Ibtissame Lachgar
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Betty Lachgar |
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Lycée Descartes (baccalauréat littéraire) (jusqu'en ) |
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Féminisme radical Droits des personnes LGBT Militante pour les Droits des femmes et droits humains Droit au blasphème Critique de l'islamisme Abolitionniste Critique des religions comme système d'oppression patriarcal |
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Ibtissame Lachgar (en arabe : ابتسام لشكر), dite Betty Lachgar, née en à Rabat, est une militante des droits humains et féministe radicale et abolitionniste marocaine.
Elle a cofondé le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), dont elle est la porte-parole, un mouvement féministe universaliste qui œuvre pour les droits des femmes, les droits des LGBT, l’avortement, la liberté sexuelle, et l’instauration d’un État laïc, au Maroc. Malgré son action en faveur des personnes transgenres, la primauté qu'elle donne au combat féministe sur la base d'une approche biologique, qui met l'accent sur l'oppression subit par les femmes en raison de leur sexe, car renvoyées à ce dernier dans un système patriarcal, lui vaut notamment une forte opposition de certains militants ou militantes transgenres et d'autres féministes, qui la rattachent à la mouvance TERF (féministes radicales excluant les personnes trans).
Le , à la suite d'une publication sur le réseau social X, fin juillet 2025, dans laquelle elle publie un post d'une photo, prise à Londres, où elle pose avec un tee-shirt portant l'inscription « Allah is lesbian ». La publication comprend le message suivant ‹‹Toutes les religions sont phallocrates et misogynes››. Elle est arrêtée et placée en garde à vue, puis en détention. Une enquête est ouverte par la justice marocaine, justice contestée au Maroc et dans les territoires sahraouis occupés où l'ONU demande la fin de l'occupation militaire illégale, machisme et apostophobie font que même loin de ce sujet polémique il y a des conséquences pour ceux qui ne suivent pas la ligne du régime, même plus sur "la liberté et intégrité territoria" mais maintenant carrément sur les libertés individuelles telles que croire et ne pas blasphémer et respecter "les religions".
Biographie
Née en à Rabat au Maroc, Ibtissame Lachgar fait ses études secondaires au lycée Descartes, le lycée français de sa ville natale, avant de déménager à Paris pour suivre de. études supérieures en psychologie clinique, criminologie et victimologie[1].
Fille d’un syndicaliste[1] et militant des droits de l’homme, elle est sensibilisée dès son enfance à la question des libertés individuelles.
En 2009, elle cofonde, avec Zineb El Rhazoui, le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) qui a pour but de défendre les libertés individuelles au Maroc. Depuis, le mouvement a mené plusieurs actions en faveur des libertés individuelles, y compris un pique-nique en pleine journée de Ramadan en 2009 et un kiss-in à Rabat en 2013. Ces actions ont permis d'ouvrir le débat sur les libertés individuelles au Maroc[2].
Elle défend la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT) au Maroc[3]. Elle a participé plusieurs fois à des Marche des fiertés en Europe et à une manifestation avec le mouvement Femen pour le droit au mariage homosexuel. Elle était alors la deuxième femme afro-arabe à se dénuder lors d'une manifestation publique, après l’Égyptienne Aliaa Magda Elmahdy[4]. Elle a mis en place au Maroc la « Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie », célébrée le 17 mai[5].
Elle est pro-choix, c'est-à-dire qu'elle est en faveur de la légalisation de l'avortement dans son pays. « Pour nous, cette cause est primordiale. Il faut accorder aux femmes le droit de disposer de leurs corps », explique-t-elle au magazine marocain Telquel[6].
En , elle coorganise un kiss-in à Rabat, pour protester contre l'arrestation des jeunes adolescents après avoir posté, sur Facebook, une photo d'eux en train de s'embrasser, à Nador. Le kiss-in est très médiatisé, et fait scandale dans le pays. Ibtissame défend le kiss-in en expliquant: « Pour nous le message est passé, c'est un succès. Il y a des couples et des célibataires, et les couples se sont embrassés en public. Notre message est qu'il y a des gens qui défendent l'amour, la liberté d'aimer et de s'embrasser librement. Ces gens-là étaient présents aujourd'hui »[7].
