Thomas Mordant
| Naissance | |
|---|---|
| Nom de naissance |
Thomas Jacques Louis Mordant |
| Formation |
Lycée Hoche (jusqu'en ) École normale supérieure (- |
| Activité |
| A travaillé pour |
Laboratoire de mathématiques d'Orsay (depuis ) |
|---|---|
| Directeur de thèse |
Thomas Mordant est un mathématicien français spécialisé en géométrie algébrique. Né le , il est porteur d’une forme sévère d’ostéogenèse imparfaite (maladie des os de verre).
Jeunesse et études
Thomas Mordant naît le à Caen[1], de deux parents polytechniciens[2]. Il a un jeune frère, qui deviendra également polytechnicien[2].
Après l’âge de six mois, il est diagnostiqué porteur d’une ostéogenèse imparfaite, ou maladie des os de verre[3], sous une forme sévère[2]. Cette maladie, d’origine génétique[4], le prive de toute mobilité[2] et lui rend progressivement impossibles certains gestes simples, tels qu’écrire ou s’alimenter[5]. Il est donc contraint de se déplacer dans un fauteuil médicalisé, le plus souvent en position allongée[3],[6], et subit régulièrement de multiples fractures[4].
Thomas Mordant fait preuve de capacités intellectuelles exceptionnelles : il apprend seul à lire vers l’âge de trois ans[3],[4] et est repéré par ses instituteurs comme ayant des capacités hors-norme en mathématiques à l’âge de neuf ans[4]. Il saute le CM2, la cinquième puis la seconde[2],[4],[7], et obtient son baccalauréat scientifique à l’âge de quatorze ans avec près de 19 de moyenne[6]. Il intègre ensuite une classe préparatoire aux grandes écoles au lycée Hoche[7].
En 2015, âgé de 16 ans, Thomas Mordant intègre l’École normale supérieure (ÉNS) de la rue d’Ulm en mathématiques[5],[6],[8], classé 22e sur 40 places ouvertes[9]. Il ne passe pas d’autre concours[9] ; en particulier, il ne peut pas présenter celui de l’École polytechnique, n’étant pas apte militairement[7].
Recherche
À l’issue de sa scolarité à l’ÉNS, Thomas Mordant prépare une thèse de mathématiques à l’université Paris-Saclay sous la direction de Jean-Benoît Bost[10]. Sa recherche porte sur la théorie des hauteurs en géométrie algébrique[6]. Il soutient sa thèse en 2023[10].
En 2024, il est chercheur postdoctoral à l’institut de mathématique d’Orsay[6]. Il poursuit une activité d’enseignement dans le supérieur[6].
Expérience du handicap
Au cours de sa scolarité, Thomas Mordant est dans l’obligation de suivre une scolarité adaptée en raison de son handicap : à partir du CE2, il ne peut aller en cours qu’à temps partiel[2] et, ne pouvant pas écrire, il a besoin d’être accompagné par un auxiliaire de vie scolaire pouvant écrire des formules mathématiques sous sa dictée[2]. Il parvient à effectuer l’ensemble de sa scolarité en milieu ordinaire[7] mais est confronté à l’insuffisante inclusivité du système scolaire français[5]. Sa mère, Isabelle Mordant, fait état de lourdes démarches pour permettre à son fils de rester scolarisé[5], voire de « maltraitance habituelle » de l’administration[11]. Elle cesse de travailler pour accompagner son fils à plein temps et, en particulier, prendre des notes pour lui en cours[2],[5]. Les difficultés administratives auxquelles il est confronté s’atténuent cependant à mesure qu’il avance dans sa scolarité et est reconnu comme un élève brillant au cours de ses études[2],[3].
En 2019, Isabelle Mordant publie un essai intitulé Mystère de la fragilité[12], dans lequel elle relate l’histoire de son fils jusqu’à son entrée dans l’enseignement supérieur et témoigne de son expérience de mère[2],[5]. L’ouvrage est préfacé par Cédric Villani[11].
Notes et références
- ↑ « Curriculum vitæ de Thomas Mordant » [PDF], sur Institut de mathématiques d’Orsay (consulté le )
- Claudine Colozzi, « Sa place est dans le système scolaire ! », La Vie, no 3861, (lire en ligne)
- « Isabelle Mordant : “à Normale Sup, Thomas est un étudiant comme les autres” », sur RCF, (consulté le )
- Clémence Olivier, « Son fils est atteint d'une maladie proche de celle des os de verre : “Thomas a un appétit de vivre extraordinaire”, confie sa mère », sur Europe 1,
- « Il ne peut ni marcher ni écrire : comment Thomas a suivi des études supérieures brillantes malgré son handicap » [vidéo], sur TF1 info, (consulté le )
- Julien Rebucci, « Thomas Mordant, génie des maths et porteur de la maladie des os de verre », Le Point, (lire en ligne, consulté le )
- « Thomas, 16 ans : parcours d'un élève extra-ordinaire », sur Handicap.fr, (consulté le )
- ↑ Arrêté du 14 décembre 2015 portant nomination d’élèves à l’École normale supérieure, session 2015
- Florie Cedolin, « Thomas, admis à Normale sup’ à 16 ans », Toutes les nouvelles, (lire en ligne, consulté le )
- « Hauteurs de Griffiths-Kato des pinceaux de variétés projectives », sur Theses.fr (consulté le )
- « Mental d'acier, corps de porcelaine : un étudiant inspirant », sur Handicap.fr, (consulté le )
- ↑ Isabelle Mordant (préf. Cédric Villani), Mystère de la fragilité, Éditions du Cerf, , 344 p. (ISBN 9782204125314).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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