En mathématiques, et plus précisément en analyse, la méthode de variation des constantes (ou méthode de Lagrange) est une méthode de résolution des équations différentielles.
Elle permet en particulier de déterminer les solutions d'une équation différentielle avec second membre,
connaissant les solutions de l'équation homogène (c'est-à-dire avec un second membre nul) associée.
La méthode a été inventée par le mathématicien et physicien Pierre-Simon de Laplace, pour la résolution des équations différentielles linéaires. Elle tire son nom de ce que, pour l'essentiel, elle consiste à chercher les solutions sous une forme analogue à celle déjà trouvée pour une équation associée plus simple, mais en remplaçant la ou les constantes de cette solution par de nouvelles fonctions inconnues.
Cas du premier ordre
Pour une équation différentielle linéaire d'ordre 1, si la solution générale de l'équation homogène
 
est
 
on cherche celle de
 
sous la forme
 
En reportant dans l'équation initiale, on obtient une équation équivalente à l'équation initiale mais portant sur k :
 
En notant k0 une primitive de la fonction c/(az1), la solution générale k s'exprime sous la forme
 
ce qui permet de remonter à l'expression de la solution générale yK = y0 + zK :
 
Pour expliciter z1 puis k0, il faut réaliser deux calculs de primitives. De ce fait, la solution ne s'exprime le plus souvent pas à l'aide des fonctions usuelles (voir à ce sujet le théorème de Liouville).
Cas du second ordre
Pour une équation différentielle linéaire d'ordre deux, mise sous la forme  :
 :
On note  et
 et  deux solutions formant une base des solutions de l'équation homogène. On cherchera une solution particulière y sous la forme
 deux solutions formant une base des solutions de l'équation homogène. On cherchera une solution particulière y sous la forme
 (d'où le nom de « méthode de variation des constantes »). (d'où le nom de « méthode de variation des constantes »).
On montre que si les fonctions  et
 et  vérifient le système suivant
 vérifient le système suivant
 
alors la fonction y ci-dessus est une solution particulière.
Remarque: 
Puisque le wronskien ne s'annule pas,
 ,
, 
 et
 et  s'obtiennent en utilisant la règle de Cramer.
 s'obtiennent en utilisant la règle de Cramer. 
Cas général
Pour une équation différentielle linéaire d'ordre n avec second membre, on cherchera une solution particulière  combinaison linéaire d'un système fondamental de solutions
 combinaison linéaire d'un système fondamental de solutions  , c.-à-d. d'une base de l'espace vectoriel des solutions de l'équation homogène. Les coefficients
, c.-à-d. d'une base de l'espace vectoriel des solutions de l'équation homogène. Les coefficients  de la combinaison linéaire sont maintenant des fonctions que l'on cherche à déterminer. C'est une simple généralisation du cas n=2, cependant il existe une reformulation matricielle.
 de la combinaison linéaire sont maintenant des fonctions que l'on cherche à déterminer. C'est une simple généralisation du cas n=2, cependant il existe une reformulation matricielle.
Une équation différentielle ordinaire linéaire non homogène s'écrit de manière générale
 
où  est la dérivée k-ième de
 est la dérivée k-ième de  . On suppose au préalable disposer de n solutions linéairement indépendantes
. On suppose au préalable disposer de n solutions linéairement indépendantes  de l'équation homogène
 de l'équation homogène
  .
.
En regroupant dans une colonne les dérivées successives de chaque solution  , on forme la matrice suivante
, on forme la matrice suivante
  .
.
L'indépendance des n solutions peut se vérifier pour chaque x fixé, en calculant le déterminant de cette matrice qui ne doit pas s'annuler, cf. wronskien.
La méthode de variation de la constante consiste à chercher une solution particulière de (1) sous la forme
   
 
avec des fonctions  au moins
 au moins  . En réalité, on introduit à cette étape beaucoup trop d'inconnues et il faut imposer une égalité similaire sur les dérivées supérieures:
. En réalité, on introduit à cette étape beaucoup trop d'inconnues et il faut imposer une égalité similaire sur les dérivées supérieures:
    
