Cabinet Merz

Cabinet Merz
(de) Kabinett Merz

République fédérale d'Allemagne

Les chefs de partis lors de la signature de l'accord de coalition.
Président fédéral Frank-Walter Steinmeier
Chancelier fédéral Friedrich Merz
Vice-chancelier Lars Klingbeil
Élection 23 février 2025
Législature 21e
Formation
Durée 3 mois et 21 jours
Composition initiale
Coalition CDU/CSU-SPD
Ministres 17
Femmes 8
Hommes 9
Représentation
Bundestag
328  /  630

Le cabinet Merz (en allemand : Kabinett Merz) est le gouvernement fédéral de la République fédérale d'Allemagne depuis le , sous la 21e législature du Bundestag.

Il est dirigé par le chrétien-démocrate Friedrich Merz et formé après les élections fédérales anticipées du 23 février 2025. Il se compose de 17 ministres, dont un porte le titre de vice-chancelier.

Majoritaire au Bundestag, il est constitué d'une « grande coalition » entre les Unions chrétiennes CDU/CSU et le Parti social-démocrate.

Il succède au cabinet Scholz, qui assumait la gestion des affaires courantes depuis les élections fédérales.

Historique du mandat

Ce gouvernement est dirigé par le nouveau chancelier fédéral chrétien-démocrate Friedrich Merz. Il est constitué et soutenu par une « grande coalition » entre l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), l'Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) et le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Ensemble, ils disposent de 328 députés sur 630, soit 52,1 % des sièges du Bundestag.

Il est formé à la suite des élections fédérales anticipées du 23 février 2025.

Il succède donc au cabinet du social-démocrate Olaf Scholz, initialement constitué d'une coalition « en feu tricolore » entre le Parti social-démocrate, l'Alliance 90/Les Verts (Grünen) et le Parti libéral-démocrate (FDP), puis d'une coalition « rouge-verte » minoritaire après le départ du FDP dans le cadre de la crise politique de novembre 2024.

Formation

Lors des élections législatives, la CDU/CSU arrive en tête avec plus de 28 % des voix, devant l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui réalise avec près de 21 % des suffrages un résultat historique pour un parti d'extrême droite. Le Parti social-démocrate s'effondre avec environ 16 % des voix tandis que les Grünen reculent à presque 12 % et que le Parti libéral-démocrate échoue à franchir le seuil électoral de 5 %, ce qui l'exclut de toute représentation au Bundestag. La formation d'une « grande coalition » est présentée comme l'option la plus probable[1].

Les échanges entre la CDU/CSU et le SPD commencent le [2]. Le — quatre jours après la conclusion d'un accord historique sur une réforme du frein à l'endettement qui exempte les dépenses en matière de défense et d'infrastructures[3] —, Friedrich Merz et les présidents de la CSU Markus Söder et du SPD Lars Klingbeil et Saskia Esken indiquent avoir conclu un accord de principe pour former un gouvernement commun[4]. Les négociations de coalition s'ouvrent le [5] et se concluent positivement le [6]. Le contrat de coalition est formellement signé le par les présidents de la CDU, de la CSU et du SPD[7].

Le , la CDU puis la CSU dévoilent les noms de leurs ministres fédéraux[8]. Le SPD révèle le que son co-président Lars Klingbeil sera vice-chancelier et ministre fédéral des Finances[9] et le reste de son casting ministériel est présenté le [10].

Comme annoncé le par le Bundestag[11], la séance d'élection de Friedrich Merz au poste de chancelier fédéral est organisée le . Lors du premier tour de scrutin, il échoue, ce qui constitue une première dans l'histoire de l'Allemagne fédérale, en obtenant 310 voix, soit six de moins que la majorité absolue et 18 voix de moins que le total de sa coalition[12]. Il est finalement élu lors du second tour, organisé quelques heures plus tard, avec 325 voix favorables[13]. Le nouveau chancelier est assermenté dans la foulée puis le président fédéral Frank-Walter Steinmeier procède à la nomination des ministres fédéraux[14]. Trois jours plus tard, le ministre fédéral de la Numérisation Karsten Wildberger, seul indépendant du cabinet, adhère à la CDU[15].

Programme de coalition

L'accord de coalition entre la CDU/CSU et le SPD, long de 146 pages, présente peu de surprises et combine les revendications et les priorités des deux forces politiques. Il prévoit ainsi une restriction de la politique migratoire notamment en limitant le regroupement familial et en abrogeant les procédures accélérées de naturalisation instaurées par le cabinet Scholz. Sur la fiscalité, les impôts des classes moyennes diminueront à partir de et ceux des entreprises en . Le salaire minimum pourrait être relevé à 15  dès . Un service militaire volontaire sera mis en œuvre, le budget de la Défense sera significativement relevé et le gouvernement apportera un « soutien complet » à l'Ukraine dans le cadre de l'invasion russe. Ainsi, la CDU a dû renoncer à des baisses d'impôt massives, au retrait de la double nationalité pour les délinquants et au rétablissement de la conscription, tandis que le SPD a abandonné l'augmentation de la fiscalité sur les grandes fortunes[16],[17].

