Zackie Achmat

Zackie Achmat
En .
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités
Réalisateur de cinéma, militant pour les droits LGBT, militant politique, personnalité engagée dans la lutte contre le sida
Autres informations
Distinctions
Prix Homo Homini ()
Shuttleworth Foundation Flash Grant (d) ()

Abdurrazack “Zackie” Achmat, né le , est un militant et réalisateur sud-africain[1],[2],[3]. Il est le co-fondateur de Treatment Action Campaign et ancien président du mouvement Equal Education qui milite pour l’égalité dans l’accès à l’éducation[4],[5].

En 2024, il se présente comme candidat indépendant aux élections nationales sud-africaines, mais ne parvient à décrocher un siège au Parlement[6],[7].

Biographie

Orignes et enfance

Zackie Achmat nait à Vrededorp, une banlieue de Johannesburg, au sein d’une famille musulmane malaise originaire du Cap[8].

Il grandit dans le quartier de Salt River, au sein de la communauté des Cap Coloured durant l’apartheid[9].

Il est élevé par sa mère et sa tante, toutes deux militantes syndicales engagées dans le syndicat des travailleurs du vêtement.

Vie privée

À la fin des années 1970, durant son adolescence, Zackie Achmat exerce le métier de travailleur du sexe, entre 1977 et 1981[10],[11].

Zackie Achmat est diagnostiqué séropositif en 1990[12]. En 2005, il subit une crise cardiaque, que son médecin attribue probablement à d’autres causes qu’à sa séropositivité ou son traitement. Il se rétablit rapidement et reprend son activisme[13].

Le 5 janvier 2008, Zackie Achmat épouse la militante Dalli Weyers à Lakeside, près du Cap. La cérémonie est présidée par le juge Edwin Cameron, en présence de la maire Helen Zille[14],[15].

Le couple divorce à l’amiable en juin 2011[16].

Militantisme

Parcours politique

À l’adolescence, Zackie Achmat brûle son école de Salt River en signe de soutien aux manifestations étudiantes de 1976 contre l’apartheid[17],[18].

Il est emprisonné à plusieurs reprises pour ses activités militantes, notamment durant sa jeunesse. En 1980, alors qu’il purge une peine de prison, il rejoint le Congrès national africain (ANC)[19].

Entre 1985 et 1990, il est membre de la Tendance ouvrière marxiste au sein de l’ANC, un courant dissident d’inspiration trotskiste, considéré comme le précurseur du Mouvement socialiste démocratique[2],[20].

En 2024, Zackie Achmat se présente comme candidat indépendant au Parlement, sur la liste régionale du Cap-Occidental[21]. Il recueille 10 679 voix, un score insuffisant pour obtenir un siège à l’Assemblée nationale. Il reconnaît sa défaite et annonce son intention de se présenter aux élections locales de 2026[22].

Activisme des droits LGBT et contre le VIH

En , Zackie Achmat publie un article très cité sur la sexualité en prison en Afrique du Sud. Il s’appuie sur ses expériences personnelles avec des gangs homosexuels, notamment le groupe des 28[23].

En , Zackie Achmat cofonde la Coalition nationale pour l’égalité des gays et lesbiennes[24]. En tant que directeur, il défend la protection des droits LGBT dans la Constitution sud-africaine et facilite des procès qui conduisent à la dépénalisation de la sodomie et à l’égalité des partenaires de même sexe en matière d’immigration[25].

Zackie Achmat rejoint l’AIDS Law Project, un programme juridique basé à l’Université du Witwatersrand, où il travaille comme parajuriste sous la supervision du juge Edwin Cameron[25].

Il s’investit notamment dans des procédures juridiques portant sur les droits des personnes incarcérées vivant avec le VIH, ainsi que sur des affaires de violences homophobes, impliquant des couples homosexuels agressés par des membres des forces de police[26].

