Vergogne

La vergogne est un mot ancien, tombé en désuétude, et qui signifie généralement la honte.

C'est le successeur de l'aidôs grecque.

Vocabulaire

Le mot n'est que très rarement utilisé en français, sauf dans l'expression « sans vergogne ». Le mot a conservé un sens courant et usité en italien (vergogna), portugais (vergonha) et espagnol (vergüeña)[1]. Les mots « vergogneux », « vergogneuse », « vérécond », « vérécondieux », signifiaient honteux ; un vocabulaire abandant dérive de la verecundia latine (ou du bas latin verconia)[Note 1].

Le dévergondage (de vergondage, réfection savante de vergogne), pouvait signifier l'affranchissement de la honte[2]; ou le basculement vers un état antérieur à l'aidôs[1].

La spécificité de la vergogne à partir du XVIIIe siècle tend à se dissiper alors que les termes de honte, de pudeur, et d'honneur, notions plus familières auxquelles la vergogne est assimilée tendent à s'imposer[3].

Histoire

Aidôs antique

Aidôs (du grec : Αἰδώς) ou Edos était la déesse grecque de la honte, de la pudeur, du respect et de l'humilité[4]. Aidôs, en tant que qualité, était ce sentiment de révérence ou de honte qui empêche les hommes de faire le mal. Le terme souvent intraduisible[5] recouvre les notions de pudeur[6], d'honneur[6], la honte[6], la modestie[6], la crainte[6], le respect[6]; il pouvait aussi avoir des connotations érotiques[6],[7]. « Il est lié au regard porté sur soi par les autres, interdisant des conduites dont on pourrait rougir. Il est l’expression de la retenue, attitude communément associée à la respectabilité »[6]. Dans le monde romain le mot verecundia tend à s'imposer traduit par « vergogne » par la suite[3].

Antiquité romaine

Dans la langue latine républicaine et impériale, notamment chez Cicéron la verecundia, qualifie un comportement de réserve, jugé conforme à un système de valeurs,« qui est la condition en retour du respect de la personne qui s’y plie ». C'est le successeur de l'aidôs grecque[3],[8].

À Rome, la moralité des gestes est abordée dans le De officiis par Cicéron, dans le but d'inculquer à son fils les principes de l'éthique stoïcienne; éthique fondée sur la beauté morale et se composant de quatre grandes vertus : la scientia (le discernement de la vérité), la beneficientia (idéal de justice qui incite à donner à chacun ce qui lui appartient), la fortitudo (force ou grandeur d'âme) et la temperantia (la modestie ou la prononciation de chaque mot avec mesure). Il ne s’agit pas d’inculquer ce qui est lié à la mentis agitatio (les turbulences de l’esprit), mais ce que cela a à voir avec l’actio (action et notamment les mouvements du corps). Il faut contrôler les mouvements et attitudes du corps, la manière de marcher, la façon de s'asseoir, la façon de se pencher sur la table, le visage, les yeux, les mains et les mouvements des mains et les mouvements des gestes en général,« la réserve (constantia, verecundia, ces termes sont équivalents) manifestent l'excellence morale et politique »[9],[10]. Le mot pudor apparaît chez Cicéron. Il coexiste chez les auteurs romains avec verecundia, exprimant tous deux le sens des limites qui ne doivent pas être franchies par un sujet pour rester digne de l'estime collective et de soi ; quand la pudor désigne la conscience morale qui pousse à corriger son comportement, la verecundia, serait elle plus intériorisée[11].

Moyen-Âge

Au Moyen Âge, Robert Grosseteste, qui livre la première traduction latine de l'Éthique à Nicomaque, traduit aidos par verecundia. Cette valeur morale est revendiquée par le christianisme latin, par Tertullien puis par Ambroise de Milan. Pour Ambroise de Milan (IVe siècle), associé à la pauvreté, la verecundia trahit une origine élevée (c'est l'origine de l'expression « pauvre honteux »[12],[Note 2]).

