Aqueduc de l'Yzeron
| Aqueduc de l’Yzeron | ||||
| Les deux piles du Tourillon à Craponne partie restante du support du réservoir intermédiaire du siphon double de l'aqueduc de l'Yzeron | ||||
| Localisation | ||||
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| Pays | France | |||
| Lieu | Rhône | |||
| Type | Aqueduc | |||
| Protection | Inscrit MH (1982) [1] | |||
| Coordonnées | 45° 44′ 59″ nord, 4° 44′ 07″ est | |||
| Histoire | ||||
| Époque | 9 av. J-C. | |||
| Géolocalisation sur la carte : métropole de Lyon
Géolocalisation sur la carte : Rhône
Géolocalisation sur la carte : France
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L’aqueduc de l'Yzeron (parfois nommé aqueduc de Craponne) est l’un des quatre aqueducs antiques de Lyon desservant la ville antique de Lugdunum. Il doit son nom au fait qu'il puise l'eau sur le bassin hydrologique de la rivière Yzeron, affluent du Rhône. Contrairement aux autres aqueducs de la ville antique, il est constitué de plusieurs branches de captation.
Une existence controversée
L'aqueduc de l'Yzeron ne fut reconnu que tardivement par les archéologues et historiens lyonnais. Son existence même et sa destination firent l'objet de controverses jusqu'au début du XXe siècle.
Pierre Sala, dans son recueil manuscrit Les antiquités de Lyon rédigé vers 1520[2], identifie les actuels tourillons de Craponne, qu'il appelle tour raix, comme faisant partie des aqueducs alimentant la ville de Lugdunum : « Il ya encoures des ses aqueductus pres greizieu, quon appelle la tour raix et mesmement, le vulgaire quest adire la ou passoit l’eaue comment lon dict a [ ] en latin aquis cest eaux. »
Guillaume Marie Delorme n'en fait pas mention dans son mémoire de 1760[3]. En 1840 Alexandre Flachéron[a] cite un aqueduc souterrain amenant les eaux de l’Yzeron et d’autres ruisseaux, mais il pense qu'il alimentait l'hypothétique camp de légionnaires établi sur le plateau entre le pont d'Alaï et Craponne, auquel il croit que se rattachaient les tourillons[4].
Jérôme Chipier[b] le premier, en 1862, identifie un quatrième aqueduc alimentant la ville de Lugdunum, distinct de l'aqueduc de la Brévenne et recevant les eaux de l'Iseron [sic], qu'il appelle aqueduc du Tourillon[5] et il comprend la fonction de cet édifice appelé Tourillons : « Ces deux piles, en ruine, sont les restes du réservoir de chasse qui recevait les eaux de l'Iseron et des sources du versant oriental de ces montagnes. »
François Gabut[c], en 1880, qualifie l'aqueduc de l'Yzeron ou de Craponne d'imaginaire. Il comprend que l'édifice des Tourillons a été bâti pour servir de ventouse entre deux siphons et en livre une restitution assez exacte, mais il affirme qu'il résulte d’un tracé abandonné de l'aqueduc de la Brévenne et n'a jamais servi. Selon lui, « les canaux de petite dimension que l'on peut rencontrer à Grézieux, à Pollionay, à Vaugneray etc ., etc., sont des débris de petits aqueducs qui dérivaient des sources, pour le service de villas romaines bâties dans la campagne[6]. »
Le baron Achille Raverat en 1887 établit le tracé d'un aqueduc depuis Saint-Bonnet-le-Froid jusqu'à Trion, comportant un double siphon dont le Tourillon est le support du réservoir intermédiaire et dont il retrouve des vestiges dans la vallée du Ratier, ou ruisseau d'Alaï, mais qu'il fait arriver par erreur au rampant des Massues (qui appartient en fait à l'aqueduc de la Brévenne)[7]. Il adjoint à son mémoire le profil en long et le plan de cet aqueduc, qu'il appelle aqueduc de Saint-Bonnet.
À la suite de la publication des travaux du baron Raverat, François Gabut reprend ses recherches sur l'aqueduc de L'Yzeron. Il explore et décrit en détail les vestiges des différentes ramifications des aqueducs de Vaugneray et de Pollionnay mais reste convaincu qu'ils étaient affectés à des usages simplement ruraux[8]. Après une étude approfondie il maintient également que les Tourillons de Craponne n'étaient pas un ouvrage destiné à la dérivation des eaux du bassin de l'Yzeron, mais un ouvrage abandonné par suite d'un changement de tracé de l'aqueduc de la Brévenne[9].
