Zabiba

La zabiba ou zebiba (arabe : زَبِيبَة, litt. « raisin »), ou tabaâ (du bambara[1] ou de l'arabe, litt. « tampon »[2]), ou encore seere en bambara ou seede en peul (dérivés de chahada)[3], est une marque sur le front que se font certains musulmans en frottant leur visage contre leur tapis de prière, afin de manifester leur assiduité religieuse. Spontanée ou artificielle, elle peut être perçue comme un témoignage de piété ou au contraire une manifestation religieuse ostentatoire, et est notamment portée par certains politiciens du monde musulman à tendance traditionaliste[4].

Origine

C' est une marque sur le front de certains musulmans résultant d'une forme d'hyperkératose, due à la friction générée par la friction régulière du front avec le tapis de prière ou le sol lors du sujud (prosternation) qui a lieu au moins 34 fois par jour en effectuant les cinq prières quotidiennes obligatoires[5] (deux fois par rak'ah, ou unité de prière), et davantage en effectuant des prières surérogatoires. Son existence traduit donc une certaine assiduité religieuse[6].

Interprétation

Certains voient cette marque évoquée dans le Coran au verset 29 de la sourate al-Fath[7] : « Leurs visages sont marqués par la trace laissée par la prosternation ».

À l'inverse, la sourate Al-Ma'un prévient « Malheur à ceux qui font la prière […] par ostentation », l'ostentation (riyaa) étant considérée comme un péché d'hypocrisie[8].

Exemples notables

Plusieurs responsables politiques présentent cette marque :

Notes et références

  1. Pierre Prud'homme, La trace de Dieu : Une anthropologie des régimes d'orthodoxie au Mali (thèse pour l'obtention du titre de docteur en anthropologie), Université d'Aix-Marseille, Institut des mondes africains, , p. 94 et 359.
  2. « Pourquoi la marque sur le front de Chérif Chekatt intrigue autant », sur HuffPost, .
  3. Soares 2004, p. 206.
  4. Pierre Sautreuil, « La « tabaâ », une marque de piété ostensible », La Croix, .
  5. Abdelhadi 2008.
  6. (en) Marloes Janson, Islam, Youth and Modernity in the Gambia : The Tablighi Jama'at, New York, Cambridge University Press, coll. « The International African Library » (no 45), , 303 p. (ISBN 978-1-107-04057-1), p. 147, n. 20 [lire en ligne].
  7. Soares 2004, p. 220.
  8. « Al-Mâ'ûn (L’ustensile) », sur islamweb.net, .
  9. Élodie Auffray, « Tunisie : Hamadi Jebali (Ennahda), le nouvel homme fort », Le Journal du dimanche, .
  10. Isabelle Mandraud, « Un trio au pouvoir à Tunis, ou la revanche de trois opposants obstinés », Le Monde, .
  11. (en) Anthony McDermott, Egypt from Nasser to Mubarak : A Flawed Revolution, London/New York, Routledge, coll. « Routledge Library Editions: Egypt », (1re éd. 1988), 311 p. (ISBN 978-0-415-63747-3 et 978-0-415-81116-3), p. 188 [lire en ligne].
  12. « L'échec de l'islam politique était-il prévisible ? », sur Leaders (Tunisie), .
  13. Stéphane Lacroix et Ahmed Zaghloul Shalata, « Le maréchal et les cheikhs : les stratégies religieuses du régime et leurs complications dans l’Égypte de al-Sissi », Critique internationale, no 78,‎ , p. 21–39 (DOI 10.3917/crii.078.0021).
  14. (en) Marina Ottaway, « Egyptians uncertain about future under President Sisi », BBC News, .
  15. Peter Bergen, « Al Qaeda leader's 'I told you so' on Egypt », CNN News, (consulté le ).

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Benjamin Soares, chap. 9 « Islam and Public Piety in Mali », dans Armando Salvatore (dir.) et Dale F. Eickelman (en) (dir.), Public Islam and the Common Good, Boston et Leyde, Brill, coll. « Social, Economic and Political Studies of the Middle East and Asia » (no 95), (ISBN 90-04-13621-5), p. 205–226 [lire en ligne] .
  • (en) Magdi Abdelhadi, « Signs of division on Egypt's brow », BBC News, . .

Liens externes

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