Univers de l'Incal

Univers de l'Incal

Univers de fiction
Genre(s) science-fiction
Auteur(s) Alexandro Jodorowsky et Mœbius
Année de création 1981
Pays d’origine France
Langue d’origine français
Support d’origine bande dessinée
Thème(s)
  • Intrigues et complots politiques
  • Voyages intersidéraux
  • Mysticisme et messianisme
Public visé Lecteurs de science-fiction
États
  • Niveau technologique : voyages intersidéraux fréquents et rapides, armes laser, pouvoirs psychiques (télépathie)
  • Organisation sociale : empire universel structuré par un système de castes où science et clergé sont très liés
Autre(s) support(s)

L'univers de la série de bande dessinée L'Incal et de ses séries dérivées est un monde de science-fiction créé par Alejandro Jodorowsky.

Elle est illustrée par Moebius (alias Jean Giraud) qui a commencé en l'année 1980 dans les pages du magazine « Métal hurlant ».

Mise en contexte

Tout comme l’explique le synopsis officiel, L’Incal relate les tribulations de John Difool, détective de classe inférieure dans un monde dystopique dégénéré[1]. Il voit sa vie bouleversée à partir de l'instant où il découvre un ancien artefact mystique nommé l’Incal[2]. Les aventures de Difool le mettront en conflit avec le plus grand guerrier de la galaxie, le Métabaron, et l’opposeront aux pouvoirs du Techno-pape[3].

D'après Audrey Cavaillé et Valérie Arrault :

La grande créativité de Jodorowsky s’illustre dans une œuvre bouillonnante où l’artiste à la capacité de maîtriser des mouvements d’idées opposées, comme par exemple le matérialisme historique, le surréalisme, un spiritualisme teinté de mysticisme et d’ésotérismes divers, lesquels ont tous imprégné ses créations, dont l’onirisme semble engendrer une métamorphose toujours plus folle de lucidité impertinente. L’œuvre la plus emblématique de cette quête vers un état spirituel conscient demeure L’Incal, une série d’albums produite entre 1981 et 1995 aux Humanoïdes Associés, co-réalisée successivement avec Mœbius puis Zoran Janjetov. Néanmoins, chacun de ces albums s’imbrique l’un dans l’autre. Chacun fait preuve d’une recherche d’un « supraconscient1 » dont les multiples références sont celles de la symbolique du tarot, de la kabbale, de la culture chinoise du Yi-King, sous-tendues par une exploration de l’inconscient, qu’il soit collectif, individuel ou culturel[4].

Terra 2014

La plupart des événements ont lieu sur Terra 2014[3].

Organisation

L'univers de l'Incal est sur-hiérarchisé, avec une interaction complexe entre les différentes institutions.

Les Techno-technos

Une secte scientifique disposant d'un pouvoir techno-religieux[4].

Les Aristos

La caste caste des dominants[4].

Personnages

Sont listés ici les personnages qui apparaissent dans plusieurs séries différentes.

  • John Difool : détective privé de classe R[4].
  • Deepo : animal domestique de John Difool[1].
  • Le Prez : le dictateur de Terra 2014[3].
  • Diavaloo : animateur vedette de Terra 2014[4].

Séries

Toutes les séries sont scénarisées par Alejandro Jodorowsky et éditées chez les Humanoïdes Associés.

La généalogie du Méta-Baron

Autres séries dans cet univers

Hors série

Spin-off de Humanoïds, Inc.

  • L'incal - Kill Tête-de-Chien (scénario : Brandon Thomas - dessin : Pete Woods, 2021)
  • Mental Incal (scénario : Mark Russell - dessin : Yanick Paquette, 2023)
  • L'incal - Capitaine Kaimann (scénario : Dan Watters - dessin : Jon-Davis Hunt, 2023)

Adaptations

Un jeu de rôle sur table situé dans l'univers de L'Incal paraît chez les Humanoïdes associés puis chez Yéti Entertainment en 2001. Il se compose de deux livres, L'Univers et Le Livre des règles, auxquels s'ajoutent un écran accompagné d'un Guide du Meneur de jeu, puis plusieurs autres suppléments : Les Maganats, Les Codes d'honneur et L'Ekonomat[5]. Le livre sur l'univers, le livre de règles et l'écran du meneur de jeu connaissent la même année une édition en anglais chez l'éditeur américain West End Games[5].