En 1998, Zackie Achmat cofonde la Treatment Action Campaign (TAC), une organisation qui milite pour un accès élargi aux antirétroviraux contre le VIH. Le TAC collabore étroitement avec l’AIDS Law Project sur les questions juridiques liées au droit à la santé, notamment en soutenant les poursuites judiciaires et la défense des bénévoles[3].

En 1998, Zackie Achmat révèle publiquement sa séropositivité et refuse de prendre des antirétroviraux tant que tous ceux qui en ont besoin n’y ont pas accès. En août 2003, suite à une décision de militants de la TAC, il commence son traitement, peu avant que le gouvernement annonce la disponibilité des antirétroviraux dans le secteur public. Ses motivations n’ont jamais été vérifiées indépendamment et il ne mentionne pas cet épisode dans ses témoignages publics[27].

En 2006, Zackie Achmat fait partie des 44 militants du TAC arrêtés pour avoir occupé les bureaux du gouvernement provincial du Cap. Cette action proteste contre le ministre de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang, et le ministre des Services correctionnels, Ngconde Balfour, accusés d’homicide involontaire après la mort d’un détenu séropositif à la prison de Westville. Le détenu faisait partie d’une plainte collective exigeant l’accès aux antirétroviraux, ce qui conduit le tribunal à ordonner au gouvernement de fournir immédiatement les médicaments[28].

Engagement humanitaire

En 2008, Zackie Achmat cofonde la Social Justice Coalition (SJC), qui défend les droits garantis par la Constitution sud-africaine, notamment pour les personnes pauvres et sans emploi. En 2009, il crée avec Gavin Silber le Centre pour le droit et la justice sociale, renommé plus tard Ndifuna Ukwazi (Osez savoir).

En 2013, Zackie Achmat et dix-huit autres militants du Social Justice Coalition (SJC) sont arrêtés lors d’un rassemblement non autorisé devant le Centre civique du Cap. Ils protestent contre les conditions d’assainissement dans le township de Khayelitsha.

En 2018, Zackie Achmat fait l’objet d’accusations d’intimidation envers des femmes impliquées dans des affaires de harcèlement sexuel liées à Doron Isaacs, alors qu’il préside le conseil d’Equal Education. Il nie ces accusations, défend publiquement Isaacs, et affirme ne pas croire qu’il soit un prédateur. Il reconnaît avoir parlé fermement à certaines personnes diffusant des allégations sans preuves. Dans une interview, il déclare également être craint dans la société civile et tient des propos controversés sur des plaignants et un journaliste[29].

Zackie Achmat soutient l’ouverture d’une enquête publique sur la gestion des allégations d’inconduite sexuelle chez Equal Education[30]. L’organisation confie l’enquête à la juge retraitée Kathleen Satchwell, qui conclut que les accusations visant Achmat et Doron Isaacs sont infondées[31].

En 2020, Zackie Achmat devient directeur de Karoo Biosciences, une société fondée par Doron Isaacs[32].

