Jean III Robertet

Jean III Robertet
Fonctions
Secrétaire du roi
à partir de
Bailli
Usson-en-Forez
Biographie
Naissance
Décès
Vers 1503
Autres noms
Jean Robertet, Jehan Robertet
Époque
Allégeance
Activités
Notaire, courtisan
Famille
Conjoint
1- Madeleine Bohier
2- Louise Chauvet
Enfant
avec Madeleine Bohier :
1-
Jean IV
avec Louise Chauvet :
1-
François
2- Charles
3- Jacques
4- Florimond
Armes de la famille Robertet.

Jean III Robertet (aussi écrit Jehan) était un juriste élevé aux affaires nationales du royaume de France, en plein XVe siècle. D'abord proche de la cour des ducs de Bourbon, il intégra facilement la cour royale de Louis XI. Il est l'ancêtre commun des membres les plus notables de la famille Robertet.

Biographie

Carrière

Ce juriste forézien, originaire de Montbrison, écrivain et poète, a suivi la fortune des ducs de Bourbon jusqu’à la cour des rois[a]. Il est d’abord cité comme notaire et secrétaire de la Chambre des comptes du Forez, puis bailli d’Usson et d'Issoire, notaire-secrétaire du duc Jean II de Bourbon avant de passer au service du roi[1], sous Louis XI puis sous Charles VIII[2],[3].

En 1466, il signe pour le duc, en qualité de « grand maître/contrôleur général des Eaux et Forêts de France », la réponse à une requête, puis contresigne plusieurs actes[4]. Il accompagne à Moulins plusieurs ducs qui l’introduisent auprès du roi[4]. En 1469, Louis XI crée, à Amboise, l’ordre de Saint-Michel, et confie à Jean Robertet la charge de « premier greffier de l’ordre »[3], ce qui explique d'ailleurs que la chapelle qu'il finance plus tard (dans la collégiale Notre-Dame-d'Espérance à Montbrison) soit dédiée à Saint Michel[5]. Sa charge était de faire préparer par des scribes les deux premiers exemplaires des statuts, celui pour le roi décoré par une miniature, et ensuite de tenir à jour les procès-verbaux des assemblées de l’ordre[6].

En 1477, Jean Robertet obtient de son frère Alexis, aussi notaire-secrétaire du roi et clerc à la Chambre des Comptes du Forez, le transfert des droits successoraux sur le domaine « des Bullions » qui passe ensuite dans sa postérité[2]. Ce domaine, sis dans la plaine du Forez, à Mornans, près de Chambéon, comprend « maison, grange, estables, couvert, colombier, estangs et pescheries, terres, prés, bruyères et pasqueraiges »[réf. nécessaire]. Il tire son nom « des sources bouillonnantes dont l’eau coule vers la Loire »[réf. nécessaire] ; un étang aurait gardé le nom de « Petit Robertet »[7] et un terrier de 1494 cite une rente noble à Magneux-Haute-Rive nommée « Robertet »[8],[9],[source insuffisante]. Jean est par ailleurs sire de Contéol[réf. nécessaire].

Assistant aux États généraux de Tours en 1484, Jean Robertet est chargé de collationner l’original de la réponse du roi au cahier des états[2]. Un exemplaire des Louanges de Madame Anne de France à la Bibliothèque nationale est dédié à messire Jehan Robertet, secrétaire du roi et premier officier de l’ordre royal[2].

Un mécène poète

Son activité itinérante ne l’empêche pas d’exercer, à la cour de Bourgogne, puis à celle de Blois, ses talents d’écrivain lettré[10]. Dans ses poèmes, il révèle l’influence italienne qu’il a subie pendant sa visite en Italie. Pourtant le moyen choisi par le poète pour disséminer ses poèmes, celui d’être tissé sur des tapisseries dépeignant les Triomphes de Pétrarque[11],[12], n’a rien d’innovateur et appartient plutôt au monde des grands rhétoriqueurs[13],[14],[15].

