Crémant de Die

Crémant de Die

Le vignoble de Barnave, producteur de crémant de Die.

Désignation(s) Crémant de Die
Type d'appellation(s) AOC / AOP
Reconnue depuis 1993
Pays France
Région parente vignoble de la vallée du Rhône
Sous-région(s) Diois (vallée de la Drôme)
Localisation Drôme
Climat tempéré méditerranéen sous influence montagnarde
Sol argilo-calcaire
Superficie totale 400 hectares
Nombre de domaines viticoles une cave coopérative à Die,
une union de producteurs à Vercheny et
une vingtaine de maisons de production
Cépages dominants clairette B et aligoté B
Vins produits mousseux blancs
Production 800 000 cols
Pieds à l'hectare minimum 3 500 pieds par ha
Rendement moyen à l'hectare 60 à 70 hl/ha[1]

Le crémant de Die[2] est un vin effervescent d'appellation d'origine contrôlée produit dans le vignoble de la vallée du Rhône, dans le vignoble du Diois. L'aire d'appellation regroupe 31 localités (29 communes) du département de la Drôme, et est identique à celle de la clairette de Die, dont il diffère en termes d'encépagement, et à celle du coteaux-de-die, qui est un vin tranquille.

Le vin est produit selon la méthode traditionnelle (auparavant appelée « champenoise ») et est composé de clairette B comme cépage principal, complété obligatoirement d'aligoté B et muscat à petits grains B comme cépages secondaires.

Outre le crémant de Die, le vignoble du Diois bénéficie de trois autres appellations contrôlées :

Histoire

Antiquité au Moyen Âge

L’installation de la vigne par la vallée du Rhône et ses proches vallées eut lieu au moment de la colonisation romaine (IIe siècle avant notre ère). Dans la vallée de la Drôme était une partie du territoire des Voconces, peuple gaulois dont les principales cités furent Luc-en-Diois (Lucus Augusti ) puis Die (Dea Augusta Vocontiorum )[3].

Pline l'Ancien (77 de notre ère) donne dans son Histoire Naturelle un témoignage sur l’existence de vins réputés produits au pays des Voconces : un vin doux (vinum dulce) et un vin pétillant (aigleucos), dont on arrêtait la fermentation en plongeant les dolia (jarres de vin) dans l’eau froide, jusqu’à l’hiver[4],[3].

L’histoire a aussi retenu un sacrifice taurobolique en l’honneur de Liber Pater (dieu du vin) et de l’empereur Philippe. Il fut célébré conjointement le 2 des Calendes d’octobre (30 septembre 245), à Die, par les prêtres de Valence, d’Orange, d’Alba et de Die[5]. Les vestiges archéologiques attestent aussi de la culture de la vigne et du culte rendu au vin. Une frise de la porte Saint-Marcel à Die (IIIe siècle) représente le culte de Liber Pater, et datant de la même période, un couvercle de sarcophage figure des Amours vendangeurs, un fragment de marbre blanc porte, quant à lui, une sculpture en haut relief d’un cep de vigne avec grappes et vendangeur, un bas relief de sarcophage chrétien présente des vendangeurs, enfin des dolia vinaires provenant d’un cellier d’une villa gallo-romaine ont été découvertes à Pontaix[3].

Période moderne

Période contemporaine

C'est le seul crémant de la vallée du Rhône. Il s'est substitué aux anciennes appellations de clairette de Die demi-sec et brut. Leur remplacement définitif a eu lieu le . Les premiers vins commercialisés furent ceux de la récolte 1991 après l'agrément d'une dégustation obligatoire. Le cahier des charges de l’appellation a été modifié en février[6] puis en décembre 2024[7].

