dans les années 1880, elle n'hésite pas à aborder le nu, réalise des portraits[9], mais se consacre ensuite, vers 1890, aux marines et paysages, qu'elle « traduit par des impressions exquises et délicates »[7],[10].

Elle est domiciliée dans le 17e arrondissement, 5 rue de Prony puis 1 rue Juliette-Lamber. Elle fréquente l'intelligentsia politique et artistique de la communauté espagnole à Paris[n 3]. Son père décède en 1883.

Elle expose de 1882 à 1902 à Paris, et dans de nombreux salons de province et en Espagne[7]. La presse, locale comme nationale ou espagnole, se fait très fréquemment témoin de ses accrochages. Elle est remarquée par Théodore Véron à son premier Salon, en 1882 : « M. Pagans au piano, s’accompagne en chantant. Ce type russe doit être d’une parfaite ressemblance. Le compositeur est en verve, car on l’entend chanter, et ses mains donnent un tendre accompagnement aux notes qui s’échappent de ce cerveau fronçant et de cette bouche ouverte »[12]. En 1888, la presse américaine à Paris fait cet éloge : « Marguerite Arosa montre un talent très masculin dans un tableau très féminin intitulé "Le Matin", une étude de femme nue allongée sur son divan matinal », et remarque également son portrait de Marie Huet.

À l'Exposición Nacional de Bellas Artes à Madrid, où elle expose à plusieurs reprises, elle reçoit deux fois une mention honorable[7],[13]. Elle est membre de l'Union des femmes peintres et sculpteurs[14] où elle expose dès 1890[15], est membre du comité en 1894, du bureau et du jury de la société, et obtient le 2e prix de l'Union en 1902[10]. En 1891, elle envoie une vingtaine de toiles à l'exposition du Théâtre historique, à l'occasion de la première représentation du drame Sainte Russie de Gugenheim et Le Faure ; en 1891 également, elle participe à la première exposition des Beaux-Arts de Barcelone, section artistes étrangers, avec un tableau de 270 × 180 cm, La piscine chez le Docteur Berni-Barde, qui comporte un nu féminin provocant pour les mœurs de l'époque[13]. Elle est à Tunis en 1897 pour une grande composition, La chasse[16]. De 1899 à 1902, elle expose des marines et « de lumineuses vues de Provence » à l'exposition Les XII à la Bodinière, groupe de douze artistes femmes de différentes nationalités, tentative audacieuse pour l'époque, au théâtre de la Bodinière à Paris, et qui ne se poursuivra pas après son décès début 1903[17],[n 4].

En 1901, elle est nommée officière d'Académie[18]. Jeanne Bourrillon-Tournay réalise son portrait la même année.

Elle meurt célibataire à 48 ans à Paris[1], à son domicile 1 rue Juliette-Lamber (17e), et est inhumée au cimetière de Montmartre[19]. Ses propriétés de Saint-Quay-Portrieux sont vendues par adjudication la même année 1903[20].

Après cette intense carrière, interrompue précocement par la maladie, elle tombe dans l'oubli.

Expositions

Salon des artistes français

  • 1882 : Portrait de Mr Pagans[21],[12].
  • 1883 : nus dont Jeune charmeuse jouant du serpent.
  • 1884 : Baigneuse[22].
  • 1888 : Le Matin (nu) et Portrait de Marie Huet.
  • 1891
  • 1897
  • 1899
  • 1900[23],[21].

Salon de l'Union des femmes peintres et sculpteurs

  • 1890 : Étang de Sicurne[15].
  • 1893 : études de mer et Diane chasseresse (nu).
  • 1894 : La Vérité.
  • 1897 : marines.
  • 1898 : Les bords de la mer.
  • 1902 : L'entrée du port[10].

Autres expositions parisiennes

En province et à l'étranger

  • Blois en 1884 (Sur la Falaise et Le Lièvre, peintures) et 1895 (Paravent, Chanteuse et Lilas en fleur au Parc Monceau)[21].
  • Madrid, 1884, Exposition nationale des beaux-arts[13].
  • Amiens, 1884, Société des amis des arts de la Somme : Pêcheuse de crevettes[26].
  • Bruxelles, 1884 : Baigneuse.
  • Toulouse, Salon de l'Union artistique, en 1885, 1888, 1894 et 1896[21].
  • Barcelone, 1891, première exposition des Beaux-Arts : La piscine chez le Docteur Berni-Barde[13].
  • Besançon, 1893 : Andromède et Environs de Fontainebleau (peintures) et Yseult (pastel)[21].
  • Bordeaux, 1893, exposition de la Société des amis des arts : Hérodiade[27].
  • Roubaix, 1893, Société artistique de Roubaix-Tourcoing (paysage)[28].
  • Tunis, 1897 : La chasse[16].
  • Honfleur, 1899 : Le retour de la pêche (peinture), Farniente et Marée basse (pastels)[21].