La vergogne se retrouve dans la littérature courtoise, chevaleresque ou arthurienne. La vergogne intervient là où le fin'amor est en échec[13]; avec en prime dans un épisode du Tristan en prose (XIIIe siècle), un Château de Vergoigne Uter, construit par Uther Pendragon pour son vassal, après que ce dernier ait découvert l'adultère du premier avec sa femme[14].

Thomas d'Aquin (1225-1274) dans la Summa totius theologiae sancti offre une synthèse complète de la verecundia, mêlant les héritages philosophiques aristotélicien et patristique[3],[15],[16]. La position essentielle de la vergogne à la fin du Moyen Âge et jusqu’aux XVIIe et XVIIIe siècles provient de ce qu’« elle agit tout aussi efficacement dans la morale religieuse que dans le registre laïc de l’honneur »[3]. La « vergogna » a une importance particulière chez Dante Alighieri (1265-1321) et Boccace (1313-1375). Chez Boccace, en dehors de l’amour, dans le Décaméron, c’est l’affect qui revient le plus souvent, au total plus de cent quarante occurrences[17]). Coluccio Salutati (1331-1406) va restaurer la verecundia « comme vertu sociale, nécessaire à la communauté politique », à une époque où la société florentine est en crise[8].

Renaissance

Le déclin de l'efficacité sociale de la vergogne à partir du XVIIIe siècle est en relation avec la déprise de la pastorale de la culpabilité sur les populations et, « parallèlement, avec l’affaiblissement de la valeur de l’honneur dans la fabrication du lien politique et social ». La spécificité de la vergogne tend à se dissiper alors que les termes de honte, de pudeur, et d'honneur, notions plus familières auxquelles la vergogne est assimilée tendent à s'imposer[3].

Le dévergondage, soit l'affranchissement de la honte, c’est-à-dire après l’abandon de la vergogne est le fait, pour des cultures de transcender la honte, et son affirmation, notamment religieuse[2].

« Vergogne » ne trouve sa place que dans le burlesque, dans le style le plus bas et le plus simple, comme dans la comédie, l'épigramme, la satire et les discours de raillerie[18].

Molière, dans Sganarelle ou le Cocu imaginaire[19]. Sganarelle :

« 

Nous l’avons, et je puis voir à l’aise la trogne
Du malheureux pendard qui cause ma vergogne.
Il ne m’est point connu.

 »

François de Malherbe (1555, 1628) dans Prière pour le Roy Henry le Grand allant en Limozin[20],[21]:

« 

Quand un roi fainéant, la vergogne des princes,
Laissant à ses flatteurs le soin de ses provinces,
Entre les voluptés indignement s’endort,
Quoique l’on dissimule on en fait peu d’estime ;
Et, si la vérité se peut dire sans crime,
C’est avecque plaisir qu’on survit à sa mort.

 »

De la vergogne au dévergondage

Dévergondage est défini par référence à dévergondé ou inversement, on y retrouve des termes tels que « sans pudeur », « sans honte » (ce qui est un rappel étymologique à « vergogne »), libertinage (« effronté », scandaleux), « conduite relâchée, déréglée ». Dans le sens figuratif, on trouve des syntagmes tels que « dévergondage d'esprit, d'imagination » donnés sans commentaires. Le Grand Larousse de la langue française donne une définition d'« Écarts par rapport à la normale, dans quelque domaine que ce soit; fantaisie débridée »..

Le Dictionnaire de l'Académie française, édition de 1822, ne reconnaît ce mot que comme adjectif ; l'usage, en a fait par la suite un substantif ; et l'on écrit tous les jours, en parlant de la conduite de quelqu'un : il est d'un dévergondage qui n'a pas de nom. On appelle dévergondé quiconque foule aux pieds non seulement les bonnes mœurs et les bienséances, mais y ajoute encore une publicité qui fait naitre le scandale : quelque chose d'irrégulier caractérise enfin le dévergondage, et en est comme le cachet[22].