En 2014, elle vit maritalement avec son ami Soufiane Fares bien que la loi marocaine interdise les relations sexuelles hors mariage et les punisse d'un mois à un an de prison[8].
En 2016, elle co-fonde Shams France, une association de défense des droits des minorités sexuelles créée sur le modèle de Shams Tunisie, à l'attentions des jeunes LGBTI d'origine maghrébines vivant en France[9].
Depuis 2018, elle milite au sein du CAPP (Collectif abolition porno prostitution)[10], un collectif composé de militantes féministes et de survivantes de la prostitution, qui luttent contre toutes les formes d'exploitation sexuelle ou de marchandisation du corps des filles et des femmes. En août 2018, elle est arrêtée à Rabat et passe 24 heures en garde à vue alors qu'elle se rendait dans un commissariat pour dénoncer une agression dont elle aurait été victime[11].
Elle milite pour la laïcité, s'oppose au port du voile et rejette l'idée qu'il puisse exister un féminisme musulman. Elle est selon le site ressourcesfeministes.fr l'une des premières marocaines à assumer publiquement son athéisme[12].
Sur l'articulation entre féminisme et personnes transgenres
En 2022, alors qu'elle est une militante engagée en faveur des droits des personnes transgenres dont elle est le porte-drapeau au Maroc, et qu'elle a aidé des personnes trans marocaines à obtenir l’asile politique en Europe[réf. à confirmer], un court métrage de 3 minutes retraçant sa vie est retiré d'un festival féministe à l'instigation d'une militante trans, qui l'accuse de transphobie parce qu'elle est l'une des 140 signataires d'un manifeste intitulé « Trans : suffit-il de s’autoproclamer femme pour pouvoir exiger d’être considéré comme telle ? »[13]. Cette tribune, rédigée à l'occasion de la lutte contre les féminicides, soutient « que les personnes trans ne devraient pas être incluses dans les espaces réservés aux femmes, ni être au centre de l’agenda féministe », et qu'il est nécessaire de « mettre en œuvre des politiques publiques et des mesures correctives qui s’adressent spécifiquement aux femmes »[5], des propos jugés proches de ceux des TERF. La tribune, initialement publiée par le Huffington post, est immédiatement retirée car contenant des « propos transphobes [allant] à l’encontre des valeurs prônées [par le journal] » et généralement dénoncée comme transphobe[14],[15], dans un débat opposant les féministes entre elles[15]. Le texte est finalement republié sur Marianne[16]. La déprogrammation par la Maison des femmes de Montreuil qui organisait le festival est suivie d'inscriptions déclarées transphobes, telles qu'un collage « Maison des Hommes » recouvrant le nom « Maison des Femmes » ou un tag au sol mentionnant« raciste » [17].[pertinence contestée]
Arrestation et poursuites
Le , à la suite d'un post sur X où elle pose avec un tee-shit indiquant « Allah is lesbian » (Dieu est lesbienne) et où elle qualifie l'islam « comme toute idéologie religieuse », de « fasciste, phallocrate et misogyne », elle est placée en garde à vue[18]. Ce n'est pas la première fois qu'elle arbore ce tee-shirt ; toutefois, une semaine plus tard, une vague de comptes anonymes, rattachés selon Le Monde à la mouvance identitaire Moorish, la prend pour cible sur le réseau social, en signalant le post à la la direction générale de la sûreté nationale. Ibtissame Lachgar déclare avant son arrestation avoir reçu de nombreuses menaces de viol ou de lynchage[19].
Le procureur du roi ordonne l'ouverture d’une enquête. L’article 267-5 du Code pénal marocain sanctionne les atteintes intentionnelles à la religion musulmane, aux symboles religieux ou à la divinité par des propos ou publications publiques, avec des peines allant jusqu'à 5 ans d’emprisonnement et une amende de 500 000 dirhams[19],[20]. Un procès contre elle s'ouvre le 13 août ; il est reporté au 27 août à la demande de la défense, mais la demande de son vocate d'une remise en liberté provisoire est rejetée, et Ibtissame Lachgar est incarcérée, à la surprise des observateurs[19].
