Tafersit
| Tafersit (ber) ⵝⵉⴼⴰⵙⵉⵝ (ar) تفرسيت | ||
| Commune de Tafersite | ||
| Administration | ||
|---|---|---|
| Pays | Maroc | |
| Région | Oriental | |
| Province | Driouch | |
| Maire | bougria omar | |
| Code postal | 62752 | |
| Démographie | ||
| Population | 10 403 hab. (2004) | |
| Géographie | ||
| Coordonnées | 35° 01′ 09″ nord, 3° 34′ 06″ ouest | |
| Localisation | ||
| Géolocalisation sur la carte : Maroc
| ||
Tafersit, en berbère : ⵝⵉⴼⴰⵙⵉⵝ, est une commune rurale du nord-est du Maroc, dans la province de Driouch, dans la région du Rif oriental, et la région administrative de l'Oriental. Elle possède un centre urbain, Tafrisset.
La ville est le chef-lieu de la tribu rifaine des Tafersit.
Toponymie
Tafersit est le diminutif de Afras qui désigne une prairie en amazigh (rifain).
Histoire
Les Merinides et Tafersit
Au début du XIIIᵉ siècle, les Amazighs Zénètes Merinides pénétrèrent dans le Rif et y vainquirent les Almohades lors d’une grande bataille en 1216. Selon Ibn Khaldoun, le chef merinide Abd al-Haqq Ier épousa une femme de la tribu de Tafersit, mais selon Luis del Mármol Carvajal, elle appartenait à la tribu des Aït Touzine. Cette femme rifaine devint la mère du sultan merinide Abu Yusuf Yaqub ibn Abd al-Haqq. Les Aït Touzine étaient liés aux souverains merinides de Fès et n’avaient pas à payer d’impôts ni de tribut.[1]
Le récit de Roland Fréjus
Dans le récit de Roland Fréjus, le toponyme Tafarsy est mentionné comme une étape importante de son voyage à travers le Rif oriental en 1666, et plusieurs chercheurs pensent qu’il pourrait correspondre à l’actuelle Tafersit. Cette hypothèse repose sur plusieurs indices, notamment la description du village, qui est dit être traversé par un petit ruisseau et pourrait être le résultat de l’union de deux habitats anciens, Hamouda et Tafarsy, ce qui correspond bien à la topographie actuelle de Tafersit. De plus, le fait que les voyageurs quittent ce village pour traverser ensuite le Garet renforce cette identification, car Tafersit se situe à proximité des zones permettant de rejoindre ce désert. Toutefois, cette localisation pose problème car la position géographique de Tafersit, située au nord de Tizi Ouzli, ne cadre pas parfaitement avec la logique de l’itinéraire décrit par Fréjus, qui devait se diriger davantage vers le sud pour atteindre Taza. Certains chercheurs estiment donc que le village nommé Tafarsy par Fréjus pourrait en réalité correspondre à un autre site, peut-être plus proche de Tizi Ouzli, qui se trouverait sur une trajectoire plus cohérente avec le chemin suivi. Malgré cette incertitude, le lien entre Tafersit et Tafarsy reste très plausible, car les détails du récit concordent avec la présence d’eau, de terres cultivables et de routes anciennes reliant la région à la vallée de l’oued Amekrâne et aux autres zones traversées par l’expédition.[2]
Le colonialisme espagnol
Les traces du colonialisme espagnol n'ont toujours pas été effacées, en particulier l'un des belvédères de la plus haute montagne. De là, les soldats espagnols doivent avoir une vue d'un kilomètre de long. Bab Tizi-Aaza est situé à la frontière avec Temsamane, où le gaz moutarde a été utilisé pour la première fois sur l'homme au début du XXe siècle.
Les Ait Tafersit, accompagnés des Ait Ouriaghel, Ibaqouyen, Ait Touzine, Ibdarsen, Ait Oulichek et Temsamane, ont participé à la victoire de la bataille d’Anoual, dont plusieurs affrontements ont eu lieu à Tafersit.
Selon les mémoires de Mohamed Azerkan, le père du célèbre Abdelkrim El Khattabi, qui se trouvait à Tafersit, avait quitté le village quelque temps auparavant en raison de problèmes de santé, avant de décéder officiellement des suites d’une intoxication alimentaire. Toutefois, Azerkane affirme qu’il aurait en réalité été empoisonné, et accuse le caïd ‘Abd al-Salam al-Tafarsiti d’en être responsable. Il convient de souligner que cette hypothèse n’était pas uniquement défendue par Azerkane, mais largement partagée à l’époque : nombreux sont ceux qui soupçonnaient ‘Abd al-Salam al-Tafarsiti — un homme à la solde des Espagnols — d’avoir orchestré l’empoisonnement. Ce dernier fut d’ailleurs nommé caïd de Tafersit peu après l’occupation du village par les Espagnols, survenue plus tard la même année.[3] [4]
Subdivision
Anciennement rattachée à la province de Nador[5], la commune de Tafersit fait partie de la province de Driouch depuis sa création, en 2009[6].
Contrairement à d'autres communes, Tafersit ne fait pas partie de Aït Touzine ou Aït Oulichek par exemple, ce village est indépendant depuis l'Antiquité. Tafersit est divisé en sept départements; Ait Bouhidous, Ait Yarrour, Ait Youssef, Bouhfoura, Hammouda, Ighmiren et Imajan.