 
ce qui revient, par récurrence, à imposer
   .
.
Cependant, la dérivée n-ième est laissée telle quelle ; on obtient en dérivant (5) avec k := n – 1 :
   .
.
Remarque : on comprend mieux l'origine des conditions (6) et (7) dans la formulation matricielle, équation (16).
En insérant maintenant (4), (5) et (7) dans l'équation non homogène (1), on obtient
   .
.
Or puisque les  sont solution de (2), la première somme disparaît, laissant
 sont solution de (2), la première somme disparaît, laissant
    .
.
Théorème : Si les  vérifient les équations différentielles (6) et (8) alors l'expression (4) est solution de (1).
 vérifient les équations différentielles (6) et (8) alors l'expression (4) est solution de (1).
(6) et (8) peuvent se réécrire sous forme matricielle
     
ce qui se résout comme dans le cas du second ordre avec la règle de Cramer. On note  le wronskien, que l'on a supposé non nul, alors
 le wronskien, que l'on a supposé non nul, alors
     
Soit  . On note
. On note  le vecteur colonne
 le vecteur colonne
     
Une fonction  est solution de (1) si et seulement si
 est solution de (1) si et seulement si  satisfait
 satisfait
     
On note  la matrice du membre de droite. On a transformé une équation d'ordre n en une équation d'ordre 1.
 la matrice du membre de droite. On a transformé une équation d'ordre n en une équation d'ordre 1.
La résolvante de l'équation homogène associée est l'application  qui envoie la valeur
 qui envoie la valeur  de toute solution au point x1 à sa valeur
 de toute solution au point x1 à sa valeur  au point x2 (justification de l'existence, cf. Théorème de Cauchy-Lipschitz), c.-à-d. pour toute solution
 au point x2 (justification de l'existence, cf. Théorème de Cauchy-Lipschitz), c.-à-d. pour toute solution  de l'équation homogène associée à (11)
 de l'équation homogène associée à (11)
     .
.
Si l'on regroupe n solutions  linéairement indépendantes de l'équation homogène dans la matrice
 linéairement indépendantes de l'équation homogène dans la matrice  de (3), on a naturellement
 de (3), on a naturellement
     
ainsi que
    .
.
Remarque:
- (13) et (14) restent valables pour toute famille  de solutions, linéairement indépendantes ou pas. de solutions, linéairement indépendantes ou pas.
- Si l'on connait explicitement un système fondamental de solutions  , alors on peut expliciter la résolvante à partir de (14). En effet, par la formule de Liouville, si , alors on peut expliciter la résolvante à partir de (14). En effet, par la formule de Liouville, si est inversible pour un certain x0, alors elle l'est pour tout x ; on peut ainsi écrire est inversible pour un certain x0, alors elle l'est pour tout x ; on peut ainsi écrire . .
Attention : Dans la suite, on utilisera, sans la démontrer, l'invariance de la résolvante par translation, en particulier que  (abus de notation) et que vu comme fonction à une variable, c'est un « groupe à 1 paramètre » partout où il est défini, c.-à-d.
 (abus de notation) et que vu comme fonction à une variable, c'est un « groupe à 1 paramètre » partout où il est défini, c.-à-d.  et
 et  lorsque cela est défini. Par ailleurs,
 lorsque cela est défini. Par ailleurs,  satisfait aussi (13).
 satisfait aussi (13).
Dans cette formulation, la méthode de variation des constantes consiste à faire le "changement de variable"
      
(11) se réécrit donc
     .
.
Or puisque  satisfait aussi (13), il ne reste que
 satisfait aussi (13), il ne reste que
      
ce qui est équivalent à (9), avec ici la dépendance explicite aux valeurs des solutions fondamentales en x0.
En remarquant que  (matrice identité) et avec (15), on intègre le vecteur composante par composante
 (matrice identité) et avec (15), on intègre le vecteur composante par composante
     .
.
En réutilisant (15) et  partout où cela est défini, on obtient finalement
 partout où cela est défini, on obtient finalement
    .
.
Exemple d'application à la physique
L'équation différentielle du second ordre à coefficients constants  intervient en physique dans l'étude des systèmes oscillants à un degré de liberté, lorsque l'excitation (force, courant…) appliquée au système oscillant est nulle.
 intervient en physique dans l'étude des systèmes oscillants à un degré de liberté, lorsque l'excitation (force, courant…) appliquée au système oscillant est nulle.
La méthode de l'équation caractéristique (découverte par Euler) donne la solution de cette équation différentielle homogène, qui est une combinaison linéaire de fonctions exponentielles (complexes).
Lorsque l'on applique une excitation  , l'équation devient :
, l'équation devient :
 .
.
La méthode de variation de la constante permet d'en trouver la solution générale.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste-  :