L'expression se glisse régulièrement dans certains écrits du XIXe siècle alors que la censure de la presse est progressivement levée, on parle de « dévergondage littéraire »[Note 3],[22],[23].

Pour Susin dans l'ordre d'évolution de l'Amérique latine; à l’hégémonie du catholicisme baroque a succédé l’affranchissement de la honte, après le « dévergondage » (au sens de l’abandon de la vergogne), « le fait, pour des cultures jusqu’alors plus ou moins cachées, de transcender la honte, et son affirmation, notamment religieuse »[2].

Évolution du terme à l'Époque moderne

Il existe en général un souci des convenances tant dans les sociétés archaïques qu'anciennes et médiévales[24]. Au début de l'Époque moderne, les formes de contrôle social sont devenues obsolètes ou vieillissantes, conséquence de la montée de l’individualisme[24]. Avec le puritanisme en Angleterre apparaît une « sociabilité dominée par l’exigence du contrôle de soi » ; dans la « hiérarchie réciproque des sexes », avec le malaise provoqué par la toute-puissance de la conscience, un artifice fut créé probablement « pour libérer le sexe masculin du coût intégral de la constance ». « La femme représenta la pureté, la pudeur, la perfection morale, l’homme incarna l’énergie. »[24].

Le mot dévergondé a subi diverses révolutions : chez les vieux écrivains, on l'employait comme verbe ; il signifiait alors « atteinte portée à l'honneur d'une femme, soit par la violence, soit par la ruse »[22]. Lors du Duel Carrouges-le Gris, duel judiciaire qui a lieu le 29 décembre 1386 à la suite de la demande faite par Jean de Carrouges, contre Jacques le Gris, qu'il accuse d'avoir violé sa jeune épouse, Marguerite de Thibouville, celle-ci, selon Jean Froissart , lui aurait crié : « Combattez, combattez, mon mari; Jacquet m'a dévergondée »[22]. Bien plus que le bien-être d’une femme, la réputation du mari était en jeu[25].

« Devergogner », début XVIIe siècle, notamment dans le répertoire du théâtre comique et burlesque finit par être utilisé pour dire « fouler la honte aux pieds, et fermer les yeux à la pudeur, être effronté » ; tandis que dévergondé(e) finit par être utilisé pour dire « débauché(e), de mauvaise vie, de conduite suspecte et déréglée »[26].

Le mot « libertin » a désigné tout au long du XVIIe siècle tous les libres penseurs, les raisonneurs et qu'on finira par nommer « philosophes »[27]. Au Siècle des Lumières, ils seront responsables de plus d'une révolution :

Dévergondage des mœurs et libertinage

À la mort de Louis XIV en 1715, alors que commence le Siècle des Lumières, le libertinage qui a d'abord pris la forme de libertins érudits cherchant à s'émanciper ou s'affranchir de la métaphysique et de la morale religieuse, va devenir agissant[28]. Le dévergondage des mœurs serait presque la conséquence du dévergondage intellectuel. Raymond Trousson fait remarquer que chez les auteurs libertins, « le terme ne perdra pas tout à fait sa valeur intellectuelle et certaines œuvres, parmi les plus licencieuses, se piqueront encore de faire penser, de fonder un libertinage des mœurs sur un libertinage d'esprit qui se souviendra des audaces des libertins d'antan. »[27]. Le Dom Juan de Molière (1665), qui annonce cynisme libertin du siècle suivant[28], et qui montre aussi qu'il n'est pas bon d'afficher son impiété à la cour de Louis XIV et dans les salons[29], succèdent Les liaisons dangereuses (1782) de Pierre Choderlos de Laclos, et son « imagination de dévergondage et ses raffinement d'impiété »[30] ; les femmes, objet du libertinage, motivées par la volonté de liberté et de vengeance, deviennent également actrices (la Marquise de Merteuil)[31]. Chez Sade, la pudeur est la « première cible de l’initiation corruptrice du boudoir »[32].

