péché originel

Français

Étymologie

(IVe siècle) Doctrine née dès les premiers temps du christianisme mais nommée ainsi par Augustin d’Hippone selon laquelle Adam et Ève, désobéissant à Dieu en voulant acquérir la connaissance du bien et du mal, plongent l’ensemble de l’humanité dans le péché. Les hommes ne peuvent plus sortir du péché que par la « Grâce divine ». La Genèse ne contient pas le mot de péché[1].
Composé de péché et de originel.

Locution nominale

péché originel \pe.ʃe ɔ.ʁi.ʒi.nɛl\ masculin (Semble ne pas avoir de pluriel)

  1. (Religion) Chez les chrétiens, péché commis par Adam et Ève et fondateur des souffrances de l’humanité.
    • Le péché originel est une folie devant les hommes : mais on le donne pour tel. On ne doit donc pas reprocher le défaut de raison en cette doctrine, puisqu'on ne prétend pas que la raison puisse y atteindre.  (Blaise Pascal, Pensées)
    • Pourquoi discuter avec Zoroastre le péché originel ? il n’en a jamais été question que du tems[sic] de St Augustin. Zoroastre ni aucun législateur de l’antiquité n’en avait entendu parler.  (Voltaire, Dictionnaire philosophique, édité par Marc-Michel Rey, 1789, tome 7, page 778)
    • Et déjà apparaissait, dans le péché originel, le double aspect — sottise, orgueil — de toute faute contre le bon sens : c’est en flattant l’orgueil d’Ève, en faisant appel à cet orgueil, que le serpent l’a déterminée à désobéir, et à goûter d’une pomme dont elle ne savait même pas si elle en aimerait le goût.  (Franc-Nohain, Guide du bon sens, Éditions des Portiques, 1932)
    • Il suffit de constater que l’idée que le baptême efface le péché originel devient la position officielle de l’Église.  (Gérard-Henry Baudry, Le Péché dit originel, Éditions Beauchesne, 2000)
    • Pour Augustin, la raison essentielle qui oblige les maîtres à battre les enfants comme il a été battu lui-même, c’est le péché originel, source de leur ignorance et de leur convoitise.  (Olivier Maurel, Oui, la nature humaine est bonne, 2009)
    • On a parfois reproché à Paul d'avoir « inventé » le péché originel, compris comme un asservissement de l'être humain au mal qui inhibe sa volonté. En Adam, l'homme aurait péché, jusqu'à ce que, par le Christ, Dieu se réconcilie l'humanité. Les choses sont plus complexes.  (Après Jésus. L'invention du christianisme, sous la direction de Roselyne Dupont-Roc et Antoine Guggenheim, Albin Michel, 2020, page 282)
    • Dans le langage chrétien, le péché originel exprime le constat de cette déficience fondamentale : en effet, depuis la chute d'Adam et d'Ève, l'être humain porte en lui une souillure qui compromet les pensées, les paroles et les actions. [...] Indépendamment du langage théologique et de la référence biblique mobilisée afin de démontrer cette dégradation, c'est aussi sur la base d'une expérience directe que les moines dénoncent l'emprise exercée sur l'humain par des pulsions – aussi bien physiques que mentales – qu'il ne contrôle pas.  (Fabrizio Vecoli, « Le corps des moines », Argument, XXVII, 1, automne-hiver 2024-2025, pages 7-8)
  2. (Par extension) Vice, défaut, d’une doctrine, d’une société, d’une organisation, qui remonte à sa fondation.
    • Au vu du déficit démocratique de l’Union, le projet de constitution écrit par cette « élite éclairée » que le peuple devait suivre sans même lire le texte, était entaché d’un péché originel qu’aucun argument ne pouvait effacer.  (L’Hebdo des socialistes, numéro 370, 2005)

Dérivés

Vocabulaire apparenté par le sens

Traductions

Voir aussi

Références

  1. Genèse 1-3 sur www.biblegateway.com