Note et Références

Note

Références

  1. (en-US) Ginger Thompson, « THE SATURDAY PROFILE; In Grip of AIDS, South African Cries for Equity », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne , consulté le )
  2. (en) Emmanuel Kwaku Akyeampong et Professor Henry Louis Gates Jr, Dictionary of African Biography, OUP USA, , 2720 p. (ISBN 978-0-19-538207-5, lire en ligne), p. 83-85
  3. « Witness Statement of Abdurrazack Achmat », sur The Guardian, (consulté le )
  4. « Equal Education Board » [archive du ], Equal Education (consulté le )
  5. (en) Graeme Reid, « Zackie Achmat », dans David A. Gerstner, Routledge International Encyclopedia of Queer Culture, Routledge, , 1re éd., 2 p. (ISBN 9780415306515, lire en ligne) (consulté le )
  6. (en-US) « ZACKIE ACHMAT », sur SABC Elections, (consulté le )
  7. (en-US) Luiz De Barros, « Zackie Achmat Admits Defeat, Warns of Anti-Democratic Forces », sur MambaOnline - Gay South Africa online, (consulté le )
  8. Ken Davis et Garry Wotherspoon, Who's Who in Contemporary Gay and Lesbian History Vol.2: From World War II to the Present Day, London, Routledge, (ISBN 9780203994085, lire en ligne), p. 4
  9. Willemien Brummer, « Zackie Achmat: Alive and well », Die Burger,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Pam Das, « Zackie Achmat-Head of the Treatment Action Campaign », The Lancet Infectious Diseases, vol. 4, no 7,‎ , p. 467–470 (ISSN 1473-3099, PMID 15219557, DOI 10.1016/S1473-3099(04)01062-X, lire en ligne )
  11. Mandisa Mbali et Henry Louis Gates, Jr., Dictionary of African Biography, Volumes 1–6, Oxford, Oxford University Press, , 83–85 p. (ISBN 9780195382075), « Achmat, Abdurrazack »
  12. Peter Gill, Body Count: How they turned AIDS into a catastrophe, London, Profile Books, (ISBN 9781847651082, lire en ligne)
  13. Henry J. Kaiser Family Foundation, « Treatment Action Campaign Chair Zackie Achmat's Doctor Says Heart Attack Not Caused by Antiretroviral Medication », sur The Body.com, Remedy Health Media, (consulté le )
  14. « Zackie Achmat marries partner », News24,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Celia Dugger, « In South Africa, a Justice Delayed Is No Longer Denied », New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  16. Biénne Huisman et Buyekezwa Makwabe, « Zackie's same-sex divorce », Times LIVE,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. Tony Karon, « Person of the Week – South African AIDS Activist Zackie Achmat », TIME,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Ben Goldacre, « No way to treat an Aids hero », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Zara Nicholson, « JZ goes or I do – Zackie Achmat », Cape Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. Scott Thomas, The Diplomacy of Liberation: The Foreign Relations of the African National Congress since 1960, London, Tauris Academic Studies, , 62–63 p. (ISBN 9781850439936, lire en ligne) General coverage of the MWT.
  21. (en) Victoria O’Regan, « The Independents (Part 2): Veteran SA activist Zackie Achmat blazes a trail », sur Daily Maverick, (consulté le )
  22. (en) Lindsay Dentlinger, « Independent candidate Zackie Achmat makes peace with poll failure, fears ANC coalition with EFF, MK » [archive du ], sur Eyewitness News,
  23. Zackie Achmat, « "Apostles of civilised vice": 'Immoral practices' and 'unnatural vice' in South African prisons and compounds, 1890–1920 », Social Dynamics, vol. 19, no 2,‎ , p. 92–110 (ISSN 0253-3952, DOI 10.1080/02533959308458553)
  24. Sex and Politics in South Africa, Cape Town, Double Storey, (ISBN 9781770130159, lire en ligne), p. 8
  25. Samantha Power, « Letter from South Africa: The AIDS Rebel », The New Yorker,‎ , p. 54–59 (lire en ligne, consulté le )
  26. Zackie Achmat, « Affidavit » [archive du ], sur SourceAfrica, (consulté le )
  27. Henry J. Kaiser Family Foundation, « First National South African AIDS Conference Opens Amid Anger Over Government Decisions on Providing HIV Drugs », sur TheBody.com, Remedy Health Media, (consulté le )
  28. Ben Maclennan, « TAC members arrested after protest », IOL,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. Mandisa Mbali, South African AIDS Activism and Global Health Politics, Palgrave Macmillan, (ISBN 9781137258540, lire en ligne)
  30. (en) « Investigation clears Equal Education co-founder and prominent activist of sexual misconduct and cover-up », sur News24, (consulté le )
  31. (en) « Doron Isaacs exonerated - EE Panel of Inquiry - DOCUMENTS | Politicsweb », sur www.politicsweb.co.za (consulté le )
  32. « Frequently Asked Questions » [archive du ], sur Karoo Bioscience, (consulté le )
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