Tumeurs endocrines

Les tumeurs endocrines sont des tumeurs touchant le système endocrinien.
Souvent classées parmi les tumeurs dites « neuroendocriniennes » (NET) et parfois considérées comme des maladies rares, elles sont souvent bénignes, mais pas toujours. Quand un tissu fonctionnel est touché, il y a production anormale d'une ou plusieurs hormones, avec alors des symptômes inhabituels par rapport aux autres tumeurs.

Certaines de ces tumeurs sont restées longtemps méconnues car difficiles à identifier en raison d'une large gamme de symptômes, non spécifiques de cette maladie, facilement confondus avec ceux d’affections bénignes[1].

Certaines de ces tumeurs sont en forte augmentation dans la population des pays riches depuis les années 1970[2] ; Incidence des « tumeurs endocrines pancréatiques métastasiques bien différentiées » multipliée par 5 de 1975 à 2004 ; Incidence multipliée par 7 dans le registre norvégien (Hepatoweb)[3].

Typologie des tumeurs, et symptômes

On peut les classer en :

  1. « Tumeur fonctionnelle » (associée à une hypersécrétion hormonale ; avec des symptômes de perturbation hormonale[4]) ou en ;
  2. « Tumeurs non fonctionnelles » (révélées par un syndrome tumoral généralement fortuitement découvert à la palpation ou à la suite d'une compression d'un organe de voisinage[4] ; ce sont largement les plus fréquentes des tumeurs neuroendocrines).

Les tumeurs fonctionnelles sont :

Elles sont uniques, sporadiques ou multiples, et peuvent se présenter comme des tumeurs carcinoïdes atypiques.

Localisation

Elles touchent certains organes du système nerveux et/ou du système endocrinien, et se forment dans divers organes[1] :

Yao JC et al., dans une étude (2008)[2] ayant porté sur 35 618 patients, notent que le site de la tumeur primaire varie selon l'origine ethnique ou géographique ; le poumon est plus touché chez les patients américains blancs alors que le rectum l'est plus chez les patients venant des îles de l'Asie-Pacifique, les amérindiens et natifs de l'Alaska ou d'Afrique[2].

Diagnostic différentiel

Au vu des symptômes, la plupart des cas peuvent être confondus avec de nombreuses maladies bénignes.
Ces tumeurs ne doivent pas être confondues avec un cancer « classique » (tumeur exocrine), lequel nécessite un traitement différent.

Causes

Elles sont en cours d'exploration, y compris sur l'animal de laboratoire.
Quand plusieurs glandes sont touchées à la fois, il peut s'agir d'une néoplasie endocrinienne multiple (NEM) d'origine génétique[4], mais l’augmentation de la prévalence et les organes touchés peuvent laisser penser à une cause environnementale (perturbateurs endocriniens ?) et à une contamination par l’alimentation et la pollution de l’air (car les poumons et l’intestin sont très souvent touchés). L'origine professionnelle de certaines de ces tumeurs a été prouvé (cas particulier d'un travailleur exposé au nickel qui développe un cancer de l'ethmoïde avec composante neuroendocrine[7]).

Prévalence

Elle est mal connue dans le monde.
Dans les pays riches, l'incidence de certaines de ces tumeurs est en nette augmentation, et c'est le cas aux États-Unis[2]. C'est le cas des « tumeurs endocrines pancréatiques bien différenciées », notamment pour le poumon, l'intestin grêle et le rectum[2].

Selon les données disponibles de 2004 à 2008, les tumeurs neuroendocrines arrivent en seconde position, derrière les cancers du colon et du rectum, et devant le cancer de l'estomac[2],[8],[9].

Selon Net-Groep, une ONG de patients spécialisée dans ce domaine, « les patients atteints de ces tumeurs restent avec des symptômes inexpliqués pendant environ 5 ans »[1].

