Immigration britannique en France

L'immigration britannique en France a entraîné l'existence d'un des plus grands foyers de populations britanniques nées en dehors du Royaume-Uni. L'installation en France de citoyens britanniques a rapidement augmenté à partir des années 1990, les Britanniques seraient aujourd'hui plus de 140 000 en France[1]. Outre Paris, ils sont installés dans les régions du sud de la France, la Bretagne, et depuis peu, la Corse[2],[3].

Histoire

Au XVIIIe siècle

Les Britanniques en France sont au XVIIIe siècle des personnes fortunées[4] réalisant le Grand Tour ou s'étant établit pour affaires.

Au XIXe siècle

On retrouve surtout des domestiques anglaises à Paris en Normandie et dans le Nord, des ouvriers dans les usines textiles françaises ainsi que dans les compagnies ferroviaires[5]. Certains industriels s'établissent aussi en France comme ceux de la région rouennaise[6].

On remarque lors du recensement de 1851 que les Anglais sont surtout situés dans le Nord et l'Ouest de la France, à Paris, en Gironde et dans les Pyrénées Atlantiques et les Bouches-du-Rhône, ils sont alors 20 000 recensés en France[7]. En 1861, on en dénombre 25 000, on les dits « attirés par la beauté des sites ou la douceur du climat ». Ils sont 7 700 dans la Seine, 5 460 dans le Pas-de-Calais, 1 600 dans le Nord, 1 600 dans les Côtes-du-Nord et 1 400 en Seine-Inférieure[8].

On compte aussi de nombreux bourgeois en villégiature sur le littoral, dans les Alpes et les Pyrénées[4]. Installés dans des stations thermales ou balnéaires, on les retrouvent à Vernet-les-Bains[9], Arcachon, Trouville[10], Nice[11] ou Dinard[12]. Ils apprécient particulièrement se promener sur le front de mer, jouer au golf et se retrouver au casino. La reine Victoria elle-même séjourne à Nice en 1895, 1896, 1897, 1898 et 1899[13]. Les touristes moins riches pouvaient compter sur des pensions de famille[12]. L'installation de communautés britanniques sur la durée se traduit par la construction d'églises anglicanes comme à Pau en 1841[14], Dinan en 1870[15] ou le temple St Bartholomew de Dinard en 1871[12].

Au XXe siècle

En 1936, les Anglais sont présents sur la Côte d'Azur, le littoral de la Manche, la Savoie, la région parisienne, la Gironde, les Pyrénées Atlantiques et le tout le Nord du pays[7].

Durant la Seconde Guerre mondiale, des agents du SOE se rendent sur le territoire français pour aider la Résistance[16].

Entre 1968 et 1999, le nombre de Britanniques en France augmente considérablement, notamment du fait de la coopération européenne[1]. Si les Britanniques ne sont que 18 300 au recensement de 1968, ils sont déjà 24 900 en 1975, 34 000 en 1982, 51 200 en 1990 et 76 100 en 1999[17].

Au XXIe siècle

Du fait du Brexit (2020), les Anglais présents en France perdent leur droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales et européennes[18],[19].

Démographie actuelle

La communauté britannique en France est estimée entre 163 000 (dont 142 000 immigrés) selon la France en 2020 et 400 000 personnes en 2016 selon les sources consulaires prenant en compte les séjours de moins d'un an et les binationaux[1]. Depuis 2010, l’émigration britannique ralentit et les départs sont plus nombreux que les arrivées[1].

Sur l’ensemble du territoire national, les Britanniques représentent un tiers des propriétaires des résidences secondaires résidant à l’étranger, devant les Italiens, les Allemands et les Belges[20] avec leurs 86 000 résidences secondaires en 2017[1].

Depuis 2010, l’émigration britannique ralentit et les départs sont plus nombreux que les arrivées[1]. La population britannique est de plus en plus âgée[1] et 30 % des immigrés britanniques arrivant en France sont des retraités[1].

Les principales destinations de la migration vers la France en dehors de l'Île-de-France sont les régions du sud du pays, notamment les zones rurales. Les grandes régions choisies par cette communauté sont la Nouvelle-Aquitaine, l'Occitanie, la Bretagne ou encore la Corse.

En Bretagne

La communauté britannique est présente en Bretagne et plus particulièrement dans le centre-Bretagne[21] comme à Sainte-Tréphine[22].

En Normandie

En 2017, on compte 7 300 Britanniques en Normandie dont 3 300 dans la Manche et 47 % de retraités[23]. Les Britanniques sont en grande majorité installés dans les espaces ruraux où ils sont propriétaires[24]. Ils possèdent 6 300 résidences secondaires dans la région en 2017[23].

Dans le Sud-Ouest

La facilité des liaisons aériennes et l’implantation des compagnies aériennes à bas coût dans le Sud-Ouest encouragea l'immigration britannique selon l'effet « Ryanair »[25].

La communauté britannique est notamment présente en Nouvelle-Aquitaine (40 000 personnes en 2016) et Occitanie (25 000 personnes en 2016)[26]. On les retrouvent notamment dans le Limousin (3 364 foyers en 2006)[25], dans le Poitou-Charentes (13 000 en 2006)[27] et en Dordogne (7 200 personnes en 2016)[28],[29],[30], notamment dans le bassin de vie d'Eymet[31].

