décrochez-moi-ça

Français

Étymologie

Composé de décrocher, moi et ça, car les vêtements étaient accrochés au plafond ou en hauteur par des crochets.

Nom commun

décrochez-moi-ça \de.kʁɔ.ʃe.mwa.sa\ masculin invariable

  1. (Désuet) Vêtement féminin ou masculin d’occasion.
    • A la queue de l’évêque, une cour des Miracles se dandinait en flageolant ; une colonne de vieux birbes, costumés avec les friperies vendues des morgues, ballottait, se soutenant sous les bras, s’étayant les uns aux autres. Tous les décrochez-moi-ça d’il y a vingt ans ajustaient leurs mouvements, les accompagnaient, sur eux ; […].  (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915, chapitre 8, page 214)
  2. (Désuet) Chapeau féminin d’occasion.
    • Les niolleurs sont les marchands de vieux chapeaux. On appelle niolle un chapeau retapé, et décrochez-moi-ça un chapeau de femme d'occasion. Il y a, dans le carré du Palais-Royal, des décrochez-moi-ça qui encadreraient encore très-bien de fort jolies figures, et qui, dans tous les cas, ne seraient pas trop déplacés dans l'étalage d'une modiste du passage... du Saumon.  (Edmond Texier, Tableau de Paris, chapitre 15 : Les halles et marchés, Paris : chez Paulin & Le Chevalier, 1852, volume 1, page 149)
  3. (Désuet)[1] Boutique de fripes, friperie.
    • […] ; tandis que la belle toilette de madame Lorilleux, les effilés de madame Lerat, les jupes fripées de mademoiselle Remanjou, mêlaient les modes, traînaient à la file les décrochez-moi-ça du luxe des pauvres.  (Émile Zola, L'Assommoir, 1877, chapitre 3)
    • Elle commande chaque jour des robes d'chez Patou, mais elle habille papa au "décrochez-moi ça..."  (Narcisse Praz, Poète, prends ton luth et tire, Éditions d'en bas, Lausanne, 1984, page 60)
    • Parfois il se mettait en frais et arborait un antique gibus qui provenait, à n’en pas douter, d’un décrochez-moi-ça de barrière.  (Édouard Bled, « Mes écoles », Robert Laffont, 1977, pages 182-183)
    • Les ruraux n’aiment guère le changement. Ils apprécièrent encore moins l’étonnant décrochez-moi-ça étalé sur l’herbe ; les cachemires usés, les lampes à huile désuètes, un corset aux baleines cassées de Noémi, les ustensiles jugés sans valeur et dont quelques uns sont aujourd’hui des pièces de collection, mes jouets parmi lesquels on voyait, heureusement sortie de ma mémoire, une grotte de Lourdes éclairée à l’électricité, cadeau d’une riche et pieuse cousine.  (Marguerite Yourcenar, Quoi ? L'Éternité, 1988)
    • (Sens figuré)À une époque où souvent le talent — panaché de pastiche et de pillage — s’habille au décrochez-moi ça, et où il suffit de posséder l’érudition d’un bibliothécaire malin pour exciter l’admiration des passants, l’auteur d’A Vau-l’eau a créé un style, un genre, un génie à lui.  (Frantz Jourdain, Joris-Karl Huysmans, dans Les Décorés : Ceux qui ne le sont pas, H. Simonis Empis, éditeur, 1895, page 51)
    • En un mot, mes chères cousines, en un mot, le grenier ? C’est le décrochez-moi ça des générations précédentes…  (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, réédition Le Livre de Poche, pages 83-84)

Dérivés

Antonymes

  • accrochez-moi ça

Traductions

Références

  • [1] Nicolas Tournadre, Le prisme des langues, page 247, 2014, ISBN 978-2-36057-047-8