ni rime ni raison

Français

Étymologie

(début XVIIIe siècle) n'y avoir ryme ne raison chez Eustache Deschamps.

Locution adverbiale

ni rime ni raison \ni ʁim ni ʁɛ.zɔ̃\

La juxtaposition des mots rime (ou rythme) et raison apparaît déjà au XVIème siècle chez Clément Marot :

Si ne suffit d'escrire maint blason,

Mais il convient garder rithme et raison;

Rithme et raison, ainsi comme il me semble

Doivent tousjours estre logez ensemble.[1]

  1. (Vieilli) Quoi que ce soit, rien du tout.
    • Je porte des livres ; je m’en vais, comme une furie, pour me faire payer ; je ne veux entendre ni rime ni raison […].  (Madame de Sévigné, Correspondance, 1680)
  2. Qui n’a aucun sens, est absurde, incompréhensible.
    • On m’a envoyé quelques morceaux de cet ouvrage ; tout est défiguré, tout est plein de sottises atroces. Il n’y a ni rime, ni raison, ni bienséance.  (Voltaire, Correspondance, 1755)
    • [U]n sobriquet heureux, indélébile, indélébile d’autant plus qu’il ne signifie absolument rien et ne porte avec soi ni rime ni raison […].  (Laurent Tailhade, Quelques fantômes de jadis, 1920)
    • Dans cette ville pyrénéenne, Hafida Oubakir, sœur d’un jihadiste de 17 ans à Cambrils, a lu — entre des sanglots — un discours appelant à « rejeter le message islamiste » et « une idéologie perverse qui n’a ni rime ni raison », retransmis en direct par la télévision catalane.  (« Sans peur » : Barcelone manifeste massivement en réaction aux attentats sur La Dépêche.fr, 26 août 2017. Consulté le 3 juin 2020)

Synonymes

Vocabulaire apparenté par le sens

Traductions

    • Il se mit à courir dans la rue, bousculant les passants, criant des mots sans ni rime ni raison. C’était le signe d’une crise de folie.  (Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux, publié en 1907.)
  1. Clément MAROT : Epistre à Sagon et à La Hueterie (1536) in Oeuvres complètes, Alphonse Lemerre, Paris 1873, tome 1, p.249