Site militaire historique
Tafersit a joué un rôle stratégique durant la guerre du Rif, abritant plusieurs positions militaires importantes. On y trouve notamment :
- Le quartier général de la région,
- Les positions militaires de Peña Tauharda, Benítez, Zanz, Ávila, ainsi que les postes de Tizzi Assa principal et Tizzi Assa nord,
- La vaguada où est tombé le lieutenant-colonel Valenzuela,
- La Loma Roja, aujourd’hui transformée en réservoir d’eau, qui était initialement prévue pour accueillir une caserne.
Ces sites témoignent de l’importance militaire de Tafersit dans le cadre des affrontements contre l’armée espagnole au début du XXe siècle.
Azrou n'Tfant : une montagne au passé historique
Azrou n'Tfant est le nom d’un sommet situé dans les montagnes du Rif, près de la commune de Tafersit, dans la région du Rif oriental au Maroc. Cette montagne culmine à environ 1100 mètres d’altitude.
Ce sommet est particulièrement connu pour les ruines d’une ancienne position d’observation militaire construite en 1920 par l’armée espagnole, sous le commandement du général Benitez. Cette position avait pour but de surveiller les mouvements dans la région pendant la Guerre du Rif.
En raison de cette histoire, les habitants locaux appellent souvent le sommet « Benitez », en référence au général espagnol qui a dirigé la construction de cette installation militaire.
Malgré son importance historique, la position d’observation est aujourd’hui en très mauvais état, ce qui menace la conservation de ce témoignage tangible du passé colonial et militaire de la région.
Ainsi, Azrou n'Tfant est à la fois le nom de la montagne et un lieu chargé d’histoire, symbolisant la mémoire d’une période clé du Rif.
Vie économique et sociale
Tafersit est connue dans tout le nord du Maroc pour sa menthe et son huile d'olive. Elle est aussi célèbre pour cette fameuse expression : "Na3na3 n Tfasit, ksit niɣ sasit", ce qui signifie : La menthe de Tafersit, tu la prends ou tu la déposes. Chez les Ait Youssef, vous trouverez une source d'eau qui ferait des miracles médicaux pour les personnes souffrant de problèmes rénaux coûteux. Des centaines de personnes viennent quotidiennement, parfois de très loin, chercher de l'eau potable à la source de Sarrij. Elle est également utilisée pour la culture des canaux.
Zoco de Tzenin de Tafersit
Le Zoco de Tzenin de Tafersit est le marché traditionnel hebdomadaire qui a lieu chaque lundi de la commune de Tafersit, située dans la province de Driouch, au cœur du Rif oriental. Ce souk est un lieu central de commerce et d'échanges pour les habitants de la région, offrant une variété de produits locaux tels que des fruits, des légumes, des épices, des textiles et de l'artisanat. Il reflète la richesse culturelle et économique de la communauté rifaine.
L'entrée principale du marché est marquée par une porte traditionnelle sur laquelle est inscrit en lettres visibles « Zoco de Tzenin ». Cette porte symbolise le cœur du marché et sert de point de repère important pour les habitants et les visiteurs. Elle illustre l'identité locale et l'importance du souk comme lieu d'échanges économiques et sociaux.
Des photographies historiques du Zoco de Tzenin, datant des années 50, témoignent de l'importance de ce marché dans le passé.
Démographie
| Source : haut-commissariat au Plan[5] |
Personnalités
Abdelouafi Laftit est né le 29 septembre 1967 à Tafersit. Ministre de l’Intérieur du Royaume du Maroc.
Farid Azarkan né le 16 octobre 1971, est un ancien homme politique néerlandais d'origine rifaine.
Sallam Rifi : né en 1957 dans le village de Tafersit, est un chanteur originaire de Tafersit.
Fatima Zibouh, née à Berchem-Sainte-Agathe le 4 septembre 1981, est une politologue et militante belge d'origine rifaine.
Notes et références
- ↑ Ibn Khaldoun, Le Livre des exemples, Paris, Gallimard, p. 1559
- ↑ Cinzia Vismara, « Le Rif oriental côtier dans les pages de voyageurs, explorateurs, historiens, archéologues, géographes : de Jean-Léon l’Africain à nos jours », Antiquités africaines, vol. 50, no 1, , p. 141–199 (DOI 10.3406/antaf.2014.1565, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Vincent Courcelles-Labrousse, Nicolas Marmié, La guerre du Rif, Tallandier, , 364 p., p. 55
- ↑ (en) Pennell, Charles Edmund Richard, A critical investigation of the opposition of the Rifi confederation led by Muhammed bin 'Abd al-Karim al-Khattabi to Spanish colonial expansion in northern Morocco, 1920-1925, and its political and social background., (lire en ligne), p. 262-263
- [PDF] Haut-commissariat au Plan, Recensement général de la population et de l'habitat de 2004 : Population légale du Maroc (lire en ligne), p. 52
- ↑ [PDF] « Décret no 2-09-320 du 17 joumada II 1430 (11 juin 2009) modifiant et complétant le décret no 2-08-520 du 28 chaoual 1429 (28 octobre 2008) fixant la liste des cercles, des caïdats et des communes urbaines et rurales ainsi que le nombre de conseillers à élire dans chaque commune », Bulletin officiel du Royaume du Maroc, no 5744, , p. 1028 (ISSN 0851-1217, lire en ligne)
- Portail du Maroc