La publication en 1895 par Steyert de la carte qu’Artaud avait dessinée d’après des documents perdus de Delorme[10] révèle que celui-ci, après la publication de son mémoire de 1760, avait bien identifié ce quatrième aqueduc alimentant Lugdunum. Gabut maintient cependant son opinion, affirmant que le tracé établi par Delorme est profondément erroné[11].
Les travaux de Germain de Montauzan sur l’aqueduc de Craponne publiés en 1908[12] mettent un terme à ces controverses.
Historique
Selon Camille Germain de Montauzan, l'aqueduc de l'Yzeron fut le second dans l'ordre de construction, durant le règne d'Auguste, peut-être vers l'an 9 avant Jésus-Christ[13]
Description
L'aqueduc d'Yzeron, le deuxième construit dans l'ordre chronologique, est aussi le deuxième plus court. Il est différent des trois autres en ce qu'il est le seul qui soit ramifié. Il prend sa source principale à Yzeron, mais d'autres existent, notamment à Pollionnay et Vaugneray. Les différentes canalisations confluent à Grézieu-la-Varenne et Craponne, d'où le nom d'« aqueduc de Craponne » donné à cet ouvrage par Camille Germain de Montauzan[14].
C'est un aqueduc qui comportait un siphon double, c'est-à-dire deux siphons successifs avec un réservoir intermédiaire terminant le premier et commençant le deuxième, dont les piles sur le lieu-dit du Tourillon à Craponne en sont les témoins. Ces piles supportaient le réservoir intermédiaire[15].
Contrairement aux aqueducs du Gier et des Monts-d'Or, l'ouvrage d'Yzeron prenait sa source à une altitude particulièrement élevée : 710 mètres à 715 mètres (mais 600 mètres pour la branche de Vaugneray). Toutefois, cela ne constituait pas forcément un atout, une pente trop forte pouvant entraîner une vitesse excessive de l'eau, et en conséquence une usure rapide de la structure du canal. Aussi cet aqueduc fut-il le lieu d'expérimentation du procédé des chutes brise-pente. Long de 26 à 40 kilomètres suivant les branches, il arrivait à une altitude estimée à 268 mètres, dans l'actuel quartier du Point-du-Jour[16]. Selon Camille Germain de Montauzan, son débit se situait entre 12 000 m3 jour−1 (129 L s−1) et 15 000 m3 jour−1 (176 L s−1)[17]. Les études actuelles se montrent moins assurées et Jean Burdy ne donne pas de volume.
Tracé
L’aqueduc traverse les communes actuelles d’Yzeron, Vaugneray, Pollionnay, Grézieu-la-Varenne, Craponne, Francheville, Tassin-la-Demi-Lune, le 5e arrondissement de Lyon[18].
Monument historique
Une partie des ruines de l’aqueduc est classée monument historique, notamment :
Notes et références
Notes
- ↑ Pierre Alexandre Pyrrhus Flachéron, architecte et dessinateur, est né à Lyon le et mort à La Guillotière (Lyon) le . Il est le fils de l'architecte Louis Cécile Flacheron.
- ↑ Jérôme André Chipier, maître menuisier et architecte, est né à Écully (Métropole de Lyon) le et mort en cette même ville le . Il est le père de l'architecte et égyptologue Charles Chipiez.
- ↑ Jean Baptiste Frédéric Gabut, chef du contentieux à la Compagnie Générale des Eaux, est né à Saint-Mards-en-Othe (Aube) le et mort à Saint-Gengoux-le-National (Saône-et-Loire) le .
Références
- « Aqueduc gallo-romain de l'Yzeron », notice no PA00117753, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- ↑ (frm) Pierre Sala, Antiquités de Lyon, etc. (Manuscrit conservé à la BNF, ms. 5447), c. 1520, 73 feuillets cotés A et de 1 à 72, petit in-quarto (lire en ligne sur Gallica), « Des ars qui sont partie à Lyon, partie dehors, près Sainct Hyrinier, Chappono, en plusieurs aultres lieux », fo 65 ro.
- ↑ Guillaume Marie Delorme, Recherches sur les aqueducs de Lyon construits par les Romains : lues dans les Séances de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Lyon, des 29 mai & 5 juin 1759, Lyon, impr.-libr. Aimé Delaroche, , 63 p., in-12 (BNF 30319667, lire en ligne).
