Théorème de Kantorovitch

Le théorème de Kantorovitch, ou théorème de Newton-Kantorovitch, concerne la convergence de la méthode de Newton dans des espaces de Banach. Il a été énoncé pour la première fois par Leonid Kantorovich en 1948[1],[2].

La méthode de Newton permet de construire une suite de points qui, sous certaines conditions, converge vers une solution d'une équation , où est une fonction entre deux espaces de Banach. Le théorème de Kantorovitch donne des conditions qui, si elles sont satisfaites, permettent d'affirmer qu'une solution à l'équation existe, et que la suite de la méthode de Newton converge vers cette solution. De plus, il permet de quantifier la vitesse de convergence de la suite.

Hypothèses

On considère comme espace vectoriel normé, muni de la topologie issue d'une norme (par example la norme euclidienne ). Soit un ouvert pour cette topologie et une fonction différentiable, dont la jacobienne est localement lipschitzienne. (Cela est vérifié, par exemple, si est deux fois dérivable.) Formellement, on suppose que pour tout , il existe un ouvert tel que , et il existe une constante , tels que, pour tout couple , on a

La norme à sur est la norme d'opérateur. En d’autres termes, il suffit de vérifier que, pour tout vecteur , on a

Soit , un point initial quelconque (que l'utilisateur pourra choisir judicieusement). Supposons que est inversible et considérons le pas de Newton

On suppose que la boule est contenue dans l'ensemble . Soit la constante de Lipschitz pour sur cette boule. On considère alors les suites , , telles que

Théorème de Kantorovich

Si , alors on a les propriétés suivantes.

  1. Il existe une unique solution à l'équation à l'intérieur de la boule fermée .
  2. Les itérés de Newton convergent vers , et la convergence est linéaire.

La quantité mesure donc la régularité du problème. Plus est petit, plus le problème est régulier. Le point , laissé à la liberté de l'utilisateur, sert d'approximation à , et doit donc être choisi de sorte à minimiser autant que possible à la fois la norme d'opérateur , et l'erreur initiale qui mesure à quel point est loin de zéro.

Il est possible de caractériser plus précisément la vitesse de convergence de la suite . Soient et , les racines du polynôme de degré 2 en

.

On peut remarque que , de sorte que le quotient est strictement inférieur à 1.

Sous les mêmes hypothèses que précédemment, on a alors les propriétés suivantes.

  1. Une solution à l'équation existe à l'intérieur de la boule fermée .
  2. Cette solution est unique à l'intérieur de la boule .
  3. La vitesse de convergence vers est dominée par la vitesse de convergence des itérés de Newton du polynôme vers [3]. En effet, soient et , alors on a que
  4. La vitesse de convergence est alors quadratique. Plus précisément, l'erreur est bornée par [4]

Corollaires

En 1986, Yamamoto a prouvé que les évaluations d'erreur de la méthode de Newton proposées par Doring (1969), Ostrowski (1971, 1973),[5],[6] Gragg-Tapia (1974), Potra-Ptak (1980),[7] Miel (1981),[8] Potra (1984)[9], peuvent être déduites du théorème de Kantorovich[10].

Généralisations

Le théorème de Kantorovich se généralise directement au cas où , où et sont des espaces de Banach quelconque[3].

Il existe également un q -analogue pour le théorème de Kantorovitch[11],[12]. Pour d'autres généralisations/variations, voir Ortega et Rheinboldt (1970)[13].

Applications

Oishi et Tanabe ont affirmé que le théorème de Kantorovitch peut être appliqué pour obtenir des solutions fiables de programmation linéaire[14].

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Kantorovich theorem » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) P. Deuflhard, Newton Methods for Nonlinear Problems. Affine Invariance and Adaptive Algorithms, vol. 35, Berlin, Springer, coll. « Springer Series in Computational Mathematics », (ISBN 3-540-21099-7)
  2. (en) E. Zeidler, Nonlinear Functional Analysis and its Applications: Part 1: Fixed-Point Theorems, New York, Springer, (ISBN 0-387-96499-1)
  3. Ortega, « The Newton-Kantorovich Theorem », Amer. Math. Monthly, vol. 75, no 6,‎ , p. 658–660 (DOI 10.2307/2313800, JSTOR 2313800)
  4. (en) Gragg et Tapia, « Optimal Error Bounds for the Newton-Kantorovich Theorem », SIAM Journal on Numerical Analysis, vol. 11, no 1,‎ , p. 10–13 (DOI 10.1137/0711002, JSTOR 2156425, Bibcode 1974SJNA...11...10G)
  5. (en) Ostrowski, « La method de Newton dans les espaces de Banach », C. R. Acad. Sci. Paris, vol. 27, no A,‎ , p. 1251–1253
  6. (en) A. M. Ostrowski, Solution of Equations in Euclidean and Banach Spaces, New York, Academic Press, (ISBN 0-12-530260-6)
  7. (en) Potra et Ptak, « Sharp error bounds for Newton's process », Numer. Math., vol. 34,‎ , p. 63–72 (DOI 10.1007/BF01463998)
  8. Miel, « An updated version of the Kantorovich theorem for Newton's method », Computing, vol. 27, no 3,‎ , p. 237–244 (DOI 10.1007/BF02237981)
  9. (en) Potra, « On the a posteriori error estimates for Newton's method », Beiträge zur Numerische Mathematik, vol. 12,‎ , p. 125–138
  10. (en) Yamamoto, « A method for finding sharp error bounds for Newton's method under the Kantorovich assumptions », Numerische Mathematik, vol. 49, nos 2–3,‎ , p. 203–220 (DOI 10.1007/BF01389624)
  11. (en) Rajkovic, Stankovic et Marinkovic, « On q-iterative methods for solving equations and systems », Novi Sad J. Math, vol. 33, no 2,‎ , p. 127–137
  12. (en) Rajković, Marinković et Stanković, « On q-Newton–Kantorovich method for solving systems of equations », Applied Mathematics and Computation, vol. 168, no 2,‎ , p. 1432–1448 (DOI 10.1016/j.amc.2004.10.035)
  13. (en) J. M. Ortega et W. C. Rheinboldt, Iterative Solution of Nonlinear Equations in Several Variables, SIAM, (OCLC 95021)
  14. (en) Oishi et Tanabe, « Numerical Inclusion of Optimum Point for Linear Programming », JSIAM Letters, vol. 1,‎ , p. 5–8 (DOI 10.14495/jsiaml.1.5)

Lectures complémentaires

  • (en) John H. Hubbard et Barbara Burke Hubbard, Vector Calculus, Linear Algebra, and Differential Forms: A Unified Approach, Matrix Editions (ISBN 9780971576681, lire en ligne), chap. 2.8 (« Newton's method »)
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