Timbres de la Libération

Timbres de la Libération
Mercure 50 c, légende « POSTES FRANÇAISES », surcharge de Lyon.
Pays
Année d'émission
1944
Année de retrait
1944
Description
Types courants avec surcharges patriotiques

Les timbres de la Libération sont des timbres postaux français d'usage courant (types Pétain ou type Mercure avec légende « POSTES FRANÇAISES ») ou commémoratifs, porteurs de surcharges souvent artisanales symbolisant la libération du territoire national pendant l'été 1944.

Plusieurs centaines de ces émissions sont recensées mais certaines d'entre elles sont à caractère purement spéculatif ; c'est pourquoi, dès 1944, l'administration des Postes décide de n'en retenir arbitrairement que quinze comme « émissions officielles », à l'exclusion de toutes les autres.

Contexte historique

Le , alors que de plus en plus de territoires française sont libérés, le gouvernement provisoire de la République française interdit l'utilisation des timbres à l'effigie de Philippe Pétain pour affranchir le courrier. Dans la pratique, cette mesure n'est pas applicable : les vignettes de remplacement manquent, même si le volume de courrier à traiter est faible en raison de la désorganisation des services postaux[1].

Pour résoudre ce problème, des autorités locales apposent, dans des imprimeries artisanales voire manuellement à l'aide d'un bloc de caoutchouc ou de bois gravé, des surcharges patriotiques sur les timbres Pétain, Mercure, des émissions commémoratives ou encore des timbres-taxe. Aucune directive n'encadre cette pratique à l'échelon national. Les initiatives sont locales (Commissaire de la République, direction départementale des postes, réseaux de Résistance) et l'autorisation écrite d'imprimer les surcharges est parfois suivie, dès le lendemain, d'un contrordre annulant l'opération. L'exemple est suivi par des particuliers ou des clubs philatéliques, au titre de souvenir personnel ou dans l'espoir de revendre les timbres ainsi surchargés[2]. Plusieurs centaines de ces émissions sont ainsi recensées, en prenant en compte les différences de motif, de texte ou de typographie pour une même origine[1].

Les volumes des tirages, quand ils sont connus, vont de quelques dizaines à 30 000 exemplaires d'un même timbre, pour une durée d'utilisation de quelques jours à un mois, le temps que de nouveaux timbres soient disponibles[3].

Sur les timbres au type Mercure, ces surcharges éphémères ne doivent pas être confondues avec celle réalisée à plus grande échelle par l'atelier général du timbre à Paris en et qui consiste en l'apposition des lettres « RF » dans l'angle supérieur gauche du timbre[4].

Classement par l'administration des postes

Une décision administrative, rendue a posteriori en 1944 et qui ne peut être modifiée, contribue à établir une distinction entre les différentes émissions mais les spécialistes s'accordent pour reconnaître son caractère artificiel et ses choix arbitraires[5].

  • les émissions officielles reconnues par les PTT ;
  • les émissions semi-officielles non reconnues par les PTT ;
  • les émissions diverses (patriotiques, commémoratives, privées).

Quelles que soient les réserves qui peuvent être faites sur cette répartition et le classement des émissions dans l'une ou l'autre des catégories, la décision de l'administration postale s’impose[6].

Émissions officielles

Les émissions cotées dans les catalogues sont celles des quinze villes retenues par l'administration postale[3].