- ↑ Alexandre Flachéron, Mémoire sur trois anciens aqueducs qui amenaient autrefois à Lyon les eaux du Mont-d’Or, de la Brévenne et du Gier : Suivi d’une notice sur un ancien cloaque de construction romaine, situé dans la rue du Commerce, et sur deux souterrains qui longent les bords du Rhône entre Saint-Clair et Miribel, Lyon, Imprimerie de L. Boitel, quai Saint-Antoine, 36, , 92 p., in-4 (lire en ligne), « Fondation de Lyon. - Etablissement d'un camp près de la ville », p. 10-11.
- ↑ Jérôme Chipier, « Seconde partie tenue à Lyon, le 18 septembre 1862 et jours suivants : Mémoire de M. Chipier », dans Congrès Archéologique de France, XXIXe session : Séances générales tenues à Saumur, à Lyon, au Mans, à Elbœuf et à Dives, en 1862, par la Société Française d'Archéologie pour la conservation des monuments historiques, Paris, Derache, rue du Boulot, 7, (lire en ligne sur Gallica), p. 454-461.
- ↑ François Gabut, Les eaux de Lyon sous les Romains, Lyon, Imprimerie du Salut Public, , 12 p. (lire en ligne), p. 4-5.
- ↑ Achille Raverat, Le nouveau pont d'Alaï et le tourillon de Craponne : (Recherches sur l'Aqueduc de Saint-Bonnet), Lyon, Imprimerie P. Mougin-Rusand, , 43 p. (lire en ligne).
- ↑ François Gabut, « Archéologie Romaine : Les Aqueducs Lyonnais », Revue du Lyonnais - Recueil historique et littéraire, Lyon, Imprimerie Mougin-Rusand, rue Stella, 3, cinquième série, t. IX, , p. 42-54 (ISSN 1256-0766, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ François Gabut, « Archéologie Romaine : Les Aqueducs Lyonnais », Revue du Lyonnais - Recueil historique et littéraire, Lyon, Imprimerie Mougin-Rusand, rue Stella, 3, cinquième série, t. IX, , p. 117-133 (ISSN 1256-0766, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ André Steyert, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais - Forez - Beaujolais - Franc-Lyonnais et Dombes, t. Premier : Antiquité, depuis les temps préhistoriques jusqu’à la chute du royaume Burgonde (534), Lyon, Bernoux et Cumin éditeurs, , 614 p. (lire en ligne), p. 244b-245b.
- ↑ François Gabut, « Archéologie Gallo-Romaine : La question des Aqueducs Lyonnais sous la période Gallo-Romaine », Revue du Lyonnais - Recueil historique et littéraire, Lyon, Imprimerie Mougin-Rusand, rue Stella, 3, cinquième série, t. XXII, , p. 197-208 (ISSN 1256-0766, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Camille Germain de Montauzan 1908, « Chapitre II — § III. — Tracé de l’aqueduc de Craponne », p. 63-80.
- ↑ Camille Germain de Montauzan 1908, « Chapitre II — §II. — Auguste, Agrippa et Drusus à Lyon. Les deux premiers aqueducs. », p. 21 & 22.
- ↑ Camille Germain de Montauzan 1908, « Chapitre II — § III. — Tracé de l’aqueduc de Craponne », p. 64.
- ↑ Fiche sur le site de la mairie de Craponne.
- ↑ Jean Burdy 2008, « L'aqueduc de l'Yzeron », p. 36.
- ↑ Camille Germain de Montauzan 1908, « Chapitre V - § II. - Mesure du débit et de la distribution », p. 345.
- ↑ Carte générale de l'aqueduc de l'Yzeron., consulté le 22 mai 2023.
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Ouvrage collectif, Les aqueducs romains de Lyon, L’Araire, Lyon, 1988
- Jean Burdy, Les aqueducs romains de Lyon, Lyon, L'Araire, , 136 p. (ISBN 978-2-7297-0683-8)
- Camille Germain de Montauzan, Les aqueducs antiques de Lyon : Étude comparée d'archéologie romaine (Thèse de doctorat), Paris, Ernest Leroux Éditeur, , 496 p. (lire en ligne sur Gallica)
- Preinventaire des monuments et richesses artistiques - II Lyon : L'aqueduc romain de l’Yzeron, Département du Rhône, , 167 p.
Articles connexes
- Aqueducs antiques de Lyon ;
- Aqueduc des monts d'Or ;
- Aqueduc de la Brévenne ;
- Aqueduc du Gier.
- Liste des aqueducs de France protégés aux monuments historiques
Liens externes
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