Système éducatif en Estonie

Système éducatif en Estonie
Système éducatif
Langue de scolarisation Estonien
Scolarité obligatoire de 7 à 17 ans
Durée de la scolarité  
· Primaire 9 ans
· Secondaire 3 ans
· Supérieur 2 à 11 ans
Organisme de tutelle Ministère de l'Éducation et de la Recherche
Taux d'alphabétisation  
Scolarisation  
Diplômés  

Le système éducatif en Estonie est principalement dirigé par le ministère de l'Éducation et de la Recherche.

D'après Eurostat, les dépenses d'éducation représentent 6,4 % du PIB en 2022, faisant de l'Estonie le quatrième pays européen en la matière après l'Islande, la Belgique et la Suède[1],[2]. Selon les enquêtes PISA menées parmi les pays de l'OCDE, l'Estonie est le premier pays européen pour l'acquisition des savoirs en mathématiques, sciences et compréhension écrite[3]. D'après les évaluations, l'Estonie est l'un des pays de l'OCDE ou le contexte socio-économique a l’impact le plus faible sur les performances des élèves[4].

Histoire

L'origine du système d'éducation formelle en Estonie remonte aux premières écoles religieuses fondées pendant la colonisation allemande au Moyen Âge à destination des Allemands-baltes. Par la suite, le règne suédois du XVIIe siècle et le développement de la pensée protestante parmi les allemands encourage l'accès à l'instruction pour les paysans autochtones[5]. Ainsi, aux XVIIIe et XIXe siècles, les indigènes estoniens comme les germano-baltes font partie des peuples avec le plus fort taux d'alphabétisation de tout l'Empire russe : plus de 90 % des habitants des provinces d'Estlande et Livonie savent lire et écrire, alors que les trois quarts de la population totale de l'Empire sont analphabètes[6],[7]. Depuis le XVIIe siècle, l’éducation joue un rôle central dans la société estonienne, où elle est perçue comme un vecteur d’émancipation et de liberté[8].

Politique

Le système éducatif estonien encourage la vulgarisation scientifique au travers de ses différents musées, évènements et centres d'interprétations, ainsi que l'utilisation des nouvelles technologies tels que l'enseignement massif de l'informatique dès les années 1990 ou l'introduction de l'intelligence artificielle à l'école en 2025[9]. Depuis 2002, la politique éducative de l'Estonie tend à développer l'apprentissage par la pratique et l'acquisition de compétences tout au long de la vie[10]. Depuis le rétablissement de l'indépendance, le système estonien est également caractérisé par une importante autonomie accordées aux écoles, qui disposent d'une large liberté pour établir les programmes sur la base des standards établis par le ministère de l'Éducation et de la Recherche, chargé de la politique éducative du pays[11],[12],[10],[13]. Le financement et la gestion des écoles publiques est assurée en priorité par les communes[14]. Il existe cependant des écoles d'État, directement financées et gérées par ce dernier, ainsi que des écoles privées[15].

Structure

L'éducation préscolaire est dispensée dans des écoles maternelles (appelées Lasteaed, « jardin d'enfants ») ouvertes à partir de 1,5 an et jusqu'à sept ans. Si l'éducation n'est pas obligatoire avant sept ans, 94 % des enfants entre quatre et sept ans participent déjà aux activités des jardins d'enfants selon le ministère[16].

L'éducation basique (Põhiharidus) est gratuite, obligatoire et concerne les classes 1 à 9 (de 7 à 16 ans). L'enseignement basique se veut être assez uniforme entre les différentes écoles et se termine par un examen de trois épreuves standardisées avec deux matières obligatoires: mathématiques, littérature et un troisième examen au choix entre différentes matières[17].

L'enseignement secondaire (Üldkeskharidus), gratuit mais non-obligatoire, concerne les classes de niveau 10 à 12 (de 16 à 18-19 ans) et est dispensée dans des lycées (Gümnaasium) ou dans des écoles de formation professionnelle[10]. Certains lycées se spécialisent dans des domaines, tandis que d'autres sont sélectifs et incluent des examens d'entrée, créant un phénomène de concurrence scolaire[18]. L'enseignement secondaire général se conclut par un examen de fin d'études avec trois épreuves nationales standardisées, une épreuve propre à l'école ainsi que des travaux pratiques. Si 70 % des élèves se tournent vers l'enseignement secondaire général, 26 % des élèves vont dans des écoles de formation professionnelles[19]. La politique actuelle tend néanmoins à créer des passerelles les deux systèmes (général et professionnel).

L'Estonie compte 19 établissements d'enseignement supérieur (Kõrgharidus), suivant les standards européens (processus de Bologne), dont 6 universités publiques[20]. La plus ancienne et reconnue d'entre elles est l'université de Tartu, autrefois épicentre de l'influence germanique sur le territoire puis berceau du nationalisme estonien au XIXe siècle. L'enseignement supérieur est gratuit pour les étudiants à plein temps suivant un cursus en langue estonienne[21].

Culture

Du fait des similitudes culturelles et historiques, la vie scolaire et étudiante estonienne est largement imprégnée des traditions scolaires allemandes et nordiques telles que les cours centrés sur la matinée, les gymnasiums, le quart d'heure académique ainsi que les associations étudiantes de type Corps ou Studentenverbindung. L'Estonien est la langue d'apprentissage la plus courante même si, du fait de l'héritage de l'occupation soviétique, certaines écoles de quartiers à majorité russophone utilisent encore le russe comme langue d'apprentissage dans une partie des enseignements jusqu'en 2030[22],[23]. Il existe également des écoles internationales spécialisées publiques ou privées comme l'École européenne de Tallinn ou les lycées allemands, anglais et français de Tallinn.


