Tanluan
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Tanluan (ch. trad. : 曇鸞 ; py : Tánluán ; jap. : 曇鸞 (Donran)), (476–542), est un moine bouddhiste chinois. Il est à l'origine du courant de la Terre pure tel que le développera plus tard en Chine le moine Shandao (613-681)[1]. Il a composé un commentaire essentiel du Traité sur la Terre pure du grand auteur gandharais Vasubandhu (IVe siècle).
L'école du Jōdo shinshū fait de lui son troisième patriarche.
Vie et œuvre
Tanluan naquit près du célèbre centre monastique des Wutaishan (province de Shanxi)[1]. Il devint moine à un jeune âge, et il étudia le Mahâsamnipâta Sûtra (en)[2] et fut d'abord un maître du Mâdhyamika. Après être tombé malade, il se tourna vers le taoïsme, se mettant à la recherche d'un alchimiste taoïste réputé, à même de donner un enseignement sur l'immortalité et de lui transmettre des textes permettant de trouver l'élixir de longue vie[2],[3],[4].
Cependant, alors qu'il avait reçu un texte d'un maître taoïste et qu'il retournait chez lui, il rencontra Bodhiruci, un moine et traducteur bouddhiste indien, auquel il demanda s'il y avait dans le bouddhisme indien des sûtras qui seraient supérieurs aux textes des taoïstes pour gagner l'immortalité. À quoi Bodhiruci répondit qu'il était impossible de trouver ce secret dans les textes taoïstes — à même au mieux de prolonger quelque peu la vie, sans que l'on puisse cependant échapper à la mort. Mais il ajouta qu'il existait une formule supérieure, à savoir les enseignements et les textes de la Terre pure[Note 1], et il lui donna une copie du Sūtra des contemplations du Bouddha Vie-Infinie[2] selon lequel, tous les êtres peuvent renaître dans la Terre pure d’Amitābha au moyen de la récitation sincère du nom de ce bouddha (nianfo ou nembutsu en japonais)[Note 2].
Tanluan adhéra à ces enseignements, et sa conversion eut lieu vers 530[3], bien qu'on puisse tout de même se demander à quel point elle marqua la fin de l'intérêt pour le taoïsme chez Tanluan, car on trouve son nom dans des bibliographies anciennes du taoïsme, ainsi que la recherche relève des thèmes taoïstes même dans ses œuvres bouddhiques tardives[4].
La date en général retenue pour sa mort est 542[5]. Cependant, Bernard Frank note que selon certaines sources, il serait mort après 554[6].
Tanluan et la Terre pure
Tanluan a composé un ouvrage très important, intitulé Wangsheng lun zhu ( chin. 往生論註 ) — « Commentaire sur le Traité de la Terre pure », un commentaire influent du Wangsheng lun (« Traité de la Terre pure ») de Vasubandhu qui avait également été traduit par Bodhiruci[7]. Le commentaire de Tanluan n'est pas la simple reprise des enseignements du Wangsheng lun de Vasubandhu. Tanluan y présente en fait sa propre compréhension de la pratique de la Terre pure, et défend l'idée que le bouddhisme de la Terre pure est un chemin particulier de développement spirituel, distinct du chemin traditionnel de la pratique du bodhisattva[8].
En outre, il introduit dans cet ouvrage une distinction qui deviendra centrale dans le bouddhisme de la Terre pure sino-japonais : celle entre le chemin de la « pratique difficile » et celui de la « pratique facile »[9],[Note 3].
Toutefois et bien qu'il ait été un pionnier important de la pensée de la Terre pure chinoise et qu'il n'ait pas ménagé ses efforts pour en diffuser la doctrine et les pratiques, ce n'est que dans la seconde moitié du VIe siècle, plusieurs décennies après sa mort, que la dévotion à Amida et les pratiques pour la renaissance dans sa Terre pure se répandirent en Chine[10]. Un de ses principaux successeurs fut Daochuo (562–645) — il fut en quelque sorte le disciple posthume de Tanluan, se convertissant à la Terre pure après avoir lu l'épitaphe de celui-ci — qui systématisa et popularisa l'approche innovative de Tanluan[10],[1].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Tan-luan » (voir la liste des auteurs).
Notes
- ↑ Selon ces textes, tous les êtres peuvent renaître dans la Terre pure d’Amitābha au moyen de la récitation sincère (nianfo ; nembutsu en japonais) du nom de ce bouddha.