Ami de Charles d’Orléans, contemporain de François Villon, il devient un poète « de bonne renommée »[16],[2]. On lui doit notamment une Exposition des couleurs dans laquelle il rapproche les couleurs héraldiques à des emblèmes[17], ainsi qu'une partie des Douze Dames de Rhétorique, ouvrage en vers et en prose dont les anthologies modernes citent encore certains passages[18] :

Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Je trouve doux ce qui doit être amer,
J’aime et tiens cher tous ceux qui me font haine,
Je hais tous ceux que fort je dusse aimer.

Puissant officier, Jean Robertet exerce également un important mécénat. En 1469, dans sa fonction de greffier de l’ordre de Saint-Michel, il confie la réalisation d’une miniature représentant les quinze premiers chevaliers de l'ordre au peintre Jean Fouquet, sur laquelle apparaît Robertet, d'après Paul Durrieu, debout juste derrière le fauteuil du roi et tenant le registre de l’ordre[19]. Quelques années auparavant, Jean avait déjà acquis des ateliers de l'artiste tourangeau un livre d'heures aujourd'hui appelé Heures de Jean Robertet[20]. On associe également à Jean le Recueil Robertet, qui rassemble texte manuscrit et enluminures, aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale[21].

Fin de vie

Les généalogies traditionnelles tendent à confondre Jean III avec son oncle, Jean II, faisant de Jean III un presque centenaire lorsqu'il meurt vers 1503[3],[b], et non en 1492[4], date à laquelle il se retire aux Bullions[3]. Cette retraite lui permit de soigneusement préparer sa succession, en particulier à la faveur de ses fils, dont François qui reprit directement ses affaires auprès du duc de Bourbon, et Florimond qui rejoignit quant à lui la cour royale[3].

Comme son grand-père, son père, sa femme[Laquelle ?] et son fils Charles, Jean a été inhumé au sein de l'église collégiale Notre-Dame-d'Espérance de Montbrison[22],[23].

Famille

Famille proche

Les parents de Jean sont incertains. Selon Louis-Pierre Gras, Jean III aurait été le fils de Louis Robertet[24],[25], mais, plus récemment, Thérèse Mascle a proposé qu'il ait plutôt été fils de Pierre[1] ; tous deux étant fils de Jean Ier.

Jean III Robertet avait pour frères :

Premières noces

Jean Robertet épousa d'abord Madeleine Bohier, originaire d’Issoire (fille d'Austremoine Bohier et de Béraude du Prat ; sœur d'Antoine et Thomas Bohier)[2], avec qui il eut[réf. nécessaire] :

Secondes noces

Veuf de Madeleine, il se remarie à Louise Chauvet, originaire de Montbrison, qui le rendit père de[1],[3] :

  • François († ap. 1512) et Florimond Ier († 1527), qui ont secondé leur père de son vivant dans ses fonctions de secrétaire du roi, et ont hérité de ses charges[c] ;
  • Louis, secrétaire du roi vers 1507-1519 ;
  • Charles († 1515) et Jacques († 1519), devenus chacun leur tour évêques d'Albi ;
  • Antoinette, qui épousa Pierre de Cus(s)y[27], seigneur des Garennes en Bourbonnais (à Verneuil ?), d'où Louise de Cusy, femme de Geoffroi Charlet d'Esbly[réf. nécessaire].

Armoiries

Blasonnement :
D'azur à la bande d'or chargée d'un demi-vol dextre de sable posé à plomb et accompagnée de trois étoiles à six rais d'or.

