Avaris

Avaris
Ville d'Égypte antique

Fragment de fresque de style minoen découvert dans le palais de la XVIIIe dynastie d'Avaris
Noms
Nom égyptien ancien Hout Ouaret
Nom grec Avaris
Nom actuel Tell el-Daba
Administration
Pays Égypte
Région Basse-Égypte
Nome 19e : Nome inférieur de l'Enfant royal
Géographie
Coordonnées 30° 48′ 00″ nord, 31° 50′ 00″ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Égypte
Avaris
Géolocalisation sur la carte : Égypte
Avaris

Avaris est le site de l'ancienne capitale des Hyksôs, un peuple qui règne sur l'Égypte antique à la fin de la Deuxième Période intermédiaire (XVe dynastie). C'est un royaume d'origine proche-orientale, qui gouverne la Basse-Égypte et s'étend sur le Levant[1]. La cité a été retrouvée à Tell el-Dab'a, dans le Delta oriental.

Histoire

Moyen Empire

Le site es occupé dès le Moyen Empire, puisqu'un temple des XIe et XIIe dynasties a été découvert à Ezbet Rushdi, au nord du site, ainsi qu'un temple de Seth. Mais la ville des Hyksôs est implantée plus au sud, à Ezbet Helmi, où une enceinte et une forteresse ont été dégagées. L'archéologue autrichien Manfred Bietak a fouillé le site ainsi que celui de Pi-Ramsès. Ce dernier site, situé un peu plus au nord, est la capitale de l'Égypte sous Ramsès II (XIXe dynastie). Elle englobe la ville d'Avaris, qui forme ainsi en quelque sorte un faubourg méridional de la nouvelle capitale ramesside.

Deuxième période intermédiaire

Les fouilles ont révélé des tombes caractéristiques de la période hyksôs, avec un mobilier funéraire riche en armes et en scarabées portant les noms des pharaons régnants. Furent également trouvées des casernes et des vestiges d'autres bâtiments, qui pourraient être des chapelles ou de petits temples royaux.

Dans ce quartier, qui devait former la nécropole de la ville, non loin de la forteresse qui gardait l'accès par le Nil, deux sculptures de notables fortement martelées ont été découvertes. Leurs coiffures atypiques sont un trait particulier de ces « envahisseurs » hyksôs. Les Égyptiens les vainquent lors du conflit qui les oppose, dirigés par les souverains thébains de la XVIIe dynastie.

Des traces de ce conflit ont été découvertes dans le secteur de la citadelle, qui sera réutilisée par la suite comme palais. En effet, l'étude stratigraphique du site a révélé une couche de cendres caractéristique d'une destruction par un incendie. Elle confirme que la ville avait subi les assauts des Égyptiens du sud, l'Histoire venant ainsi confirmer la légende. De nombreuses pointes de flèches et traces de combats se rajoutent à ces découvertes, attestant que le siège de la ville a bien eu lieu. Ils valident les récits autobiographiques d'Ahmès, fils d'Abana, qui suivait Ahmosis lors de son expédition militaire, à la veille de la XVIIIe dynastie.

Nouvel Empire

Le roi Thoutmôsis III installe un palais sur les ruines de la citadelle hyksôs, qu'il rebâtit pour la circonstance. Ces ruines dominent une enceinte crénelée longeant le bras du fleuve qui traverse la ville ainsi protégée. On y accède par une rampe à une haute plateforme, sur laquelle se trouve le palais encadré de tours à l'image d'un château fort. Il est composé d'une cour à péristyle, qui précède les appartements royaux et diverses salles de réception et annexes. Dans ces salles ont été découverts récemment les restes de fresques de style minoen, qui ont étonné en raison du lieu de leur découverte et de leur qualité si proche de celles de Cnossos. Elles forment un élément de comparaison et de datation des deux civilisations, inespéré pour les archéologues.

Ces peintures représentent la scène singulière de tauromachie, dont on peut encore voir des restitutions sur le site de la capitale de la Crète d'alors. Elles confirment que l'Égypte était en contact avec la thalassocratie minoenne, ce que des représentations de tombes thébaines nous avaient déjà appris. Mais elles attestent aussi que les cours royales entretenaient des liens étroits, allant jusqu'à des échanges culturels de qualité.

Dans un article publié en 2010, l'archéologue Manfred Bietak a proposé une théorie selon laquelle le grand arsenal et port pharaonique de Perou-Nefer devait se situer à Avaris[2].

Pendant la XIXe dynastie, Avaris retrouve son importance passée lorsque le pharaon Ramsès II[3] fonde sa nouvelle capitale à deux kilomètres au nord de l'ancien emplacement. Cette cité est appelée Pi-Ramsès Âa-nakhtu, ce qui signifie domaine de Ramsès, grand en victoires, bien qu'elle soit en fait construite sous le règne d'Horemheb.

La décision de Ramsès II de transférer son gouvernement et ses résidences si loin au nord de Thèbes tient à des raisons géopolitiques. Elle le rapproche des Philistins, des vassaux agités du Proche-Orient et de sa frontière avec les Hittites. Les espions et les diplomates atteindraient ainsi le pharaon bien plus rapidement. Le corps principal de l'armée stationnait dans la ville et pouvait être rapidement mobilisé.

Le site reste occupé tout au long du Nouvel Empire, en raison de sa proximité avec la capitale ramesside. Il disparait pour les mêmes raisons. Ses temples et ses palais servent de carrières pour les constructions de la XXIe dynastie, plus au nord, à Tanis, et même plus tard à Alexandrie, où des éléments du temple de Seth ont été découverts, engloutis au large de l'île de Pharos.

Notes et références

  1. Damien Agut et Juan Carlos Moreno-García, L'Égypte des pharaons, Belin, , p. 298
  2. (en) Manfred Bietak, « Minoan presence in the pharaonic naval base of "Peru-Nefer" », British school at Athens studies,‎ , p. 11-24.
  3. Ahmed Osman, The Hebrew Pharaohs of Egypt, 1999.

Bibliographie

  • Avaris and Piramesse : Archaeological exploration in the Eastern Nile Delta, Mortimer Wheeler archaeological lecture, Oxford University Press, Oxford, 1981.
  • Avaris, the capital of the Hyksos, recent excavations at Tell el-Dab, British Museum Press, London, 1995.

Liens externes

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