Depuis son arrestation, elle a reçu le soutien aussi bien de personnalités liées à la mouvance de l'extrême droite française comme Mila Orriols ou Marguerite Stern, que de la Fondation des femmes, des Femen ou du Front féministe international [21].
Notes et références
- Sarah Anouar, « Maroc : l'engagement audacieux d'Ibtissame Lachgar, la cofondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles », sur opinion-internationale.com, (consulté le ).
- ↑ « Ibtissam Lachgar - JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- ↑ « Les militants marocains de défense des LGBT pour ou contre l’action des Femen? », sur Telquel.ma, (consulté le )
- ↑ Adam Sfali - Lemag, « France : Une marocaine a manifesté nue pour défendre le droit au mariage homosexuel », sur Lemag.ma : Application et Newsletter sur le Maroc (consulté le )
- Laure Daussy, « L’absurde censure d’une militante LGBT accusée de transphobie », sur Charlie Hebdo, (consulté le )
- ↑ « Mali se mobilise pour le droit à l'avortement », sur Telquel.ma, (consulté le )
- ↑ « Maroc: un "kiss-in" pour soutenir les adolescents poursuivis pour un baiser », sur Le Huffington Post (consulté le )
- ↑ « Maroc: vivre sous le même toit malgré l'interdit et les préjugés », sur lexpress.fr, (consulté le )
- ↑ « Shams : la bataille pour les droits des personnes LGBTI se mène des deux côtés de la Méditerranée | TV5MONDE - Informations », sur information.tv5monde.com, (consulté le )
- ↑ Thadée Mougin, « Betty Lachgar, la féministe qui ne s’arrêtait pas aux frontières: Rencontre avec la militante marocaine Betty Lachgar, cofondatrice du Mouvement de désobéissance civile féministe, universaliste et laïque Mali (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles). », Hommes & migrations, no 1331, , p. 213–214 (ISSN 1142-852X et 2262-3353, DOI 10.4000/hommesmigrations.11941, lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Betty Lachgar libérée après plus de 24h de garde à vue », Al HuffPost Maghreb, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ ressources féministes, « – Ibtissame Betty Lachgar : « Le féminisme fondé sur l’Islam est une imposture. Ni plus ni moins. » », sur Feminist Resources, (consulté le )
- ↑ Laure Daussy, « L’absurde censure d’une militante LGBT accusée de transphobie », sur Charlie Hebdo, (consulté le )
- ↑ Lauren Provost, « Pourquoi nous avons dépublié la tribune "Question trans: les colleuses contre les féminicides se divisent et toutes les femmes sont menacées" » [archive du ], sur Le HuffPost, (consulté le )
- Emma Donada et Anaïs Condomines, « Pourquoi le «HuffPost» a-t-il dépublié une tribune sur les femmes trans ? », sur Libération (consulté le )
- ↑ Pauline Arrighi, « Trans : suffit-il de s’autoproclamer femme pour pouvoir exiger d’être considéré comme telle ? », sur www.marianne.net, (consulté le )
- ↑ « Tag transphobe à la Maison des femmes : « toutes les attaques qu’on subit, c’est de la perte de temps » », sur KOMITID, (consulté le )
- ↑ « Maroc : une militante féministe arrêtée après la publication d’une photo comportant des inscriptions jugées blasphématoires », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Au Maroc, la militante féministe Ibtissame « Betty » Lachgar poursuivie pour « atteinte à la religion islamique » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Arrestation d’Ibtissam Lachgar pour offense à la religion : l’article 267.5 du Code pénal en ligne de mire », sur Actu-Maroc, (consulté le )
- ↑ Camélia Echchihab, « Une activiste féministe en détention pour « atteinte à la religion islamique » au Maroc », sur Mediapart, (consulté le )
Liens externes
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