Notes et références

Notes

  1. Le comté de Forez relève des ducs de Bourbon depuis le mariage entre la comtesse Anne d'Auvergne et Louis II de Bourbon en 1371 ; les ducs de Bourbon sont donc aussi ducs d'Auvergne depuis le mariage de Jean Ier avec Marie de Berry en 1401.
  2. La date exacte de décès de Jean III est inconnue : il était encore vivant lors de la consécration de la cloche Sauve-Terre de la collégiale Notre-Dame-d'Espérance de Montbrison, en 1502, qu'il cite dans un poème, mais Jean Molinet rapporte ses condoléances envers Florimond le (Zsuppán 1970, p. 111).
  3. Les généalogies traditionnelles ont souvent fait de Florimond un fils du premier mariage de Jean III (avec Madeleine Bohier), ce qui est aujourd'hui écarté (Chevalier 2011, p. 100).

Références

  1. Mascle 1978, p. 10.
  2. Mignot 1996, p. 165.
  3. Bernard Chevalier, « Florimond Robertet (v. 1465–1527) », dans Les conseillers de François Ier, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (réimpr. 2019) (ISBN 978-2-75356-7-948, lire en ligne), p. 100–101.
  4. Mignot 1996, p. 164.
  5. Jean-Marie de La Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, t. II, Paris, Picard & Fils, (réimpr. 2023) (lire en ligne), p. 283
  6. Claude Albert Mayer et Dana Bentley-Cranch, Florimond Robertet (?–1527) : homme d'état français, H. Champion, (ISBN 978-2-85203-314-6), p. 151
  7. Gras 1869, p. 185.
  8. Jean-Marie de La Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, Paris, Picard & Fils, , t. III, p. 115 (lire en ligne ) et t. IV, p. 277 (lire en ligne ).
  9. Josette Garnier, Bourgeoisie et propriété immobilière en Forez aux XVIIe et XVIIIe siècles, Centre d'études foréziennes, (ISBN 2-85145-044-1, lire en ligne), p. 329.
  10. Mascle 1978, p. 12.
  11. Alessandro Turbil, « “Pétrarquiser” : pour un corpus numérisé du lexique pétrarquiste des origines », theses.fr, Sorbonne Paris Cité,‎ (lire en ligne )
  12. (it) Alessandro Turbil, « “L’auteur voyant Laura ne consentir à ses plaisirs, de cruaulté l’accuse” : qualche nuovo elemento sulla fortuna del Petrarca lirico in Francia prima del Petrarchismo », Arzanà. Cahiers de littérature médiévale italienne, no 21,‎ , p. 50–68 (ISSN 1243-3616, DOI 10.4000/arzana.2026, lire en ligne )
  13. Gabriel Pérouse, Georges Chastellain : étude sur l'histoire politique et littéraire de XVe siècle, H. Champion, , p. 152
  14. Louis Turlin, Notes sur Jean Robertet, grand rhétoriqueur, secrétaire de Jean II de Bourbon, Bulletin de la Société d'Émulation du Bourbonnais (no 54), , p. 231–249
  15. François Cornilliat, Sujet caduc, noble sujet : la poésie de la Renaissance et le choix de ses arguments, Librairie Droz, (ISBN 978-2-600-01269-0, lire en ligne), p. 33
  16. François Grudé, Antoine du Verdier et Jean-Antoine Rigoley de Juvigny, Les Bibliothèques françoises de La Croix du Maine, t. I, Paris, Saillant & Nyon, , 2e éd. (1re éd. 1584) (lire en ligne), p. 583
  17. Martina Crosio, « Les couleurs en bande dessinée ? : l'Exposition des couleurs de Jean Robertet », dans Luca Sacchi et Cristina Zampese, I colori del racconto, Milan, Ledizioni, (ISBN 978-88-5526-338-2, lire en ligne [PDF]), p. 139–153.
  18. Margaret Zsuppán, Jean Robertet : Œuvres, Genève, Droz, coll. « Textes littéraires français »,
  19. Paul Durrieu, « Une peinture historique de Jean Foucquet : le roi Louis XI tenant un chapitre de l'ordre de Saint-Michel », dans Gazette archéologique, t. XIV, (lire en ligne), p. 73–75.
  20. Eliott Adam, « Qui était Jean Fouquet pour François Robertet ? », dans Charlotte Denoël, Larisa Dryansky, Isabelle Marchesin et Erik Verhagen, L'art médiéval est-il contemporain ?, Turnhout, Brepols, coll. « Reinterpreting the Middle Ages », (ISBN 978-2-503-59973-1, lire en ligne), p. 43 et 52–56
  21. Jean Robertet et Henri Baude, Recueil de dessins accompagnés de textes, dit Recueil Robertet, Paris, 1490–1520 (lire en ligne)
  22. Félix Thiollier, Le Forez pittoresque & monumental : histoire et description du département de la Loire et de ses confins, Lyon, Société de la Diana, (réimpr. 2013) (lire en ligne), p. 443
  23. Mascle 1978, p. 9.
  24. Gras 1869, p. 180.
  25. Joseph Delaroa, Galerie de portraits forésiens, Saint-Étienne, (lire en ligne ), p. 124
  26. Clément-Edmond Révérend du Mesnil, « Une curieuse généalogie des Robertet », dans L'Ancien Forez, Montbrison (no 6), (lire en ligne), p. 111.
  27. Lapeyre et Scheurer 1978, p. LXXXV.
  28. Albert de Remacle, « L’Hôtel de ville de Riom et ses origines », dans Bulletin Historique et Scientifique de l’Auvergne (no 31), , p. 147–154
  29. Jean-Baptiste Bouillet, Nobiliaire d'Auvergne, vol. II, Clermont-Ferrand, Perol, (lire en ligne), p. 58
  30. Neithard Bulst, Les états généraux de France de 1468 et 1484 : Recherches prosopographiques sur les députés, Éditions de la Sorbonne, (ISBN 979-10-351-0970-7, lire en ligne), p. 300