Analyses

Franck Thibault a analysé dans sa thèse de doctorat ce que l'univers de L'Incal doit à celui du cycle de Dune de Frank Herbert, dont Jodorowsky avait supervisé un projet d'adaptation au cinéma resté inabouti avant d'entreprendre l'écriture de L'Incal. Jodorowsky a indiqué avoir récupéré nombre d'idées de cette adaptation inachevée pour concevoir L'Incal. Selon Thibault, on peut affirmer que L'Incal constitue un hypertexte du roman Dune au sens donné à ce mot par Gérard Genette dans son ouvrage Palimpsestes en 1982[6].

Selon Audrey Cavaillé et Valérie Arrault, qui analysent les deux premiers cycles, L'Incal et Avant l'Incal, ces bandes dessinées plongent leur lectorat dans « univers fictionnel caricatural qui le renvoie à son propre monde, en mettant au jour les rapports de domination, d’aliénation et de contrôle » ; « le découpage et la mise en scène ont pour but de faire émerger un récit où l’ordre est orchestré par un monde libéral mais également libertaire du point de vue des mœurs »[4].

Henri-Simon Blanc-Hoang analyse la manière dont Jodorowsky évoque la colonisation et le racisme dans les sociétés passées et présentes d'Amérique latine à travers la vision de la conquête spatiale dont il pose les bases dans Avant l'Incal (t.2) et qu'il développe en supervisant la série Les Technopères. Avant l'Incal montre l'humanité occupée à conquérir et piller d'autres planètes, et une statue que les personnages s'approprient est identique à une statue précolombienne exposée au Musée national de Mexico. Les Technopères développe un commentaire politique qui explore et condamne la pigmentocratie en Amérique latine en choisissant de mettre en scène un mestizo doté d'un rôle positif parmi les personnages principaux[7].

Véronique Luet, dans sa thèse de doctorat, a rapproché l'univers et les interrogations philosophiques et scientifiques de L'Incal de celles du roman Radix d'Attanasio, dans la mesure où ces deux œuvres « à travers leurs soubassements mythiques, psychanalytiques et philosophiques dénotent une volonté de syncrétisme et de conciliation entre tradition et modernité »[8].

Notes et références

  1. (en) « https://www.moebius.fr/Incal », sur www.moebius.fr (consulté le )
  2. SensCritique, « L'Incal, intégrale Alejandro Jodorowsky et Jean Giraud (Moebius) », sur SensCritique (consulté le )
  3. Imho, « L'Incal : Chronologie et Ordre de Lecture », sur Chronolivre, (consulté le )
  4. Audrey Cavaillé et Valérie Arrault, « L’Incal, une fiction métaphorique », Entrelacs. Cinéma et audiovisuel, no 16,‎ (ISSN 1266-7188, DOI 10.4000/entrelacs.5658, lire en ligne, consulté le )
  5. « Caste des Métabarons (La) / Metabarons (The) », sur www.legrog.org (consulté le )
  6. Thibault 2000.
  7. Blanc-Hoang 2017, p. 38.
  8. Luet 1995.

Voir aussi

Bibliographie

  • Julien Blondel, Fred Le Berre, Kurt McClung et Marc Prudhomme, La Caste des Métabarons : L'Univers, Les Humanoïdes associés,
  • (en) Henri-Simon Blanc-Hoang, « Colonialism, postcolonialism and science fiction comics in the Southern Cone », Studies in Comics, vol. 8, no 1,‎ , p. 29–49 (ISSN 2040-3232 et 2040-3240, DOI 10.1386/stic.8.1.29_1, lire en ligne, consulté le )
  • Véronique Luet, Attanasio, Moebius et Jodorowsky, des inventeurs d'univers dans le monde de la science-fiction (thèse de doctorat en littérature et civilisations comparées à l'université Paris 10 Nanterre sous la direction de Claude de Grève), (lire en ligne)
  • Franck Thibault, Comment Dune devint L'Incal. Étude de l'hypertextualité entre le roman de Franck Herbert et les bandes dessinées d'Alexandro Jodorowsky (thèse de doctorat en littérature comparée menée à l'université Paris 3 sous la direction de Jean Bessière), Paris, Université Paris 3, (lire en ligne)
  • IMHO, 2022. L’Incal : Chronologie et Ordre de Lecture. Chronolivre [en ligne]. 5 juin 2022. Disponible à l’adresse : https://chronolivre.com/incal-ordre-lecture-chronologie/ [consulté le 3 février 2025].
  • CAVAILLÉ, Audrey et ARRAULT, Valérie, 2019. L’Incal, une fiction métaphorique. Entrelacs. Cinéma et audiovisuel. No 16. DOI 10.4000/entrelacs.5658.

Liens externes

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