- ↑ Amida a deux noms en sanskrit : Amitābha (« Lumière infinie ») et Amitāyus (« Vie infinie »). C'est ce dernier nom que Bodhiruci utilisa. (Keown, 2004, p. 291)
- ↑ Sur ces deux notions, voir Jérôme Ducor (trad. et commentaires), Le Tannishô. Le bouddhisme de la Terre pure selon Shinran et ses prédécesseurs, Paris, Cerf, coll. « Patrimoines - orientalisme », 2011, 151 p. (ISBN 978-2-204-09378-1) « Glossaire », p. 130. Ce dernier (p. 111-145) apporte, à travers ses quelque 150 notices, une clarification très utile du vocabulaire technique, parfois complexe et/ou déroutant, de la Terre pure.
Références
- Jérôme Ducor, Shinran. Un réformateur bouddhiste dans le Japon médiéval, Gollion (CH), Infolio, , 206 p. (ISBN 978-2884-74926-8), p. 34-35
- (en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press, , xxxii + 1265 p. (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 863
- Kenneth Ch'en (trad. de l'anglais par Dominique Kych; bibliographie additionnelle et commentée, par Sylvie Hureau, p. 535-559), Histoire du bouddhisme en Chine, Paris, Les Belles Lettres, (1re éd. 1964), 587 p. (ISBN 978-2-251-44531-1), p. 338-339
- (en) Damien Keown, Dictionnary of Buddhism, Oxford, Oxford University Press, , viii + 357 p. (ISBN 978-0-192-80062-6), p. 291
- ↑ Les sources consultées pour cet article retiennent toutes cette date : Buswell Jr. & Lopez Jr. ; 2014; Ch'en, 2015 ; Ducor, 2008 ; Keown, 2004.
- ↑ Histoires qui sont maintenant du passé (trad. , introduction et commentaires de Bernard Frank), Paris, Gallimard / Unesco, coll. « Connaissance de l'Orient », (1re éd. 1968), 336 p. (ISBN 978-2-070-70922-9), p. 238-239 (note 77)À noter que B. Frank mentionne ces deux dates de 542 et 554, sans se prononcer sur celle à retenir.
- ↑ Buswell Jr. & Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, 2014, p. 1001
- ↑ Rodhes 2017, p. 24-25
- ↑ Rodhes 2017, p. 25-26
- Rodhes 2017, p. 29
Voir aussi
Bibliographie
Traductions
- (zh) + (fr) Tanluan, Commentaire au Traité de la naissance dans la Terre Pure de Vasubandhu, texte établi, annoté et traduit par Jérôme Ducor, Paris, Les Bellesettres, coll. « Bibliothèque chinoise », vol. 31, 2021, 310 pp. (ISBN 978-2-251-45089-6)
- (en) Inagaki, Hisao : T'an-luan's Commentary on Vasubandhu's Discourse on the Pure Land. A Study and Translation [T. 40, 1819], Kyōto, Nagata Bunshōdō, 1998.
Études
- (en) Shinko Mochizuki (trad. Leo M. Pruden), « Pure Land Buddhism in China: A Doctrinal History - Chapter 7: T'an-luan » dans Pacific World Journal, 3e séries, no 2, 2000, p. 149-165 [lire en ligne]
- (en) Yukio Yamada, « T'an-luan's Theory of Two Kinds of Dharma-body as Found in Shinran's Wago Writings » dans Pacific World Journal, 3e séries, no 2, 2000, p. 99-113 [lire en ligne]
- (en) Ryusei Takeda, « The Theoretical Structure of "Birth in the Pure Land": Based on the Meaning of T'an-luan's "Birth through Causal Conditions" » dans Pacific World Journal, 3e séries, no 2, 2000, p. 31-60 [lire en ligne]
- (en) Shoji Matsumoto, « The Modern Relevance of Donran's Pure Land Buddhist Thought » dans Pacific World Journal, 2e séries, 1986, p. 36-41 [lire en ligne]
- (en) Robert F. Rhodes, Genshin's Ōjōyōshū and the Construction of Pure Land Discourse in Heian Japan, Honolulu, University of Hawai'i Press, coll. « Pure Land Buddhist Studies », , 432 p. (ISBN 978-0-824-87248-9), p. 24-33 et passim
Articles connexes
Liens externes
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