  • Aigurande : croix de Lorraine sur types Pétain ; mise en vente le pendant près d'un mois[7] ;
  • Bordeaux : plusieurs polices de caractères pour la mention « R. F. » sur types Pétain ; mise en vente le et retrait officiel le 4, mais la vente se poursuit[8],[9] ;
  • Châlons-sur-Marne : mention « R. F. » sur 1,50 F Pétain ; émis le sur ordre du Commissaire de la République[8] ;
  • Chambéry : mention « F.F.I SAVOIE » et nouvelle valeur sur types Armoiries, Pétain et commémoratifs ; émis le [8] ;
  • Châtellerault : mention « RF » sur types Pétain ; mise en vente le [8] ;
  • Cherbourg : sur types Pétain et commémoratifs ; autorisation du sous-préfet pour une mise en vente le [7] ;
  • Decazeville : mention RF CLBH (Comité de Libération du bassin houiller) et dessin d'un fragment de frise sculptée, surcharge bleu sur types Pétain[8],[10] ;
  • Lille : croix de Lorraine et mention « R. F. » sur 1,50 F Pétain[7] ;
  • Loches : mention « R. F. » sur types Pétain ; mise en vente officielle le [11] ;
  • Lyon : mention « R. F. » sur types Pétain, Mercure et Armoiries[8] ;
  • Méasnes : croix de Lorraine et mention « LIBRE » dans un rectangle aux coins arrondis sur types Pétain ; mise en vente officielle le [7] ;
  • Niort : mention « R. F. » en rouge sur types Pétain ; en vente du 11 au [12] ;
  • Poitiers : mention « R. F. » sans encadrement (surcharge typographique) ou « R F » encadrée (surcharge manuelle) sur types Pétain[12] ;
  • Pons (Charente-Maritime) : mention « R. F. » en typographie romaine ou italique sur types Pétain[9],[12] ;
  • Tours : plusieurs polices de caractères pour la mention « R. F. » sur types Pétain, Mercure, commémoratifs et timbres-taxe ; mise en vente en septembre après une circulaire de la direction départementale des PTT datée du [8].

Émissions semi-officielles

Bien que ces émissions n’aient pas été reconnues par l’administration postale, la plupart d’entre elles sont réalisées sous le contrôle de l’autorité locale et donnent lieu à la rédaction de procès-verbaux, d'attestations de magistrats ; les timbres sont mis en vente dans les bureaux de poste et les planches détruites après impression[13].

Émissions patriotiques, commémoratives ou privées

Ces émissions, relevant généralement d'initiatives privées, ne présentent pas de garantie quant aux intentions de leurs auteurs. Si l'objectif spéculatif est suspecté pour certaines, il est évident pour d'autres[14].

Notes et références

  1. Simon 1994, p. 38.
  2. « France : Timbres de la Libération : 1- Les surcharges RF (par Robert Abita, Philatélie populaire n°322 de mai 1984) » (version du sur Internet Archive).
  3. Catalogue de Timbres de France 2019, Spink Maury, , 1144 p. (ISBN 978-1-9126-6705-5, lire en ligne ), p. 656-659.
  4. « Mercure, dieu philatélique », Delcampe magazine, no 2,‎ , p. 12.
  5. « Que faut-il collectionner parmi les timbres de la Libération ? », sur Newsletter de la maison Calves (consulté le ).
  6. Robert Françon et Jean Storch (préf. Jean-François Brun), Catalogue Marianne : Les Timbres-poste de 1900 à 1940 et de la Seconde Guerre mondiale 1940-1945, Fédération des Sociétés philatéliques françaises, , 1re éd., 539 p., p. 537.
  7. Simon 1994, p. 39.
  8. J.-P. Bousquet, « Les émissions de la Libération », La Philatélie française, no 304,‎ , p. 359.
  9. collectif 1994, p. 74.
  10. Simon 1994, p. 40.
  11. collectif 1994, p. 76.
  12. « Histoire postale de la Libération du « sud de la Loire » - page 3 », sur Histoire et philatélie (consulté le ).
  13. « Timbres de la Libération : 3- Classement et bibliographie (Par Robert Abita, Philatélie populaire n°326, décembre 1984) » (version du sur Internet Archive).
  14. Simon 1994, p. 38-41.

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • collectif, « Les timbres de la Libération sortent de l'ombre (2e partie) », Timbroscopie, no 112,‎ , p. 74-76. 
  • collectif, Catalogue Mayer des timbres de la Libération 2021, Yvert et Tellier, , 12e éd., 104 p.
  • J. P. Bousquet, « Les émissions de la Libération », La Philatélie française, revue la Fédération française de philatélie, nos 304 à 364,‎ octobre 1979 à octobre 1984.
  • Jacques F. Lion, Les Timbres de la Libération, Sinfonia, , 365 p.
  • Pierre Simon, « Les timbres de la Libération sortent de l'ombre (1e partie) », Timbroscopie, no 112,‎ , p. 38-41. 

Article connexe

Liens externes

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