Pronostic

Il dépend de facteurs tels que la localisation dans le corps de la « tumeur primitive », le stade tumoral et la présence ou non de métastases, l'âge du patient...
Le taux de survie moyen s'est beaucoup amélioré depuis les années 1970[2], mais le pronostic de survie des patients avec métastases n'est pas très bon (2 ans)[10]

Exemple de personnalité affectée

Steve Jobs est mort d'une tumeur endocrine au pancréas et non d’un cancer du pancréas classique[1].

Codes ICD-9-CM de classification des tumeurs neuroendocrines

Une codification (en anglais ci-dessous) permet de mieux traiter ou orienter les malades ; elle permet aussi un suivi statistique et épidémiologique plus fin, qui pourrait notamment conduire à identifier certaines causes à l'augmentation de la prévalence de certains de ces cancers ;

  • 209 Neuroendocrine tumors
  • 209.0 Malignant carcinoid tumor of the small intestine, unspecified portion
  • 209.01 Malignant carcinoid tumor of the duodenum
  • 209.02 Malignant carcinoid tumor of the jejunum
  • 209.03 Malignant carcinoid tumor of the ileum
  • 209.10 Malignant carcinoid tumor of the large intestine (colon), unspecified portion
  • 209.11 Malignant carcinoid tumor of the appendix
  • 209.12 Malignant carcinoid tumor of the cecum
  • 209.13 Malignant carcinoid tumor of the ascending colon
  • 209.14 Malignant carcinoid tumor of the transverse colon
  • 209.15 Malignant carcinoid tumor of the descending colon
  • 209.16 Malignant carcinoid tumor of the sigmoid colon
  • 209.17 Malignant carcinoid tumor of the rectum
  • 209.20 Malignant carcinoid tumor of unknown primary site
  • 209.21 Malignant carcinoid tumor of the bronchus and lung
  • 209.22 Malignant carcinoid tumor of the thymus
  • 209.23 Malignant carcinoid tumor of the stomach
  • 209.24 Malignant carcinoid tumor of the kidney
  • 209.25 Malignant carcinoid tumor of the foregut NOS
  • 209.26 Malignant carcinoid tumor of the midgut NOS
  • 209.27 Malignant carcinoid tumor of the hindgut NOS
  • 209.29 Malignant carcinoid tumors of other sites
  • 209.3 Malignant poorly differentiated neuroendocrine tumors
  • 209.4 Benign carcinoid tumors of the small intestine
  • 209.40 Benign carcinoid tumor of the small intestine, unspecified portion
  • 209.41 Benign carcinoid tumor of the duodenum
  • 209.42 Benign carcinoid tumor of the jejunum
  • 209.43 Benign carcinoid tumor of the ileum
  • 209.50 Benign carcinoid tumor of the large intestine (colon), unspecified portion
  • 209.51 Benign carcinoid tumor of the appendix
  • 209.52 Benign carcinoid tumor of the cecum
  • 209.53 Benign carcinoid tumor of the ascending colon
  • 209.54 Benign carcinoid tumor of the transverse colon
  • 209.55 Benign carcinoid tumor of the descending colon
  • 209.56 Benign carcinoid tumor of the sigmoid colon
  • 209.57 Benign carcinoid tumor of the rectum
  • 209.6 Benign carcinoid tumors of other and unspecified sites
  • 209.60 Benign carcinoid tumor of unknown primary site (or NOS)
  • 209.61 Benign carcinoid tumor of the bronchus and lung
  • 209.62 Benign carcinoid tumor of the thymus
  • 209.63 Benign carcinoid tumor of the stomach
  • 209.64 Benign carcinoid tumor of the kidney
  • 209.65 Benign carcinoid tumor of the foregut NOS
  • 209.66 Benign carcinoid tumor of the midgut NOS
  • 209.67 Benign carcinoid tumor of the hindgut NOS
  • 209.69 Benign carcinoid tumors of other sites

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (fr) NET-groep a produit 3 séminaires sur le sujet et 3 courtes vidéos sur YouTube évoquant respectivement 1°) les différents types de tumeurs endocrines, le diagnostic et la recherche ; 2°) les traitements possibles une fois le diagnostic établi et 3°) un partage d'expérience(2012)[1].

