André Neyton

André Neyton
Biographie
Naissance
Décès
(à 90 ans)
Toulon
Nom de naissance
André Jules Antoine Neyton
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinction
Grand prix littéraire de Provence (d) ()

André Neyton est un metteur en scène, comédien et auteur dramatique français né le à Toulon [1] où il est mort le 11 février 2025[1],.

Biographie

André Neyton fait ses études à Toulon puis à Draguignan à l’École normale d’instituteurs. Il enseigne à ses débuts comme instituteur avant de devenir professeur dans l’enseignement secondaire où il restera jusqu’en 1975[1]. Professeur au Collège d'enseignement général de La Garde, il retrouve la villa gallo-romaine de Saint-Michel à La Garde (Var), un domaine oléicole au Haut-Empire, et commence des prospections et des sondages avec ses élèves[2]. Ces travaux supervisés par Marc Gérard, permettent de mesurer l’extension du site et de dégager une pièce sur hypocauste[3].

Engagé dans une démarche militante d’éducation populaire, il commence très tôt par le théâtre amateur, en particulier avec la troupe toulonnaise Calendal de 1957 à 1965 [4]. Il suit des formations dans les stages du Ministère de la Jeunesse et des Sports notamment avec Charles Antonetti, et par ailleurs avec Isaac Alvarez ou encore Nicolas Bataille[2].

À partir des années soixante, il s’intéresse à la culture et à la langue d’oc dont il découvre avec Guy Martin et Robert Lafont toute la richesse et la réalité présente[2]. En 1971, il crée le Centre Dramatique Occitan[4]de Provence, toujours en activité aujourd'hui.

Dès 1968, il ouvre brièvement son premier Théâtre, le "Rocher Noir" dans une cave voutée du vieux rocher de La Garde, un cabaret poétique dans lequel il commence à programmer de la poésie, du théâtre, et de la musique [5]. En 1973, il inaugure un second lieu, au 13 rue St Cyprien, dans lequel il ébauche également un début de programmation, des expositions, et des cours de langue occitane[6]. Puis en 1975, André Neyton ouvre le Théâtre de la Porte d'Italie, offrant à la Ville de Toulon son premier vrai Théâtre. En effet, à cette époque, la Ville est encore dépourvue d'équipements culturels. Il y propose alors une vraie programmation, avec déjà des formations internationales comme Urban Sax ou Bratsch[7]. En 1984, afin de promouvoir les échanges culturels internationaux entre Cultures Régionales de l’Espace Méditerranéen, André Neyton propose au Ministère de la Culture et à la Région PACA un projet de Centre des Cultures de l'Espace Méditerranéen, qui donnera naissance au Théâtre de la Méditerranée[8],. Le projet accepté et soutenu, il sera alors nommé directeur du Théâtre de la Méditerranée avec l'aval du Ministre de la Culture [2]. Il ouvre alors un quatrième lieu, une structure originale sous forme d'un Théâtre Régional Mobile, doté de 450 places, destinée à parcourir les communes de la Région[9]. Enfin, c'est en 1991 qu'il ouvrira son cinquième théâtre, installant le Théâtre de la Méditerranée et le Centre Dramatique Occitan dans un cinéma désafecté du Mourillon, le transformant en Théâtre, l'Espace Comedia[10],[11].

