En mathématiques, et plus précisément en analyse, l’intégration par changement de variable est un procédé d'intégration qui consiste à considérer une nouvelle variable d'intégration, pour remplacer une fonction de la variable d'intégration initiale. Ce procédé est un des outils principaux pour le calcul explicite d'intégrales. Il est parfois appelé intégration par substitution en lien avec le nom anglais du procédé.
Méthode
Pour calculer une intégrale  , la méthode de changement de variable consiste à poser
, la méthode de changement de variable consiste à poser  de telle sorte que le théorème suivant conduise à une nouvelle intégrale
 de telle sorte que le théorème suivant conduise à une nouvelle intégrale  plus facile à calculer (
 plus facile à calculer ( et
 et  ).
).
Théorème
Soient :
Alors,
 .
.
On peut remarquer qu'il n'est pas nécessaire que  soit injective sur
 soit injective sur ![{\displaystyle [a,b]}](./9c4b788fc5c637e26ee98b45f89a5c08c85f7935.svg) (voir infra).
 (voir infra).
Démonstration
Lorsque  est de classe
 est de classe  , cette règle d'intégration se déduit du théorème fondamental de l'analyse et du théorème de dérivation des fonctions composées : voir par exemple le lien en bas de cette page vers le cours sur Wikiversité.
, cette règle d'intégration se déduit du théorème fondamental de l'analyse et du théorème de dérivation des fonctions composées : voir par exemple le lien en bas de cette page vers le cours sur Wikiversité.
Soient :
 un intervalle réel ; un intervalle réel ;
![{\displaystyle \varphi :[a,b]\to I}](./6a9d97f5e44784fbab6b2a92878d270e4532cf59.svg) une fonction dérivable de classe une fonction dérivable de classe , de dérivée intégrable ; , de dérivée intégrable ;
 une fonction continue. une fonction continue.
On note  une primitive de
 une primitive de  sur
 sur ![{\displaystyle [a,b]}](./9c4b788fc5c637e26ee98b45f89a5c08c85f7935.svg) , comme
, comme  est continue,
 est continue,  est de classe
 est de classe  donc
 donc  est de classe
 est de classe  sur
 sur ![{\displaystyle [a,b]}](./9c4b788fc5c637e26ee98b45f89a5c08c85f7935.svg) , on a :
ou en fonction de
, on a :
ou en fonction de  :
 :
On pose  et
 et  
On a : ![{\displaystyle I_{1}=\int _{a}^{b}f(\varphi (x))\cdot \varphi '(x)\ {\text{d}}x=[F(\varphi (x))]_{a}^{b}=F(\varphi (b))-F(\varphi (a))}](./5c35943b9da7bc46125750bb071c1e920d3812c9.svg) 
et ![{\displaystyle I_{2}=\int _{\varphi (a)}^{\varphi (b)}f(t)\ {\text{d}}t=[F(t)]_{\varphi (a)}^{\varphi (b)}=F(\varphi (b))-F(\varphi (a))}](./78f8a28eb780e498b7bd0da920ca958db995f663.svg) ainsi :
ainsi :  ou :
ou :
Remarque
On utilise le théorème pour écrire l'intégrale de  sur
 sur ![{\displaystyle I=\varphi {\bigl (}[a,b]{\bigr )}}](./d8b9a559281d3571275e00b121074e8bb796b6b7.svg) dans le cas où
 dans le cas où  est une fonction monotone.
 est une fonction monotone.
- Si  est croissante, alors est croissante, alors et et est égal à l'intervalle est égal à l'intervalle![{\displaystyle [\varphi (a),\varphi (b)]}](./ef4a4c2a63e663a69830c8fb57a13d4273787148.svg) ; l'intégrale de ; l'intégrale de sur sur est alors immédiatement donnée par le théorème. On peut remarquer aussi que dans ce cas, est alors immédiatement donnée par le théorème. On peut remarquer aussi que dans ce cas, . .
- Si  est décroissante, alors est décroissante, alors et et devient devient![{\displaystyle [\varphi (b),\varphi (a)]}](./4e4e8891eae1180434cfab14f935fb1027ef7e79.svg) . L'intégrale de . L'intégrale de sur sur est donc l'opposée de l'intégrale du membre de gauche du théorème. Comme est donc l'opposée de l'intégrale du membre de gauche du théorème. Comme , changer le signe revient dans ce cas à remplacer , changer le signe revient dans ce cas à remplacer (dans l'intégrale du membre de gauche du théorème) par sa valeur absolue. (dans l'intégrale du membre de gauche du théorème) par sa valeur absolue.
On voit ainsi que dans les deux cas on a :
![{\displaystyle \int _{\varphi \left([a,b]\right)}f(x)\,\mathrm {d} x=\int _{[a,b]}f(\varphi (t))|\varphi '(t)|\,\mathrm {d} t}](./d812d6bbf33d42355a3bd2da0c9d38dfd8bd249a.svg) . .
C'est cette formule qu'on peut généraliser au cas des intégrales multiples (voir infra).
Exemple
Soit à calculer
 . .
On choisit le changement de variable  , et donc
, et donc  avec
 avec  variant de
 variant de  à
 à  (on remarquera que
 (on remarquera que  n'est pas injective sur cet intervalle)
 n'est pas injective sur cet intervalle)
 ,
,  , et
, et  est bien continue sur
 est bien continue sur ![{\displaystyle \varphi \left(\left[-{\sqrt {\pi /2}},{\sqrt {2\pi }}\right]\right)=[0,2\pi ]}](./93c282a509c1089135647a2f56a3249a6eb386d3.svg) . Par conséquent :
. Par conséquent :
![{\displaystyle \int _{-{\sqrt {\pi /2}}}^{\sqrt {2\pi }}2t\cos(t^{2})\,\mathrm {d} t=\int _{-{\sqrt {\pi /2}}}^{\sqrt {2\pi }}\varphi '(t)\cos(\varphi (t))\,\mathrm {d} t=\int _{\pi /2}^{2\pi }\cos x\,\mathrm {d} x=\left[\sin x\right]_{\pi /2}^{2\pi }=0-1=-1}](./eab1ebc9c809935e010914fffb7901b742ea1b4a.svg) . .
Le fait que  ne soit  pas injective peut amener à des résultats à première vue surprenants : si
 ne soit  pas injective peut amener à des résultats à première vue surprenants : si  , on aura
, on aura ; c'est la raison pour laquelle on préfère souvent prendre
 ; c'est la raison pour laquelle on préfère souvent prendre  bijective, et écrire la formule « dans l'autre sens » :
 bijective, et écrire la formule « dans l'autre sens » :  .
.
Changements de variables classiques
En pratique, la forme donnée dans l'énoncé du théorème est rarement directement lisible sur l'intégrale à calculer, et partant d'une intégrale telle que  , on essaie plutôt de faire disparaitre les termes les plus « compliqués » (les exponentielles, dans ce cas) en posant
, on essaie plutôt de faire disparaitre les termes les plus « compliqués » (les exponentielles, dans ce cas) en posant  , avec
, avec  bien choisi (et le plus souvent bijective), donc ici
 bien choisi (et le plus souvent bijective), donc ici  ; on obtient
 ; on obtient  , que l'on intègre ensuite par décomposition en éléments simples, obtenant
, que l'on intègre ensuite par décomposition en éléments simples, obtenant  .
.
Cependant, beaucoup d'intégrales ne peuvent se calculer qu'à l'aide de changements de variables plus sophistiqués ; en voici une liste non exhaustive.
Homothéties
La bijection  , pour
, pour  donne
 donne
 . .
Règle de Bioche
Pour les fonctions comportant des fonctions circulaires ou hyperboliques, on peut utiliser les règles de Bioche.
Substitution d'Euler
Pour calculer
![{\displaystyle \int f\left(x,{\sqrt[{n}]{\frac {ax+b}{cx+d}}}\right)\,\mathrm {d} x,}](./061459a77552dd75b1dcc7d91f41e5d368a7ab11.svg) où f est une fraction rationnelle en deux variables, n un entier naturel et a, b, c et d quatre réels donnés, on pose où f est une fraction rationnelle en deux variables, n un entier naturel et a, b, c et d quatre réels donnés, on pose
 ![{\displaystyle u={\sqrt[{n}]{\frac {ax+b}{cx+d}}}}](./85c6dab8107f08d3f4aff52530b7c762cc9923dc.svg) : :
 le changement de variable donnera toujours une fraction rationnelle en u ; il suffit alors de la décomposer en éléments simples pour intégrer.
Pour calculer
 