Bibliographie

  • (en) Tsukamoto S, Fujita S, Yamaguchi T, et al: Clinicopathological characteristics and prognosis of rectal well-differentiated neuroendocrine tumors. Int J Colorectal Dis 23:1109-1113, 2008
  • (en) Modlin I, Drozdov I, Gustafsson B, et al, Rectal neuroendocrine: Diagnosis and treatment. In: Modlin I, Oberg K (eds): A Century of Advances in Neuroendocrine Tumor Biology and Treatment. Hannover, Germany, Felsenstein CCCP, 2007, p. 124-133
  • (en) Modlin I, Oberg K, Chung D, et al, Gastroenteropancreatic neuroendocrine tumours. Lancet Oncol 9:61-72, 2008
  • (en) Scherübl H, Options for gastroenteropancreatic neuroendocrine tumours ; Lancet Oncology 9:203, 2008
  • (en) Grötzinger C, Tumour Biology of Gastroenteropancreatic Neuroendocrine Tumours ; Neuroendocrinology 2004;80(Suppl.1):8-11 (DOI 10.1159/000080732) (résumé ou PDF payant, 118 KB)
  • (en) Rindi G, Klöppel G, Endocrine Tumors of the Gut and Pancreas Tumor Biology and Classification ; Neuroendocrinology 2004;80(Suppl.1):12-15 (DOI 10.1159/000080733) (résumé ou PDF payant, 229 KB)
  • (en) Delle Fave G, Capurso G, Annibale B, Panzuto F, Gastric Neuroendocrine Tumors ; Neuroendocrinology 2004;80(Suppl.1):16-19 (DOI 10.1159/000080734) (résumé ou PDF payant, 79 KB)
  • O’Toole D, Hentic O, Corcos O, Ruszniewski P., Chemotherapy for Gastro-Enteropancreatic Endocrine Tumours ; Neuroendocrinology 2004;80 (Suppl.1):79-84 (DOI 10.1159/000080747) ; (résumé ou article payant PDF 100 KB)

Notes et références

  1. Irène Palko (NET-groep), Tumeurs endocrines (NET) : le cancer en camouflage ; 1re publication : Newsletter d'EURORDIS (réseau européen sur les maladies rares), janvier 2012.
  2. Yao J, Hassan M, Phan A et al.: One hundred years after « carcinoid » : Epidemiology of and prognostic factors for neuroendocrine tumors in 35,825 cases in the United States. J Clin Oncol 26:3063-3072, 2008.
  3. Bertrand Dousset, Tumeurs endocrines pancréatiques métastasiques bien différentiées ; Service de Chirurgie Digestive, Hépato-biliaire et Endocrinienne ; Hôpital Cochin.
  4. Corrigé rédigé par la Société Nationale Française de Gastroentérologie (PDF) ou html.
  5. de Herder, W.W., Insulinoma ; Neuroendocrinology 2004;80(Suppl.1):20-22 (DOI 10.1159/000080735) (résumé).
  6. Jensen, R.T., Gastrinomas: Advances in Diagnosis and Management ; Neuroendocrinology 2004;80(Suppl.1):23-27 (DOI 10.1159/000080736) Résumé.
  7. Cancer de l'ethmoïde et exposition au nickel.
  8. Taal BG, Visser O, Epidemiology of Neuroendocrine Tumours : Neuroendocrinology. 2004;80(suppl 1):3-7.
  9. Hauso O, Gustafsson BI, Kidd M et al. Cancer. 2008;113:2655-2664.
  10. Yao J, Hassan M, Phan A, et al. J Clin Oncol. 2008;26:3063-3072.
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