Mises en scène

Encore alors enseignant, André Neyton crée sa première mise en scène en 1963 avec Jusqu’à minuit de Claude Santelli, suivi de Les vautours de Pierre de Prins puis Le sacrifice du bourreau, Edouard et Agrippine, et L’Azote de René de Obaldia en 1964 [6]. Dès 1966, il crée avec sa troupe Calendal, le premier spectacle occitan d'expression contemporaine, Per jòia recomençar de Robert Lafont[12], au Festival de Fox-Amphoux, premier festival de Théâtre du Var qu'il vient de créer[9], suivi en 1967 de Le soldat de Marathon de Raymond Jardin[6]. En 1970, il joue dans Oc, en clôture du Colloque sur les langues romanes et la littérature occitane de Montpellier, au côté de Claudi Marti, Mans de Breish, Patric[13]. Lo darrier moton de Gaston Beltrame, premier spectacle de sa compagnie, le Centre Dramatique Occitan[14], sera invité aux Journées du Théâtre des Nations organisées à Paris en avril 1972 par Jean-Louis Barrault et Jack Lang[15] et joué à la Sorbonne[16],[17]. A cette occasion, il jouera aux côtés du Teatro Campesino de Californie, la Cuadra de Séville, ou encore des Mascarones de Mexico. En 1973, il présente au Festival occitan créé à Avignon[18],[19]par André Benedetto, sa mise en scène du Dòm Esquichòte ò lo torn de Provença de Bautesar[20] de Robert Lafont. Ce spectacle est salué par Colette Godard, qui préfére alors le Quichote occitan à celui du "In" présenté au même moment à la Cour d'Honneur[18], une reconnaissance inattendue pour le Théâtre Occitan de l'époque. Suite à l'assassinat de Salvador Allende et à la mort la mort de Pablo Neruda, il crée en 1974 Le chant général de Pablo Neruda[6]. Sa mise en scène de Martin Bidoret ò lo còp d’Estat de 1851 de Gaston Beltrame[14] le conduit directement au Festival Mondial du Théâtre de Nancy 1975 [21] dirigé par Jack Lang[22]. En 1976, sa mise en scène de Poupre et Compagnie[23]écrit spécifiquement pour le Centre Dramatique Occitan par René Merle est programmé plusieurs jours au Centre Dramatique National de Nice[6]. En 1977, il crée Mon bèu pais tot estrifat, spectacle poétique[2]. Robert Lafont écrit pour lui La révolte des cascavèus [14] présenté en 1977 au Festival de Carcassonne[21] dirigé par Jacques Echantillon. Il incite Florian Vernet à écrire en Oc pour le Théâtre, montant alors dès 1978 Proprietat privada, Radassa e companhia, et L’asili[2], et conduisant ses pièces Operacion Chòla Babau et Es enebit d’intrar jusqu'à Barcelone[21] pour la Semaine occitane du prestigieux Palau Güell avec plusieurs conférenciers dont Robert Lafont et René Merle, réunis pour l’exposition Mille ans de littérature occitane[6]. Il présente à l’Institut del Teatre Catalá Mon bèu païs tot estrifat, spectacle de poésie d’Oc contemporaine[6]. Operacion Chòla Babau est également présenté à la Maison de la Culture de Rennes[21]. Il s'interesse ensuite à l'auteur catalan Albert Boadella, dont il adapte en 1980 M7 Catalunya qui devient Rapport Wallace Müller, présenté au Centre Dramatique National de Rennes[6]. En 1980, il participe au Festival d'Avignon avec Nini Polyphème, de Florian Vernet[24]. Dès 1983 Robert Lafont lui écrit une pièce en trois actes sur La Croisade [25].

Changement de ton et de thématique en 1985 avec Le venin du théâtre, du Catalan Rodolf Sirera, inspiré par le Paradoxe sur le comédien de Diderot[6]. Puis vient le temps d'Odyssée 86, Contes de la Méditerranée[6], un spectacle pour enfants, joué par des comédiens de différents pays et la chanteuse grecque Nena Venetsanou, sur des musiques de Miquèu Montanaro. Le spectacle deviendra Odyssée 93 puis 2001 avec plus de 400 représentations, de Perpignan à Athènes, et sera vu par plus de 60 000 petits méditerranéens[1]. En 1987, il monte Bloody Mary show de Rodolf Sirera, un spectacle provocateur sur la mort[6].

Vient alors le temps des grandes productions de plein air, sous forme de "sons et lumières". En 1988, il écrit et met en scène Gaspard de Besse, avec plus de 80 participants et plus de mille spectateurs par soir tout l'été, reproduit l'été 89 également[20]. La ville de Mons lui commande Le siège de Mons l'année suivante.[6] En 1993, il adapte Maurin des Maures de Jean Aicard[20]. Cette adaptation sera un tremplin vers l'écriture de ses propres projets théâtraux. Il commence en 1991 aux cotés de Jean Siccardi en co-écrivant une pièce sur l'immigration italienne, Il viaggio. Après avoir créé en 1997 un Spectacle poétique à partir de poèmes de René Char , il entamme définitivement l'écriture de ses propres pièces, en commençant par La farandole de la Liberté[26] en 2001, traitant du coup d'état de 1851, suivi en 2003 de Barras, le Vicomte à l’ail[27]avec lequel il renoue avec les spectacles de plein air[6]. Il traite ensuite de l'affaire du XVe corps lors, de racisme anti-méridional et des fusillés pour l'exemple, en écrivant et réalisant en 2004 La légende noire du Soldat O[28],[29], un spectacle qui obtiendra le label de la Mission du Centenaire 14-18[30]. En 2006, il traite de L’affaire de la Belle Cadière, qui alimenta la chronique de toutes les grandes capitales d’Europe au XVIIIe siècle[20]. Puis c'est à la seconde guerre et plus précisément à la résistance qu'il s'intéresse en 2008 avec Du beurre dans les rutabagas[6]. Suite au décès de son ami Robert Lafont, il créé en 2010 un hommage extrait de ses différentes oeuvres qu'il intitule Occitania for ever[24].