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Textes anciens

  • (fro) Jean Robertet et Georges Chastelain, Jehan Robertet epistola panegyrica ad George Chastellain, et huius responsio ; epistola versibus composita ; responsio versa est in pœma [« Jehan Robertet, lettre panégyrique à Georges Chastellain, et la réponse de ce dernier ; lettre composée en vers ; la réponse est transformée en poème »], , 108 p. (lire en ligne).
  • [Gras 1869] Louis-Pierre Gras, « Généalogie des Robertet », dans Revue forézienne d'histoire et archéologie, Montbrison, Montbrison, Société archéologique et historique du Forez (no 3), .

Textes modernes

  • (en) Catherine Margaret Douglas, A critical edition of the works of Jean and François Robertet, Londres, Université de Londres, , 560 p. (lire en ligne ).
  • (en) Margaret Zsuppán, « Jean Robertet's Life and Career: a Reassessment », dans Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, t. 31, Paris, Droz (no 2), (lire en ligne), p. 333–342.
  • [Lapeyre et Scheurer 1978] André Lapeyre et Rémy Scheurer, Les notaires et secrétaires du roi sous les règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII (1461–1515) : Notices personnelles et généalogies, t. II, Paris, , 91 p. (ISBN 978-2-717-71403-6, lire en ligne).
  • [Mascle 1978] Thérèse Mascle, « Les Robertet », dans Études foréziennes, Aspects de la vie littéraire en Forez, Saint-Étienne, Centre d'études foréziennes (no 9), (lire en ligne), p. 9–24.
  • Louis Turlin, « Jean Robertet, 1435-1503, secrétaire des ducs de Bourbon et de Louis XI », dans Bulletin de la Société d'Émulation du Bourbonnais, , p. 231–249.
  • [Mignot 1996] Dominique-Aimé Mignot, « Les Robertet : grands serviteurs de l'État (XVe – XVIe siècle) », dans Bulletin de la Diana, t. LV, Montbrison, Société de la Diana, (lire en ligne), p. 161–198.

Voir plus loin

Articles connexes

Liens externes

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