Défaillances

Malgré une efficacité générale positive, le système éducatif estonien rencontre également quelques difficultés[24]. Le pays souffre notamment d'une pénurie chronique d'enseignants[25],[26]. Les enseignants dénoncent en outre une détérioration de leur conditions de travail dans les années 2020[27],[28],[29],[30],[31],[32]. Il existe en outre des écarts de niveau entre les écoles de langue estonienne et les écoles de langue russe, généralement moins performantes[4].  

Notes et références

Notes


Références

  1. https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=File:General_government_total_expenditure_on_%27education%27,_2022_.png
  2. https://doi.org/10.2908/GOV_10A_EXP
  3. « Étude Pisa : pourquoi l’Estonie est la plus performante d'Europe », sur Le Point, (consulté le )
  4. Cécile Gorré, « Champions aux tests PISA : Le cas de l’Estonie », sur Ecole démocratique - Democratische school, (consulté le )
  5. (en) T U Raun, « LITERACY IN THE RUSSIAN EMPIRE IN THE LATE 19TH CENTURY: THE STRIKING CASE OF THE BALTIC PROVINCES », Acta Historica Tallinnensia, vol. 23, no 1,‎ , p. 65 (ISSN 1406-2925, DOI 10.3176/hist.2017.1.06, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) « Mapmakers in the Baltic Provinces of the Russian Empire », sur Peripheral Histories, (ISSN 2755-368X, consulté le )
  7. (en) « Education - Revolutionary, Patterns, Education | Britannica », sur Encyclopædia Britannica, (consulté le )
  8. (en-US) « Insights from the Education Nation: The Case of Estonia », Green European Journal,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  9. https://static.visitestonia.com/docs/4101035_educational-programs-for-youngsters2024.pdf
  10. https://harno.ee/sites/default/files/documents/2021-03/%C3%BCldkeskharidus.pdf
  11. Stéphane Kesler, « L’Estonie : un nouveau modèle éducatif », Revue internationale d’éducation de Sèvres, no 75,‎ , p. 19–22 (ISSN 1254-4590, DOI 10.4000/ries.5880, lire en ligne, consulté le )
  12. « Estonie : le leadership scolaire entre autonomie, pédagogie et performance », sur IH2EF (consulté le )
  13. « Republic of Estonia Education Act–Riigi Teataja », sur www.riigiteataja.ee (consulté le )
  14. https://www.oecd-ilibrary.org/docserver/9789264251731-7-en.pdf?expires=1712443987&id=id&accname=guest&checksum=1A46C5B57E335749271A032118A2257A
  15. « Keskharidus | Haridus- ja Teadusministeerium », sur www.hm.ee (consulté le )
  16. (en-US) « Estonian education system », sur Education Estonia (consulté le )
  17. https://harno.ee/sites/default/files/documents/2021-03/p%C3%B5hiharidus.pdf
  18. (en) ERR | ERR, « Competition for places at Tallinn's 'elite' schools is high », sur ERR, (consulté le )
  19. (en) « OECD Reviews of Vocational Education and Training », sur www.oecd-ilibrary.org (DOI 10.1787/20777736, consulté le )
  20. https://www.hm.ee/sites/default/files/documents/2022-10/akadeemiline_oiend_eng_korharidussusteemi_kirjeldus_lisa_10_.pdf
  21. (en) « Higher education | Haridus- ja Teadusministeerium », sur www.hm.ee (consulté le )
  22. « Transition to Estonian-language education | Haridus- ja Teadusministeerium », sur www.hm.ee (consulté le )
  23. https://harno.ee/sites/default/files/documents/2021-03/%C3%B5ppekava.pdf
  24. (en-GB) Emine Saner, « Free lunches, brain breaks and happy teachers: why Estonia has the best schools in Europe », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  25. (en-US) « How Estonia is Addressing Its Teacher Shortage », sur NCEE (consulté le )
  26. (en) « Shortage of qualified teachers is greater in Estonia than previously thought », sur Estonian news, (consulté le )
  27. https://gpseducation.oecd.org/CountryProfile?primaryCountry=EST&treshold=5&topic=TA
  28. (en) Maria Erss, Veronika Kalmus et Tero Henrik Autio, « ‘Walking a fine line’: teachers’ perception of curricular autonomy in Estonia, Finland and Germany », Journal of Curriculum Studies, vol. 48, no 5,‎ , p. 589–609 (ISSN 0022-0272 et 1366-5839, DOI 10.1080/00220272.2016.1167960, lire en ligne, consulté le )
  29. https://www.oecd-ilibrary.org/docserver/9789264251731-9-en.pdf?expires=1712245072&id=id&accname=guest&checksum=3085535370FDDB7F76B1DB5E920FE0B7
  30. https://www.researchgate.net/profile/Alice-Lopes-7/publication/301565826_School_subject_community_in_times_of_death_of_the_Subject/links/571a540008ae7f552a472f47/School-subject-community-in-times-of-death-of-the-Subject.pdf#page=30
  31. (en-GB) Ben Bathke, « Estonia's historic teachers' strike ends after the trade union accepts the government's minimum compromise », sur Estonian World, (consulté le )
  32. (en) ERR | ERR, « Close to 9,500 teachers at 330 schools on strike in Estonia from Monday », sur ERR, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie


Articles connexes

Liens externes

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