Dès 2011, c'est l'époque des randonnées-théâtre, concept original qu'il reproduit plusieurs années dans les collines de Maures, sous forme de parcours théâtral en forêt ponctué de scènes de thèâtre sur Maurin des Maures, qu'il adapte à partir du texte original de Jean Aicard[6]. En 2015, il écrit et met en scène une seconde randonnée-théâtre sur le bandit au grand coeur, Gaspard de Besse[6].

En 2016, il écrit, met en scène et joue Moi, Gaston Dominici, assassin par défaut, fait divers à ce jour non résolu, et dans lequel le peu de vocabulaire français de Gaston Dominici, qui ne parlait que provençal, permit d'en faire un coupable tout désigné[30],[31]. Enfin, sa dernière pièce sera consacrée à une fresque historique traitant du conflit entre Jacobins et Girondins, par deux visions de la République opposées, avec Les trompe-la-mort de l'An II qui deviendra Duel Républicain[32]. Ce texte inspiré de faits réels est adapté du livre de François Trucy, "Pièges", consacré à l’extraordinaire aventure de l’un de ses ancêtres[33].

En 2023, André Neyton et sa compagnie de théâtre attaquent en justice les propriétaires historique de l'Espace Comedia afin de pouvoir continuer à l'exploiter alors que leur bail de location a prit fin. En 2025, l'affaire n'est toujours pas réglée[34].

Filmographie

André Neyton apparait dès 1977 à l'affiche du film Ome d'Oc de Jean-Pierre Chabrol. En 1980, il tourne dans Retour à Marseille de René Allio, puis en 1983 il enchaine La Mémoire de la porte de Bois d’Alain Glasberg [3] et le tournage de son propre film sur La Révolte des Cascavèus[2]. En 1984 il tourne aux côtés de Bruno Cremer dans Le Matelot 512 de René Allio [4], et dans Le Paria de Denys de La Patellière en 1985. En 1991, il tourne à nouveau pour René Allio dans Transit. En 1995, il enchaine L'Avocate de Michel Win [5], puis donne la répllique à Van Loc et Frédéric Sellier dans Victoire aux poings de Claude Barrois. La même année, le film Bye Bye de Karim Dridi le conduit à la nomination dans la catégorie "Un certain regard" du Festival de Cannes 1995 [6]. En 1996, il tourne dans Une mère en colère de Gilles Béhat [7] et en 1998 dans Marseille de Didier Albert.

Réalisations

En 1981, il devient membre du comité de programme FR3[2]. En 1983, sa mise en scène de La Révolte des  cascavèus de Robert Lafont, en coréalisation avec Jean-Philippe Monnier, est la première pièce occitane à être produite et diffusée nationalement par FR3 [35],[21]. En 2008, ayant en projet l'écriture d'une pièce sur la Résistance, il collecte une vingtaine d’interviews d'anciens résistants[36], réalisant alors un long métrage documentaire sur la Résistance dans le Var intitulé Il le fallait[6][8]. Une partie du documentaire figure au Mémorial du Faron à Toulon, en écoute pour le public[37].

Discographie

En 1978, il enregistre un 33 tours sur la poésie occitane contemporaine, Poèmas occitans per uèi,[38].

Publications

Dès 1960 André Neyton publie ses Poèmes dans la revue La Cave. En 1999, il écrit un essai sur Toulon, la culture demain ?[6]. Dès 2001, il ecrit les textes de ses spectacles, avec La Farandole de la liberté[26], puis en 2003 Barras, le Vicomte à l’ail[27]. En 2004 il édite La Légende Noire du Soldat O[28] suivi en 2006 de L'Affaire de la belle Cadière[39]. En 2008 il écrit Du beurre dans les rutabagas, suite au témoignages d'anciens résistants varois[40]. En 2014, il publie Mon aventure théâtrale avec Robert Lafont : un teatre de batesta [9] . En 2016 il édite le texte de sa pièce Moi, Gaston Dominici, assassin par défaut[41]. En 2021, il écrit un livre intitulé Il fallait être fou sur 50 ans d'un théâtre qui avait une parole à faire entendre[6]. En 2023, il participe à l'écriture de l'oeuvre collective sur Robert Lafont Dire l’homme le siècle [10] . En 2024, il édite sa dernière pièce Duel Républicain (Les trompes-la-mort de l'an II)[32].

Récompenses

En 2018, il est lauréat du grand prix littéraire de Provence[20] [11].