Au XIXe siècle, jusqu'au début du XXe siècle, fondée sur l'indignation qu'inspire leur dévergondage — que ce soit chez George Sand, Mauriac, Michelet, Duhamel, Zola ou Colette — sexe et classes sociales vont jouer dans une catégorisation réservée aux femmes; le dévergondage des hommes est rarement stigmatisé comme tel[33]: si les hommes se dévergondent, les dévergondées en sont responsables. George Sand dans Elle et lui[34],[33]:

« Une femme chaste eût-elle choisi pour amant, parmi les hommes sérieux qui l’entouraient, le seul qui eût mené une vie dissolue avec toutes les pires dévergondées de Paris ? »

Dévergondage économique : le règne de l'argent

Dans la morale émergente du libéralisme économique, comme d'abord chez Mandeville (1670-1733), apparaît dans une sorte de jubilation, la refonte du lien social ancien, que l'on comprenait sous les termes d'« aidôs » et de « vergogne » (encore dans les mots de Fourier[35] en 1818, et de Leroy-Beaulieu en 1894[36]), et prenant le relais, auquel Georges Orwell attribuera plus tard le nom de « common decency »[37],[38].

« Jamais la richesse n’a excité autant d’envie que depuis qu’elle semble accessible à tous. » ; « La vergogne est en train de passer d’usage » . De cette manière s'exprime Anatole Leroy-Beaulieu (1842-1912), dans Le règne de l'argent, article publié en avril et mai 1894 dans La Revue des Deux Mondes, et qui examine la crise morale qui a suivi le scandale politico-financier lié au canal de Panama[36]: « La course à la fortune, voilà le spectacle qu’offrent, presque partout, nos sociétés occidentales. Elles ressemblent à un cirque morne où grands et petits, jeunes et vieux, les parents traînant par la main leurs enfants, courent à l’envi, se renversant en chemin et se foulant aux pieds les uns les autres. » « […] de cette tension de tous nos muscles vers l’argent, ne nous reste-t-il pas, à nous aussi, une déformation physique et morale ? Notre conscience se détériore ; les délicatesses et les pudeurs de l’honnêteté s’oblitèrent. Nos sens de modernes, hystériquement raffinés pour les voluptés perverses, s’émoussent en fait d’honneur et de scrupules. L’argent mal gagné n’a plus mauvaise odeur. Si l’improbité formelle nous choque encore, le mercantilisme pénètre partout : c’est un autre des caractères de notre démocratie. »[36].

C'est une autre conséquence de la montée de l'individualisme, de l'affranchissement des anciennes valeurs (chrétiennes) ; un « âge rationaliste, émancipé de tout dogme », s’enlisant dans une « misérable et vile idolâtrie », une « sorte de néo-paganisme, moins les dieux de marbre blanc de l’Hellade, et les beaux mythes de l’Olympe »[36], en somme un dévergondage, un basculement vers une situation antérieure à l'aidôs[38] (Orwell dans le Le Quai de Wigan en 1937 forgera l'expression de « common decency » et en fera la pierre d'achoppement du socialisme[38],[39]; « de là le socialisme, et de là l’anarchisme » a dit Leroy-Beaulieu en 1894[36]).

