Liste des comtes de Forcalquier

La liste des comtes de Forcalquier présente les différents possesseurs du titre de comte ou de comtesse, ayant gouverné le comté de Forcalquier, entre le début du XIIe siècle et le début du siècle suivant. Le territoire Forcalquier ou pays de Forcalquier est situé dans la partie sud-ouest du département français des Alpes-de-Haute-Provence, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur,

Histoire

Les règles de succession du comté de Provence voulaient que les fils d'un comte lui succèdent ensemble et règnent sur le comté de manière indivise. Le comte, Foulques Bertrand ( ), possède en propre le château de Forcalquier. Ses deux fils lui succèdent, Guillaume V et Geoffroi II[2]. Les auteur anciens ont avancé la création du comté de Forcalquier au démembrement du comté de Provence par Geoffroi II[2]. La famille comtale de Provence s'éteint en 1093 et trois familles se partagent la Provence : la maison de Toulouse, celle de Barcelone et celle d'Urgell. Les conflits d'intérêts entre ces familles ne permettent pas de maintenir l'indivision sur le comté et à l'issue des guerres baussenques est procédé au partage du comté entre les trois maisons.

Varano souligne toutefois que « l’apparition officielle du comté ne peut se placer avant 1110 »[2]. Adélaïde/Azalaïs († entre /1150[3]), fille de Guillaume V, comte de Provence, et d'Adélaïde de Cavenez, est l'héritière d'une des deux ramifications de la branche cadette des comtes de Provence[4]. Elle épouse, avant 1080, Armengol/Ermengaud IV ( ), comte d'Urgell[5],[4]. Elle se qualifie de comtesse de Forcalquier (Adalais comitissa Fulcheriensis), dans un acte, interprété majoritairement par l'historiographie, comme étant l'année 1110[6]. Jean-Pierre Poly avançait pour sa part celle de /1106[7],[6]. Cet usage du titre de comtesse de Forcalquier, dans un acte de transaction avec l'évêque de Sisteron, permet à Adélaïde de « formaliser un état de fait », « œuvrant probablement sur deux fronts : le premier relatif à sa dimension politique dans le cadre plus global du comté de Provence ; le deuxième plus local, dans un rapport ambiguë avec l’autorité épiscopale. »[8]

Son fils, Guillaume III, dans l'acte de 1110, porte le titre de marquis de Provence (v. 1110)[4],[9]. Poly le mentionne comme comte de Provence[10]. L'historiographie dans son ensemble le désigne comme l'héritier du comté de Forcalquier. Mort prématurément en 1129 et laissant deux fils Bertrand et Guigues, sa mère doit intervenir pour la succession[11].

À la mort du dernier comte, Guillaume IV de Forcalquier, en 1209, ses biens passent à sa fille Garsende de Forcalquier († av. ) et son époux Rainon/Raynon/Rainier I/III de Sabran, seigneur du Caylar, baron d'Ansouis, comte d'Ariano, co-seigneur d'Uzès[12]. Le comté est partagé entre leurs filles et leurs époux, Garsende qui a épousé Alphonse II, comte de Provence, et Béatrice, qui a épousé Guigues VI de Bourgogne, dauphin de Viennois[13]. La partie sud revient à Garsende de Sabran qui cède, avec l'accord de son père, ses droits à son fils Raimond-Bérenger V[4], tandis que le dauphin de Viennois hérite de la partie nord, avec Gap et Embrun[13].

Le comte de Provence Raimond-Bérenger V unit alors les titre de « comte de Provence et Forcalquier », que ses successeurs conservèront ses successeurs jusqu’à la Révolution[13].

Guillaume de Sabran, contestant la succession, se prétend de 1209 à 1220 comte de Forcalquier[14]. Ce dernier est le fils de Giraud II Amic de Sabran (v. 1130  ), connétable du comte de Toulouse, et d'Alix de Forcalquier, fille de Bertrand Ier[14]. Une sentence arbitrale du lui accorde la moitié sud du comté de Forcalquier, jusqu'à la Durance[15].

Lorsque la Provence est unie au royaume de France, en 1481-1482. Le roi de France porte possède désormais pour cette province le titre de « comte de Provence, Forcalquier et terres adjacentes »[13].

Liste des comtes

Dates Nom(s) Éléments biographiques
v. 1110 Azalaïs/Adélaïde de Forcalquier
(† entre /1150)
épouse (avant 1080) Ermengaud/Armengol IV d'Urgell ( )

Porte le titre dans un acte de 1110 et semble présente auprès de ses petits-fils[6].

1110 - 1129 Guilhem/Guillaume III d'Urgel, dit de Forcalquier
( )
Fils des précédents.

marié à Gersende/Garsende d'Albon, fille de Guigues III d'Albon, dauphin du Viennois.

