Thèse de Zilsel
La thèse de Zilsel est une tentative de clarification des raisons pour lesquelles la science moderne a émergé au début du XVIIe siècle en Europe occidentale.
Edgar Zilsel affirme que la science n'a émergé que lorsque le capitalisme est apparu dans la société occidentale, car « l'ensemble du processus était intégré dans l'avancement de la société capitaliste naissante, qui affaiblissait la pensée collective, la pensée magique et la croyance en l'autorité et qui favorisait la pensée causale, rationnelle et quantitative. » (Zilsel, 2003, p. 7) Cela a créé un environnement dans lequel deux groupes sociaux auparavant séparés pouvaient entrer en contact. Il s'agissait des penseurs, formés par le monde académique, généralement issus des classes supérieures, et des « artisans supérieurs ». Les universitaires possédaient alors une formation intellectuelle méthodique mais manquaient de compétences pratiques, tandis que les artisans étaient habiles dans l'expérimentation et la recherche causale mais manquaient quant à eux de l'approche rationnelle méthodique acquise par l'étude des classiques.
Zilsel appuie son argument par une étude de cas sur William Gilbert qui, en 1600, cinq ans avant The Advancement of Learning de Francis Bacon, publia le premier livre imprimé (sur le magnétisme) rédigé par un érudit provenant du monde académique, fondé presque entièrement sur l'observation réelle et l'expérimentation. Gilbert rejetait l'autorité lorsque celle-ci différait de l'observation, et rejetait les explications superstitieuses des phénomènes physiques. Zilsel détaille la manière dont Gilbert s'est appuyé sur le travail de Robert Norman, un navigateur et fabricant de compas.
Zilsel affirme également que les ingénieurs-artistes de la Renaissance et leurs semblables utilisaient des « règles empiriques quantitatives [qui sont] les ancêtres des lois physiques de la science moderne » (Zilsel 2003, 14). En expliquant les origines des lois scientifiques modernes, Zilsel soutient que « la métaphore de la loi trouve son origine dans la bible » (Zilsel 2003, 109). Autrement dit, le concept des lois scientifiques a ses origines dans l'idée biblique que la nature humaine et existentielle est régie par des lois décrétées par Dieu.
Les éditeurs de l'édition de ses travaux avancent qu'au moment de sa mort, Zilsel travaillait à un livre combinant ses affirmations sur les origines des lois scientifiques avec sa thèse sur l'émergence de la science[1].
Références
- Zilsel, Edgar. 2003. The Social Origins of Modern Science. Edited by D. Raven, W. Krohn and R. S. Cohen, Boston Studies in the Philosophy of Science; v. 200. Dordrecht, Netherlands: Kluwer Academic Publishers.
- Zilsel, Edgar. 2008. Les racines sociologiques de la science, tr. Arnaud Saint-Martin, Zilsel, 3, 2018, p. 289-309.
Lectures complémentaires
- Krohn, Wolfgang; Raven, Diederick (2000). « The 'Zilsel Thesis' in the Context of Edgar Zilsel's Research Programme ». Social Studies of Science. 30 (6): 925–933. (ISSN 0306-3127).
- Romizi, Donata, Monika Wulz, et Elisabeth Nemeth (eds.). Edgar Zilsel: Philosopher, Historian, Sociologist. Springer, 2020 (ISBN 978-3-030-93686-0) DOI 10.1007/978-3-030-93687-7
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