Étymologie

Le nom de la ville Die, Diá en occitan vivaro-alpin, tire son nom du culte de la déesse (dea « déesse ») voconce Andarta qui fut adoptée par les Romains.[8]

Vignoble

Ce terroir viticole est situé dans le Sud-Est de la France dans les Alpes du Sud, il se trouve au pied du massif du Vercors et au bord de la rivière de la Drôme. Le vignoble se trouve à environ une heure (60 km) au sud-est de Valence, préfecture du département.Il se situe sur les coteaux des deux côtés de la Drôme entre 200 et 700 mètres d'altitude. Il a la même délimitation parcellaire que la Clairette de Die.

Les communes faisant partie de l’appellation sont au nombre de 29 (dont 2 fusionnées), toutes situées dans le département de la Drôme :, Aouste-sur-Sye, Aubenasson, Aurel, Barsac, Barnave, Beaufort-sur-Gervanne, Châtillon-en-Diois (pour la partie correspondant au territoire des communes déléguées de Châtillon-en-Diois et Treschenu-Creyers, au 1er janvier 2019), Die, Espenel, Laval-d'Aix, Luc-en-Diois, Menglon, Mirabel-et-Blacons, Montclar-sur-Gervanne, Montlaur-en-Diois, Montmaur-en-Diois, Piégros-la-Clastre, Ponet-et-Saint-Auban, Pontaix, Poyols, Recoubeau-Jansac, Saillans, Saint-Benoit-en-Diois, Saint-Roman, Saint-Sauveur-en-Diois, Sainte-Croix, Solaure-en-Diois (fusion d'Aix-en-Diois et Molières-Glandaz), Suze-sur-Crest, Vercheny et Véronne.

Orographie

La vallée de la Drôme est dominée par la montagne de Glandasse à 2 041 mètres, barrière rocheuse massive et raide composant l'extrémité méridionale du Vercors.

Géologie

Le relief est marqué par l’érosion des chaînons subalpins du mésozoïque. Le vignoble repose sur des matériaux issus de l’érosion de ces calcaires mais également sur des sols développés sur des formations constituées d’alternance de marnes noires et de calcaires argileux. Ce sol argilo-crayeux a la particularité de conserver suffisamment les eaux de pluie pour maintenir un approvisionnement hydrique constant de la vigne au cours des étés longs et secs.[9]

Climatologie

Le Diois se situe à la frontière des Alpes et de la Provence, ce qui lui donne une grande diversité biologique. Le col de Rousset (altitude 1367 mètres) porte d'entrée nord du Diois en venant du Vercors est considéré comme la frontière géographique et climatique entre Alpes du Nord et Alpes du Sud.

L'été est sec, les journées chaudes mais les nuits toujours fraîches. Sans parler des sommets enneigés tout l'hiver jusqu'au printemps (contreforts du Vercors : montagne du Glandasse, réserve naturelle des hauts plateaux), dans le reste de la vallée l'hiver est froid et souvent neigeux, en particulier du côté du col de la Croix-Haute. L'été les températures peuvent monter jusqu'à 40 degrés et l'hiver descendre à -15 degrés.

La station météorologique de Die (à 384 mètres d'altitude : 44° 46′ 03″ N, 5° 20′ 36″ E)[10] se situe dans la vallée de la Drôme, rive droite juste en aval de la ville.

Relevés à Die de 1991 à 2020
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −1,7 −1,8 0,9 3,8 7,8 11,2 13,1 12,9 9,6 6,6 2,2 −1 5,3
Température moyenne (°C) 3,4 4,3 7,8 10,8 14,8 18,8 21,3 21 16,7 12,8 7,4 3,7 11,9
Température maximale moyenne (°C) 8,4 10,3 14,6 17,8 21,9 26,3 29,4 29,1 23,9 18,9 12,6 8,5 18,5
Nombre de jours avec gel 19,5 18,7 14,3 5,2 0,3 0 0 0 0 2 10,2 18 88,2
Ensoleillement (h) 107,3 131,7 176,6 175,5 226,3 227,7 281,2 265,5 159 112,1 86,3 75,6 2 024,8
Précipitations (mm) 70,6 51,4 62,1 82,4 86,7 69,4 61,8 66,9 97,5 98,1 114,2 78 939,1
Source : Météo-France[11].
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
8,4
−1,7
70,6
 
