Châtillon-en-diois (AOC)
| Châtillon-en-diois | |
| Désignation(s) | Châtillon-en-diois |
|---|---|
| Type d'appellation(s) | AOC / AOP |
| Reconnue depuis | 1975 |
| Pays | France |
| Région parente | vignoble de la vallée du Rhône |
| Sous-région(s) | Diois (vallée de la Drôme) |
| Localisation | Drôme |
| Climat | tempéré méditerranéen sous influence montagnarde |
| Sol | argilo-calcaire |
| Nombre de domaines viticoles | 120 viticulteurs adhérents à la cave coopérative de Die |
| Cépages dominants | gamay N, aligoté B et chardonnay B |
| Vins produits | 75 % rouges et rosés, 25 % blancs |
| Production | 4 000 hl |
| Pieds à l'hectare | minimum 3 500 pieds par ha |
| Rendement moyen à l'hectare | 50 à 60 hl/ha[1] |
Le châtillion-en-diois[2] est un vin d'appellation d'origine contrôlée du vignoble de la vallée du Rhône, dans le vignoble du Diois, produit sur 13 localités dans la haute vallée de la Drôme autour de Châtillon-en-Diois, dont le vignoble produit des vins rouges, blancs et rosés.
Le vin blanc, composé d'aligoté B et de chardonnay B représente 45% de la production ces dernières années[3]. Le vin rouge, produit à base de gamay N (cépage principal) et de pinot noir N et de syrah N représente 40% de la production. La production de rosé, sur base des mêmes cépages que le vin rouge, représente 5 % du volume de l'appellation.
Outre le châtillon-en-diois, le vignoble du Diois bénéficie de trois autres appellations contrôlées :
- la clairette-de-Die;
- le crémant de Die;
- les coteaux-de-Die.
Histoire
Antiquité
Tout comme celui de Die, ce vignoble remonte à l'Antiquité. Pline l'Ancien qui cite élogieusement le vin des Voconces en distingue deux l’aigleucos, dont on arrêtait la fermentation en plongeant les dolia dans l’eau froide jusqu’à l’hiver, et le vinum dulce[4].
Moyen Âge
Durant la période médiévale, les vins du haut Diois (donc de Châtillon-en-Diois) sont commercialisés dans le Vercors, le Trièves et le Dévoluy. Les grands centres de consommation étaient Lus-la-Croix-Haute et les communes du Glandage, Boulc et Treschenu.
Période moderne
En 1700, une révision des « feux » dans l'élection de Montélimar[5], signale qu'à Poyols « la vigne vient bien », que les habitants de Menglon n'ont « d'autres ressources que la vente de leurs vins », qu'à Châtillon « la seule récolte surabondante est en vin », qu'à Barnave « la moitié du prix retiré du vin est annuellement employé à l'achat de grains » : Châtillon-en-Diois produisait alors 2 000 charges ; Poyols, 600 ; Barnave, 800 : Montlaur-en-Diois, 300. La charge était de deux quintaux.
La grande difficulté est alors de vendre cette surproduction. Les vignerons constatent et regrettent que la vente de leurs vins ne puisse « se faire qu'à dos de mulets » et au bon gré des muletiers. Du coup, « le vin se débite comme on peut », se plaint un édile et son « prix modique ne peut exciter l'activité et l'émulation du cultivateur ».
La solution existe dans l'ouverture de nouvelles routes en lieu et place des chemins muletiers. Si Châtillon préconise une route vers le Trièves par le col de Menée, Barnave réclame la sienne vers Gap par le col de Cabre. Et chaque commune viticole d'espérer que « par le concours considérable d'acheteurs » qui ne manqueraient pas de se présenter, les cultivateurs du haut Diois pourraient alors « perfectionner la qualité » de leur production.
Période contemporaine
Au milieu du XXe siècle, les « vins du Maupas » ou du « clos Gouyarde » sont particulièrement recherchés. À tel point, que dans les années 1950, le président du syndicat des vignerons tente d'obtenir l'appellation « côtes du Bez »[6]. Son rêve se réalise, en partie, puisqu'un arrêté daté du fait entrer dans la catégorie des VDQS les vins produits uniquement sur la commune de Châtillon-en-Diois.
La consécration arrive pourtant vingt ans plus tard pour ce vignoble de montagne. Le , treize communes du haut Diois sont reconnues aptes par la qualité de leur production à accéder à l'appellation d'origine contrôlée. Le cahier des charges de l’appellation a été modifié en février[7] puis en décembre 2024[8].