où f est une fraction rationnelle en deux variables, Euler a proposé le changement de variable  , qui donne lui aussi toujours une fraction rationnelle en t (le cas
, qui donne lui aussi toujours une fraction rationnelle en t (le cas  peut également être ainsi traité, si l'on accepte de travailler dans les complexes, il faut sinon passer par les fonctions circulaires (en)).
 peut également être ainsi traité, si l'on accepte de travailler dans les complexes, il faut sinon passer par les fonctions circulaires (en)).
Substitution de Weierstrass
La substitution de Weierstrass repose sur la formule du demi-angle, qui transforme une fraction rationnelle de fonctions trigonométriques en x en fonctions rationnelles classiques en t, par le changement de variables  :
 :
 
On peut l'adapter aux fractions rationnelles de fonctions hyperboliques en x en fonctions rationnelles classiques en t, par le changement de variables  
 
Géométriquement, ces changements de variables se traduisent par la projection vers une droite du cercle trigonométrique (pour les fonctions trigonométriques) ou le disque de Poincaré en dimension 1 (pour les fonctions hyperboliques).
Cas des intégrales impropres
Les formules données précédemment sont en fait valables même si les intégrales sont impropres[1], ce qui se produit en particulier lorsque le changement de variable fait passer d'un intervalle réel borné à un intervalle non borné (par exemple, l'intégrale  devient, par le changement de variable
 devient, par le changement de variable  ,
,  ).
).
La démonstration de ce résultat se fait simplement en appliquant la définition des intégrales impropres comme limites, donc en passant à la limite dans un changement de variable entre intégrales propres.
Cas des intégrales multiples
Lorsque f est une fonction de plusieurs variables, on remplace φ par une injection  de classe C1 sur un ouvert U de ℝn et à valeurs dans ℝn. Outre le changement du domaine d'intégration, on utilise la valeur absolue du jacobien de
 de classe C1 sur un ouvert U de ℝn et à valeurs dans ℝn. Outre le changement du domaine d'intégration, on utilise la valeur absolue du jacobien de  « à la place » de
 « à la place » de  . Le jacobien est le déterminant de la matrice jacobienne
. Le jacobien est le déterminant de la matrice jacobienne  . On donne ici la formulation explicite du changement de variable dans le cas particulier n = 2 :
. On donne ici la formulation explicite du changement de variable dans le cas particulier n = 2 :
 . .
Pour plus de précision, se reporter aux deux articles détaillés.
Note
Voir aussi
Lien externe
Autre exemple bien détaillé d'intégration par changement de variable