Selon les termes de l'accord, la CDU dirigera les ministères de l’Économie, des Affaires étrangères, de l’Éducation, de la Santé et des Transports ainsi qu’un nouveau ministère de la Numérisation et de la Modernisation de l'État. Le SPD conservera le ministère de la Défense et détiendra les ministère des Finances, de la Justice, du Travail, de l'Environnement, de la Coopération et du Logement. Enfin, la CSU disposera des ministères de l'Intérieur, de la Recherche et de l'Agriculture[16].

Le , la direction de l'Union chrétienne-sociale ratifie le contrat de coalition à l'unanimité[18]. La conférence fédérale de l'Union chrétienne-démocrate en fait de même le à une « majorité écrasante » selon la direction, sans préciser s'il y a eu des oppositions ou des abstentions[19]. Le Parti social-démocrate publie le les résultats de son référendum interne, qui indiquent que le contrat de coalition a été approuvé par 86 % des votants, soit dix points de plus qu'en et vingt de plus qu'en , avec un taux de participation de 56 % des inscrits, en recul de vingt points par rapport aux deux précédentes consultations[20].

Composition

Fonction Titulaire Parti
Chancelier fédéral Friedrich Merz CDU
Vice-chancelier
Ministre fédéral des Finances
Lars Klingbeil SPD
Ministre fédéral de l'Intérieur Alexander Dobrindt CSU
Ministre fédéral des Affaires étrangères Johann Wadephul CDU
Ministre fédéral de la Défense Boris Pistorius SPD
Ministre fédérale de l'Économie et de l'Énergie Katherina Reiche CDU
Ministre fédérale de la Recherche, de la Technologie et de l'Espace Dorothee Bär CSU
Ministre fédérale de la Justice et de la Protection des consommateurs Stefanie Hubig SPD
Ministre fédérale de l'Éducation, de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse Karin Prien CDU
Ministre fédérale du Travail et des Affaires sociales Bärbel Bas SPD
Ministre fédéral de la Numérisation et de la Modernisation de l'État Karsten Wildberger CDU
Ministre fédéral des Transports Patrick Schnieder CDU
Ministre fédéral de l'Environnement, du Climat, de la Protection de la Nature et de la Sécurité nucléaire Carsten Schneider SPD
Ministre fédérale de la Santé Nina Warken CDU
Ministre fédéral de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Patrie Alois Rainer CSU
Ministre fédérale de la Coopération économique et du Développement Reem Alabali-Radovan SPD
Ministre fédérale du Logement, du Développement urbain et de la Construction Verena Hubertz SPD
Ministre fédéral avec attributions spéciales
Directeur de la chancellerie fédérale
Thorsten Frei CDU

Notes et références

  1. Elsa Conesa, « Législatives en Allemagne : les conservateurs de la CDU/CSU remportent des élections marquées par le score historique de l’extrême droite », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Cécile Boutelet, « En Allemagne : début des négociations de coalition entre la CDU/CSU et le SPD », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. AFP, « Pour sa défense et son économie, l’Allemagne sort la grosse artillerie », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. AFP, « Les conservateurs allemands et les sociaux-démocrates concluent un accord de principe pour former un gouvernement », France Info,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (de) « Zum Auftakt nur eine halbe Stunde – Union und SPD starten Verhandlungen », Der Spiegel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. AFP, « En Allemagne, les conservateurs annoncent un accord de gouvernement avec les sociaux-démocrates », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. AFP, « En Allemagne, les conservateurs de Friedrich Merz signent un contrat de coalition avec le centre gauche », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (de) « Wadephul wird Außenminister - Wirtschaftsressort an Reiche », Tagesschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (de) « SPD-Chef Klingbeil soll neuer Vizekanzler werden », Tagesschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (de) « Das sind die SPD-Minister im Kabinett », Tagesschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. AFP, « Allemagne : Friedrich Merz devrait être élu chancelier le 6 mai prochain », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. AFP, « En Allemagne, le conservateur Friedrich Merz échoue à être élu chancelier au premier tour, un revers inédit », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. AFP, « Allemagne : le conservateur Friedrich Merz élu chancelier au deuxième tour après un échec inédit au premier », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. AFP, « Allemagne : fin du flou, Friedrich Merz a prêté serment comme chancelier et nomme les ministres du gouvernement », RTBF,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (de) DPA, « Karsten Wildberger ist jetzt CDU-Mitglied », Die Zeit,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Elsa Conesa, « Friedrich Merz, le nouveau chancelier allemand, présente son accord de coalition : immigration illégale, impôts, « bureaucratie » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Julien Chabrout, « Allemagne : ce que contient l’accord de gouvernement entre les conservateurs et le centre gauche », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. (de) « CSU stimmt Koalitionsvertrag zu », ZDF,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (de) « Auch CDU stimmt dem Koalitionsvertrag zu », Tagesschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. (de) « SPD-Mitglieder stimmen Koalitionsvertrag zu », Die Zeit,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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