Vignoble
Le vignoble s'étend sur des coteaux argilo-calcaires, situés entre 500 et 600 mètres d'altitude et bien protégés du vent du nord par les falaises du Vercors. Plus de la moitié du vignoble s'étend en un « damier de verts contraste » sur le piémont du Glandasse[9] et sur la commune de Châtillon. À Luc-en-Diois, un gigantesque éboulement, provoqué à la base des calcaires tithoniques[10] par le décollement d'un ban marneux, le Clap, a barré la vallée de la Drôme qui le franchit en cascade.
Les onze communes[11] (soit treize localités) de cette appellation sont : Barnave, Châtillon-en-Diois, (pour la partie correspondant au territoire des communes déléguées de Châtillon-en-Diois et Treschenu-Creyers, au 1er janvier 2019), Laval-d'Aix, Luc-en-Diois, Menglon, Montlaur-en-Diois, Montmaur-en-Diois, Poyols, Recoubeau-Jansac, Saint-Roman et Solaure-en-Diois.
Climatologie
Le Diois se situe à la frontière des Alpes et de la Provence, ce qui lui donne une grande diversité biologique. Le col de Rousset (altitude 1367 mètres) porte d'entrée nord du Diois en venant du Vercors est considéré comme la frontière géographique et climatique entre Alpes du Nord et Alpes du Sud.
L'été est sec, les journées chaudes mais les nuits toujours fraîches. Sans parler des sommets enneigés tout l'hiver jusqu'au printemps (contreforts du Vercors : montagne du Glandasse, réserve naturelle des hauts plateaux), dans le reste de la vallée l'hiver est froid et souvent neigeux, en particulier du côté du col de la Croix-Haute. L'été les températures peuvent monter jusqu'à 40 degrés et l'hiver descendre à –15 degrés.
La station météorologique de Die (à 384 mètres d'altitude : 44° 46′ 03″ N, 5° 20′ 36″ E)[12] se situe dans la vallée de la Drôme, en aval de l'aire d'appellation.
| Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Température minimale moyenne (°C) | −1,7 | −1,8 | 0,9 | 3,8 | 7,8 | 11,2 | 13,1 | 12,9 | 9,6 | 6,6 | 2,2 | −1 | 5,3 |
| Température moyenne (°C) | 3,4 | 4,3 | 7,8 | 10,8 | 14,8 | 18,8 | 21,3 | 21 | 16,7 | 12,8 | 7,4 | 3,7 | 11,9 |
| Température maximale moyenne (°C) | 8,4 | 10,3 | 14,6 | 17,8 | 21,9 | 26,3 | 29,4 | 29,1 | 23,9 | 18,9 | 12,6 | 8,5 | 18,5 |
| Nombre de jours avec gel | 19,5 | 18,7 | 14,3 | 5,2 | 0,3 | 0 | 0 | 0 | 0 | 2 | 10,2 | 18 | 88,2 |
| Ensoleillement (h) | 107,3 | 131,7 | 176,6 | 175,5 | 226,3 | 227,7 | 281,2 | 265,5 | 159 | 112,1 | 86,3 | 75,6 | 2 024,8 |
| Précipitations (mm) | 70,6 | 51,4 | 62,1 | 82,4 | 86,7 | 69,4 | 61,8 | 66,9 | 97,5 | 98,1 | 114,2 | 78 | 939,1 |
| Diagramme climatique | |||||||||||
| J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
| Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm | |||||||||||
Encépagement
Les vins rouges et rosés sont issus principalement du gamay N (la proportion doit être égale ou supérieure à 60 % de l'encépagement[14]), et accessoirement du pinot noir N et de la syrah N[7]. A noter que le cahier des charges mentionne également que le gamay N doit représenter au minimum 75%, alors que des sources spécialisés[15],[14] mentionnent bien 60 %.
Les vins blancs sont issus des cépages aligoté B et chardonnay B, sans contrainte d'assemblage.
Vins
Le rendement de base a été fixé à 50 hectolitres / hectare (pouvant être ramené à 45 hl/ha en fonction de l'écartement entre les rangs et de la surface par pied) avec un rendement buttoir de 60 hl/ha. La teneur minimale en sucre des moûts doit être d'au moins 170 g / l pour les blancs et les rosés, et de 171 g / l pour les rouges.