Notes et références

  1. « Décès d'André Neyton, un pilier de la culture toulonnaise », Francais,‎ (lire en ligne)
  2. François Courtay, Thèse Université Paul-Valéry Montpellier III / Jòrgi Reboul : itinéraire d’un poète et militant d’oc à travers le XXe siècle. Parcours personnel, analyse littéraire et édition de textes,
  3. Jean-Pierre Brun George B. Rogers Ph. Columeau Michel Thinon Marc Gérard, La villa gallo-romaine de Saint- Michel à La Garde (Var). Un domaine oléicole au Haut-Empire, Gallia, , p. 103-162
  4. François Courtray, Revue Socio-linguistique / Jòrgi Reboul, un parcours singulier vers l’occitanisme à travers l’histoire du XXe siècle (lire en ligne)
  5. « Le Rocher Noir, un lieu d'expression poétique, musicale, théâtrale et d'actualité », République,‎ (lire en ligne)
  6. André Neyton, Il fallait être fou, Les Cahiers de l’Égaré, , 206 p. (ISBN 978-2-35502-124-4)
  7. « Café-théâtre de la Porte d’Italie, 44 ans d’histoire », Var Matin,‎ 16/11/2019 16/11/2019 16/11/2019 (lire en ligne)
  8. Éliane Tourtet, "Andrieu Neyton nos a laissats", Aquò d'aquí, 2025. lire en ligne.
  9. « "La ville de Toulon mérite davantage de théâtre": André Neyton plaide pour la culture à la portée de tous », Var Matin,‎ (lire en ligne)
  10. José Lenzini, « Neyton, le rebelle », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. Virginie Martin, Toulon la noire: Le Front national au pouvoir, FeniXX, (ISBN 9782207127131, lire en ligne)
  12. Robert Lafont, Dire l’homme le siècle / Dire l’òme lo segle, Presses universitaires de la Méditerranée, (ISBN 9782367814780, lire en ligne)
  13. Jean Lacouture, « La célébration a réveillé une amertume en pays d'oc », Le Monde,‎ (lire en ligne )
  14. Jean Rambaud, En Provence avec "Le Monde" (lire en ligne)
  15. Lucien Attoun, « Théâtre ou combat ? », Les nouvelles littéraires,‎
  16. Françoise Kourilsky, « Avignon et après ? », Le Nouvel Observateur,‎
  17. « Huit troupes au mini festival de Nancy », Le Figaro,‎
  18. Colette Godard, « Les deux Quichotte au Festival d’Avignon », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  19. Jean-Claude Izzo, « Dom Esquichote ou le tour de Provence de Baltazar », La Marseillaise,‎
  20. Jean François Principiano, « Toulon : André Neyton lauréat du Grand Prix littéraire de Provence », TV83 info,‎ (lire en ligne)
  21. Jean Rambaud, « L'occitan sur les tréteaux », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  22. Patrick de Rosbo, « Trois rituels de sang », Le Quotidien de Paris,‎
  23. Dorothée Aquino-Weber, Sociolinguistique historique du domaine gallo roman
  24. "Andrieu Neyton par Magali Bizot", Aquò d'aquí, 2018. lire en ligne.
  25. Robert Lafont, La Croisade, Edisud,
  26. André Neyton, La Farandole de la liberté, Autre Temps, (ISBN 2-84521-082-5)
  27. André Neyton, Barras, le Vicomte à l’ail, Autres Temps, (ISBN 2-84521-156-2)
  28. André Neyton, La Légende Noire du Soldat O, Rencontres-CDO, (ISBN 2-9523091-0-8)
  29. Jean François Principiano, « La légende noire du soldat O », TV83 info, by tv83.info - nov 22, 2018
  30. « André Neyton, Moi Gaston Dominici », L'impact,‎
  31. « André Neyton retrace l'histoire de l'affaire Dominici », La Provence,‎ (lire en ligne)
  32. André Neyton, Duel Républicain (Les trompes-la-mort de l'an II), Rencontres-CDO
  33. « Festival Off d'Avignon : Duel républicain, une pièce qui nous plonge au cœur de la Révolution française », La Provence,‎ (lire en ligne)
  34. La rédaction, « Quel avenir pour le Comedia, la salle de spectacle emblématique du Mourillon à Toulon? », sur Var-Matin, (consulté le )
  35. Anne Lanchon, « La révolte des cascavèus », Télérama,‎
  36. « André Neyton : les résistants varois se livrent vraiment », André Neyton : les résistants varois se livrent vraiment,‎ (lire en ligne)
  37. « André Neyton : les résistants varois se livrent vraiment », sur Varmatin.fr, Var Matin
  38. François Pic e Joan Larzac, Essai de bibliographie des écrits de Jean Rouquette/Joan Larzac, Revue des Langues Romanes
  39. André Neyton, L'affaire de la Belle Cadière, Rencontres-CDO (ISBN 978-2-9523091-1-0)
  40. André Neyton, Du Beurre dans les rutabagas, Rencontres-CDO, (ISBN 978-2-9523091-2-7)
  41. André Neyton, Moi, Gaston dominici, assassin par défaut, Rencontres-CDO, (ISBN 978-29523091-4-1)

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