 
 
10,3
−1,8
51,4
 
 
 
14,6
0,9
62,1
 
 
 
17,8
3,8
82,4
 
 
 
21,9
7,8
86,7
 
 
 
26,3
11,2
69,4
 
 
 
29,4
13,1
61,8
 
 
 
29,1
12,9
66,9
 
 
 
23,9
9,6
97,5
 
 
 
18,9
6,6
98,1
 
 
 
12,6
2,2
114,2
 
 
 
8,5
−1
78
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Encépagement

Le cépage principal est la clairette B, qui doit être complétée par l'aligoté B et le muscat blanc à petits grains B (cépages secondaires). La proportion de clairette B doit être supérieure ou égale à 55 % de l’encépagement, mais les autres cépages doivent également en faire partie : le cépage aligoté B pour 10 % au minimum et le muscat à petits entre 5 % et 10 % de l’encépagement. Cette disposition réglementaire différencie le crémant de Die et la clairette de Die méthode traditionnelle, qui doit être composée à 100% de clairette blanche B.

Méthodes culturales

Vins

Les données de production des années récentes, telles que publiées par les Douanes, sont [12]:

Année Superficie (ha) Production (hl) Rendement (hl/ha)
2020 21 1 080 51
2021 31 1 532 49
2022 33 1 779 54
2023 40 1 987 50
2024 66 3 038 46

On remarque une augmentation importante de la superficie allouée à la production de crémant de Die (14 ha en 2017 et 66 ha en 2024, soit le quadruple en 8 années de production). A titre comparatif, cette production reste anecdotique par rapport à la clairette de Dié, à laquelle sont consacrés approximativement 1 500 ha avec une production annuelle dépassant régulièrement les 65 000 hl.

Le rendement visé par le cahier des charges est de 60 hectolitres par hectare (ramené à 54 hl/ha pour certaines parcelles en fonction de l'écartement des pieds de vigne). Le rendement butoir est de 70 hl/ha[6].

Terroir et vins

C'est un vin élégant à la belle robe d'or pâle et dont la mousse reste fine et légère. Sa bouche beurrée est agrémentée de notes de pomme et de fruits verts d'une grande richesse aromatique avec une jolie pointe de fraîcheur en finale.

Structure des exploitations

Type de vins et gastronomie

Commercialisation

Les principaux producteurs de l'appellation

Vinification

La prise de mousse

Elle se fait par la méthode traditionnelle dite de seconde fermentation en bouteille.

Notes et références

  1. Décret du 14 octobre 2009
  2. Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
  3. Les AOC du diois
  4. Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, XIV, 11.
  5. Selon l'inscription CIL XII, 01567/
  6. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Crémant de Die » » [PDF], homologué par l'arrêté du publié au JORF du .
  7. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Crémant de Die » » [PDF], homologué par l'arrêté du , publié au JORF du .
  8. P. Duval, Les Dieux de la Gaule, Paris, Payot, coll. « Petite bibliothèque », , p. 58
  9. « AOC Clairette de Die | Vins Rhône », sur www.vins-rhone.com (consulté le )
  10. « 26113003 – DIE – CHAMARGES » [PDF].
  11. « Fiche 26113003 Die » [PDF], sur donneespubliques.meteofrance.fr.
  12. « Open Data | Portail de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects », sur www.douane.gouv.fr (consulté le )

Bibliographie

  • Étienne Sauvan, Évolution économique du haut Diois, Revue de Géographie alpine, no 9, 1921.
  • Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, T. XIV, Éd. J. André, Paris, 1958.
  • Ouvrage collectif, Vins, vignes et vignerons du Diois, Cahiers culturels du Parc du Vercors, no 4, Éd. La Manufacture, Die, 1983.
  • Charles Pomerol, sous la direction de, Terroirs et vins de France. Itinéraires œnologiques et géologiques, Éd. du BRGM, Orléans, 1990.

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

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