Un historien à Gaza

Un historien à Gaza
Auteur Jean-Pierre Filiu
Pays France
Genre essai, récit
Éditeur Les Arènes
Date de parution mai 2025
Nombre de pages 203
ISBN 979-10-375-1378-6

Un historien à Gaza est un récit de l'historien français Jean-Pierre Filiu paru en aux éditions Les Arènes et consacré à la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza. L'auteur témoigne du séjour d'un mois qu'il a effectué dans la bande de Gaza de à . Il bénéficie d'une réception critique positive, qui souligne la rareté d'un tel témoignage du fait de l'interdiction faite par Israël aux journalistes internationaux d'accéder à la bande de Gaza.

Propos

Du au , l'historien spécialiste du Proche-Orient Jean-Pierre Filiu parvient à se rendre dans la bande de Gaza, strictement interdite d'accès aux journalistes internationaux depuis le début de la guerre, grâce à son intégration au sein d'une équipe humanitaire de Médecins sans frontières, ONG à laquelle sont versés les droits d'auteur de l'ouvrage[1].

Avec quelques mises en perspective historiques du conflit israélo-palestinien, et sans épargner le Hamas — dont il relate la brutalité tant lors des massacres du qu'à l'égard des Palestiniens —, ni le Fatah, Jean-Pierre Filiu relate ce qu'il a vu dans la bande de Gaza durant le mois où il y a séjourné. Il décrit en particulier le quotidien à Al-Mawasi, zone littorale du sud de Gaza où il a résidé, devenue un immense camp de réfugiés où survivent un million de Palestiniens, exposée aux éléments et aux bombardements de l'armée israélienne qui l'a pourtant désignée comme « zone humanitaire »[1].

Il raconte plus globalement la destruction méthodique et volontaire par Israël du bâti gazaoui, véritable « choc » pour lui qui avait connu le Gaza d'avant, la destruction des infrastructures énergétiques et d'assainissement, celle des terres agricoles, de la totalité des universités du territoire, de nombreux hôpitaux. Il évoque le blocus de l'aide alimentaire, les déplacements forcés, la famine qui s'installe, les dizaines de milliers de victimes civiles de tirs et bombardements israéliens, les victimes de la faim, du froid et des maladies causés par la guerre, les « décharges à ciel ouvert où grouillent des enfants nu-pieds », « les trous creusés dans le sable en guise de sanitaires », le pillage des convois humanitaires de l'ONU par des gangs palestiniens bénéficiant de la bienveillance de Tsahal[2], le chaos qui s'installe, la hausse des violences sexuelles et l'espoir d'une trêve[1],[3],[4],[5].

Pour l'auteur, il s'agit d'un « nettoyage ethnique » commis par Israël[6]. Il dénonce l'armée israélienne, responsable de la mort des « professionnels de l'information », et fustige également les nations, qui ont « laissé faire » quand elles n'ont « pas applaudi ». Il critique notamment les États-Unis, « soutien pratiquement inconditionnel » de la guerre israélienne contre Gaza[5].

Réception critique

Le quotidien belge Le Vif décrit un « témoignage [...] rare et précieux »[3], Le Monde, qui en publie les bonnes feuilles, un « témoignage rare »[4], Le Canard enchaîné « un document précieux »[6], 20 Minutes « un récit rare et bouleversant qui donne à voir la destruction de Gaza »[7]. Le témoignage est jugé précieux du fait de l'interdiction faite par Israël aux journalistes internationaux d'accéder à la bande de Gaza, souligne à l'unisson la presse francophone ; Libération cite : « « Que comprendrions nous à la guerre d’Ukraine si seuls en rendaient compte des journalistes basés et accrédités à Moscou ? » fait valoir le témoin privilégié [Jean-Pierre Filiu][1]. »

La Croix estime qu'« historien, Jean-Pierre Filiu a réussi là où les médias ont échoué, du fait même de leur profession et de la caisse de résonance qu'aurait donné leur couverture à l'atrocité des représailles israéliennes aux attaques barbares du Hamas » et considère la lecture de l'ouvrage « salutaire et nécessaire pour chasser le poison du doute qui a pu s'installer à force de distance, de désinformation de toutes parts et de désintérêt pour une guerre qu'on ne veut pas comprendre », tout en regrettant les critiques de l'auteur vis-à-vis de la presse internationale[5].

Pour Philosophie Magazine, « ce témoignage est, au-delà de la description, un voyage aux frontières de la société humaine, là où la justice est devenue une idée bien futile » mais où, « entre deux ordres d’évacuation, la vie s’organise encore »[8].

Orient XXI estime que l'auteur fait « œuvre scientifique, attaché aux chiffres et aux sources », tout en laissant paraître son émotion[9].

Édition

Références

  1. Hala Kodmani, « «Un historien à Gaza» de Jean-Pierre Filiu, témoignage d’une «humanité abandonnée» », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Samuel Forey, « A Gaza, Israël promeut des milices anti-Hamas liées à des réseaux criminels », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. Gérald Papy, « Guerre à Gaza: «La mort est dorénavant chez elle partout» », sur Le Vif, (consulté le ).
  4. « « Je suis à peine de retour que me submerge déjà la tragédie de ce territoire assiégé » : l’historien Jean-Pierre Filiu raconte son séjour à Gaza », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  5. Julie Connan, « « Un historien à Gaza », de Jean-Pierre Filiu : fenêtre sur un interminable cauchemar », La Croix,‎ (lire en ligne).
  6. Frédéric Pagès, « Journal : « Un historien à Gaza », canons, missiles et Riviera », sur Le Canard enchaîné, (consulté le ).
  7. Emilie Jehanno, « Un historien raconte son mois à Gaza un « interminable cauchemar » », sur 20 Minutes, (consulté le ).
  8. Charles Perragin, « Livre : “Un historien à Gaza”, de Jean-Pierre Filiu : vivre dans l’effondrement », Philosophie Magazine,‎ (lire en ligne).
  9. Pierre Prier, « Gaza. Entre néant et chaos », sur Orient XXI, (consulté le ).
  • Portail du conflit israélo-arabe
  • Portail de la littérature française et francophone
  • Portail des années 2020
  • Portail des droits de l’homme
  • Portail de la Palestine