On peut le faire remonter ce bouleversement au lendemain du siècle de Louis XIV: à la cour du roi soleil, un artifice a été créé, l'hypocrisie, pour ménager la vertu sans décourager le vice, dont le siècle des lumières saura s'affranchir[40],[41],[Note 4]. Selon la formule de La Rochefoucauld en 1666, « l'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu ».« Lorsque le vice imite la vertu, ce ne peut être que par intérêt : or, imiter la vertu par intérêt, c'est prouver que la vertu est bonne ; et prouver que la vertu est bonne, c'est lui rendre hommage »[42],[Note 5]. Deux siècles plus tard, Anatole Leroy-Beaulieu reprend la sentence à son compte, restituant à chaque terme le poids que son époque accorde désormais[36] :

« Le vice enrichi ne rend même plus toujours à la vertu le fastidieux hommage de l’hypocrisie. La vergogne est en train de passer d’usage ; le tout est de réussir, le monde n’a plus qu’indulgence pour les correctes vilenies que couvre le succès. Chaque jour accroît le nombre de ceux qui osent s’affranchir des antiques règles d’une morale vieillie. A en croire les plus sincères, la conscience et l’honneur sont des conventions gênantes dont les forts sont en droit de se défaire. »

Charles Fourier (1772-1837) pareillement en 1818, avait parlé, à propos du Siècle des lumière et de la Révolution française, de « dévergondage mercantile », et les anciens Grecs étaient aussi mis à contribution [Note 6],[35].

Sous la plume de Mandeville ce rapport du vice au bénéfice prend la forme du plus grand scandale philosophique de toute l'Europe des Lumières, la Fable des Abeilles, traduite en 1740, brûlée par le bourreau en 1745[38]. Dans sa célèbre fable de 1714 (en anglais The Fable of The Bees: or, Private Vices, Publick Benefits), Mandeville a tenté de démontrer l’universalité des appétits humains pour les plaisirs corporels et soutenu que les efforts des entrepreneurs égoïstes sont à la base de l’émergence de la société commerciale et industrielle ; le vice chez Mandeville, « qui conduit à la recherche de richesses et de puissance, produit involontairement de la vertu parce qu'en libérant les appétits, il apporte une opulence supposée ruisseler du haut en bas de la société » ; les vices privés font les vertus publiques, l’hypocrisie et la duperie de soi ont une force civilisatrice considérable[43],[44],[45] :

« Dès que la vertu, instruite par les ruses politiques, eut appris mille heureux tours de finesse, et qu’elle se fut liée d’amitié avec le vice , les plus scélérats faisaient quelque chose pour le bien commun »

— Bernard Mandeville, La Fable des abeilles. 1705 & 1714. Traduction de Jean Bertrand. 1740

Adam Smith (1723 -1790) dans La Richesse des nations, tout en dénonçant l'œuvre de Mandeville en reprendra les grands principes tout en se gardant d'utiliser le mot « vice » dans un sens positif, le remplaçant par « self-love »[38].

Vergogne et culpabilité

La honte est une expérience de la rencontre avec autrui, structurante pour le sujet dans son intégration dans une communauté, mais qui peut être aussi envahissante et néfaste, vécue comme la pire des violences[1]etc. La maladie mentale est constituée des « sentiments douloureux attachés à une faute et à l’attente d’un châtiment » [46]; selon Freud, la culpabilité puise à une conception judéo-chrétienne de péché originel[46],[47]. « Entre infériorité, honte, angoisse morale et culpabilité, Freud n’éprouve pas le besoin d’opérer des distinctions »[46]etc..