Les données de production des années récentes, telles que publiées par les Douanes, sont[16] :
| Année | châtillon-en-diois rouge | châtillon-en-diois rosé | châtillon-en-diois blanc | ||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| superficie (ha) | production (hl) | rendement (hl/ha) | superficie (ha) | production (hl) | rendement (hl/ha) | superficie (ha) | production (hl) | rendement (hl/ha) | |
| 2020 | 15 | 747 | 49 | 6 | 289 | 51 | 18 | 797 | 45 |
| 2021 | 17 | 739 | 44 | 3 | 158 | 51 | 17 | 690 | 43 |
| 2022 | 14 | 746 | 44 | 3 | 169 | 53 | 19 | 962 | 50 |
| 2023 | 15 | 727 | 49 | 4 | 212 | 53 | 18 | 811 | 44 |
| 2024 | 14 | 377 | 26 | 6 | 150 | 27 | 14 | 180 | 17 |
Terroir et vin
Tandis qu'à Châtillon les « terres noires » affleurent dans les collines qui émergent des terrasses du Bez, sa cuvette est dominée par des falaises du thitonique, dont le calcaire s'est faillé sur place ou ployé brusquement. Le vignoble qui tapisse les éboulis qui en sont issus produit des vins rouges bouquetés et légers à boire dans leur prime jeunesse ainsi que des blancs assez corsés caractérisés par un nez d'herbes et de fleurs alpestres.
Gastronomie
Le vin rouge doit être apprécié dans sa jeunesse à une température de dégustation de 15-16 °C. Les rosés pour conserver leur fruité demandent une température de service d'environ 8-10 °C. Ces vins blancs peuvent être stockés pendant 4-6 ans. Leur température de service optimale est de 8-10 °C.
Commercialisation
Principaux producteurs de l'appellation
Notes et références
- ↑ Décret du 14 octobre 2009
- ↑ Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
- ↑ « Open Data | Portail de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects », sur www.douane.gouv.fr (consulté le )
- ↑ Le naturaliste précise les moyens «naturels » utilisés pour obtenir ce vin liquoreux : torsion du pédoncule de la grappe, fente du sarment, séchage du raisin sur des tuiles plates. Ce passerillage augmentait la teneur en sucre et permettait d’avoir un degré alcoolique élevé, qui empêchait la transformation de la totalité du sucre en alcool. Il cite deux cépages bien adaptés à ce traitement : helvennaca et diachytos.
- ↑ Cf. É. Sauve, op. cité.
- ↑ Le Bez est le torrent qui traverse la commune et le village de Châtillon-en-Diois.
- « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « CHÂTILLON-EN-DIOIS » » [PDF], homologué par l'arrêté du publié au JORF le .
- ↑ « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « CHÂTILLON-EN-DIOIS » » [PDF], homologué par l'arrêté du publié au JORF du .
- ↑ Le Glandasse, énorme massif urgonien, culmine à 2 025 mètres.
- ↑ Calcaire formé au cours du jurassique supérieur.
- ↑ Ces treize communes font aussi partie des trente-deux communes de l'AOC Clairette-de-Die.
- ↑ « 26113003 – DIE – CHAMARGES » [PDF].
- ↑ « Fiche 26113003 Die » [PDF], sur donneespubliques.meteofrance.fr.
- « AOC Châtillon-en-Diois | Vins Rhône », sur www.vins-rhone.com (consulté le )
- ↑ François Collombet, Cépages & Vins. Ces raisins qui font les bonnes bouteilles., Malakoff, Dunod, , 319 p. (ISBN 978-2-10-081504-3), p. 301
- ↑ « Portail de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects : superficies et volumes en production par produit », sur douane.gouv.fr (consulté le ).
Bibliographie
- Étienne Sauvan, Évolution économique du haut Diois, Revue de Géographie alpine, no 9, 1921.
- Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, T. XIV, Éd. J. André, Paris, 1958.
- Henri Desaye, La vigne et le vin à travers l'histoire de Die et du Diois, Bulletin de la Société d'Archéologie et de Statistique de la Drôme, LXXVIII, 1972.
- Denis Chevallier, Des villages et des ronces, le canton de Châtillon-en-Diois face au changement, Éd. Curendera, 1981.
- INAO, Délimitation parcellaire de Châtillon-en-Diois (AOC), rapports des experts, Paris, 1982.
- Ouvrage collectif, Vins, vignes et vignerons du Diois, Cahiers culturels du Parc du Vercors, no 4, Éd. La Manufacture, Die, 1983.
- Charles Pomerol, sous la direction de, Terroirs et vins de France. Itinéraires œnologiques et géologiques, Éd. du BRGM, Orléans, 1990.
Voir aussi
Lien interne
Lien externe
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