WOL (Wirtschaftsoberleitung)

La WOL (abréviation du mot allemand « Wirtschaftoberleitung ») signifiant « Gestion économique » est une opération de gestion des services d'exploitation agricole dans les territoires occupés durant la Seconde Guerre mondiale, une colonisation agricole organisé par l'Allemagne nazie ayant été mise en place entre 1940 et 1944 dans le département français des Ardennes et, partiellement, dans celui de la Meuse sous l'appellation WOL III.

Placé sous l'administration conjointe de la société Ostland et du Ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture du Reich, ce type d'opération est également liée à l'exploitation économique de prisonniers de guerre, d'ouvriers agricoles locaux et étrangers, ainsi qu'un grand nombre de personnes déportées en tant que travailleurs forcés.

Historique

Zone reservée dans le nord-est.

Après la défaite française en juin 1940, La ligne du Nord-Est (Nordost Linie en allemand) ou ligne noire (également appelée « ligne du Führer ») est créée le et mise en fonction le de la même année. Elle s'étend de la Somme à la frontière suisse[1].

Dans cette zone, l'occupant a créé une « Zone réservée » dans laquelle, le Reich a prévu une gestion agricole. Cette disposition, dénommée localement WOL III, a entrainé une main mise de 170 000 hectares et de 11 300 exploitations par gouvernement du IIIe Reich[2].

Cette opération de gestion des services d'exploitation agricole est liée à l'Ostdeutsche Landbewirtschaftung-gesellschaft mise en place par l’Ostland pour désigner initialement l'exploitation des terres des pays occupés situés à l'est de l'Allemagne mais sur un secteur bien plus vaste[3].

Organisation

Le siège de la WOL était situé à Paris. Un responsable avait été nommé pour gérer le territoire du département des Ardennes, lequel était divisé en trois cercles (Kreise) et 27 districtes (Bezirke). Les communes concernées hébergeaient des chefs de culture (Betriebleiter), tous allemands et habitants dans des maisons réquisitionnées par l'occupant (dont le château d'Hardoncelle). Les travailleurs agricoles avaient diverses origines, des prisonniers de guerre français ou nord-africains, des ouvriers étrangers répertoriés comme chômeur et à compter de 1943, de nombreux déportés polonais (estimés à 20 000 personnes). L'occupant fit également travailler des agriculteurs locaux spoliés (souvent revenus dans la zone interdite) et dés lors exploités par les Betriebleiter pour cultiver leurs propres champs réquisitionnés. La majeure partie de la production était expédiée en Allemagne mais les rendements restaient très faibles[4].

Postérité

Depuis le , un nouvel espace muséographique a été créé au Musée Guerre et Paix en Ardennes, situé à Novion-Porcien, lequel présente cette opération sous le nom de « La WOL dans Les Ardennes – Août 1940-Août 1944 »[5]. Un tracteur Lanz Bulldog datant de 1941 utilisé par la WOL dans une ferme ardennaise y est exposé[6].

Références

  1. Nicolas Mariot, Claire Zalc, Peter Schöttler, Du Rhin à la Manche. Frontières et relations franco-allemandes au XXe siècle, Tours, Presses universitaires Francois Rabelais, 2017, p. 89-138.
  2. Jean-Luc Leleu, Françoise Passera, Jean Quellien, Michel Daeffler, La France pendant la Seconde Guerre mondiale, Fayard-ministère de la Défense, 2010 (ISBN 978-2-213-65461-4), p. 113.
  3. Jacques Mièvre, « L'"Ostland" en France durant la Seconde Guerre mondiale. Une tentative de colonisation agraire allemande en zone interdite », Nancy, Annales de l'Est, no 46 (1973), 167 p.)
  4. Site persee.fr, texte d'André Labaste : Un essai de colonisation agricole allemand dans le Nord-Est de la France durant l'occupation Annales de géographie Année 1946 298 pp. 150-151.
  5. « Un nouvel espace muséographique : « La WOL dans Les Ardennes – Août 1940-Août 1944 » », sur guerreetpaix.fr (consulté le ).
  6. « Un objet patrimonial rare à conserver dans les Ardennes, le tracteur Lanz Bulldog de la WOL », sur histoire-sedan.com (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Crimes ennemis en France, tome 2 : Tentative de germanisation des Ardennes (La W.O.L.), Archives du service de recherche des crimes de guerre ennemis, Office français d'édition, 1945
  • Jacques Mièvre, L’"Ostland" en France durant la Seconde Guerre mondiale : Une tentative de colonisation agraire allemande en zone interdite, Université Nancy-II, (Mémoires des Annales de l’Est, mémoire n° 46), Nancy, 1973, 165 p.
  • Anne François, Exploiter terres et populations conquises au nom du national-socialisme : l’Ostland dans les Ardennes pendant la Seconde Guerre mondiale, thèse de doctorat, Université de Caen-Normandie, soutenue le 7 novembre 2019
  • Margot Lyautey, « La société Ostland : Une tentative de modernisation de l’agriculture française par l’Allemagne national-socialiste ? », dans Histoire des modernisations agricoles au XXe siècle, sous la direction de Margot Lyautey, Léna Humbert & Christophe Bonneuil, Presses universitaires de Rennes, 2021, p. 71-83 (consultable sur OpenEdition Book)
  • Philippe Moyen, « La WOL dans les Ardennes et les rapports géographie–nazisme au sein du IIIe Reich », dans Mappemonde, n° 132, 2021 (consultable sur OpenEdition Book)

Articles connexes

Liens externes

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