Notes

  1. Le Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe siècle au XVe siècle renseigne les formes suivantes :
    • vergogne, vergoigne, vergoigneté, vergoin, verguin, vergonde, vercunde
    • vergogneusement, vergoigneusement, vergongneusement, vergonneusement, vergondeement, vergondement, vercondement
    • vergoignier, vergoigner, vergugnier, verguignier, vergonier, vergoingnier, vergongnier, vergogner, vergonder, vergunder
    • vergondal, vergundal,
    • vergondos, vergondeus, vergondous, vergondeulz, vergondeux, vercondeux, vergundus, vergongnable, vergongnant,
    • vergoigner, vergoignier,
    • devergonder, devergogner, devergoigneus, devergoigneusement, devergoigner, desvergoigner,
    dans Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle: composé d'après le dépouillement de tous les plus importants documents manuscrits ou imprimés qui se trouvent dans les grandes bibliothèques de la France et de l'Europe,..., F. Vieweg (E. Bouillon), (lire en ligne)Voir aussi Frédéric Godefroy, Lexique de l’ancien français (lire sur Wikisource), « de vaast à victablement »
  2. en 1732, « les Pauvres-Honteux, objets de la Charité, sont communément de pauvres Ouvriers, qui ont une santé chancelante; des veuves privées de fortune, et chargées d'enfants; des artisans malaisés, qui n'ont point de pratique » dans Charles L'Hérondet, Société en faveur des pauvres-honteux, et non mandians [sic] : ou Mémoire instructif à l'usage des assemblées de charité de la paroisse de S. Pierre de Moulins. Par M. Charles L'Hérondet...., de l'imprimerie de Jean Faure, (lire en ligne)
  3. William Duckett annonce dans le Dictionnaire de la conversation et de la lecture dès 1832 :

    « Dans les gouvernements où existe la liberté de la presse, tout le monde croit pouvoir écrire or, comme le droit ne donne pas toujours la capacité, il en résulte que, faute d'une bonne éducation première ou d'études qui, plus tard, l'aient remplacée, un grand nombre d'écrivains sont dévergondés, soit par le fond des idées, soit par les formes dont ils les revêtent. Dans notre première révolution, où l'effervescence était si générale, le premier venu, montant sur la borne, haranguait le peuple qui passait; était il doué d'une conviction profonde ou d'une certaine facilité d'élocution, il se faisait écouter; mais, en réalité, le fond et la forme, tout était dévergondage. Il y a quelques années, il était de mode de mépriser toutes les traditions, de tenir à dédain tous les principes du goût; il y avait émulation de dévergondage parmi les jeunes écrivains; c'était à qui outragerait avec le plus de persévérance et de cynisme les mœurs et la langue: livres, pièces de théâtre, étaient entrés dans une funeste concurrence; c'était à qui mieux mieux empoisonnerait la génération contemporaine. Mais la pudeur publique s'est enfin révoltée, et la vogue du dévergondage littéraire et dramatique, grâce à Dieu, est presque passée; nous sommes beaucoup plus près qu'on ne le pense de revenir au vrai et au nature!. Tout le monde commence à comprendre que, si le dévergondage peut se glisser quelquefois à la suite des révolutions politiques, ce ne saurait être qu'à titre d'exception. Tout ce qui est empreint de dévergondage est transitoire. Il n'en est pas de même chez les peuples barbares, où quelquefois une grandeur si éclatante se mêle au dévergondage, qu'il laisse une profonde impression sur des esprits dépourvus de lumières, mais pleins d'imagination. »

  4. La sincérité à la cour de Louis XIV n'est pas de mise. L'hypocrisie est partout présente chez Molière: hypocrisie dévote et imposture libertine (Jean Pierre Cavaillé, Hypocrisie et Imposture dans la querelle du Tartuffe). La cours se frotte au modèle de « l’honnête homme » fixé par Nicolas Faret dans les années 1630 ou celui de « l’homme de bien » plus manipulable. L'apparence prime, surtout à la cour du roi de France. Derrière les règles de civilité et l'étiquette rigide voulues par Louis XIV, et par le siècle, ou par La Rochefoucauld, de nombreux auteurs dans leur œuvre — que ce soit Jean de La Bruyère, Jean de La Fontaine, Louis Bourdaloue, Jean-Baptiste Massillon, Fénelon, Molière ou même Madame de Maintenon — dénoncent l'hypocrisie ambiante et la fausseté de la cours de Louis XIV, qui ne sera désamorcée qu'avec la Régence :

    « Il faut qu'un honnête homme ait tâté de la cour: il découvre en y entrant comme un nouveau monde qui lui était inconnu où il voit régner également le vice et la politesse, et où tout lui est utile, le bon et le mauvais. »

    — Jean de La Bruyère, Les Caractères (1688)

    Selon Olivier Babeau, l'hypocrise à la cour de Louis XIV visait à magnifier l'existence par une mise en scène collective.

