Institut de l’environnement

Institut de l'environnement
Histoire
Fondation
Dissolution
Cadre
Type
Pays
Coordonnées
48° 50′ 34″ N, 2° 20′ 42″ E
Organisation
Fondateurs
Claude Schnaidt (d), Manfred Eisenbeis (d)
Organisme affilié
Centre de recherches en sciences humaines (d)

L’Institut de l’environnement est une école de design et d'architecture fondée à Paris en 1969 et fermée en 1971. Deux promotions de quatre-vingts étudiants-stagiaires ont parcouru ce cursus. Son enseignement était influencé par l'École d'Ulm[1]. À la suite de la fermeture de l'école en 1971, l'institut fonctionne quelques années comme un centre de recherches, jusqu'à la dissolution définitive en 1977.

Histoire

Selon l'historien d'art Tony Côme, l’Etat français (et surtout le ministre des Affaires culturelles, André Malraux) soutient la création de cette institution, afin d'importer la pédagogie pluridisciplinaire développée en Allemagne au sein de l'École d'Ulm[1]. La mission de cet institut est de «promouvoir un renouvellement de l'enseignement de l'urbanisme, de l'architecture, de l'industrial design et de la communication»[2]. Plusieurs acteurs de la HfG Ulm y interviennent, dont Claude Schnaidt, architecte et militant communiste suisse, Manfred Eisenbeis, spécialiste en communication visuelle, et Abraham Moles, précurseur des études en sciences de l'information et de la communication[3].

Sur décision du Ministre des affaires culturelles André Malraux[4], un bâtiment est construit, sur un terrain en bordure de la rue Érasme, sur le terrain de l'ENSAD, par l'architecte Robert Joly (alors architecte des bâtiments civils et palais nationaux) avec la participation de Jean Prouvé, qui fournit des composés industriels de façade préfabriqués. Le bâtiment «à ossature métallique»[5] est surnommé «la boîte à savon»[6] et décrit dans le Monde comme «un produit typique des années 50»[7].

« Les murs étaient très fins, c'était assez beau, ça me plaisait beaucoup. Certes, il y faisait très froid l'hiver, très chaud l'été, et le bruit de la rue nous gênait souvent – mais il a été construit très vite. »[6]

— Akiko Takehara

Programme pédagogique

L'enseignement est axé sur la pluridisciplinarité. Les quatre principales sections sont: Architecture, Urbanisme, Design et Communication[8]. À la rentrée de 1969, le séminaire d'urbanisme est animé par Jacques Allégret, et le séminaire de design par Claude Braunstein. Parmi les membres de l'équipe pédagogique figurent également, en tant qu'enseignants-chercheurs, Odile Hanappe (économie), Antoine Haumont (sociologie) et Christian Gaillard (psychologie).

Les étudiants doivent aussi suivre des cours dans d'autres domaines, comme la psychologie ou la programmation informatique (notamment en Fortran, sur des machines IBM et Olivetti). Akiko Takehara se souvient « de l'excellent enseignement en logique mathématique de Robert Spizzichino, des cours de programmation en Fortran qu'on devait appliquer sur une machine Olivetti »[6]. Selon Takehara, « l'héritage d'Ulm se faisait ressentir à tout moment, dans toutes les disciplines – pas seulement dans les séminaires de design et d'architecture ». Pierre Bernard, étudiant-chercheur de la rentrée 1969, découvre à l'Institut « la sémiologie et l'implication de la réflexion théorique dans le domaine de l'image »[9].

Cinq ateliers sont aménagés: le centre de calcul, l'imprimerie, un laboratoire audio-visuel, un laboratoire photographique, un atelier maquette[10].

L'institut accueille également des conférenciers, dont des designers célèbres comme Ettore Sottsass ou Enzo Mari[6].

Fin de l'Institut

L'Institut cesse d'exister en tant que lieu d’enseignement en septembre 1971, deux ans seulement après son ouverture, et n'accepte plus de nouveaux stagiaires[11]. Pendant quelques années, l'Institut continue de fonctionner comme centre de recherches, divisé en quatre unités indépendantes, et publie des études liées principalement à l'architecture et l'espace. En 1975, l'Institut déménage à Nanterre, avant d'être définitivement dissous en janvier 1977[12]. Le bâtiment est récupéré par l'ENSAD, et détruit en 1994 (malgré une mobilisation pour le préserver)[3]. Un concours organisé en 1992 est remporté par l’architecte Luc Arsène-Henry et le designer Philippe Starck[13]. Leur nouveau bâtiment, construit pour l'ENSAD sur le même emplacement et inauguré en 1998[7], présente du côté rue «un grand mur opaque de marbre blanc». Cette façade, à la suite des protestations des utilisateurs, est remplacée en 2004 par une surface vitrée[14].

Personnes liées

Enseignants

  • Claude Schnaidt
  • Manfred Eisenbeis
  • Claude Braunstein (cours de design)
  • Robert Spizzichino (logique mathématique et informatique)
  • Christian Gaillard (psychologie)
  • Antoine Haumont (sociologie)
  • Jacques Allégret (séminaire d'urbanisme)

Élèves-stagiaires

Références

  1. Tony Côme 2017.
  2. « Culture ; Délégation aux arts plastiques ; Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) (1968-1980) », sur FranceArchives (consulté le )
  3. Lilian Froger, « Tony Côme, L’Institut de l’environnement : une école décloisonnée. Urbanisme, architecture, design, communication », Critique d’art,‎ (ISSN 1246-8258, DOI 10.4000/critiquedart.27365, lire en ligne, consulté le )
  4. Jeanne Quéheillard, « L'Institut de l'environnement », Rosa B, no 5,‎ (lire en ligne)
  5. « Starck « design » l’école des arts déco », sur Le Journal Des Arts, (consulté le )
  6. Akiko Takehara, citée par Tony Côme 2017, p. 111
  7. Frédéric Edelmann, « Inauguration d'une nouvelle Ensad... vraiment très Starck », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « Il s'agissait (...) de remplacer sur la rue Erasme un produit typique des années 50 construit avec l'aide de l'ingénieur Jean Prouvé, mais qui avait si mal vieilli qu'il devait rester durablement fermé. »

  8. Tony Côme 2017, p. 68.
  9. Pierre Bernanrd, cité par Tony Côme 2017, p. 113
  10. Tony Côme 2017, p. 145.
  11. Jean-Louis Violeau, « Vie et mort de l'institut de l'environnement », AMC, no 259,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Tony Côme 2017, p. 164.
  13. « Ecole nationale supérieure des arts décoratifs: la « fenêtre » en marbre », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  14. « Les Arts déco griffés Starck rouvrent après douze ans de travaux et de polémique », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « Etudiants et professeurs, épaulés par l'inspection du travail, rejettent violemment ces salles sans lumière naturelle. »

Annexes

Bibliographie

  • Tony Côme, L'Institut de l'environnement: une école décloisonnée, Paris, Éditions B42, , 208 p. (ISBN 978-2-917855-74-4)
  • Fau Alexandra et Lesné René, Histoire de l'École nationale supérieure des arts décoratifs, 1941-2010, Paris, EnsAD,
  • Jollant Françoise, L'enseignement du design industriel et du design graphique en France, Paris, Centre Georges Pompidou,
  • Leymonerie Claire, Le Temps des objets, une histoire du design industriel en France, Saint-Etienne, Cité du design,

Liens externes

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