Œuvres

  • Baigneuse, Bruxelles, 1884[23].
  • Andromède, Paris, 1885[23].
  • Temps brumeux, 1891[23].
  • La piscine chez le Docteur Berni-Barde, Barcelone, 1891[13].
  • Lilas en fleurs (Parc Monceau), aquarelle, exposition internationale de Blanc et Noir, 1892[23].
  • La pêche à la Senne (Bretagne), 1897[29].
  • Farniente[2].
  • Coin de port à marée basse, 1900[29].
  • L'entrée du port, salon de l'Union des femmes peintres et sculpteurs, 1902[30].

Annexes

Bibliographie

Filmographie

  • Dans la série télévisée Paul Gauguin (1975), le rôle de Marguerite Arosa est joué par Claudia Butenuth[31].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Marguerite Arosa sera parfois référencée comme artiste de nationalité espagnole[3].
  2. Dans son ouvrage La vie prodigieuse de Gauguin, Maurice Malingue évoque les relations complexes qui ont pu exister entre Gustave Arosa et la mère de Gauguin d'une part, et entre Marie Heegard, amie de la femme de Gauguin, et Marguerite Arosa et d'autres jeunes femmes, d'autre part, suggérant que Marguerite soit lesbienne.
  3. Elle est présente par exemple à la réception en l'honneur d'Emilio Castelar[11].
  4. Les "XII" sont Nanny Adam, Marguerite Arosa, Baillon-Turner, Julia Beck, Berthe Bourgonnier-Claude, Marguerite Brémont, Mathilde Delattre, Eugénie Faux-Froidure, Émilie Guillaumot-Adan, Camille Métra, Maria Slavona, Frédérique Vallet-Bisson.

Références

  1. Acte de décès à Paris 17e, n° 460, vue 9/31.
  2. Salon de printemps, Société lyonnaise des beaux-arts, (lire en ligne).
  3. Francisco Rodríguez de la Torre, « Arosa, Margarita » dans Diccionario biográfico español, Madrid, Real Academia de la Historia, 2009-2013, vol. 5, p. 524-525.
  4. Journal des artistes du 27 avril 1883 sur Gallica.
  5. Maurice Malingue, La vie prodigieuse de Gauguin, Buchet-Chastel, Paris 1987 sur Gallica (inclut des photographies de la famille Arosa).
  6. « Marguerite Arosa (1854-1903) », sur Galerie des songes (consulté le ).
  7. (en) Andrea Van Houtven, « The model and photographer of the Portrait of a Woman submitted to the SFP in 1867 by Tessié du Motay and Maréchal », Études photographiques, no 35,‎ (ISSN 1270-9050, lire en ligne, consulté le ).
  8. « Arosa, ami de Nadar, séquence de portraits préparatoire à une sculpture - Nadar | Musée d'Orsay », sur www.musee-orsay.fr (consulté le ).
  9. Dictionnaire Bénézit, Oxfordart online.
  10. Bulletin des société artistiques de l'Est du 1er janvier 1902 sur Gallica.
  11. La Marseillaise du 30 novembre 1886 sur Gallica.
  12. Théodore Véron, Salon de 1882, Dictionnaire Véron, Paris Poitiers 1882, en ligne.
  13. (es) Diana Larrea, « Marguerite Arosa (1854-1903) », sur Tal día como hoy, (consulté le ).
  14. « Comité », Bulletin Officiel de l'Union des femmes peintres et sculpteurs,‎ (lire en ligne).
  15. Le Radical du 2 mars 1890 sur Gallica.
  16. La Dépêche tunisienne du 24 mai 1897 sur Gallica.
  17. « Les « XII » à la Bodinière », sur Mathilde Delattre (1871-1950), (consulté le ).
  18. Journal officiel du 29 mars 1901 sur Gallica.
  19. État civil de Paris, Cimetière de Montmartre, Registres journaliers d'inhumation 17/03/1908 - 01/10/1908 en ligne.
  20. L'Ouest-Éclair du 13 juin 1903 sur Retronews.
  21. Base salons du musée d'Orsay, en ligne.
  22. Catalogue du Salon des artistes français 1884 sur Gallica.
  23. Bénézit 1924, p. 234.
  24. Catalogue de l'exposition de la Société des amis des arts de Seine-et-Oise 1886 sur Gallica.
  25. La Revue artistique, littéraire et industrielle du 1er novembre 1898 sur Gallica.
  26. Catalogue de l'exposition de la société des amis des arts du département de la Somme 1884 sur Gallica.
  27. Catalogue de l'exposition de la Société des amis des arts de Bordeaux, Gounouilhou, Bordeaux, 1893 en ligne [PDF].
  28. Journal de Roubaix du 22 octobre 1893, en ligne sur bn-r.
  29. Thieme et Becker 1908, p. 150.
  30. Pierre L'Ermite, « Exposition des femmes peintre et sculpteurs », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. « PAUL GAUGUIN », sur TELE 70 (consulté le )
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