savoir gré

Français

Étymologie

Composé de savoir et de gré.

Locution verbale

savoir gré \sa.vwaʁ ɡʁe\ transitif indirect (se conjugue → voir la conjugaison de savoir)

  1. Être satisfait d’une chose que quelqu’un a dite, qu’il a faite ; être content de sa conduite, de son procédé.
    • Vous concevez, lecteur, jusqu’où je pourrais pousser cette conversation sur un sujet dont on a tant parlé, tant écrit depuis deux mille ans, sans en être d’un pas plus avancé. Si vous me savez peu de gré de ce que je vous dis, sachez-m’en beaucoup de ce que je ne vous dis pas.  (Denis Diderot, Jacques le Fataliste et son maître, 1765-1784, dans Œuvres complètes, VI, Garnier, 1875, page 15  lire en ligne)
    • Les phrases toutes faites convenaient assez à l’esprit de la maîtresse de maison; elle adopta celle-ci sur Julien, et se sut bon gré d’avoir engagé l’académicien à dîner.  (Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830, réédition Gallimard, 2020, page 345  lire en ligne)
    • « Vous écrivez, cela devait être. Que vous en fassiez un secret pour ceux qui vous entourent, c’est une timidité que je comprends, et je vous sais d’autant plus gré de vous ouvrir à moi. »  (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 96  lire en ligne)
    • Solange, Dieu merci! n'est ni une prude, ni une sotte, et elle vous saura gré de votre franchise.  (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, tome1, Plon & Nourrit, 1889, page 62)
    • Et il employa un mot que madame Bergeret connaissait mal, mais que, sur la mine, elle estima grossier, malséant et bassement injurieux. Elle sut mauvais gré à M. Roux de l’avoir prononcé.  (Anatole France, Le Mannequin d’osier, Calmann Lévy, 1897, réédition Bibliothèque de la Pléiade, 1987, page 925  lire en ligne)
    • Si tu es au monde, tu n’as aucun gré à en savoir à ta grand-mère […]  (Marcel Jouhandeau, Chaminadour, Gallimard, 1941 et 1953, Livre de Poche, page 9)
    • En écrivant ce modeste ouvrage, nous n’avons pas eu l’ambition de doubler le chiffre d’affaires des cartels colombiens, des fabricants de vodka ou de revolvers, mais plutôt d’appeler au sursaut salutaire dont nos enfants nous sauront gré.  (Jean-Marc Jancovici, Alain Grandjean, Le plein s'il vous plaît ! : La solution au problème de l'énergie, Seuil, 2006, page 9)
    • Je lui en savais gré, il me libérait. L’injustice ne m’a pas effleurée une seconde. Ma réaction fut celle de la plus pure compréhension. Vas-y, tue-moi qu’on en finisse.  (Léa Chauvel-Lévy, Une demande folle, JC Lattès, 2024, page 18)

Notes

  • Du fait de la paronymie, dans la langue orale cette locution est parfois employée de manière déformée — en confondant le verbe savoir avec l'auxiliaire être — sous la forme « je vous en serais gré », au lieu de « je vous en saurais gré ». Moins fréquemment, cette erreur se rencontre aussi sous la forme « je vous en suis gré », comme si l’expression était « être gré ».
  • Cependant il est hautement probable que la forme originelle de cette locution était bel et bien construite avec le verbe être, puisque seul le français utilise savoir, alors que le latin, ainsi que toutes les langues romanes dans lesquelles la locution existe, utilisent le verbe être+ gr., tant dans la forme affirmative de la locution que dans sa forme privative. Le français emploie d’ailleurs également être dans la forme privative : être ingrat.

Tout indique donc qu'en français, l’usage du verbe savoir dans cette locution résulte d’une attraction paronymique, puis s’est diffusé par un phénomène d’hypercorrection et s’est maintenu par fossilisation de l’erreur, renforcée par des rationalisations a posteriori.

  • Selon le degré de déférence que l'on veut employer dans une demande, on utilise soit le conditionnel présent (« je vous saurais gré »), soit l'indicatif futur (« je vous saurai gré »), qui est légèrement plus autoritaire.


Traductions

Prononciation

Anagrammes

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Références

  • Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (savoir)