Tajmâat
La tajmâat, en tamazight : ⵜⴰⵊⵎⴰⵄⵜ[1] tajmaεt ou ⴰⴳⵔⴰⵡ[2], agraw[3], est une institution sociale et politique pan-amazighe et présente dans la société d'Afrique du Nord notamment dans les régions amazighophone : Kabylie, Aurès, Mzab, Souss, Rif, Moyen-Atlas. Tajmaat est une assemblée composée d'hommes et le terme sert également à désigner le lieu où elle se tient. Longtemps réservé à la seule prérogative des hommes, l'assemblée est depuis composée de femmes lors des réunions. Parfois, des assemblées exclusivement féminines. Le projet reste fidèle à la doctrine ancestrale de Tajmâat : oeuvrer pour et dans l'intérêt de la collectivité.[4]
Présentation et principe
La tajmaat est l’autorité dirigeante d'un village, souvent la seule, qui possède les pouvoirs judiciaires, celui de rédiger les qanun ou les izref (règles coutumières)[5], et d'exécutif avec un rôle de police ou de collecte des amendes. Le montant des amendes est alloué aux dépenses collectives (travaux d’entretien du village, frais d’hospitalité, sacrifice d’automne...)[6].
Le chef de village, amghar ou ameqran, est élu par tajmâat, un amin qui exécute les décisions, et un oukil (amazzal au Maroc) chargé de la perception des amendes et de la gestion de la mosquée en Kabylie, l'imam qui est souvent un marabout qui sert de secrétaire de tajmâat, fait les appels à la prière et sert parfois d'instituteur[7].
En touareg la tajmaat s'appelle ameni ou ameney, la racine « mny » qui signifie « se voir réciproquement, se rencontrer », désigne en touareg « l’entrevue, la rencontre » au sens général ainsi que la « réunion » ou la « session » d’une assemblée politique[6].
Reconnaissance
En 2024, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune salue l'organisation sociale tajmâat (« ⵜⴰⵏⵎⴻⵜⵜⵉⵜ ⵏ “ⵜⴰⵊⵎⴰⵄⵜ” »)[1] comme un exemple de démocratie participative et de modèle réussi en matière de gestion des affaires locales[1].
Le modele d'organisation participative d'une Tajmâat est d'ecrit ainsi par Ernest Renan :
L’organisation politique kabyle représente l’idéal de la démocratie, telle que l’ont rêvé nos utopistes[8]
Références
- https://www.aps.dz/tamazight-tif/algerie/15259-2024-07-11-14-33-18
- ↑ https://www.aps.dz/tamazight-tif/societe/tag/71_%E2%B4%B0%E2%B4%B3%E2%B4%BB%E2%B5%8A%E2%B4%B7%E2%B4%B0%E2%B5%8F_%E2%B5%9C%E2%B5%89%E2%B5%8E%E2%B5%8F%E2%B4%B0%E2%B4%B9%E2%B5%89%E2%B5%8F
- ↑ Youcef Allioui, Un grain sur le toit: énigmes et sagesses berbères de Kabylie, Harmattan, (ISBN 978-2-296-96067-1, lire en ligne), p. 39
- ↑ (de) « Tajmaat », sur Ferhat Bouda (consulté le )
- ↑ Université de Dijon Institut de droit comparé, Les systèmes de droit contemporains, Librairie général de droit et de jurisprudence, (lire en ligne), p. 165
- D. Abrous et H. Claudot-Hawad, « Djemâa-Tajmaεt, Ameney », Encyclopédie berbère, no 16, , p. 2434–2441 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.2184, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Collectif, La finance autrement ?: Réflexions critiques sur la finance moderne, Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-7574-1445-3, lire en ligne), p. 209
- ↑ Ferhat Bouda, « « Tajmaât », Un modèle ancestral de démocratie participative Kabyle, 2020. »
Voir aussi
Articles connexes
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