Transracialisme

Le transracialisme désigne le fait de s’identifier à une ethnie différente de celle attribuée à la naissance[1]. Une personne dite transraciale revendique ainsi une appartenance ethnique distincte de son origine assignée à la naissance.

Travaux scientifiques

Philosophie

En , la revue de philosophie féministe Hypatia a publié un article universitaire de Rebecca Tuvel intitulé « In Defense of Transracialism » établissant des parallèles entre les individus « transraciaux » et les personnes transgenres[2] qui a fait polémique (en)[3].

Sociologie

Le sujet a également été abordé dans Trans: Gender and Race in an Age of Unsettled Identities, un livre publié en 2016 par le professeur de sociologie de l'université de Californie à Los Angeles, Rogers Brubaker, qui soutient que le phénomène, bien qu'offensant pour beaucoup, est psychologiquement réel pour de nombreuses personnes à travers l'histoire[4],[5].

Controverses

Terminologie historique

L'utilisation du terme transracial pour décrire le changement d'identité raciale a été critiquée par la communauté de l'adoption transraciale. Le terme transracial a été utilisé historiquement dans la communauté des adoptants pour décrire des parents qui adoptent un enfant d'une race différente[6],[7]. Les membres de la communauté des adoptants transraciaux affirment que le terme transracial a une signification historique spécifique liée à ces adoptions et affirment qu'il est usurpé d'une manière préjudiciable à la communauté des adoptants transraciaux[7]. En , une vingtaine d'adoptés transraciaux, de parents transraciaux et d'universitaires publient une lettre ouverte condamnant l’utilisation du terme transracial dans ce contexte, utilisation qu'ils jugent erronée, non historique et dangereuse[7],[8],[9].

Décrédibilisation de la transidentité

L'utilisation de ce terme pour décrire l'identification à une identité raciale différente de celle attribuée à la naissance a également été critiquée par la communauté transgenre et ses alliés. Les personnes transgenres affirment que le transracialisme n'est pas comparable à la transidentité, car le genre et la race ne peuvent être mis sur le même plan[10]. Le terme transracial, en utilisant le préfixe « trans » et en étant souvent associé à la transidentité[11], participerait ainsi à la transphobie et à la décrédibilisation des personnes transgenres.

Exemples de personnalités transraciales

  • Martina Big (en) est une femme allemande, née blanche qui s'identifie comme noire[13],[14]. Elle a eu recours à des injections de bronzage administrées par un médecin afin d'assombrir sa peau et ses cheveux[13],[14].
  • Adam Wheeler est un homme américain blanc qui se considère comme Philippin et utilise le nom de Ja Du. Il a créé une page Facebook et une communauté pour les personnes qui se définissent comme transraciales[15],[16].
  • Oli London, un youtubeur britannique blanc, s'est identifié pendant plusieurs années comme « Coréen non binaire ». Il est connu pour avoir eu recours à la chirurgie plastique afin de ressembler au chanteur du groupe BTS, Park Ji-min. Les commentaires et les comportements de London ont été fortement critiqués sur les réseaux sociaux[17],[18]. En octobre 2022, il fait sa « détransition », en annonçant qu'il s'est trompé et se considère à nouveau comme un homme britannique. Il se convertit au catholicisme et s'engage alors auprès d'hommes politiques conservateurs afin de combattre « la culture woke »[11].

Littérature

  • Dans le roman Your face in mine (2014) de Jess Row (en), le personnage principal Martin, un homme né de parents blancs juifs, raconte avoir subi une opération de « réassignation raciale » car il souffre de « dysphorie raciale » et s'identifie à un Afro-américain[19].
  • Dans la nouvelle The Autobiography of an Ex-Colored Man (en) (1912) de James Weldon Johnson, le narrateur, fils d’une mère noire et d’un riche homme blanc, décide, à la suite de diverses expériences racistes, dont celle d'être témoin d'un lynchage, de passer pour un Blanc afin d'assurer sa sécurité et son avancement. Il renonce alors à sa mère et à sa famille maternelle et ses enfants eux-mêmes croient qu’ils sont blancs[1].

Références

  1. Aude Lorriaux, « Le transracialisme existe-t-il? (et pourquoi serait-il moins accepté que la transidentité?) », sur Slate.fr, (consulté le )
  2. (en) Tuvel, « In Defense of Transracialism », Hypatia, vol. 32, no 2,‎ , p. 263–278 (ISSN 0887-5367, DOI 10.1111/hypa.12327)
  3. (en) Rogers Brubaker, « Opinion / The Uproar Over ‘Transracialism’ », The New York Times,‎ (lire en ligne , consulté le ).
  4. (en) « Trans: Gender and Race in an Age of Unsettled Identities », Princeton University Press (consulté le )
  5. (en) Rogers Brubaker, Trans: Gender and Race in an Age of Unsettled Identities, Princeton, N.J., Princeton University Press, , 1–11 p. (ISBN 9780691172354), « Introduction »
  6. (en) Karen Valby, « The Realities of Raising a Kid of a Different Race », Time,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Frances Kai-Hwa Wang, « Adoptees to Rachel Dolezal: You're Not Transracial », NBC News, NBC News,‎ (lire en ligne)
  8. (en) Justin Wm. Moyer, « Rachel Dolezal draws ire of transracial adoptees », Washington Post,‎ (lire en ligne)
  9. (en) Kimberly McKee, PhD, « An Open Letter: Why Co-opting "Transracial" in the Case of Rachel Dolezal is Problematic », (consulté le )
  10. tal.madesta, « Trans-racialisme, une idéologie raciste et transphobe », sur Mediapart (consulté le )
  11. Stagiaire VA, « [Exclu VA +] De transgenre à lanceur d'alerte, le cri du cœur d'Oli London », sur Valeurs actuelles, (consulté le )
  12. (en) Brubaker, « The Dolezal affair: race, gender, and the micropolitics of identity », Ethnic and Racial Studies, vol. 39, no 3,‎ , p. 414–448 (ISSN 0141-9870, DOI 10.1080/01419870.2015.1084430)
  13. (en) Lubin, « White glamour model with size 32S breasts who spent £50k on cosmetic surgery now 'identifies as a black woman' », Daily Mirror, (consulté le )
  14. (en) Valens, « White woman who ‘transitioned’ races to Black is back », The Daily Dot, (consulté le )
  15. (en) « Man born white explains why he now identifies as Filipino », The Independent, (consulté le )
  16. (en) Salo, « ‘Transracial’ man was born white, identifies as Filipino », New York Post, (consulté le )
  17. Théo Moy, « Soutenu par l’extrême droite, un influenceur « transracial » s'autodécrète coréen » [archive du ], sur marianne.net, (consulté le )
  18. Laure Coromines, « Transracialisme : un influenceur blanc se fait opérer pour devenir coréen » [archive du ], sur L'ADN, (consulté le )
  19. https://www.penguinrandomhouse.com/books/310017/your-face-in-mine-by-jess-row/9781594633843/

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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