1129/1149 Guigues d'Urgel, dit de Forcalquier Fils des précédents.
1149/50 - 1150/51 Bertrand Ier d'Urgel, dit de Forcalquier
(† av. )
Frère du précédent.

marié à Josserande de Flotte.

1207 - 1209 Guilhem/Guillaume IV d'Urgel, dit de Forcalquier
( )
Fils aîné du précédent.

marié à Adélaïde de Béziers.

1150/51 - 1207 Bertrand II d'Urgel, dit de Forcalquier
( )
Frère cadet du précédent, il semble partager le titre indivis de comte

marié à Cécile de Béziers.

1209 (?) Alix/Adélaïde d'Urgel, dite de Forcalquier Sœur des précédents (FMG/Medlans) ou fille de Guillaume IV (Varano, 2011).

mariée à Giraud II Amic de Sabran ( ), seigneur de Châteauneuf, du Thor et de Jonquières [14],[16].

- Garsinde/Garsende de Forcalquier
(† av. )
Fille de Guillaume IV. Connue sous le nom de comtesse de Forcalquier et dame de la Tour d'Aigues.

mariée à Rainon/Raynon/Rainier I/III de Sabran, seigneur du Caylar, baron d'Ansouis, comte d'Ariano, co-seigneur d'Uzès[12].

1209 Garsinde/Garsende de Sabran
(v. 1180 † av. )
Fille des précédents. Avec l'accord de son père, elle cède le comté à son fils Raymond

Bérenger et, en cas de décès de celui-ci, à sa sœur Garsende de Provence.
mariée (1193) à Alphonse II d'Aragon ( ), comte de Provence[4].

1209 Raimon/Raimond-Bérenger V de Provence
( )
Fils des précédents.

réunion des comtés de Forcalquier et de Provence[4].

1209 - 1220 Guillaume de Sabran
(† av. )
Fils d'Alix/Adélaïde de Forcalquier et Giraud II Amic de Sabran.

revendique les droits sur le comté, portant le titre jusqu'à une sentence arbitrale de 1220[14],[16] (Guillelmi de Sabrano comitis Forcalcherensis).

Généalogique des comtes de Forcalquier

Tableau généalogique des comtes de Forcalquier[17].

Notes et références

  1. Hélène Lézaud, Henri Lavagne, « « Dans la vieille tour d’Aigues ». Un relevé par Peiresc de l’emblématique peinte dans le château de la Tour d’Aigues (Vaucluse) », Journal des savants, no 1,‎ , p. 185 (lire en ligne).
  2. Varano 2011, p. 444.
  3. Varano 2011, p. 446, 459.
  4. Elzière 1999, p. 430.
  5. Poly 1976, p. 318.
  6. Varano 2011, p. 445-446.
  7. Poly 1976, voir également sa thèse Catalogue des actes des comtes de Provence (1972), pp. 110-111, no 223, p. 98, 155.
  8. Varano 2011, p. 446.
  9. Varano 2011, p. 447.
  10. Poly 1976, p. 34.
  11. Varano 2011, p. 454.
  12. Elzière 1999, p. 424-425, 438.
  13. Régis Bertrand, La Provence des rois de France : -, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. « Le temps de l'histoire », , 1re éd., vol., 339 p., 16 × 24 cm, br. (ISBN 978-2-85399-845-1, présentation en ligne, lire en ligne ).
  14. Elzière 1999, p. 429.
  15. Varano 2011, p. 486.
  16. Varano 2011, p. 483, 486.
  17. Varano 2011, p. 449.

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages récents

  • Jean-Bernard Elzière, « Notes sur les coseigneurs de la cité d'Uzès au Moyen Âge », Congrès archéologiques de France, Derache (Paris) A. Hardel (Caen),‎ , p. 429 et suivante (lire en ligne) (lire en ligne sur Gallica).
  • Florian Mazel, La noblesse et l'Église en Provence fin Xe - début XIVe siècle, Paris, CTHS, , 803 p. (ISBN 978-2-7355-0503-6, LCCN 2005397122).
  • Mariacristina Varano (thèse soutenue à l'université d'Aix-Marseille I), Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge (IXe-XIIIe siècles). L'exemple de Forcalquier et de sa région, , 1007 + 132 (lire en ligne [PDF]).

Ouvrages anciens

  • Jean-Pierre Poly, La Provence et la société féodale : 879-1166, contribution à l'étude des structures dites féodales dans le Midi, Paris, Bordas, , 431 p. (lire en ligne).
  • Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle : études d'histoire et de géographie politique. Tome 1, Picard, , 988 p. (lire en ligne).
  • Guy de Tournadre, Histoire du comté de Forcalquier (XIIe siècle), Paris, éd. Aug. Picard, , 250 p..

Articles connexes

Liens externes

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