Statut social

Les Britanniques vivant en France sont en général bien intégrés et bénéficient globalement d'un bon niveau d'éducation et de revenu. Leur présence dans certaines campagnes désertées du territoire français a permis le maintien d'une certaine vie dans le monde rural.

Articles connexes

Références

  1. « Annonce du Brexit et crise de 2008 : peu d’impact sur l’immigration depuis le Royaume-Uni - Insee Première - 1833 », sur www.insee.fr (consulté le )
  2. « Brits Abroad », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Where have the figures come from? », Brits Abroad FAQs: The data, BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Diana Cooper-Richet, « La France anglaise, de la Révolution à nos jours », sur UVSQ (consulté le )
  5. Fabrice Bensimon, « « À bas les Anglais ! » », Diasporas. Circulations, migrations, histoire, no 33,‎ , p. 33–90 (ISSN 1637-5823, DOI 10.4000/diasporas.3376, lire en ligne, consulté le )
  6. Jean-Pierre Chaline, « Des Anglais en Normandie au XIXe siècle », Études Normandes, vol. 3, no 1,‎ , p. 22–27 (DOI 10.3406/etnor.2017.3568, lire en ligne, consulté le )
  7. Hervé Le Bras, « Lieux et métiers des étrangers en France depuis 1851 », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 7, no 1,‎ , p. 19–36 (DOI 10.3406/xxs.1985.1179, lire en ligne, consulté le )
  8. France Statistique générale, Statistique de la France, Imprimerie Royale., (lire en ligne)
  9. Joseph Duloum, Les Anglais dans les Pyrénées, et les débuts du tourisme pyrénéen, 1739-1896, Les Amis du Musée pyrénéen, (lire en ligne)
  10. Jean Chennebenoist et Roger Deliencourt, Deauville: Son histoire, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-18777-0, lire en ligne)
  11. Alain Bottaro, « La villégiature anglaise et l’invention de la Côte d’Azur », In Situ. Revue des patrimoines, no 24,‎ (ISSN 1630-7305, DOI 10.4000/insitu.11060, lire en ligne, consulté le )
  12. « Dinard, une invention anglaise | Blog | Gallica », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
  13. « Les Windsor à Nice - Archives Nice Côte d'Azur », sur https://archives.nicecotedazur.org/ (consulté le )
  14. Joseph Duloum, « Aux origines de la colonie britannique de Pau », Annales du Midi, vol. 77, no 72,‎ , p. 203–214 (DOI 10.3406/anami.1965.4353, lire en ligne, consulté le )
  15. « Les riches heures de la colonie britannique, à Dinan », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  16. « Le réseau "Prosper" ou l'énigme du fameux SOE », sur France Inter, (consulté le )
  17. « Étrangers par nationalité détaillée - Séries longues depuis 1968 − Étrangers et immigrés en 2019 | Insee », sur www.insee.fr (consulté le )
  18. « BREXIT- conséquences sur le droit de vote et d’éligibilité des ressortissants britanniques en France », sur Les services de l'État en Mayenne (consulté le )
  19. Lucie Thuillet, « Brexit : les Britanniques ne pourront plus voter aux élections municipales en France », sur France Bleu Cotentin, (consulté le ).
  20. Olivier Aguer, Éric Vergeau, « Les résidences secondaires : une composante du développement et de l’attractivité de la région », Décimal : Insee Poitou-Charentes, no 288,‎ (lire en ligne)
  21. Idest Communication, « Un Centre Bretagne « so british ! » », sur Ici et là magazine, (consulté le )
  22. Laetitia Jacq-Galdeano, « Sainte-Tréphine, 186 habitants dont 62 Anglais, un village breton qui parle « franglish » », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  23. « 7 300 Britanniques résident en Normandie - Insee Flash Normandie - 96 », sur www.insee.fr (consulté le )
  24. « Débarquement des Britanniques dans les campagnes bas-normandes - E pour Cent | Insee », sur www.insee.fr (consulté le )
  25. Françoise Ardillier-Carras, « L’immigration britannique en France : le cas du Limousin », Population & Avenir,‎
  26. « L’Occitanie, deuxième région d’accueil des Britanniques expatriés - Insee Analyses Occitanie - 83 », sur www.insee.fr (consulté le )
  27. « Près de 13 000 Britanniques ont choisi de vivre en Poitou-Charentes - e.décim@l | Insee », sur www.insee.fr (consulté le )
  28. Théo Caubel, « INFOGRAPHIES - Dordogne : 7.198 résidents britanniques dans le département », sur France Bleu Périgord, (consulté le ).
  29. [vidéo] « La Dordogne, comté britannique | ARTE Regards », ARTE, , 32:24 min (consulté le )
  30. « La Dordogne : terre d'accueil des Britanniques - Aquitaine e-publications | Insee », sur www.insee.fr (consulté le )
  31. « Eymet, la plus anglaise des bastides françaises », sur Pays de Bergerac Tourisme (consulté le )



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