  5. Madame de Schomberg, dans une lettre à Madame de Sablé, écrit à propos des Maximes :

    « Je ne suis pas encore parvenue à cette habileté d’esprit où l’on ne connoist dans le monde ni honneur, ni bonté, ni probité. Je croyois qu’il y en pouvoit avoir. Cependant, après la lecture de cet escrit, l’on demeure persuadé qu’il n’y a ni vice, ni vertu à rien, et que l’on fait nécessairement toutes les actions de la vie. »

    — Victor Cousin, La Marquise de Sablé et les salons littéraires au XVIIe siècle, t. 2e série de la nouv. période, tome 5, Paris, (lire sur Wikisource), p. 433-472)

    Madame de La Fayette s’exclamera plus brutalement :

    « quelle corruption il faut avoir dans l’esprit et dans le cœur pour être capable d’imaginer tout cela »

    — Variétés historiques et littéraires, Tome X (lire sur Wikisource), « Lettres à Mme de Sablé.Madame de La Fayettevers 1663 – 1665 »

    Vauvenargues a dit semblablement :

    « L'utilité de la vertu est si manifeste, que les méchants la pratiquent par intérêt. »

    Rousseau dira :

    « Dira-t-on jamais d'un filou qui prend la livrée d'une maison pour faire son coup plus commodément, qu'il rend hommage au maitre de la maison qu'il vole? »

    — Jean-Jacques Rousseau, Oeuvres, Chez E.A. Lequien, (présentation en ligne)

    Voir aussi André Laidli, « III. La vertu peut-elle ne pas être un « vice déguisé » ? La question du « hors-texte » et du non-dit dans les Maximes de La Rochefoucauld. Par André Laidli », dans Entre vices et vertus : discours moral, invention littéraire et pensée esthétique (XVe -XVIIIe siècle), Hermann, , 51–72 p. (ISBN 978-2-7056-9239-1, DOI 10.3917/herm.audy.2016.01.0051., lire en ligne)  ; Dans le référentiel « quasi matérialiste » de La Rochefoucauld, c'est une hypocrisie qui se rapproche de celle d'un Dom Juan (« tous les vices à la mode passent pour vertus ») plus que celle d'un Tartuffe. (Voir André Comte-Sponville, Du tragique au matérialisme (et retour): Vingt-six études sur Montaigne, Pascal, Spinoza, Nietzsche et quelques autres : Le quasi-matérialisme de La Rochefoucauld, Humensis, (ISBN 978-2-13-065313-4, présentation en ligne))

  6. Charles Fourier, Extermède. Les corps savants tâtés sur le point d'honneur. (1818—63, cote 9.) p. 95:

    « Qui aurait dit que la perfectibilité civilisée dut consister à proscrire les Muses pour introniser les trafiquants, le monopole et la fourberie? Quel parallèle à établir entre ce siècle de vandalisme et de dévergondage mercantile avec les âges primitifs de l'art chez les Grecs, et combien dans cette comparaison l'on est fondé à accuser de pervertissement les savants et les artistes! »

    p. 99-101 : « lors de la renaissance des lumières, […] la morale obtint l'emploi d'eunuque dans le système politique, puisqu'elle y intervient pour applaudir au triomphe de cette cupidité mercantile qui est incompatible avec la vérité et les mœurs honnêtes […] Là dessus intervinrent de nouveaux jongleurs, les idéologues, matérialistes, athées et autres cohortes de la métaphysique moderne. […] Entre temps survint une perspective d'amélioration qui put relever les espérances des moralistes. La Révolution éclata,[…] Il ne resta pour résultat que le despotisme militaire, le dévergondage mercantile et le retour des préjugés nobiliaires.  »;

Références

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